« Je ne suis point historienne, et je ne ferai donc pas un récit de notre monde ou pourquoi il est ainsi, mais seulement une constatation de comment il est aujourd'hui.
(faites pas attention au schéma, c'est tout moche et fait à la va vite, mais c'est pour vous aider à vous représenter le monde en attendant de réaliser une vraie carte stylée, faut que je trouve quelqu'un qui m'aide parce que le dessin c'est pas mon fort)
« La population d'Esterra se subdivise, comme tout le monde le sait, en 5 races. Les elfes, les nains, les ondins, les archanges et les humains. Chacune possède son territoire délimité, correspondant à son habitat où il est le plus à l'aise. Je commencerai donc par la race la plus importante en superficie tout comme en population, les humains, occupant les plaines s'étendant entre la mer d'ouest et la mer d'est. L'espèce se divise elle-même en 5 principaux royaumes, ainsi qu'un duché neutre, que je vais vous les citer et décrire un à un, par ordre décroissant de population.
« Le plus peuplé des 6 états est le royaume Damanor, au sud-ouest. C'est également le plus grand. Ses principales activités sont la production de matières premières en très grande quantité, le pays possédant toute la place et la main d'œuvre nécessaire pour produire de la nourriture, du bois et extraire les nombreuses ressources de leur territoire : de la pierre dans leurs montagnes au sud, du sable, de l'argile. Damanor est également réputé pour son immense infanterie, qui compose presque toute sa force militaire. Les Damanoriens accordent d'ailleurs une grande importance à l'honneur, notamment militaire, et il n'est pas rare que des batailles rangées aient lieu entre deux barons pour régler un différend personnel.
« Une autre particularité de ce royaume est la puissance de son clergé. Bien que le chef reste le Roi, le Cardinal, chef religieux, possède un grand pouvoir spirituel comme politique et le Roi est très attentif à ses conseils.
- Disons tout de suite qu'il est tout-puissant, chuchota Elos. Le roi n'est qu'une marionnette, c'est le cardinal le vrai chef. Mais bon, dire ceci ouvertement fâcherait ces fanatiques, c'est pas politiquement correct voyons » ironisa-t-il.
« Leur sens de l'honneur leur a lavé le cerveau, ils sont bien trop susceptibles et belliqueux, ajouta Konrad.
- D'un autre côté, que peut-on attendre d'un peuple qui a construit une muraille de plus de deux cents kilomètres pour les séparer de quelques magiciens qui n'avaient même pas envie de les envahir ? »
Larea s'attarda ensuite sur l'aspect géographique du territoire : d'immenses plaines agricoles, de nombreuses collines et quelques fleuves fertiles ; excepté les montagnes au sud, la forêt elfe au nord est et la mer à l'ouest, le royaume de Damanor était autant vide, plat et venteux qu'immense.
« Passons à son voisin direct au nord, qui est aussi le second royaume humain le plus peuplé malgré sa superficie seulement classée troisième, c'est donc l'état le plus densément peuplé : j'ai nommé le royaume d'Aldren, plus habituellement appelé Aldrénie. C'est une monarchie constitutionnelle, le Roi étant assisté d'un parlement constitué des barons, duc et comtes du royaume eux-mêmes élus par le peuple lorsque leur prédécesseur meurt ou abdique. Le peuple vit pour la plupart de la pêche et de l'élevage, l'essentiel de leurs cultures ne servant qu'à cette dernière activité. Ils sont donc fournisseurs des meilleurs chevaux du monde, et leur cavalerie est reconnue sans conteste comme la plus redoutable. Les Aldréniens, de façon générale, apportent énormément d'importance au rang social qui est à la base de leur civilisation : n'importe qui de compétent peut grimper les échelons, tout se fait au mérite.
- Dans les limites de la corruption, du favoritisme et des conspirations, nuança avec tristesse Elos.
- Oh, du moment que ça reste secret... » commença Locarm en guise de réponse, suivi par Konrad : « Alors ça reste légal ! » Les deux compères se jetèrent un regard complice, au grand désespoir d'Elos, qui était bien plus respectueux des lois.
« Parfois, j'ai l'impression que ruser et conspirer dans l'ombre est pour vous un sport.
- Mieux qu'un sport : un art national ! » répliquèrent Konrad et Locarm d'une même voix.
Ces murmures amicaux leur avaient fait oublier le discours de Larea. Konrad ne s'en formalisa pas, il connaissait tout de même la géographie de son propre royaume : de grands pâturages verdoyants alternant avec des champs colorés ou des villes somptueuses et cosmopolites, des massifs montagneux aux milles richesses, autant dans la faune et la flore que dans les sols ; des côtes immenses, tantôt sableuses, tantôt rocheuses mais toujours magnifiquement bleues, le tout parsemé de quelques majestueux fleuves et lacs et traversé par un réseau de route de pierre qui était une œuvre d'art à lui tout seul en plus d'être redoutablement efficace. Le jeune homme se surprit à rêvasser, et tout en essayant de rattraper le fil de la conférence de la géographe, il se rendit compte qu'il était bel et bien nostalgique de son pays, quitté il y a déjà trois ans.
« Le troisième territoire humain le plus peuplé, possédant la seconde superficie, est le pays Crillen. C'est une oligarchie où le pouvoir est donné à l'assemblée bourgeoise de la capitale, Orebor, qui s'appuie sur l'avis du « conseil suprême », constitué de l'élite scientifique et artistique. En effet, ses habitants considèrent la science et la beauté des choses comme les éléments de leur culture les plus importants. Ce sont des architectes exceptionnels et personne ne peut dire le contraire en voyant leurs cités.
- 20 dèbes qu'elle a des origines Crillenoises, murmurra Konrad à Locarm.
- Pari Tenu.
- Le peuple crillenois est pacifique, ce qui explique une armée peu nombreuse et axée sur la défense. La construction de fortifications efficaces est considérée comme un art national à utilité publique. Les principales activités économiques du pays se basent sur l'artisanat, autour duquel tourne tout le reste. Une grande part de la nourriture ou des matières premières est importée de Damanor ou de l'Aldrénie, tandis que Crillen exporte beaucoup d'outils et d'équipement militaire, ironiquement. » Larea s'étendit quelque peu sur la topographie du territoire puis en finit avec Crillen, mais elle sembla un peu gênée au moment de passer au quatrième territoire.
« Déjà que je ne suis pas très objective de nature, je vais l'être encore moins pour les quelques minutes à venir, puisque je vais désormais parler du royaume de Lydian, dont je suis originaire. Mais je vais faire de mon mieux. »
Locarm lança un sourire narquois à son acolyte.
« Pourquoi tu t'obstines à parier ? Tu sais que ma chance est infaillible.
- Ce n'est que partie remise mon cher.
- La Lydianie est un état bien moins grand et peuplé que les précédents et le territoire est relativement vide en dehors de quelques grandes villes mais il arrive tout de même à s'imposer, comme puissance économique notamment. Les marchands Lydians sont au centre de la plupart des échanges dans le monde ; on estime qu'un cinquième des Lydians vivent sur les routes d'Esterra, à commercer et transporter des marchandises. Le pays subit une forte influence des elfes, que l'on retrouve aux frontières nord et sud, et en plus de l'armée qui utilisent leurs arcs, une partie non négligeable de la population a adopté les mêmes croyances. Il en ressort un mode de vie très spécial, fondé sur la religion et les coutumes elfes, mais adapté au monde humain.
« Le dirigeant suprême du pays est le Roi, résidant dans la capitale Rhodas, mais la vie quotidienne dans le royaume se décide en fonction de la richesse. Étant donné l'importance accordée aux biens matériels et à la réussite financière, la plus grosse bourse aura bien souvent le dernier mot en Lydianie, et cette habitude se retrouve chez les militaires ; l'armée régulière a beau être très réduite et principalement constituée d'archers servant de milice, en cas de guerre – et cela a été démontré dans le passé – le Roi peut mobiliser, si cela s'avère nécessaire, plusieurs légions de mercenaires talentueux issus du monde entier en quelques semaines.
- L'argent domine le monde, murmura Elos avec résignation.
- Mais les marchands Lydians dominent l'argent...
- Donc les marchands Lydians dominent le monde » finit Locarm en riant.
Larea reprit :
« Voici donc les quatre principaux royaumes humains issus des quatre grands fondateurs : Damanor, Aldren, Crillen et Lydian. Ils constituent à eux seuls la moitié de la population d'Esterra. Cependant, il me reste, avant de passer aux autres races, encore deux territoires à présenter.
« Le premier est Zyrkhal, un pays aux frontières floues dans les montagnes sud. La population est très réduite, et essentiellement constituée de mages, de renégats ou d'ermites : le territoire sert en quelque sorte d'asile géant à tous ceux exclus par le reste des états humains. Le pouvoir est très instable, bien qu'il soit officiellement concentré dans les mains du Belmag, le mage suprême du pays. En effet, sa particularité est d'être le seul état humain autorisant la magie. Tous les autres royaumes l'interdisent par peur des dérives, comme cela s'est déjà produit deux fois par le passé ; tous les mages voulant exercer leur art sont donc dans l'obligation de s'exiler au Zyrkhal.
- Et leurs voisins Damanoriens, fidèles à leur réputation, ne peuvent pas s'empêcher de partir de temps en temps en croisade contre eux... ! commenta Konrad.
- Oui, la croisaaade ! Brûlez ces hérétiques qui, en exerçant leur magie, boycottent le pouvoir d'Amon le Tout-Puissant et menacent l'ordre du monde ! » fit Locarm, mimant d'une voix nasillarde le Cardinal de Damanor.
« Enfin, le dernier pays humain est celui où nous nous trouvons actuellement : Le Dan, ou Duché Alternatif Neutre. Cet état, ayant pour capitale Paxet Sapeira – paix et savoir, dans la vieille langue elfe – a une histoire très particulière. En effet, il faisait partie il y a encore six cents ans de l'Aldrénie et de la Lydianie. Ce n'est qu'après la Grande Guerre Elfique que les elfes, vainqueurs, imposèrent aux humains de coopérer pour créer un duché neutre et ériger Paxet Sapeira, cité cosmopolite de la diplomatie, des sciences et du commerce. Afin d'assurer la neutralité du pays, les Aldréniens et les Lydianiens, originellement propriétaire de ces terres, proposent chacun un candidat qui sera Duc de Dan pour les cinq ans suivants. Le choix revient aux elfes, ainsi ils sont certains que leurs intérêts soient préservés car le duché sert avant tout de lien entre les elfes sombres, dans la grande forêt noire du nord-est, et les clairs, de la forêt centrale. Et finalement, le tout est une réussite : ces derniers siècles, Paxet Sapeira est devenue progressivement le carrefour, mais surtout le centre diplomatique dont le monde avait besoin, et qui évita de nombreuses guerres, nous permettant de vivre une époque bien plus tranquille que les précédentes. »
Larea s'étendit une fois de plus sur la géographie du territoire, tout en essayant d'attirer l'attention des marchands sur la précision de ses plans concernant les routes et les annuaires, ou des marins concernant les fleuves et les côtes. Konrad n'écouta que d'une oreille, et rêvassa quelques minutes avant d'entendre la géographe déclarer en regardant brièvement l'immense carte :
« Voilà tout ce que j'avais à dire à propos des six états humains ; passons maintenant aux elfes. »