~Eden~
—Ton petit show était alléchant, Andrews.
Il se balance doucement en portant son attention sur le ciel étoilé qui nous surplombe. En ce qui me concerne, je suis incapable de détacher mon regard de son visage insondable.
— Insinues-tu qu'il était bien? Dis-je en révélant un léger sourire.
Si c'est le cas, s'il le pense, je me sentirai enfin triomphante.
— Je n'ai jamais dit ça.
Il sourit, je ne sais pas si ce sourire est authentique ou s'il s'avère ironique.
— Alors quel est le sens de cette phrase?
— Tu as vraiment besoin de le savoir ?
Il freine son élan pour arrêter la balancelle avec ses talons et s'arrête net pour poser son regard sur moi.
Si mon père était là, il éviterait coûte que coûte de s'approcher de lui. Il m'a toujours répété d'analyser la personne qui se trouve devant moi et d'essayer de comprendre qui elle est vraiment. Il a formellement énoncé que si je n'y arrive pas, c'est qu'elle est bien trop maligne pour moi. Dans ce cas, je dois partir en courant. Rien de bon, ne peut sortir de ce genre d'individu.
Parfois, mon paternel peut se montrer philosophique, ou plutôt paranoïaque. Je tiens probablement cela de lui. Mais, qui ne voudrait pas dénouer un mystère? C'est comme une addiction qui ne peut être domptée que d'une façon ; en creusant encore et encore sans relâche.
Jake attend une réponse. Je me contente de répondre positivement en hochant la tête. Le vent commence à se lever et fait voler ses cheveux dans tous les sens. Les miens aussi d'ailleurs.
— Ton besoin de tous savoir sur les gens qui t'entourent peut être une mauvaise chose. Quelques fois, il vaut mieux passer son chemin ! Dit-il en sortant une cigarette de la poche de sa veste afin de la porter directement à sa bouche.
Combien de fois fume-t-il par jour? Je ne l'ai presque jamais vu sans une sèche.
La lumière de son briquet illumine la moitié de son visage. Sous cet angle, je peux voir clairement son profil.
— Tu recommences. Annonce-t-il en laissant une fumée épaisse sortir de sa bouche.
Il expire et la fumée qui ressort se dissipe près de mon visage. Je déteste quand un fumeur fait ce genre de chose. Je tente de chasser la fumée avec mes mains en toussotant légèrement, ce qui semble l'amuser.
— Qu'est-ce que je recommence? Je me tiens fermement aux cordes de la balancelle.
Il tire, avec sa main libre, la corde de celle-ci pour m'attirer plus près de lui et jette sa cigarette au sol en l'écrasant sous sa bottine. Après coup, il porte sa main vers mon visage. J'exécute, par reflex, un mouvement de recul.
— Tu regardes les gens avec intensité pour qu'ils craquent. Tu aimerais tellement savoir ce qu'il se passe dans leurs têtes. Malheureusement pour toi, cette technique ne fonctionne pas à tous les coups. Ça doit tellement te mettre les nerfs en vrac. Son petit discours est correct.
— Tu dis n'importe quoi. Je ne fais pas ça. Je secoue la tête et m'éloigne de lui.
— J'ai raison et tu me le prouves en ce moment même. Qu'est-ce qu'il raconte encore?
— Tu as ce petit pli qui se forme entre tes sourcils lorsque tu mens, Eden !
Il porte son pouce à l'endroit même et redescend sur mon nez, ce qui me procure des frissons. Je dégage instantanément sa main de mon visage pour cacher ce fameux pli.
— Pourquoi tu fais ça? Dis-je, confuse de son geste.
Il m'invite à continuer ma question en ne me répondant pas. J'ai vraiment l'impression de parler à un caillou quand je suis avec lui.
— Tu arrives à comprendre des choses sur moi que je n'arrive pas moi-même à connaître.
Son visage se referme. Super, Eden. Es-tu certaine que c'est bien toi qui prends des cours de psychologie?
— Tu es trop facile à déchiffrer.
— Dis-moi, que penses-tu connaître sur moi?
— Tu tiens vraiment à le savoir ? Dit-il en regardant ses pieds.
— Oui. J'insiste. Je veux vraiment comprendre le fond de ses pensées.
— Tu crois en la rédemption ?
Quoi ? Pourquoi ce soudain changement de sujet. Il a une double personnalité, ce n'est pas possible autrement. Sa question est intéressante, mais son changement de conversation, lui, est inquiétant.
— Je ne sais pas vraiment. Je pense que parfois, il est impossible d'obtenir une rédemption. Je veux dire, pourquoi une personne aurait le droit de l'acquérir si cette personne en question a commis une chose affreuse?
Je suis sincère en disant cela. Cette réponse est personnelle. Je ne crois pas en une rédemption pour mon père, ni pour moi d'ailleurs.
— Même si elle essaye de se rattraper ?
Il parle de qui là? De moi ? De lui ? Je ne sais pas où va nous mener ce dialogue. Je pense alors à mon père et à mon frère. Mon papa veut que je passe Noël à Los Angeles. Il désire peut-être se rattraper. Suis-je capable de lui pardonner toutes ses erreurs? Pardonner, sûrement. Mais oublier, je ne pense pas.
— Ça dépend de la gravité des actes qu'a délégués cette personne. Le poids des regrets peut bien sûr changer quelqu'un. Seulement, il est possible que les victimes ne soient pas prêtes à pardonner.
Je commence à me balancer, pour masquer mon embarras. C'est étrange d'avoir une conversation si sérieuse comme celle-ci avec Jake.
— Donc, tu penses que si la personne qui t'a fait du mal fait son retour et essaye de renouer des liens, par n'importe quelle manière, tu ne devrais pas la laisser faire?
Est-ce qu'il me demande un conseil. Je m'interroge s'il ne parle pas de lui. Qui est cette personne ? Qu'est-ce qu'elle a fait pour le mettre dans un état comme celui-ci? Il en est arrivé au point de me demander de partager mon avis.
— De qui tu parles?
Je sais que je risque de le «perdre » en posant cette question indiscrète, alors que pour la première fois, depuis que l'on se connaît, il se confie à moi.
— Quoi ? Il ne m'a même pas écoutée.
— De qui parles-tu en me demandant une telle chose?
Il se lève furtivement et se positionne devant moi. Il n'est pas agressif, juste intimidant.
— Qui te dis que je n'essaye pas de t'ouvrir les yeux ?
Il me bloque le passage en tenant de ses deux mains les cordes de ma balancelle.
— Ils sont déjà grand ouverts. Ne tente pas de m'apeurer, car tu n'y arriveras jamais. J'élève un peu le ton pour ne pas le laisser prendre le dessus.
— Moi, je ne cache pas ma nature, contrairement à toi. Il pointe son index vers moi pour m'accuser.
Donc, nous sommes passés d'une conversation anodine à une question sortie de nul part pour ensuite conclure sur mon procès. Et bien, il y a du progrès.
— Je cache ma nature, c'est nouveau ça. Je me lève et le repousse violemment pour lui faire face.
— Oui, tous les jours. Tu peux toujours essayer, mais tu connais le diction « Chassez le naturel et il revient au galop».
— Ce que tu dis n'a aucun sens. Je secoue la tête, complexée par son dialogue.
— Ce que j'essaye tout simplement de t'expliquer, c'est que tu es aussi sombre que moi, Eden.
Je lève les yeux au ciel. Il ne manquait plus que ça. Je n'ai jamais fait de mal à personne.
— Et toi dans tous ça? Tu dis que je suis comme toi. Dans ce cas, qu'est-ce que tu es? Je l'agresse, je n'arrive pas à me retenir.
— Penses-tu que les gens naissent mauvais ? Encore une question pour esquiver la mienne.
— Peut-être. Mais ça ne répond pas à ma question.
— Ouvre ton esprit et vois au-delà des réponses claires.
J'en ai marre de ces petites devinettes à la con qui n'ont pas lieu d'être. Je ne comprends pas ce qu'il veut dire. Réfléchis bien, Eden.
— Tu crois...Tu crois que tu es né mauvais ?
J'essaye de voir à travers son regard si j'ai raison, mais je n'en ai pas besoin, car il me gratifie un sourire qui en dit long sur ce qu'il pense. Bon sang, il le présume vraiment.
— Et crois-tu que les gens mauvais ont droit à une rédemption ? Encore une question. Misère, il va me rendre folle.
Il pense ne pas être dans le pouvoir d'obtenir le pardon. Qu'a donc t'il fait pour penser une chose pareille?
Lorsque je disais cela, je pensais principalement à mon père qui est un personnage atroce. Je ne crois pas que Jake en est un. Il est méchant, imbu de lui-même et parfois cruel, mais certainement pas un monstre. Un monstre ne poserait jamais une question similaire à celle-ci.
— Où il y a les ténèbres, il y a toujours de la lumière. Il suffit de saisir l'opportunité pour s'en sortir.
— Veux-tu saisir la lumière, Eden ?
— Elle n'est pas encore à ma portée.
— Je vais te dire une phrase que j'ai retenue d'un film : « De la lumière nait l'obscurité et de l'obscurité nait la lumière. » Sa phrase est lourde de sens et je sais d'où elle vient.
— Tu es un psychopathe ou quoi? Il grimace en me répondant:
— Vas savoir.
— Ça ne m'étonne pas de toi de citer un tel film. Contre toute attente, je le vois exploser de rire.
— Je n'ai jamais compris la signification de cette phrase jusqu'à aujourd'hui. Réplique-t-il entre deux rires.
— Moi non plus.
Ce que l'on peut tirer de cet échange très mouvementé, c'est que nous nous dissimulons tous les deux. J'aimerais tellement prendre possession de ses pensées pour connaître les raisons qui le pousse à agir de la sorte.
— Veux-tu bien me dire, maintenant, de qui tu parles? Après tout, j'ai fait pas mal de confessions. À ton tour d'en faire. J'ose lui demander, encore une fois. Je suis indiscrète et je le sais.
— Et si tu t'occupais de ce qui te regarde? Dit-il en reprenant son sérieux.
— Impossible.
— Tu ferais mieux de rentrer, Eden. Il est tard. Me recommande-t-il en dirigeant son regard vers un point invisible, en face de lui.
J'hésite pendant quelques instants de rester pour le contredire. Mais, il a raison. Il est tard et je devine que ça ne sera pas aujourd'hui que j'obtiendrai des réponses. Elles arriveront sûrement le jour où je m'y attendrai le moins. Je descends de la balançoire et quitte le jardin.
...
Me voilà devant le bas de sa porte. Je fais quoi à présent? Je toque ou je me défile en rebroussant chemin quitte à le regretter? Bon, ça suffit, je frappe à la porte. Si ça se trouve, il n'est peut-être même pas présent. J'attends quelques minutes en me grattant nerveusement le poignet. Je n'aurai pas dû venir. Je ne sais pas ce que je vais lui dire. Il pourrait refermer directement la porte en me voyant apparaître dans le cadran. Après tout, ça serait de justice après le comportement que j'ai eu envers lui, l'autre jour.
Mes pensées sont interrompues quand j'entends des pas s'approcher de l'endroit où je me situe . Il tourne la poignée et ouvre la porte.
— Eden, je ne m'attendais pas à te voir, ici. Dit-il, surpris de ma soudaine apparition.
— Je te dérange? Je peux repasser plus tard si tu veux. Lui réponds-je, nerveusement.
— Non, tu ne me déranges pas. Je suis juste étonné de te voir. Mais ça me fait plaisir.
— Entre. Dit-il en s'écartant pour me laisser passer.
Je m'exécute de suite. Alors c'est à ça que ressemble l'appartement de mon frère? Il est plutôt agréable avec ses murs gris et son salon rouge. D'après ce que je peux apercevoir, son logement ne comporte que trois pièces: la cuisine, le salon et sa chambre. Je pense que c'est amplement suffisant pour un garçon vivant tout seul. Même si Ian ne doit pas souvent se retrouver isolé, vu le nombre de gens qu'il connaît. C'est la première fois que je mets les pieds dans son appartement. J'aurai pu lui rendre visite plus tôt, mais j'ai été dépassée par les événements.
— Il est joli ton appartement. Lui dis-je, en restant immobile sur le tapis posé à l'entrée.
— Effectivement. Il est petit, mais suffisant. Et puis, un homme qui vit seul n'a pas besoin de plus.
— C'est exactement ce que je pensais, c'est marrant. Rigolé-je doucement.
— Nous ne sommes pas frère et sœur pour rien. Ne reste pas plantée là. Tu peux aller t'installer dans le salon.
— D'accord.
Je prends place sur le canapé rouge du salon. J'observe attentivement les murs décorés de cadres et de peintures. Ian aime l'art, il ne le pratique pas, mais il ne manque jamais l'occasion de s'approprier des œuvres en tout genre.
Quand il était encore enfant, il n'arrêtait pas de vanter les mérites des travaux de grands artistes comme des artistes moins connus. Cette passion, pour un petit garçon de son âge, était magnifique à découvrir. Cependant, ce n'était pas l'avis de notre cher père.
Dés que Ian est entré dans sa phase adolescente, Luke n'a pas hésité à lui faire comprendre que les peintures et l'art étaient destinés aux mauviettes. Pour lui, un artiste est tout simplement une personne qui ne sait pas quoi faire de sa vie et qui s'abandonne donc à des activités dénuées de sens.
De plus, il pense que l'art en général, que ça soit de la couture, de la peinture ou même de la musique sont des vocations vouées à l'échec. Je pense que c'est pour cela que mon grand frère ne s'est jamais lancé dans le domaine.
— Tu veux quelque chose à boire?
Ian est dans la cuisine, à la recherche d'une boisson. Cela l'évite sûrement de laisser transparaître sa nervosité.
— Oui, je veux bien...
— Laisse moi deviner. Tu veux un jus d'orange. M'interrompt-il en sortant du jus d'orange de son frigo avant que je ne puisse lui donner ma réponse.
— Touchée.
— Je ne comprends pas comment tu peux boire cette boisson à longueur de journée. M'interroge-t-il en posant le verre sur la table de salon.
— Il y a certaines choses qui nous sont impossibles à expliquer. N'est-ce pas?
Il se pose dans le fauteuil, en face de moi, en fermant les yeux. Ok, je n'aurais pas dû lui dira ça. Je ne suis pas venue dans le but de le matraquer de réflexions.
— Je suis désolée, je n'aurai pas dû te dire une chose pareille.
— Non, tu as raison. Je le mérite de toute façon.
— Oui, mais je ne me suis pas déplacée jusque chez toi pour te lancer des piques. Je manque beaucoup de tact, je suis désolée.
— Excuses acceptées. Me répond-il en souriant. S'il te plaît, bois ton jus d'orange, Eden.
— Quoi?
— Juste...Bois, ça m'évite de croiser ton regard dégoûté par mon être. Dit-il en caressant le fauteuil dans lequel il est assis.
— Je ne suis pas dégoûtée de toi, Ian. J'ai juste du mal à comprendre pourquoi tu fais ça.
Il ouvre la bouche pour parler, mais je le devance en continuant:
— Mais, J'ai repensé à ta situation et à ce que certaines personnes m'ont dit. Au lieu de te blâmer pour ce que tu as fait et ce que tu continues, à mon plus grand regret, de faire, il est dans mon devoir de te comprendre. En faisant cela, je pourrais alors, je l'espère, t'aider pour sortir de ce cercle vicieux. Tu n'es pas une méchante personne. Tu as toujours été là pour moi, alors je ferai en sorte d'être présente pour toi également. Dans le fond, c'est à ça que sert la famille, non?
C'est moi, l'obstinée, voire bornée qui vient de débiter ces paroles? Être têtue est un défaut que j'arbore depuis mon enfance. Cela peut être tantôt une qualité comme un défaut.
À la différence, que lorsque que j'étais encore une petite fille, les autres s'émouvaient à la vue d'un enfant qui savait ce qu'il voulait. Je suis presque une adulte, maintenant. Ce culot est susceptible d'être vu comme un caractère orgueilleux ou comme une trop grande confiance en soi, ce qui est paradoxal, car j'éprouve une très grande difficulté de confiance en moi.
Dans mon cas, ce que je souhaite faire passer comme de l'assurance et de la ténacité peut endommager ma relation aux autres. Alors, je tente tant bien que mal de mettre mon opiniâtreté de côté.
— Merci, petite sœur. Tu ne peux pas savoir à quel point ça me fait du bien de t'entendre dire ça.
— Mais, il faut que tu saches que ce n'est pas parce que je t'ai, en quelques sortes, pardonné que je te fais confiance pour autant.
Ian se lève de son fauteuil et vient se poser à côté de moi. Contre toute attente, il me colle dans ses bras pour me faire un câlin.
— Je sais. De mon côté, je vais faire en sorte de m'améliorer. Tous les deux, on peut former une super équipe.
— Je n'ai rien dit à papa. Lui annoncé-je en m'extirpant de ses bras.
— Ça aussi je le sais. Si tu lui avais annoncé la nouvelle, ça ferait longtemps qu'il m'aurait appelé. Il ne l'a pas fait, j'en ai donc conclu que tu avais tenu ta promesse.
— Justement, avec toutes ces péripéties, j'ai oublié de te le signaler.
— Tu m'inquiètes là. Me répond-il en me regardant droit dans les yeux.
— Non. Il n'y a pas de quoi s'alarmer, au contraire. Il m'a appelé pour me demander si je voulais passer Noël avec lui. Est-ce qu'il t'a posé la même question?
— Il m'a, en effet, passé un coup de fil pour me demander la même chose que toi.
— Tu lui as répondu quoi?
— Que je n'étais pas certain, mais que je le tiendrai au courant.
— J'ai à peu près dit la même chose, dis-je en soufflant. Tu en penses quoi? On devrait y aller?
— Pour être honnête, je n'en n'ai aucune idée. Mais, si tu y vas, alors j'y vais aussi. C'est à toi que revient la décision, Eden.
Je repense aux dires de Jake. Hypothétiquement, mon père veut lui aussi obtenir le pardon. Je n'en sais trop rien, mais ce n'est pas en restant ici que je vais le découvrir. Alors, j'annonce à Ian:
— On y va.
——————————————————————
Hello les filles ❤️
Vous allez bien ? Quel chapitre mouvementé. Jake et Eden ont eu une conversation très sérieuse même si ils restent eux-mêmes, ils se sont un peu confié. Jake cherche sûrement des réponses lui aussi. Ce qui est étonnant, c'est qu'il demande des réponses à Eden.
Est-ce que finalement Jake réalise qu'il a besoin d'Eden et inconsciemment Eden aussi. Ils s'écoutent et se comprennent sans vraiment le savoir ❤️
Alors vous en pensez quoi ? 🖤📚
Gros bisous à vous. Merci pour votre soutien, vous êtes de plus en plus nombreuses 😍
La suite au prochain épisode haha ❤️
📸📸 Instagram: @mdreamer21author & @malloriehuyghe
Marie.