Le Prince de Phén

By Bienytu

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Il avait tout perdu. Sa famille. Sa raison de vivre. Puis, il avait gagné la haine. L'envie de tuer. De se ve... More

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 5

Chapitre 4

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By Bienytu


Le jeune homme sortit du bac d'eau qui avait refroidi depuis, et se sécha. Il disposa bien en évidence ses deux épées à côté de son matelas de paille, et plaça la large lame en dessous. Puis, il étendit son maillot et sa longue veste sur l'unique mobilier de la pièce, une chaise, outre le petit bureau dans le coin opposé de la porte, remit son pantalon et alla se coucher. Le repos allait être de courte durée. Avec ses habituels cauchemars, et la matinée qui allait déjà bientôt démarrer, il n'allait pas avoir beaucoup de temps pour reprendre des forces avant la dure journée qui l'attendait.

Plus tard, il se réveilla au son du poing de l'aubergiste cognant sur la porte de la chambre, lui demandant avec une politesse exagérée quand allait-il se décider à partir de sa modeste auberge. Il remit donc son maillot et son long manteau, rattacha ses trois épées et ouvrit la porte sous le regard apeuré du gros homme, le front luisant de sueur, qui l'incita avec toute la gentillesse possible à quitter son établissement sans y remettre les pieds. C'était fou comment la simple présence du jeune homme emplissait l'espace, et cela sans aucun geste de sa part. Il n'était déjà pas du matin, ou en tout cas n'était pas de bonne compagnie au réveil, mais en plus s'il devait se coltiner des problèmes sans avoir eu le temps de déjeuner au préalable, cela avait le don de le mettre en colère. Il descendit les escaliers jusqu'à la salle principale, et sous les bégaiements de l'aubergiste se dirigea vers la cuisine, si on pouvait appeler cela une cuisine, avec la montagne de crasse qui se profilait sur toutes les surfaces visibles, passa devant la femme de l'aubergiste qui le regardait avec des yeux ronds, et s'empara du poulet bien en évidence sur l'amas de légumes qui commençait à se décomposer, sûrement un reste d'hier qui allait être servi pour le repas des arrivants de ce midi, et quitta l'auberge par la porte de derrière présente au bout du couloir, de l'autre côté de la cuisine.

Tout en marchant, il arracha une cuisse au poulet et la dévora avec faim sous le regard envieux des personnes qu'il croisait, mais qui n'osait pas se mettre en travers de son chemin. Il était plus que temps de se mettre au travail.

Il finit de massacrer le poulet avec ses dents et se dirigea vers une écurie qui tombait en ruines où se trouvait son cheval, une belle bête noire de jais, une selle se fondant dans son poil par sa couleur tout aussi sombre, et il lui flatta le flanc, s'excusant de l'avoir de nouveau obligé à dormir sellée. La jument répondit en faisant bruyamment aller ses naseaux, puis le jeune homme l'enfourcha, et quitta au galop le quartier. Traversant en trombe le portail en pierres qui tombait en ruine à l'entrée du quartier, de pauvres hommes la gardant vêtus de haillons et armés de vieux poignards rouillés, il s'enfonça dans la forêt qui était camouflée par les hautes collines qui entourait le quartier. Il était temps de quitter de nouveau la civilisation, de faire le point sur ses actions à venir.


D'abord, il devait retourner à Stalad pour s'organiser. Il avait environ cinq à six jours de chevauchée pour y aller, plus s'il faisait sa longue pause habituelle en route. Le parchemin était en effet un message à propos d'un jeune enfant aux yeux rouges, ainsi qu'une certaine prophétie. Et il se pourrait qu'il en fasse partie.

Derrière lui, il y avait aussi une confrérie qui s'appelait la confrérie du Psome. C'était cette confrérie qui lui avait donnée cette mission. Il avait rencontré des gens peu après l'explosion de l'épicerie, et ces mêmes personnes l'ont alors recueilli et accepté dans leurs rangs. Il avait appris à leur contact à contrôler son pouvoir, en le faisant passer dans un objet qu'il devait avoir toujours sur lui, et qui lui permettait de tenir enchaîné son pouvoir pour le libérer dès qu'il le voulait. Mais ce carcan n'était pas si efficace que cela, car son pouvoir était tellement grand, tellement puissant, qu'il était dur à réprimer. C'est pourquoi il avait tendance à resurgir de temps en temps pendant des moments où il n'avait pas la force de la tenir hors de lui, et elle reprenait alors le contrôle, comme avec les hommes de l'épicerie. De plus, ce n'était pas comme si les membres de la confrérie lui avaient au mieux expliqué comment contrôler son pouvoir ; mis à part le fait que celui-ci puisse être plus ou moins « enfermé » dans une extension de lui-même, quelque chose qu'il devrait avoir toujours sur lui, la façon dont il était censé garder un minimum de pouvoir sur ce « don » lui était resté flou.

Là-bas, il apprit d'où venait les hommes responsables de la mort de la Mamouni, et comment s'organisait le Makusem. Tout en haut de la pyramide, il y avait le profil-type de l'homme charismatique, inconnu de presque tous, qui réussissait par quelques mots susurrés à l'oreille à convertir les gens à sa cause ; puis venait son cercle, le cercle des Phén, qui était composé de trois femmes et quatre hommes, dont le sang est composé de moitié de sang Flamboyant, du sang de phénix. Et, c'est de là qu'il comprit l'origine de son éclat à l'épicerie. Il était, lui aussi, un Phén.

Mais il y avait encore plus. En fait, selon le conseil du Psome, il ne faisait pas parti de la famille qu'il avait laissé dans la ruelle de la Pauvre-Misère. Son père serait le dirigeant du Makusem : il est le prince de Phén. Ce serait la raison de la recherche intensive de sa personne.


Quand il apprit cela, il n'avait que douze ans. Son attention s'était surtout arrêtée sur le fait que ce n'était pas sa vraie famille qui avait été assassinée. Il en fut tellement... retourné, choqué, qu'il s'évanouit. Il resta dans un sommeil proche du coma sans manger, sans boire, pendant trois mois. Et tous les jours, au son de la cloche de onze heures, un phénix venait au bord de sa fenêtre, et versait une larme dans sa bouche entrouverte. La cicatrice sur son torse alors s'illuminait, puis la lumière refluait pour disparaître après plusieurs secondes. Ensuite, le phénix repartait, son étrange mission accomplie. Au début, c'était devenu un spectacle dont les membres du Psome semblaient ne jamais pouvoir s'en passer. Finalement, cela était devenu banal. Il n'en resta que le fait que, désormais, à chaque coup de onze heures, les membres du Psome levaient les bras au ciel en clamant haut et fort « Cendres ! Nous redeviendrons cendres ! ». C'était tout de même mieux que les anciennes exclamations et cris devant le lit du petit garçon dans le coma à l'arrivée et au départ du phénix.

A son réveil, ses premiers mots furent : « je veux ma maman ». Puis, il éclata en sanglot. Sa voix était rauque, comme celle d'un vieil homme. Il avait faim et soif. Il ne pu tout d'abord manger de choses solides, il devait se réhabituer doucement à ce que c'était d'ingurgiter des aliments. Il du donc boire de la soupe et manger du gruau pendant deux semaines. Tous les matins, midi et soir, une femme venait lui servir son repas. Cette femme, c'était celle qu'il avait sauvé dans les égouts du violeur. Elle s'appelait Toulia. C'était sa présence qui rythmait ses journées, qu'il passait donc à discuter avec elle pendant qu'elle l'aidait à se sustenter, le petit garçon ayant du mal à récupérer des forces de son sommeil prolongé. Il resta coincé dans son lit pendant un mois.

Le jour venu de son tant attendu levé, il ne réussit pas à tenir sur ses jambes. Il fit trois pas, vacilla dangereusement, agrippé au bras de la femme, et chuta douloureusement. Il retourna dans son lit, les larmes aux yeux, soutenu difficilement par Toulia.

Tous les matins, ce fut son rituel après le déjeuner ; il essayait de progresser, d'aller toujours plus loin. Au début, il ne constatait aucune évolution. Le vieil homme qui dirigeait la confrérie du Psome, Arguem, venait le voir une fois par semaine pour lui demander comment il allait, et jetait un œil à ses jambes en l'auscultant à l'aide uniquement de ses mains et de ses facultés psychiques. Ce vieil monsieur à l'allure frêle était en fait l'un des plus puissants pratiquant de la magie du Royaume. Il l'utilisait donc pour chercher la cause du problème moteur du petit garçon, qui n'était pas seulement dû à son manque de nourriture : c'était le sang de phénix que son corps rejetait, inconsciemment. Le petit garçon avait effectué un blocage mental par rapport à son pouvoir, à cause de ce qui s'était passé à l'épicerie. Il associait sans s'en rendre compte la mort de la Mamouni à l'explosion de son pouvoir réprimé trop longtemps. Et surtout, il en voulait à ce pouvoir qui l'avait forcé à tuer trois hommes. Il n'arrivait donc pas à l'accepter pleinement en lui. Et, selon Arguem, cela pouvait le tuer. C'est en discutant longuement avec lui après chaque visite que le vieil homme le compris. Après tout, ce n'était qu'un petit garçon qui en avait déjà beaucoup vu pour son âge, et c'est d'ailleurs pour cela que Arguem le respectait de ne pas avoir encore perdu l'esprit. Mais, et il y pensait souvent, c'est ce qui allait sûrement arriver à un moment où à un autre. Et cela, bien sûr, il le taisait.

Le vieil homme commença alors à lui donner des cours, afin de l'aider à comprendre, apprivoiser et, peut-être plus tard, à utiliser son pouvoir. D'après Arguem, le petit garçon ne devait pas refuser son pouvoir, mais au contraire être fier de le posséder. Avec, il pourrait changer le monde, avoir un impact sur le déroulement des choses, et sauver des vies. C'est pourquoi il venait tous les soirs, après le souper, lui apprendre à d'abord « toucher » son pouvoir. Le faire devenir sien. L'accepter.

Cet apprentissage dura douze ans, durant lesquels au bout de sept ans, le petit garçon pu enfin se lever de son lit, et le reste des années, il les passa à s'entraîner. Entraîner son corps, son esprit, et à utiliser son don.



 En parallèle, il y avait le petit bébé à qui il avait donné la plume. Ce bébé, le Psome ne savait qu'en penser. Il ne comprenait tout simplement pas pourquoi ses yeux étaient devenus rouges, pourquoi il ne pleurait plus, et pourquoi cela s'était passé ainsi. Trop de questions tournaient autour du nourrisson. Ils l'observèrent grandir, sans grande évolution visible, jusqu'à ses treize ans. Déjà, la femme que le petit garçon avait sauvé n'était pas la mère du nourrisson. Elle l'avait trouvé sur le bord d'un puits, la corbeille dans laquelle il était emmailloté de draps oscillant au vent. On apprit plus tard qui il était quand un groupe d'assassins du Makusem vint en force l'enlever au Psome en pleine rue, dans sa treizième année. L'attaque fut fulgurante, laissant trois morts du côté du Psome et seulement un du côté du Makusem. Il était désormais évident que le bébé avait un lien, lui aussi avec la lignée des Phén. Mais, ils ne le découvriront sa véritable nature que trop tard. 

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