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By SimonNormand

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Verset 2 : Cène
Verset 3 : Pourrait-il Y Avoir des Survivants
Verset 4 : Que la fête Commence
Verset 5 : Une rencontre inattendue
Verset 6 : L'attaque
Verset 7; Ils Sont Seuls
Verset 8 : Le Contre - rendu de Starcheskiĭ

Versets 1 - Genèse d'une Fin

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By SimonNormand

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PremiErCHAPItre :

100DAMNÉS

Verset 1 :Genèse  d'une  FIN

Base de Meads Cliff, Nevada, 70 km à l'Est de Las Vegas, 15 km de la ville de Meads Cliff

: 26 am

-Mon dieu, pardonne-nous nos erreurs en ces heures sombres, car nous ne sommes rien face à ta grande sagesse. Pardonne-nous nos offenses, car toi seul es juste et bon. récita-t-il pour la centième fois dans sa tête avant de chasser cette phrase de ses pensées tandis qu'il avançait dans le sable tout en caressant l'embout noirci de son révolver.

L’odeur aride du désert qui se mélangeait avec le monoxyde de carbone parfumait l’air et venait emplir ses poumons et titiller ses narines à chaque mètre que sa voiture fonçait à travers cette route oubliée. Cette route sans nom s’éloignait de la 165; une petite route qui menait à cette insignifiante ville sans importance non loin de là. Il sentit soudainement une drôle d’odeur en s’enfonçant dans le néant. Aigre, comme du vinaigre. Il prit une grande inspiration avec dégoût. Ses yeux allèrent se poser sur le long cigare cubain entre son index et son majeur. Sans aucun remord, il le lança par la fenêtre avec dédain. Du bout du doigt, il caressa la carapace de son Hummer. Douce créature de puissance brute, pensa-t-il.

Après quelques minutes, l’odeur avait finalement disparu. Peut-être ce n’était que lui qui s’y était habitué. Au moins, elle ne se faisait plus sentir. Ce fut alors une étrange bâtisse qui attira son attention. Un rien de plus gros qu'une étable. C'était une vulgaire cabane en bois. L'homme appuya d'un coup sec sur la pédale d’accélérateur et s’approcha de plus en plus vite vers la chaumière tandis que son moteur laissait surgir un rugissement terrifiant annonçant sa venue. Structure en rondin banale, la porte en bois semblait en mauvais état. De loin, seule une épaisse fumée grise permettait de laisser entrevoir une moindre trace de vie.

Il gara son monstre près d'un vieil autobus. Derrière, quelques bouches d'aérations et quelques cheminées dissimulées en geysers sortaient du sol et laissaient entrevoir quelque chose de suspect. Ses yeux allèrent alors fixer une espace de petite cabane en bois. D’où il était, le Colonel entendait le son des pompes qui fonctionnait à plein régime. Ce bruit dérangeait l’opération. Mais de toute façon, qui viendrait perdre son temps ici?

Il sortit de la voiture en replaçant sur ses épaules sa tunique de militaire. Son costume de colonel, orné de maintes décorations toutes différentes les unes des autres et soigneusement placé le long de son petit corps musclé, était la preuve même qu’Azraël Sensenmann, plus connu sous le nom du Colonel-Terreur, était un homme dur, froid, sans morale et implacable. Ses ennemis disaient de lui qu’il était l’emblème même de la dictature américaine. Ses alliés se disaient tout simplement chanceux de ne pas l’avoir pour ennemi et ils essayaient de rester le plus longtemps dans ses bonnes grâces.

 Azraël Sensenmann s’approcha. Au-dessus du porche, une inscription. Amenti. Il poussa la porte. Ambiance de vieux western. Les têtes se retournaient et le dévisageaient avec de gros yeux. Deux hommes en blanc jouaient aux cartes. Des armes reposaient à côté d'eux, appuyées contre les pattes de leur chaise en bois. Les bouteilles de Whiskeys avaient pourtant étés échangées pour des Aquafina. Ils écarquillèrent les yeux avant de se relever. Le colonel leva la main et ils se rassirent immédiatement. Inconfortable moment de silence. Il fit le tour de la pièce et tira sur le gros tapis qui traînait dans le salon. Une énorme porte en titane dans le plancher se laissa dévorer par son regard perçant.

 - Colonel Azraël William Sensenmann Junior.

 Il avait usé d'un ton plus que monotone. Il avait prononcé ce nom en un souffle, d'un coup, froidement, avec un ton aussi aride que le désert qui entourait cette maison. Il marqua une pause avant qu'une voix ne s'élève de la télévision éteinte. « Identification terminée. Colonel Azraël William Sensenmann Junior. Bienvenue. » La porte s'ouvrit et laissa à la vue du colonel un paysage digne de la science-fiction. Il descendit dans cette entrée et disparu dans les couloirs de sa base militaire dont il gérait le projet principal depuis deux ans. Seuls les murmures effrayés des deux joueurs de cartes comblèrent le silence.

 Ses dures bottes de cuirs noires faisaient un simple petit bruit, un petit Tok!, à chaque pas qu’il faisait sur le parquet ciré de ces corridors blancs. Cet unique petit bruit, tout le monde avait appris à leurs dépens à l’entendre venir de loin, car il était la plupart du temps message de mauvais augure. Ces bottes semblaient encore teintées par les cris d'un Vietnam agonisant.

 Son arme, accrochée à sa ceinture, était à moitié vide. Singulière preuve que le colonel ne tolérait pas l’échec et que sa brutalité était sans merci. Tant d’ennemis avaient péri à cause de ce pistolet, se remémora le colonel en caressant la crosse de la même façon qu’un être sensé l’aurait fait avec la tête d’un jeune garçon qui désirerait de l’affection.

 Pourtant, le colonel, en dehors de son arme, ne démontrait jamais une seule trace de compassion. Pas même pour un objet ou pour une personne. Toute personne, pensait-il, était remplaçable. Il ne vivait, selon lui, que parce que le gouvernement le lui avait ordonné. Sa loyauté était sans faille et il préférerait mourir plutôt que de trahir ce qu’il vénérait, ce qui selon lui était l’ordre naturel des choses : Les États-Unis d’Amérique.

 -Colonel Sensenmann. dit un soldat qui l’attendait. Le colonel composa son code sur les petites touches froides sur le mur et la porte glissa tranquillement, créant l’effet d’être dans un film futuriste. Il savait pourtant qu’il était loin de là. C'était la dure réalité du moment présent.

 L’autre soldat le suivit à travers le nouveau couloir qui s’étendait devant eux. Il était grand et costaud, mais surtout têtu, dévoué et rusé. Des qualités que le colonel admirait chez un soldat aussi compétent que celui qui était à ses côtés. C’était pourquoi il avait fait de cet homme son adjoint et garde du corps. Il lui remit un dossier prêt à déborder, étampé ultrasecret sur la couverture.

 Ils marchèrent pendant près de deux minutes dans les couloirs, croisant peu de militaires, la plupart des gens qu’ils croisaient étant des scientifiques. Finalement, après avoir finement discuté de plusieurs aspects du dossier, les deux soldats entrèrent dans un laboratoire bruyant, rempli de fond en comble par des dizaines et des dizaines d’hommes et de femmes portant tous des sarraus d’un blanc immaculé. Son adjoint l’emmena vers un scientifique assis à son bureau. Il réussissait à détonner de tous les autres par son ordinateur en face de lui. Un gigantesque écran qui traitait plusieurs informations à la fois. Des données sur des fléaux, des drogues et des animaux dangereux accompagnaient les algorithmes mathématiques à n'en plus finir qui longeaient l'écran. Quatre claviers encerclaient l'homme quadragénaire. Au-dessus de l'écran, une petite inscription sur une plaquette de bronze : "Ici repose le Néphilim, Goliath. Qui ose le défier subira le courroux d'un fils des Dieux."

 La colère des Dieux? Cette phrase fit craquer le visage et le fit se distordre jusqu'à ce que l'esquisse d'un sourire apparaisse.

 -Colonel, je vous présente le docteur Opret Tod, chef des opérations scientifiques du groupe de chercheurs "Les Souris". Il est un de nos meilleur élément.

 -Ah! Colonel Sensenmann, dit le scientifique en se retournant et en tendant la main, « C’est un plaisir, bienvenue parmi "Les Souris"! » Le colonel fixa longuement la main que le scientifique lui tendait. Puis, avec dédain, ses yeux passèrent au peigne fin le corps mince du scientifique dont il trouvait la ressemblance à l’acteur Chevy Chase agaçante. Il le regarda droit dans les yeux. Son regard n’était rien d’autre que deux abysses qui dévisageaient le scientifique. Il se retourna tout en poussant un long soupir d’exaspération.

 Il le contourna, sans faire attention à lui, et s’approcha des grandes cages en métal dans le fond de la pièce et les examina tous, une par une.

 -C’est ça? C’est ça l’arme que vous créez, docteur Tod?

 À l’intérieur de chaque cage, plusieurs animaux dormaient sous anesthésie. Des panthères, des chauves-souris vampires, des grizzlys, un quelque chose qui s’apparentait au loup à la hyène, des requins blancs reposant dans des bassins d’eau, des scorpions, des serpents à sonnettes et bien d’autres animaux dangereux. Il regarda l'énorme panthère dans le fond d'une des cages. Il sourit quand cet échange de regard se provoqua. Deux prédateurs sur le même territoire, pensa-t-il amusé. Le colonel vit l'animal s'approcher de la vitre de la cage et coller son museau contre la cage. Son sourire s'étira tandis que la créature prise entre quatre murs montra les crocs. Elle lâcha un long sifflement mauvais. Il lança un petit rire amusé par ce manège obscène tandis qu’Opret Tod regardait la scène inconfortable. Le Colonel-Terreur appuya sur le bouton devant la vitre. Une décharge électrique explosa à l'intérieur de la cage et foudroya la bête qui tomba au sol tétanisée. Il continua sa route, riant à gorge déployée.

 Dans les deux dernières cages, par contre, les animaux en captivités étaient une nouvelle race. Ils n’étaient rien de moins que des hommes; des clochards qu’ils avaient repêchés à Los Angeles trois mois plus tôt. C’était sur eux que Les Souris faisaient les tests… et les tests avaient l'air plutôt positifs, remarqua-t-il en fixant les créatures qui sommeillaient dans un coin. Même si elles dormaient, le colonel ressentit une certaine peur se former en lui et, comme si il était trop prudent, il alla soigneusement déposer sa main sur la crosse de son arme, laissant glisser son doigt jusqu’à la détente. Quel monstre fabuleux! Un sentiment étrange s’était développé en lui. L’affection.

 -Ceci colonel est en effet le produit expérimental que nous avons réussi à créer. Celui-ci est le projet Colin001. dit-il en désignant une cage à part. «C’est lui qui est à la souche même de nos avancements.» Le colonel s’avança. De ses yeux, il essaya de percer la pénombre de la cage à la recherche de la bête. Rien n’y faisait. Que les ténèbres. «Quand nous l’avons trouvé, dans la grotte, il agissait comme un fou. Nous pensions au départ que c’était dû à son instabilité naturelle de psychopathe mais… après plusieurs analyses, nous avons découvert que c’était à cause de la grotte. C’est elle qui l’a rendue fou à lier.»

 -Et qu’en est-il de la grotte?

 -Elle subit le pompage sans résigner. Par contre, les différents hommes qui sont partis installer l’équipement en bas en sont revenus gravement malade. Le scientifique marqua une pause, dubitatif. « Il se passe quelque chose en bas dans cette grotte et cette chose qui affecte vos hommes, on s’est pas elle vient d’où. »

 -M. Tod, je me fiche complètement de vos échecs à envoyer des hommes dans une grotte serré quelques boulons. Je suis ici parce que je veux des résultats. Souvenez-vous de ce qui est arrivé à votre prédécesseur.

 -Oui. Oui. Milles pardons Colonel Sensenmann. Euh… Le docteur Tod fouilla dans ses notes à la recherche d’une quelconque bonne nouvelle mais il sembla ne rien trouver. Il leva les yeux sur la cage devant lui et reprit. «Le sujet Colin001 est le plus avancé mais également le plus dangereux. Parce qu’il a subi les effets de la toxine à sa forme basique, il est différent des autres sujets. Nous lui faisons passer le plus de tests possibles pour essayer de trouver un signe de pathologie mais encore là il semble que, en prenant contact avec la grotte, il ait... comment dire... évolué.» Il marqua une pause pendant laquelle il regarda le monstre tapit dans l'ombre ou du moins où il croyait qu’il était. Derrière la vitre, on pouvait entendre rien d’autre qu’une sorte de murmure qui ressemblait à un rire maniaque. «C'est à partir de lui que nous avons créé la dernière toxine, la Nouvelle_Ère0018.»

 -La Nouvelle_Ère0018, quand elle sera terminée, aura le pouvoir de complètement changer vos hommes. Ils seront plus intelligents, plus agressifs, plus rapides, etc. Ce produit pourra soit être injecté par seringue, jusqu’à dans le sang ou il peut être inhalé par voie nasale. Par contre, il est important qu’il soit en tout temps transporté dans un contenant spécial…

 -Docteur Tod… sachez que j’en ai absolument rien à foutre de vos putains de détails techniques. Je veux des résultats, des avancements.

-Nous… nous avons réussi à créer un produit spécial qui assure que, si jamais le produit venait à être relâché dans l’air… il… euh… selon mes calculs, il n’affecterait qu’un mince pourcentage de la population n’éveillant ainsi qu’une légère crainte. Le virus passerait alors pour rien d'autre qu'une petite épidémie d’une nouvelle maladie. Les grands esprits penseront qu’un imbécile a encore fait n’importe quoi avec sa chèvre. On traitera le cas avec un remède fait sur le coup; un placebo forcément; et tous continueront.

Le colonel resta impassible. Aucune émotion ne trahissait son visage dur.

« Nous gardons actuellement tous les animaux – et les sujets – sur lesquels nous avons testés le 0018 sous anesthésie pour des mesures de sécurité. »

Mais le Colonel-Terreur n'écoutait plus le scientifique. Il ne faisait que dévisager cette bête qui riait dans sa cage. Un étrange sentiment de compassion et d'intrigue créait ce regard curieux qui tentait de percer le mystère derrière ces deux pouces de plexiglas inoxydable. Dans la tête de ce soldat imperturbable, ce sentiment indescriptible était probablement la chose la plus proche du sentiment qui s'appelait "amour". C'était un horrible sentiment qui rappelait au colonel un lit de mort qui abritait sa maternelle. Il chassa cette horrible pensée. «Et est-ce que les tests sont concluants? dit le colonel en se retournant vers le scientifique.»

 -Qu’est-ce que… qu’est-ce que vous voulez dire? dit le scientifique mal à l’aise.

 -Je veux savoir s’ils ont réussi les tests que vous leur avez fait passer, merde!? Est-ce que c’est trop compliqué pour votre cervelle de génie!? Peut-être que vous voudriez que je vous le demande en morse. cria-t-il, comme si le fait de rabaisser quelqu’un lui rappelait qu’il était quelqu’un d’important. Les yeux de tous les autres scientifiques se retournèrent vers les deux hommes. Un silence plat régnait. Si, depuis le début de cet entretien, le docteur Tod ne s'était pas soucié de tous les autres présents dans la grande pièce, maintenant il sentait leur regard l'écraser tandis que son visage prenait une teinte cadavérique.

 -No… non, colonel.

 -Comment ça non!?

 -Ils n’ont réussi aucun des tests. Pour l’instant, ils ne sont que de simples animaux en cages. C’est comme si leur cerveau revenait à leur stade primal. Ils ne veulent que tuer, manger et survivre. C’est tout.

 Le colonel poussa un long soupir d’insatisfaction. Il se retourna pour contempler ce panorama de sarraus blancs qui le dévisageaient, l’air presque effrayés par son regard. Il alla entrer sa main dans sa poche et en sortit un long cigare cubain. Il l'alluma, pleinement conscient des matériaux hautement inflammables partout autour de lui. Le regard effrayé des autres le réconfortait en lui garantissant qu’il apporterait tout le monde dans sa chute. Pour lui, la mort était l'alternative à la victoire. Il ne se souciait pas le moins du monde du chaos que cela pourrait relâcher. La pensée qu’il relâcherait sûrement la toxine la plus nocive pour l’homme avait effleurée son esprit et avait laissée dans son sillon rien d’autre qu’une joie qui était décuplée par son dégoût pour la race humaine.

 -Nous testons de nouveaux produits dans quelques minutes et nous croyons que le poison pourrait être prêt très bientôt. Mais dites-moi colonel, à quoi va vous servir le projet "nouvelle ère"?

 -Et bien, à titre de renseignement, docteur Tod, "nouvelle ère" servira, soit à augmenter la force et les capacités musculaires. À transformer nos soldats pour qu’ils deviennent des "super soldats"… le vieux rêve américain dictatorial, quoi… Il prit une pause, porta son cigare à ses lèvres. L’embout prit feu, devint orange comme de la braise. « Mais sinon – et voilà la partie intéressante – si le virus reste comme il est et si ces monstres ne pensent qu’à tuer, nous enverrons cette drogue sur un pays ennemi comme la Syrie, l’Iraq ou encore la Corée et nous attendrons patiemment qu’ils s’entretuent. dit-il un immense sourire malfaisant en coin.

 Le scientifique resta planté là, à regarder le Colonel-Terreur qui avait pris une joie immense à réciter ce qu’il ferait avec cette arme si dangereuse. Il resta tétanisé par la peur quand le Colonel s’approcha de son visage. Il resta complètement figé quand Azraël Sensenmann laissa son énorme nuage de fumée sortir hors de sa bouche en direction du visage du scientifique.

 -Si vous n’avez plus rien à me dire docteur, je vais vous laisser travailler, car, je suis sûr que vous le savez, j’ai plein d’autres choses à faire, dit le colonel en donnant un petit coup sur son long cigare, laissant tomber sur le sol un long morceau de cendre brûlante avant de s’en aller vers la porte.

 Le colonel était sur le seuil de la porte du laboratoire quand il s’arrêta. Il connaissait les hommes. Il connaissait les bêtes en eux pour les avoir déjà tentées. Il connaissait les instincts. Il savait déjà que le scientifique reviendrait. Il savait qu’il viendrait se plaindre des mauvaises conditions. L’expérience lui avait appris de prédire les moindres gestes de tout le monde. Les siens comme ceux de tous les autres, de tous ses ennemis. Le soldat acquiert un pouvoir de plus en plus grand à mesure que le courage d'une collectivité décline.[1]  Le courage du docteur Tod était très lâche.

 Comme il s’y attendait, Opret Tod vint le rejoindre. Avant qu’il ne mette le pied en dehors de la porte, il l’agrippa par l’épaule et lui dit discrètement : « Vous voulez un conseil… Dites au président de ces États pourris d’Amérique que cette arme est une création de l’enfer et que peu importe ce qui va arriver, cette arme ne fera jamais d’heureux à la fin. »

 Le colonel regarda le scientifique dans les yeux. Ses yeux perçants essayèrent de traverser ceux du scientifique pour atteindre son esprit, pour essayer de voir s’il tenterait de détruire la toxine dans un avenir proche. Pourtant il n’y voyait que de la peur. Un esprit ravagé par la crainte de ce monstre. Le Colonel-Terreur sourit, relâchant la grande bouffée de fumée qu’il retenait. Avec satisfaction, il regarda le nuage grisâtre venir entourer le visage du biochimiste tout en lui disant : « Je ferai savoir au président que vous êtes plus qu’enjoué de travailler sur un projet tel que celui-ci. Au revoir monsieur Tod. » Il finit par se retourner et se dirigea vers la porte tandis que le scientifique lâchait un hoquet.

 

 28 mois plus tard. Jour de la réussite. Jour de la fin.

 L’arme était finalement prête. À l’autre bout de la pièce, un groupe de biologistes et de chimistes avaient finalement terminé ce poison qui allait créer une armée encore plus destructrice que toutes les armées réunies. Une armée de soldats invincibles qui auraient la force de cinq hommes, le rêve de tous généraux de l’armée. Ils allaient enfin avoir le cachet qu’on leur avait promis.

 Ils s’avancèrent glorieux. Le flacon contenant le sédatif dans les mains de leurs chefs, le monde semblait à leur pied. Ils s’avancèrent vers une sorte de podium installé dans le milieu du laboratoire. Partout autour d’eux, d’autres scientifiques acclamaient leur réussite. Le champagne arrivait. Les appareils photos se sortaient. Les rires et les exclamations avaient pris la place du silence et du sérieux. Les scientifiques venant de partout dans le monde et avec qui ils avaient travaillé pendant si longtemps se réjouissaient de cette réussite qui leur apporterait gloire et richesse. Ils souriaient tant.

 Opret Tod était déjà sur le podium, attendant qu’on lui apporte la fameuse drogue pour commencer à faire son discours. Il se préparait déjà mentalement à faire la fête toute la nuit. Pourtant, nul ne se doutait de la gravité des actes.

 Le biologiste qui tenait le flacon s’avança. La gloire. L’argent. Les femmes. Tout était désormais à sa portée. Il ne pouvait s’empêcher de fixer la petite fiole dans sa main. Les sourires étaient larges. La joie se faisait sentir. Elle parfumait l’air d’un parfum de jeunesse éternelle. Les scientifiques étaient pourtant prisonniers de leur monde. Ils ne pouvaient voir les autres univers qui s’entrechoqueraient. Le biologiste s’avança. Il fit le dernier pas le séparant du docteur Tod. Il ne remarqua même pas les soldats qui venaient regarder le spectacle. Eux aussi ils souriaient. Le diable entra dans la place.

 Le Colonel-terreur venait d’entrer dans le labo.

 Le biologiste s’approcha d’Opret Tod et lui remit la fiole. Il se retourna en prenant bien soin de le prendre dans ses bras tant la joie l'envahissait. Pourtant, ce chercheur sentait une part de la gloire lui échapper. Il redescendit les marches, s’éloignant de plus en plus de son idéal. Un froid semblait le prendre.

 Le docteur Tod alla chercher dans ses poches un petit bout de papier avec un texte qu’il avait peaufiné encore et encore et qu'il avait barbouillé et rebarbouillé encore et encore. Il leva la tête et alla croiser son regard avec celui d’Azraël Sensenmann. Il ne vit que le mouvement des lèvres. Puis vint le froncement des sourcils, l’abaissement du menton et les creux qui se formaient dans les joues pour créer ce sourire diabolique, maléfique. Sans même entendre ce que le Colonel-terreur disait, il comprit l’ordre d’exécution.

 Il vit les balles exploser dans tous les sens. La gloire et les idéaux éclatèrent dans tous les sens avant d’aller couler avec le sang au sol. Il vit tous ses collègues mourir. Tuer par les balles de la trahison; crever innocemment. Ce devrait être proscrit, comme dernier acte, d’afficher une expression de peur et de douleur. Il comprit que ces foutus États-Unis voulaient leur silence, tuer leur savoir, et qu’ils ne voulaient pas payer pour.

 Il restait tout seul, debout parmi ces amas de corps morts et criblés. L'idée de faire la fête toute la nuit était partie bien plus vite qu'elle était arrivée. Il vit le colonel s’avancer. Il aurait voulu lui dire quelque chose. Le supplier, mendier pour sa vie mais la peur empêchait tout mot de sortir hors de sa bouche. Il dégaina son arme. Opret Tod eu une moue effrayée à la vue du revolver noir. Le colonel dit en un souffle : « Au revoir, monsieur Tod. » Il n'eut qu'à tirer une balle. La mort frappa le pauvre scientifique

 Il tomba.

 Penchant vers l’avant vers la scène.

 Dans sa chute, il entraîna le flacon contenant la toxine avec lui…

 En une fraction de seconde, tous les visages devinrent livides et une expression de paniques et d’effroi transforma leur sourire d'automate. Les corps se raidirent tandis que tous les yeux se braquèrent sur la fiole qui virevolta dans les airs. Tandis que le dernier corps s’effondrait sur le sol, l’éprouvette alla s’écraser par terre, quelques pieds plus loin, le verre se brisant en plusieurs morceaux, laissant échapper une petite fumée hors du flacon.

 Trois secondes interminables passèrent sans que personne ne bouge, sans que personne ne respire. Un champ de statue de marbre.

 Passé ces trois secondes, plusieurs commencèrent à se jeter des petits coups d’œil inquiet. Pensant être soulagés, ils se permirent de lâcher des petits soupirs… Pourtant, trois secondes furent justes assez pour que le virus se répande partout, à travers les systèmes d’air conditionné, à travers leurs poumons. Le tout arriva aux autres étages de la base militaire et infecta tout le personnel. Personne ne fut épargné.

 [1] Citation de Gilbert Keith Chesterton, écrivain anglais du 20e siècle

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