Le Prince de Phén

By Bienytu

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Il avait tout perdu. Sa famille. Sa raison de vivre. Puis, il avait gagné la haine. L'envie de tuer. De se ve... More

Prologue
Chapitre 1
Chapitre 2
Chapitre 4
Chapitre 5

Chapitre 3

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By Bienytu

Arrivant à proximité du centre du quartier, il tira sur la chaîne autour de son cou pour sortir la montre de sa mère et l'ouvrit : il était une heure du matin. Il se résolut donc à aller à l'auberge la plus proche afin de finir la nuit du mieux possible. Il profita du léger filet d'eau qui coulait d'un robinet rouillé pour nettoyer ses deux lames et l'entaille qu'il avait à la pommette, puis s'avança en face d'une auberge surmontée d'une tête de cochon coupée. C'était l'auberge du Cochon Pendu. Il se décida à y entrer.

L'endroit était sale, évidemment. Ce n'était qu'un bourbier, où venait se retrouver différents assassins, voleurs, meurtriers, pour organiser leurs plans d'action. A gauche se profilait le comptoir, couvert de crasse, d'aliments en tout genre, prédigérés pour certains ; à droite, des tables et des chaises en bois, qui tombaient en morceaux, victimes des rixes habituelles des clients sous le coup de l'alcool.

Sans même un bonjour il jeta quelques pièces sur le comptoir, pour quelques heures et un peu de nourriture avec un bac rempli d'eau pour se laver, sans s'attarder sur les quelques hommes assis aux tables qui le toisaient, la mousse de bière au visage, les doigts gras du poulet qu'ils avaient dévoré. Cela pouvait paraître étonnant tout ce monde encore levé en cette heure tardive, qui plus est entrain de manger du poulet et de boire de la bière ; mais ce quartier ne dormait jamais, et étant donné le fait qu'il était déjà assez rare pour les gens d'avoir de quoi se nourrir, dès qu'ils le pouvaient, quelque soit l'heure, une bonne ripaille n'était jamais de refus.

Alors qu'il s'apprêtait à monter à l'étage, l'un des hommes l'interpella :

_Hé! Étranger ! Que dirais-tu d'faire quelques parties d'cartes av'c nous ? Vu l'taille de ta bourse, ça devrait pas t'poser trop d'problèmes, nan ?

Le jeune homme se retourna, le visage fermé comme à son habitude. L'homme s'était levé, le ventre proéminent, un sourire sournois aux lèvres. Derrière lui, les autres gros hommes le regardaient, avec cette fois un sourire niais sur le visage. Il était facile de deviner qui était le chef : celui qui avait tenu le plus l'alcool, qui était le plus gros et qui était le plus gras. C'était encore un autre groupe d'individus qui en voulait à son argent. Mais le jeune homme n'avait pas que cela à faire. Il lui répondit donc :

_Ce serait avec plaisir, si je n'avais pas sommeil. Je t'invite donc à te rasseoir et à continuer celle que tu faisais avant mon arrivée avec tes... amis.

Il préleva une poignée de pièces dans sa bourse et la jeta sur l'homme, abasourdi.

_Je vous paie votre tournée. Passez une bonne soirée.

Et il s'en alla à l'étage, sous les bruits de lutte et de douleur des hommes qui se battaient pour ramasser les pièces sur le sol.

Il n'avait même pas jeté un coup d'œil au propriétaire de l'auberge. Celui-ci toqua justement à sa porte, puis entra suite à l'acquiescement du jeune homme. C'était un homme assez sec, la moustache longue et fine, les mains calleuses par le travail. Tout le contraire de sa femme, large, les mains rouges, qui le précédait. Mais ce n'était pas le plus important pour lui. Il attendit que l'aubergiste finisse d'installer le bac que sa femme s'empressa de remplir, un œil en biais, dans la direction du jeune homme. Elle avait moyennement apprécié la façon dont le jeune homme s'était comporté en bas, en lançant sa monnaie au vent comme des graines aux poules. Mais l'aubergiste se doit de se soumettre à ses clients, pourvu que ceux-ci ont de quoi payer.

Lejeune homme attendit leur départ de sa chambre pour se déshabiller. On pouvait apercevoir de multiples cicatrices sur son dos, des entailles lui laissant de larges taches brunes, et une cicatrice, noire, en forme d'étoile, là où se situait son cœur. Il était musclé, résultat de longues années d'expérience ; il prenait soin de son corps. Le dos bien dessiné, les épaules assez larges,il était bien fait. Il s'assit dans le bac plein d'eau et s'attarda sur la cicatrice sur son cœur en faisant sa toilette, tout en repensant à son origine.


Après l'explosion silencieuse dans l'épicerie et le prompt départ du brigand, il ne restait donc que le phénix et le petit garçon toujours couché à ses pattes. C'était comme si le phénix veillait sur lui, afin de lui garantir un sommeil plus que réparateur pour les nombreux obstacles qu'il allait devoir affronter après tous ces événements. Le phénix continua d'observer le garçon. Ses ailes commencèrent à briller. De plus en plus fort. Cela en devint aveuglant. Et soudain, le petit garçon ouvrit les yeux, en même temps que la lumière disparue. Le petit garçon se releva, et regarda le phénix avec froideur. Celui-ci cligna des yeux, en penchant la tête de côté. Le petit garçon n'avait pas l'air normal. L'étincelle de vie enfantine qui l'animait d'habitude avait disparu de son regard. Son âme pure et innocente avait déserté son petit corps frêle. Une plume vint se détacher du crâne de l'oiseau et tomber aux pieds du petit garçon, qui s'abaissa pour la ramasser. Il y eût un éclair, et le phénix disparut. Le petit garçon prit la plume, la regarda, et la mit dans sa montre, qu'il avait autour du cou. Et, sans un regard en arrière, il s'en alla.

Il marcha calmement dans la ruelle jusqu'à une entrée sombre et humide : les égouts du quartier. Sans une once d'appréhension, il entra. L'eau aux reflets verdâtres ne le dissuada pas de continuer sa route. Sur le côté droit du tunnel, il y avait un chemin assez étroit où marcher pour garder les pieds au sec. Il l'emprunta, et avança toujours sans peur ou quoi que ce soit d'autre comme sentiments.

Plus il avançait, plus l'écho de bruits de cris de douleur se rapprochait. Alors qu'il continuait de marcher, paisiblement, il arriva à un virage le menant vers un chemin qui allait en s'agrandissant. Cela faisait comme un plateau au milieu de l'eau, un point de passage, où se trouvait un homme et une femme en train dese débattre. L'homme avait le pantalon sur les genoux, et essayait d'arracher la robe de la pauvre femme. A côté d'eux était allongé un bébé qui criait de tous ses poumons. Inconscient de ce qui se passait près de lui, le nourrisson pleurait, affamé. Le petit garçon s'approcha silencieusement d'eux. L'homme avait réussi à immobiliser la femme assez longtemps pour soulever sa robe, révélant des jambes fines et sales, et couvertes de plaques rouges visibles sous la poussière et la boue. Le petit garçon remarqua une barre en fer, appuyée sur le mur à côté de lui. Si il avait été lui-même, il aurait sûrement pensé à quel point cette situation ressemblait étrangement à celle de l'épicerie. Mais ici, le petit garçon ne prit pas le temps de réfléchir : il se dirigea vers la barre de fer, la traîna sur le sol jusque derrière l'homme, le bruit strident du fer sur les cailloux étant assourdi par les cris de la femme et les pleurs de l'enfant, la souleva de ses bras frêles et l'abattit sur le crâne chauve de l'homme. Celui-ci s'écroula brutalement sur la femme qui continuait de crier, et qui le repoussa de ses bras, en vain, dans l'espoir de se débarrasser de ce poids sur elle. La barre de fer avait récupéré un morceau de son cuir chevelu qui venait la coiffer à son sommet. Sans un mot, le petit garçon se servit de la barre de fer pour faire levier sur le corps afin de le faire tomber à côté de la femme ; puis, il se débrouilla pour le faire rouler jusqu'à l'eau où le corps tomba dans un bruit qui résonna dans le tunnel, et sombra assez rapidement dans les flots sombres grouillant de saletés, de déchets, de microbes en tout genre.

La femme eut un mouvement de recul quand le petit garçon s'approcha à nouveau d'elle. En fait, il se dirigeait plutôt en direction de l'enfant qu'il prit dans ses bras. Étonnamment, celui-ci se calma, et le regarda fixement de ses yeux bleus, comme dans l'attente de quelque chose, ses petits poings s'ouvrant et se fermant doucement. Le petit garçon l'amena dans les bras de sa mère, qui le prit avec méfiance, et ensuite ouvrit sa montre d'où il en tira la plume de phénix, qui se mit à briller de plus en plus fort. Le petit garçon se rapprocha de la femme, hypnotisée par l'éclat de la plume, et donna celle-ci au petit bébé qui referma sa petite main sur elle. Il y eût alors une explosion silencieuse ; le petit garçon fût auréolé d'une intense lueur rouge, au point que la femme dû détourner les yeux, mais pas le petit garçon qui avait récupéré ses yeux noirs comme le néant.

La lueur disparut d'un coup. Quand la femme ouvrit les yeux, le petit garçon était allongé à côté d'elle dans un état semi-comateux. Le bébé se tourna vers elle. Elle failli le lâcher sous le coup de la surprise quand elle croisa son regard à l'iris rouge comme le sang. Elle sentit d'un coup le poids d'une immense fatigue sur ses épaules, et s'écroula, le nourrisson toujours dans ses bras, à côté du petit garçon, et s'endormit.


Le petit garçon se réveilla quelques heures plus tard en hurlant de douleur. Il ressentait comme une horrible brûlure au niveau de son cœur. Pensant être en feu, il se jeta dans l'eau des égouts. Mais la brûlure persista, et alla même en empirant. Il se débattit en continuant de crier sous l'eau, des bulles s'échappant avec force de ses lèvres en direction de la surface. L'eau se mit à bouillir.

La femme, qui s'était réveillée en sursaut, regarda les énormes bulles au dessus de l'eau. Soudain, il y eût une énorme explosion sous l'eau, au point qu'une vague apparue et s'écrasa sur la femme qui eût juste le temps de se tourner pour protéger le bébé qu'elle avait toujours dans ses bras. Quand elle se retourna, elle vit le corps du petit garçon lévitait au-dessus de l'eau jusqu'à la rive et se déposer doucement.

La femme déposa le bébé qui ne faisait pas un bruit depuis sa curieuse transformation, et se dirigea vers le petit garçon afin de voir s'il était encore vivant. Une légère fumée s'échappait de son corps. Elle regarda son vêtement, qui avait l'air d'avoir brûlé sous l'eau. Au niveau de son cœur, il y avait une étoile qui se dessinait sur la peau calcinée du petit garçon. Elle le transporta à côté du nourrisson qui avait ouvert ses yeux rouges et la regardait avec une insistance presque dérangeante. Elle se décida à s'asseoir, ne sachant que faire d'autre, et attendit le réveil de son sauveur.



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