THE BIG PROJECT

By jamaiscontent

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Adam Partlin, étudiant en lettres, a quatre mois pour achever un projet littéraire sinon il est exclu. Ce tex... More

Prologue
Chapitre 2 - La virée en voiture
Chapitre 3 - Le théâtre

Chapitre 1 - Les nouvelles voisines

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By jamaiscontent

Ma première semaine de cours était assez compliquée. Entre les professeurs qui me connaissaient déjà et qui ne me supportaient pas, et les professeurs qui ne me connaissent pas encore mais qui ont entendu parler de moi (en mal évidemment), autant dire que ma rentrée n'est pas de tout repos ! Surtout que je n'ai encore trouvé aucune idée pour ce fichu projet de fin d'année ! Et je n'ai que quatre mois pour le terminer !

La première semaine est aussi celle où l'on voit débarquer les premières années, qui ont quant à eux, commencent une semaine plus tard que nous en raison des sélections laborieuses de cette école qui se terminent parfois fin août. Le plus souvent, la totalité des premiers années arrivent le week-end précédant la rentrée.

Je pensais passer un samedi matin tranquille, lorsque Baptiste débarqua dans ma chambre, comme à son habitude, sans frapper.

- J'ai une trop bonne nouvelle ! annonça-t-il, très fier.

- Je t'ai déjà dit de frapper ! grognais-je.

- On a une nouvelle voisine !

- Sérieux ? Elle est comment ?

- Elle est CANON !

On entrouvrit la porte de notre appartement pour pouvoir l'observer discrètement, tels deux voyeurs. Je découvris une jeune fille au style atypique. Des grosses bottes noires, une jupe lui arrivant aux genoux, un chemisier rouge et noir et un maquillage épais masquant en grande partie son regard.

- Je t'avais bien dit que les voisins d'en face partaient !

- Ils ont pas fait de troisième année ?

- Non, ils sont partis faire le tour du monde ou une connerie dans le genre. Ceci dit ça m'arrange, fit Baptiste en se frottant les mains.

Je referma la porte. Baptiste et moi devions parler.

- Bon, qui se met sur le dossier ? demandais-je.

- On doit choisir ?

- Baptiste, dois-je te rappeler que la dernière fois on en est venu aux mains ?

Baptiste voyait très bien de qui je parlais. Une certaine Mathilde. On essayait tous les deux de la séduire, et ça s'était vraiment mal terminé ! Le pire c'est que la fille en question n'était même pas intéressée. Au final, Baptiste et moi nous sommes réconciliés au tour d'un bon kebab, comme toujours.

- Comment on va choisir ?

- C'est simple : « Who's worst ? », proposais-je.

On s'assit autour de la table du salon. Vous connaissez déjà les règles. Cette fois-ci l'enjeu était de taille.

- Comme c'est moi qui a gagné la dernière fois, je te laisse commencer.

- Merci Adam. Premier argument : ça va faire six mois que j'ai pas couché avec une meuf aussi canon !

- Et moi ça va bientôt faire un an que j'ai pas couché tout court !

Baptiste se tut et ses yeux grossirent. ''Qui est le pire'', le seul jeu où tu es à la fois triste et content de gagner ...

- Oh ... Je suis vraiment désolé pour toi mec.

- Il y eu un long silence gênant, jusqu'à ce que Baptiste se leva et fit :

- Allez, debout ! Faut que tu te remettes en selle !

- Je ne sais plus du tout comment on fait ... La dernière fois que j'ai vraiment fait ça c'était avec ...

- Ne parle pas d'elle sous mon toit ! me coupa-t-il. Bon, pour commencer, tu vas aller la voir, tu lui dis bonjour, tu te présentes, et tu lui proposes de l'aider à monter ses affaires. Par contre, par pitié change-toi, le tee-shirt Star Wars, ce n'est vraiment pas très sexy.

- Mais ...

Je suivis les conseils de mon maître expert en séduction, puis je suis allé voir la voisine d'en face, fraîchement vêtue d'une chemise à carreaux et d'un parfum bon marché.

- Bonjour, je m'appelle Adam, j'habite juste en face, dans l'appart' 4, tu as besoin d'aide ?

- Je suis lesbienne, rétorqua-t-elle.

Je ne m'y attendais vraiment, vraiment pas. D'habitude les gens me répondent par un ''pourquoi pas'' ou un ''salut'', ils ne m'informent pas de leur orientation sexuelle ! En plus de cela, j'entendais Baptiste rire derrière la porte.

- Heu ... Je ...

- Ah et je m'appelle Léa, dit-elle en souriant.

- Ravi de faire ta connaissance Léa, moi c'est Adam. Pourquoi ...

- Parce que les mecs sont tous des chiens, et que je ne veux pas qu'ils pensent qu'ils ont une chance de conclure s'ils m'aident. Du coup tu veux vraiment m'aider ou tu es comme tous les autres mecs ?

- Heu ... Je vais t'aider bien évidemment !

Plus d'une cinquante de cartons ... Des meubles immenses ... Lourd ... Je ne sais même pas comment on a fait pour tout faire rentrer ... Je me souviens que quand je suis arrivé ici, j'avais juste un petit carton, avec toute ma vie dedans. Des vêtements, des figurines, une console, un bol, un couteau et une fourchette. Après avoir monté tous les cartons, Léa m'invita à m'asseoir sur le canapé pour que l'on fasse connaissance.

- Une bière ? proposa-t-elle.

- Non merci, déclinais-je poliment.

- J'ai remarqué un truc, pourquoi tu marches aussi bizarrement ?

- Hier soir on m'a enlevé mon plâtre à la jambe, du coup j'ai un peu de mal à marcher avec.

- C'est vrai ? Comment ça t'es arrivé ?

- Heu ... Oui c'est vrai, mais c'est une longue histoire pas très intéressante.

- Raconte-moi tout, je veux tout savoir sur toi !

- Je m'appelle Adam Partlin, je suis hétérosexuel, déclarais-je en riant. Je viens de commencer ma quatrième année et ...

- Quatrième ? T'as redoublé quelle année ?

- La dernière en fait ...

- Ah, c'est un peu dommage ça. Tu viens d'où ?

- De Rochefort.

- Une petite amie ?

- Non.

- Tu as quel âge ?

- Vingt quatre ans.

- Tu fais plus vieux.

- Merci ...

- C'était un compliment.

- Merci !

- Dis, tu connaîtrais pas un coin sympa où l'on peut manger ? J'ai hyper faim !

- Il y a un kebab qui n'est pas très loin ...

- Non surtout pas de kebab ! Mon estomac le supportait pas après le trajet que je viens de faire !

- Il y a un restaurant asiatique dans la ville voisine, ça te dirait ?

- Carrément ! J'adore ça en plus ! Par contre je n'ai pas de voiture.

- T'en fais pas pour ça, je vais prendre celle de mon coloc.

Léa et moi retournâmes dans mon appartement puis je demandai à Baptiste sa voiture

- Je n'ai pas de voiture, répondit-il.

- Pardon, ta « Baptmobile ».

Baptiste mit son jeu sur pause et se leva du canapé.

- D'accord, j'accepte de vous la prêter, mais c'est moi qui conduit !

- Donc tu nous la prêtes pas vraiment, lui fis-je remarquer.

Une fois descendu au garage, Léa découvrit avec stupeur la voiture de Baptiste. Je voyais sur son visage un mélange de dégoût, mêlé à de la frayeur à l'idée de monter dans ce corbillard roulant. Ceci dit, il est vrai que cette voiture commence à se faire vieille. Elle a sûrement plus d'une trentaine d'années.

- C'est ça votre ''Batmobile'' ? Je verrai mal Batman conduire un tas de ferraille pareil !

- En fait c'est un jeu de mot, parce que comme il s'appelle Baptiste ... Son diminutif ...

- Ah d'accord je viens de comprendre ... mais c'est une vanne de merde en fait.

- L'idée ne vient pas de moi ! me disculpais-je.

Baptiste essaya de faire démarrer le moteur. Il s'acharnait comme il le pouvait. Il ouvrit la fenêtre de sa voiture et fit :

- Hey la lesbienne, tu crois que je t'entends pas critiquer ma Baptmobile ? Si t'es pas contente tu prends le bus !

Léa tenta de se rattraper.

- Je n'ai rien dit de mal, ne t'en fais pas !

Baptiste plissa les yeux, puis referma sa vitre.

- Il est homophobe ?

- Ouais. Et raciste aussi. Et tout un tas de choses. On finit par s'y faire. Il ne faut juste pas le lancer sur le sujet.

Baptiste parvint à faire fonctionner le moteur au bout d'une bonne demi-heure. Léa, affamé, se précipita à l'arrière.

- Allez les enfants ! En voiture !

Léa et moi nous asseyions à l'arrière pour pouvoir discuter.

- T'es déjà venue à Malabeau ?

- Non jamais, et je dois dire que cette ville est plutôt ...

- Sinistre ?

- J'aurais dit glauque, malsain, toxique ... mais sinistre convient aussi.

- Et encore ! s'exclama Baptiste en regardant Léa dans le rétroviseur. Notre école est dans les -nouveaux quartiers ! Tu verrai la vieille ville ... Je sais même pas comment notre maire dort sur ses deux oreilles ...

- Tourne à gauche Baptiste ! lui indiquais-je. Un conseil aussi : évite de traîner trop tard le soir dans la vieille ville, on ne sait jamais sur qui on peut tomber.

- Ah parce qu'en plus je risque de me faire agresser ?

- Non, violer ! me corrigea Baptiste, comme si c'était normal.

- De mieux en mieux ... Autre chose que je devrais savoir ?

- Ah oui aussi, si t'as des plaques d'eczéma et des crises d'asthmes...

- C'est normal c'est ça ? me coupa-t-elle.

- Oui. Parce que si tu veux on est la ville la plus pollué de France. Tout est contaminé par les rejets des usines : l'air, le sol, l'eau. Même le feu a une couleur différente ! lui expliquais-je en agitant un briquet devant ses yeux.

- Mais c'est affreux ! Comment vous faîtes pour vivre ici ?!

- A croire qu'on s'y est habitué ! Tourne juste là Baptiste, on y est !

- Pourquoi c'est marqué « INES FOO » sur la devanture du restaurant ? me demanda Léa.

- Les lettres restantes sont tombées. Il y a eu un mort. Une histoire atroce. À la base, c'était marqué « CHINESE FOOD ».

Je pouvais lire sur le visage de Léa l'envie de retourner de là d'où elle vient. Malgré cette énorme manque d'enthousiasme tout à fait justifié, nous passâmes un plutôt bon après-midi. Plus tard dans la journée, nous nous arrêtâmes sur le bord de la route. De là nous pouvions voir toute la ville. Léa fut ébahis, quoique un peu perturbée par le nuage vert traînant au dessus de Malabeau. Baptiste, quant à lui, en profita pour jeter un coup d'œil à sa voiture. Léa se tourna vers moi.

- Ce sont les usines qui font ça, déclarais-je.

- Je ne t'ai même pas encore posé de question !

Je l'ai juste deviné en regardant ta tête. Malabeau semble te laisser perplexe, je me trompe ?

- Disons que la brochure ne vendait certes pas du rêve, mais là c'est pire. Et pourquoi ces usines polluent autant ? Personne ne cherche à les faire fermer ?

- Parce qu'elles sont une source de revenus énormes pour la ville, sans parler des centaines d'emplois que cela crée. Si quiconque ose les critiquer, ils vont aussitôt nous menacer de déménager leurs productions dans une autre ville.

- D'accord, mais là il s'agit quand même d'un énorme problème sanitaire et environnemental !

Je me mis à rire.

- Baptiste, t'entends ça ? Encore une écolo qui veut changer Malabeau ! Baptiste ? Tu t'en sors avec la voiture ?

- Je suis à l'arrière de la voiture ! hurla-t-il.

C'est rarement bon signe lorsque Baptiste est à l'arrière de sa Baptmobile. Soit c'est que moteur déconne, soit qu'il y a quelqu'un dans le coffre. Ne soyez pas surpris, cela arrive plus souvent qu'on le croit.

- Pitié dis-moi qu'il y a encore un clochard qui squatte ton coffre, priais-je.

Et bien non malheureusement, pas cette fois-ci. Baptiste semblait très triste. Derrière lui, un peu de fumée s'échappait du coffre.

- Le moteur vient de lâcher...

- Non ! C'est pas possible ! T'es sûr qu'elle ne nous fait pas comme d'habitude ? Elle nous fait souvent le coup !

- Je suis peut-être qu'''une meuf'' qui n'est pas très calée en voiture, mais pourquoi le moteur est derrière ?

- C'est seulement une partie du moteur. Baptiste l'a trafiqué un nombre incalculable de fois. Je sais même pas s'il reste une seule pièce d'origine.

Baptiste jeta ses instruments de mécanicien et se mis à hurler.

- (gros mot) de (gros mot) ! (gros mot) (gros mot) (gros mot) !

Il tient vraiment à cette voiture. Un cadeau de sa sœur lorsqu'il a eu son bac. Il a énormément de souvenirs attaché à ce tas de ferrailles.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? me souffla discrètement Léa, pendant que Baptiste pleurait.

- On rentre à pied.

- Mais t'es fou ?! On doit être à plus d'une dizaine de kilomètres !

- Onze et demi pour être précis. On va mettre sûrement plus de deux heures, alors, ne traînons pas, le soleil se couche tôt ici.

- On fait quoi pour lui ? Il me fait de la peine.

- On le laisse, il faut qu'il fasse son deuil. Et puis ce tas de ferrailles n'a plus aucune chance de rouler.

Le trajet fut assez long, surtout que Léa a passé son temps à se plaindre de tout. Lorsqu'elle eût fini de geindre, elle me demanda :

- Ta dernière relation amoureuse remonte à quand ?

Cette question me gêne énormément. Cela me rappelle une époque de ma vie dont je n'ai aucunement envie de me souvenir.

- Heu ... Je sais plus trop ... Un an peut-être.

- Ça se voit.

- Pardon ?

- Tu es assez négligé. On sent que tu es célibataire depuis un moment.

- Ça a au moins au moins le mérite d'être clair !

- Oui, je ne fais pas vraiment dans la dentelle.

- Et d'où je fais négligé ?

- Tu n'as pas l'air de te raser très souvent, tes goûts en matière de vêtements et de parfums sont plus que discutables et tes chaussettes ne sont pas de la même couleur. Et du coup, c'était une relation vraiment sérieuse ? Ça a duré combien de temps ?

Je m'arrêtai de marcher et lui répondis :

- Écoute, je n'aime pas trop parler de mon passé, surtout en ce qui concerne mon ex-copine. C'est vraiment pas contre toi, c'est juste moi.

- Excuse-moi, c'était extrêmement maladroit de ma part. En plus on vient tous juste de se rencontrer ...

On se remit à marcher.

- Pour changer, parlons un peu de toi, parce que tu ne nous a même pas dit d'où tu viens !

- Il n'y a pas grand-chose à savoir sur moi en même temps ! Que dire ? Je viens d'avoir mon bac L, avec mention très bien, ensuite j'ai fêté mes dix-huit ans, sacré soirée ! Peu de temps après j'ai eu mon permis, mais comme je n'ai pas suffisamment d'argent, je n'ai pas de voiture !

- Et en ce qui concerne ton homosexualité ? Tu l'as su quand ?

- Je devais avoir quinze ans je crois, lorsque j'ai compris que j'étais ''différente'' comme disait mon père. Ça a été une longue traversée du désert durant toutes ces années. Mais vers mes dix-sept ans, j'ai commencé à assumer mon homosexualité.

Léa me raconta pendant le reste du trajet son enfance et son adolescence. Elle se confiait sans aucune gêne à quelqu'un qu'elle avait rencontré le matin même. En arrivant dans notre quartier, je m'arrêtai à une petite épicerie pour acheter des pâtes, vu que mon coloc a une fâcheuse tendance à en manger trois fois par jour, mais à jamais en racheter. Et oui, j'ai bien dit trois fois. Le matin il en prend avec un peu de sucre. C'est ma mère qui faisait cette recette, c'est délicieux !

Au moment où j'arrivai pour payer, j'entendis Léa crier. Elle se faisait agresser. Je laissai tomber les courses pour voler à son secours tel un super-héros. Je m'interposai entre elle et son agresseur et reconnu ce dernier.

- Pierre ?

- Adam ?

- T'es encore en train de te remettre à agresser des meufs dans la rue ?

- Bah en fait le truc c'est que j'ai plus une thune ce mois-ci ...

- Je m'en fous, c'est pas une raison !

- Ouais je sais t'as raison frère ... J'suis vraiment désolé, je savais pas qu'elle était avec toi.

- De toute façon je suis lesbienne !

Je tournai ma tête vers Léa et lui chuchota :

- Tu sais que tu n'es pas obligé de dire ça à chaque personne que tu rencontres ?

- Ouais mais tu sais les mecs ...

- ... Sont tous des chiens, je sais, la coupais-je. Allez, en route !

- Et pour les courses ?

- Rien de vital, enfin, pour moi, la rassurais-je.

- D'ailleurs, je peux manger chez toi ce soir ? Comme je viens d'emménager je n'ai pas encore rempli mon frigo.

- Aucun problème, tu es la bienvenue à la maison !

Je la ramenai à mon appart' et lui fit visiter. En s'arrêtant dans le salon, elle remarqua quelque chose et m'interrogea :

- C'est quoi ce classeur ? ''The Big Project'' ?

- N'y touche pas ! C'est mon projet de dernière année !

- Mais il est vide ? remarqua-t-elle.

- Oui je suis au courant ... Je ne trouve pas l'inspiration ... Et il ne me reste que quatre mois pour l'écrire.

- Je croyais qu'il était à rendre en mai ?

- Je t'expliquerai. Tu veux quelque chose à boire ?

- Non merci ça ira, dit-elle en s'asseyant. Vous vous connaissez depuis longtemps Baptiste et toi ?

- Ça va faire un an, plus ou moins.

- J'aurais dit plus ! Vous semblez tellement proches !

Je ris en repensant à ce lien si spécial qui nous unit Baptiste et moi.

- On s'est tout de suite entendu lui et moi, même si nos caractères sont très différents.

- Ah bon, du genre ?

- Il est très impulsif, prend beaucoup des décisions à la légère. Je suis plutôt quelqu'un de calme et réfléchi. Nos différences créent souvent des étincelles !

Le téléphone fixe de l'appartement se mit à sonner.

- Qui a encore un téléphone fixe ? demanda Léa, abasourdi.

- Je me pose la même question, je ne sais même pas à qui il est. À Baptiste je suppose. Tiens quand on parle du loup fit-je en décrochant. Allô ? Ça va, tu t'en sors ?

- Non ... sanglota-t-il.

- Qu'est-ce qu'il y a ?

- J'avais oublié que c'était aujourd'hui la fête des nouveaux voisins... marmonna Baptiste.

- T'inquiète, ça a pas encore commencé ! T'es encore loin de l'appart' ?

- Je suis pas encore parti ... J'arrive pas à lui dire au revoir ...

- Bon écoute, ne t'en fais pas pour la fête, je ferai aucun pari sans toi.

- Merci, mec, tu es vraiment un pote. Je vais te laisser, il faut que je lui fasse mes adieux. La remorqueuse arrive bientôt.

Baptiste venait en effet de me faire me souvenir d'une chose : ce soir a lieu la traditionnelle fête des nouveaux voisins. C'est tout simplement l'événement le plus énorme de notre école ! J'ai beau trouver tout un tas de défauts à mon école et plus généralement Malabeau, mais juste pour cette fête, cela vaut le coup. Chaque année des centaines d'étudiants d'autres écoles s'incrustent à notre petite soirée privée. Qu'a-t-elle de si génial ? Des litres et des litres d'alcools, des filles prêtent à tout pour s'intégrer dès leur arrivée, et surtout le meilleur de la soirée : les combats de ragondins !

La soirée se passait plutôt bien, Léa rencontra pas mal de gens, Baptiste pu finalement se joindre à la partie pour enflammer la foule, littéralement. L'alcool distilla sa peine aussi rapidement que les MST contaminaient les nouvelles arrivantes. Après avoir amassé un paquet d'argent sur les paris de combats de ragondins, Baptiste se mit à parier auprès des nouveaux qu'il arriverait à boire cul-sel la bouteille de Țuică, un alcool originaire de l'Europe de l'Est. Les nouveaux ne l'en croyaient pas capable, mais c'était sans doute parce qu'ils ne connaissaient pas sa légendaire résistance à l'alcool. Baptiste les humilia en moins de dix secondes, et repartit en ayant quadruplé sa mise.

Malheureusement, la fête dégénéra lorsqu'un des ragondins s'échappa et mordit une jeune fille. Le concierge appela la police et tout le monde fuit la fête, par peur de finir au poste.

Le lendemain matin, je fus réveillé par les vomissements de Baptiste. Je le trouvai la tête dans la toilettes de notre salle de bain, maudissant les dieux d'avoir rendu l'alcool si cher à son cœur.

- Ça va ? lui chuchotais-je.

- Parle moins fort !

- Je chuchote déjà ! C'est toi qui est en train de hurler !

Je le laissai faire, de toute façon, dans ce genre de situation il n'y a pas grand-chose qui puisse l'aider, et puis entre nous il est habitué. Quelques heures après il sortit de la salle de bain et vint s'asseoir à côté de moi dans le canapé.

- J'ai picolé hier soir ?

- Yep.

- Je me suis mis à poil ?

- Nope.

- J'étais persuadé du contraire. Par tous les dieux ! Quelle gueule de bois atroce ! J'ai encore envie de vomir !

- Pas sur le tapis ! Il y a déjà trop de tâches dessus !

- Plus jamais ça !

- T'avais déjà ça l'an dernier.

- Oui, t'as raison ... Mais tu sais bien que je résiste pas à de l'argent facile. D'ailleurs je me suis fait combien ?

- Six cent trente deux euros en enlevant ma commission.

- Elle est de combien de pour cents ta commission cette année ?

- Étant donné que j'ai dû te porter sur trois étages et qu'entre temps tu m'as frappé trois fois, dont une fois dans les parties, dix pour cents.

- Ça me semble assez juste, dit-il en me serrant la main tandis qu'il tenait sa tête de l'autre.

Quelqu'un sonna à la porte. Je regardai dans le judas. C'était Léa, elle semblait préoccupée. J'ouvris la porte et elle entra sans même me prêter attention.

- Bonjour Léa, je t'en pris entre, fais comme chez toi.

- Les gars j'ai besoin de votre aide ! J'ai ramené quelqu'un chez moi hier soir !

- Mazel tov ! félicitais-je Léa.

- PARLEZ MOINS FORT BORDEL ! hurla Baptiste.

- Oh pardon j'avais oublié ta gueule de bois. Bref, c'est quoi le problème ? Elle veut pas partir ?

- C'est un ''il'', expliqua Léa.

- Un ''il'' ? Oh tu veux dire que c'est un mec ? Ah, c'est en effet problématique.

- Aide-moi Adam s'il te plaît, je sais pas comment faire !

J'attrapai Léa par les épaules, et la rassura :

- Calme-toi, premièrement, tu n'as aucune preuve d'avoir oui ou non coucher avec lui, deuxièmement, c'est un mec, il va forcément partir. C'est ce qu'ils font tous.

- J'en ai pas l'impression. Celui-là a l'air...

Paresseux. Il n'y avait pas d'autres mots. Il dormait toujours, d'un sommeil de plomb et s'était installé confortablement sur toute la largeur du lit. Il bavait un peu, ce qui n'était pas très séduisant. Ce n'était qu'un léger détail face à l'horreur que le jeune homme portait sur lui : un boxer Bob l'éponge.

- Combien de temps ça peut durer ? me demanda-t-elle.

- Une gueule de bois ? Ça dépend des gens.

- Il est peut-être mort, suggéra Baptiste.

- Dis pas de conneries ! le gronda Léa. Et puis retourne te coucher si t'as la gueule de bois !

- Elle vérifia quand même son pouls, ''au cas où'' disait-elle.

- Il est vivant ! Bon, qu'est-ce que je fais maintenant ?

- Tu retournes dans le lit, tu te colles à lui, avec la chaleur, ça va le réveiller et il va partir direct ! proposa Baptiste.

Baptiste et moi patientâmes dans le salon de Léa en attendant la fin de l'exécution du plan. Quelques temps après, elle ressortit de la chambre, l'air paniquée.

- Ça marche pas ! Il se réveille pas !

- On passe au plan B, proposais-je à Baptiste.

Il soupira, puis accepta. Il s'allongea alors dans le lit, se colla au jeune homme encore éméché, et hurla d'un ton rauque :

- Salut beau brun !

L'homme se réveilla, et paniqua en voyant qu'il partageait le lit avec un autre homme. Il quitta l'appartement sans même avoir enfilé son pantalon. Baptiste éclata de rire. Il adore faire peur aux hommes un peu trop collants les lendemains de soirées.

- Problème résolu ! Si vous voulez bien me laisser, j'ai du sommeil à rattraper !

Aussitôt ces paroles prononcées, Baptiste sombra dans un sommeil d'acier.

- Il est sérieux ?! s'exclama Léa.

- Laisse, il est violent quand il a eu une mauvaise nuit et une gueule de bois.

Le téléphone de Léa sonna. Elle le sortit de sa poche et décrocha.

- Allô ? Ah salut Margot ! (...) Pas de problème. (...) Et bien écoute, je suis à l'appart', je t'attends. (...) Ça marche, à toute !

- C'était qui ? demandais-je intrigué.

- Margot, ma nouvelle colocataire. Elle appelait pour me prévenir qu'elle aura un peu de retard. Elle a l'air assez sympathique, si tu veux je te la présenterais.

Léa et moi nous assîmes sur les tabourets du salon. Elle, attendait l'arrivée de sa nouvelle coloc, et moi, le réveil de Baptiste. Bon d'accord, pour être tout à fait honnête j'attendais aussi de rencontrer Margot. Et c'était juste pour faire rapidement connaissance. Rien d'autre.

Après trois heures d'attente, elle arriva enfin à l'appartement, les bras chargés d'affaires.

- Salut, c'est donc à ça que tu ressembles ! s'exclama Margot en voyant Léa. Qui est ce charmant jeune homme ?

- C'est le voisin d'en face !

- J'ai un nom tu sais, fit-je remarquer à Léa.

- Alan.

- Enchanté Alan, moi c'est Margot, la colocataire de Léa.

- En fait moi c'est ...

Je n'ai même pas eu le temps de me présenter qu'elle s'éclipsa en vitesse :

- Excusez-moi, fit Margot, il faut vraiment que j'aille dans la salle de bain ! Et c'est qui ... lui ?

- C'est Baptiste, mon coloc. La soirée a été un peu arrosé. Et puis ce matin, Léa a eu besoin de notre aide pour ... On te racontera une autre fois, va ... faire ce que tu as faire.

Je récupérai le corps flasque et endormi de Baptiste et le portai jusqu'à notre appartement pour le déposer dans sa chambre. Bon en vrai vu l'état de ma jambe je me suis contenté de le tirer jusqu'au tapis de la chambre. Il risquait de vomir dessus mais bon, je devais le jeter de toute façon.

- Je suis mort à l'intérieur, c'est horrible ! Promets-moi de plus me laisser toucher à de l'alcool.

- Tu dis ça parce que t'as encore une gueule de bois, quand tu iras mieux t'auras oublier.

- J'ai peut-être pas les idées hyper claires, mais suffisamment pour voir que Margot te plaît.

- Quoi ?! Mais non. Et comment t'as fais pour la voir alors que était dans les vapes ?

- Cherche pas. Et puis arrête, je te connais. Tu es jamais été autant confiant avec les meufs.

- Tu te trompes je ...

- On verra bien ! Sur ce, bonne nuit !

 - On est le matin Baptiste ...

- Fais pas ton malin bâtard !

Baptiste voit plus de choses quand il soûl, et croyez-moi c'est terrifiant.

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