Sâme s'arrêta devant les toilettes des filles. Elle regarda la porte.
- Bon, il faut vraiment que j'y aille. Une envie pressante... Le genre d'envie que l'on ne peut pas ignorer.
Zeik leva les yeux au ciel.
- C'est bon Sâme. J'ai compris, vas-y.
- Il faut que je te surveille, tout le temps, quand tu es au lycée. Il ne faut pas que tu échappes à mon regard une seule minute. Et...
- Même quand je vais aux toilettes ?
- Heu... Là non.
- Et quand je me change aux vestiaires ?
- Tu as bien vu que non !
- Et tu as très bien vu que je ne me suis pas échappé ! Ça fait un mois Sâme et il m'est arrivé de traverser un couloir sans avoir de garde du corps.
La jeune fille sautillait d'un pied sur l'autre. Elle était sur le point de se faire dessus, c'était évident.
- Sâme va y ! Je ne vais pas bouger d'ici.
- Tu me le promets ? Tu ne bouges pas d'un centimètre ?
- C'est promis ! Maintenant dépêche-toi. On a plus beaucoup de temps avant le prochain cours.
Sâme ouvrit la porte, courut presque jusqu'à une cabine. Zeik s'appuya contre le mur pour l'attendre et regarda ses baskets.
- Alors en plus d'être une tapette, tu vas aux toilettes des filles ?
Il releva les yeux.
Ce n'était pas qu'une seule personne qu'il avait en face de lui, plutôt tout un groupe. Il y avait tellement de bruit dans le couloir, qu'il ne les avait pas entendu arriver vers lui. Ils étaient nombreux, un grand groupe d'amis amusés et fiers d'eux. Zeik reconnu des personnes de sa classe et Mike.
Mike... Toujours Mike... Qu'est-ce qui pouvait bien le pousser à être ainsi ? Était-ce à cause de Sâme ? Parce que la jeune fille s'intéressait à lui et non à son ex-copain ? C'était celui qui s'accrochait le plus à cette haine, qui persistait plus que d'autre à transformer sa vie en un enfer, même après ce mois écoulé.
Pourquoi tout cela ?
Cette question, Zeik se l'était tellement posé, pourtant, il n'avait jamais eu la réponse. Les gens étaient parfois si fermés...
C'était leur éducation, leurs mœurs, leur manière de voir. Ils avaient peut-être peur du changement ?
Zeik secoua la tête et reporta son attention sur le groupe devant lui.
Les autres qui étaient là, il les avait surement croisés une ou deux fois dans les couloirs, déjà vu de loin, sans allez au-delà. Il ne pouvait même pas dire quel était leur prénom.
- Je ne vais pas aux toilettes des filles. J'attends Sâme, c'est tout.
Mike écarta ses camarades pour s'avancer.
- Sâme... Elle ne te lâche plus apparemment ? Je ne comprends pas cette fille. Comment peut-elle être accrochée à un gars comme toi ? Enfin, un gars... tu n'en es pas vraiment un, alors bon.
Pourquoi ce sourire ?
Ce même sourire.
Toujours ce sourire, mauvais et amusé en même temps. Ils l'affichaient tous.
- Qu'est-ce que vous me voulez ?
- Simplement parler.
Des bruits d'eau remontèrent jusqu'à eux. Sâme allait bientôt arriver. Zeik avait envie qu'elle sorte tout de suite, qu'elle vole à son secours.
- Désolé, je n'ai pas le temps de parler avec vous.
- Je suis sûr que le temps, tu le trouveras...
Mike regarda la porte des toilettes.
- Allons continuer cette conversation ailleurs.
- Je n'en ai pas envie.
Le garçon blond lui prit les cheveux et tira dessus pour lui relever la tête.
- Si on reste là, Sâme va sortir. A ce moment-là, on s'en prendra à elle aussi. Alors allons ailleurs.
Malgré la situation, Zeik eu un rire nerveux.
- Du chantage ?
- C'est peut-être ça oui. Tous ceux qui sont ici on envie d'une discussion en privé avec toi. Tu ne peux pas le leur accorder, juste quelques secondes ?
- Non. De toute façon, tu ne feras rien à ta copine.
Mike tira un peu plus sur ses cheveux.
- Ex-copine, grâce à toi.
Zeik ne chercha même pas à se dégager. Il savait que cela ne servait à pas grand-chose.
- Peu importe, tu ne lui feras rien, parce que, malgré tout, tu tiens à elle.
- Épargne-nous ton romantisme. Moi je ne lui ferais rien. Eux en revanche...
Mike jeta un regard au reste du groupe. Ils n'attendaient tous que cela.
- Tu ne le supporterais pas.
- Effectivement, oui, et je t'en tiendrais pour seul responsable en plus.
Zeik eu une grimace quand Mike tira un nouveau coup sur ses cheveux.
- Alors, qu'est-ce que tu en penses ? Juste une petite conversation, en privé ? Dépêche-toi de décider, je l'entends se laver les mains, elle va bientôt sortir.
Malgré la porte fermée, l'adolescent entendait l'eau des lavabos couler. Son amie allait sortir et Zeik ne voulait pas qu'il lui arrive quelque chose.
- Je pense que c'est débile et que vous avez une attitude enfantine...
Ce groupe l'empêchait de passer, il n'avait pas le choix. Quoi qu'il puisse penser, ils étaient capables de faire du mal à Sâme, pour s'en prendre indirectement à lui.
Contre son grès, il les suivit. Il savait quelles étaient leurs réelles intentions. Ils ne voulaient pas juste parler avec lui, il était aisé d'imaginer plus. Ils lui avaient déjà fait tant que plus rien n'était étonnant.
Il aurait pu essayer de s'échapper. Fuir et aller se cacher dans le local de stockage d'art, un endroit qui avait des allures de refuges pour lui.
S'échapper pour quoi au final ? Qu'ils s'en prennent à Sâme, pour qu'ils lui retombent dessus un peu plus tard ?
Fuir ne servait à rien. Il allait simplement affronter en serrant les dents les prochaines minutes qu'il allait vivre. Ils avaient dû juger qu'il était temps, après tout ce temps, de passer au stade supérieur de la violence inutile.
Sâme sortit des toilettes au moment où ils disparaissaient au détour d'un couloir.
- Zeik ?
Elle fit un pas, des élèves passaient pour aller à leur prochain cours. Pas de Zeik Kaîda en vue.
- Zeik... j'espère sincèrement que, en élève sage et responsable que tu es, tu es allé au prochain cours sans m'attendre, parce que tu es impatient de faire des mathématiques.
Elle se mordilla la lèvre, elle-même ne croyait pas en ce qu'elle disait.
- Si ce n'est pas le cas, je te tue de mes propres mains Zeik Kaîda.