En Eaux profondes

Sinadana

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Dans les maritimes brumeuses du Canada, Hayden, un étudiant paumé, décroche un poste de maître nageur pour l'... Еще

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Chapitre 1

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Sinadana

Il est conseillé de lire cette histoire avec les musiques proposées en média 👆 pour une immersion plus complète. Le port d'écouteurs ou de casque d'écoute est également suggéré.

Chapitre 1.

— Vous devez vous foutre de moi ! s'exclama Hayden en tapant sur le comptoir de la petite cabine du quai.

— Monsieur, essayez de comprendre un peu. Nos embarcations ne peuvent vraiment pas traverser le fleuve vers la mer en ces temps : ce serait dangereux !

Hayden était sur le point d'exploser, poings sur les hanches. Le vent soufflait fort, soulevant son imperméable et faisant gronder les flots. Les courants étaient déchaînés et la pluie mouillait ses bagages.

— Mais je dois être sur l'île de Greenloch à quatre heures aujourd'hui ! persista-t-il. Mon employeur m'attend !

Il était étudiant et avec sa dernière année d'université qui commencerait à l'automne, ce job, qu'il était parvenu à décrocher pour l'été, lui était vital. Ses études en biologie ne lui laissaient pas l'opportunité de travailler pendant les sessions : trop de travaux et d'examens. Alors, quand il avait entendu parler de ce programme d'étudiants au travail organisé par le gouvernement lui-même, il avait sauté sur l'occasion ! Tout un été de travail, logement et nourriture payés dans une province canadienne de son choix ! En fouillant la liste des emplois proposés, il avait trouvé ce poste de maître-nageur à combler dans les maritimes. C'était tout désigné pour lui qui avait pris des cours de sauvetage toute son enfance durant, condition de sa mère pour qu'il ait le droit de se baigner dans la piscine arrière de la maison tout seul.

— Il faut attendre que la tempête se calme. Nous ne mettrons pas la vie de nos capitaines en danger pour vos caprices, monsieur. Soyez patient, nous pourrons sans doute décoller demain matin. Je suis certain que votre employeur pourra comprendre ce petit contretemps. Il préférera sans doute vous avoir sain et sauf.

Hayden voyait bien qu'il n'arriverait pas à faire changer le responsable d'idée. Il poussa un grognement énervé, puis se recula du comptoir avec frustration.

— Hum... Quelqu'un doit avoir mis Mélach en colère, commenta une voix grave derrière lui.

Le futur maître-nageur se retourna pour voir un vieil homme à la barbe blanche mal rasée qui fixait le large avec l'œil d'un vieux loup de mer.

— Qui est Mélach ? questionna Hayden en parlant fort pour recouvrir la pluie.

Tirant sa valise, dont les roulettes faisaient « clac, clac, clac » contre chaque planche de bois du quai, jusqu'à l'homme, il fronça les sourcils. Se penchant, il remarqua la présence d'une grande chaloupe qui trempait dans les vagues.

— Mélach, dis-tu ? C'est notre petite légende à nous. C'est le monstre qui hanterait ces eaux. Quand il se fâche, on dit que la tempête se lève !

— Je dois me rendre sur Greenloch pour ce soir, vous pensez que ça va se calmer bientôt ?

— Oh, pas avant demain matin, mon garçon ! J'ai l'expérience avec ce genre de tempêtes ! Mais ce n'est pas ça qui va m'arrêter ! Mon embarcation est petite, mais elle a connu pire, crois-moi ! Si tu veux, je t'amène.

— Ah, oui ? Pour combien ?

— C'est gratuit ! Mais j'ai une cargaison à livrer sur Greenloch et mes os sont vieux, donc si tu pouvais juste m'aider à transporter tout ça.

L'homme désigna deux grandes boîtes en plastique qui étaient déjà déposées dans la chaloupe, recouvertes d'une bâche.

— Bien sûr, sans problème. Merci, monsieur, oh, mon Dieu, merci ! Je ne vous remercierai jamais assez, je pense ! Je vous vénère !

Il n'allait peut-être pas perdre son emploi, tout compte fait !

L'homme rit de bon cœur et descendit par la petite échelle tremblante du quai pour rejoindre sa chaloupe. Hayen lui emboîta le pas, après avoir passé ses bagages au propriétaire.

— Quel est votre nom, au fait ? Je ne vous ai même pas demandé ! s'exclama l'étudiant.

— Cap'tain Fred pour te servir, gamin !

— Je suis Hayden, répliqua-t-il en souriant malgré le froid qui lui gelait les os et faisait claquer ses dents.

Avec la tempête et la mer, les maritimes étaient frisquets même en ce temps de l'année. Pour avoir déjà visité l'Île-du-Prince-Édouard, quand il était petit avec ses parents, il savait qu'il fallait une volonté d'acier pour se baigner dans ces eaux-là ! Même quand il faisait chaud !

Le capitaine tituba jusqu'au gouvernail et les moteurs se mirent à tourner. À contrevent, sous la pluie et fendant les vagues, ils se mirent à naviguer en direction de la sinistre silhouette de Greenloch qui se détachait sur l'horizon d'un gris sombre. L'eau s'accumulait un peu au fond de la chaloupe et Hayden ne sentait même plus son corps. Il était figé par le froid, ses vêtements trempés lui collant comme une seconde peau.

— Tiens bon, mon garçon, on va arriver dans une vingtaine de minutes.

Alors qu'il gardait le regard fixé sur le large, Hayden ne remarqua pas la grande queue de poisson aux écailles émeraudes qui sortit de l'eau non-loin de l'embarcation avant de replonger dans les eaux troubles aussi vite qu'elle était apparue.

L'étudiant serra son imperméable autour de son corps pour se protéger du froid mordant, attendant patiemment qu'ils puissent mettre pieds sur le rivage. Au loin, un éclair déchira le ciel nuageux.

Ce qui lui parut être une éternité plus tard, ils purent enfin distinguer le clocher de l'église qui disparaissait dans les nuages et les maisons perchées dans la brume. C'était un tout petit village, peut-être cinquante ou cent habitants, pas plus. Le style des habitations était gothique. Il aurait pu se croire dans une réplique historique d'une citée victorienne.

Ils accostèrent sur un vieux quai dont le bois commençait à pourrir. Une plage rocheuse semblait s'étendre sur tout le tour de l'île, les rochers frappés toute la journée par les vagues qui venaient s'échouer avec violence.

Hayden sorti, lui et ses bagages, du bateau et frissonna, debout sur le quai. Puis, il aida l'homme à soulever ses boîtes.

— Qu'est-ce qu'il y a, là-dedans ? demanda-t-il en grinçant sous la lourdeur des bacs.

— Oh, c'est une livraison pour la librairie. Adrian m'a commandé ces bouquins depuis une plombe, déjà ! Je gagne ma vie en ravitaillant les commerces du village, vois-tu ? Certes, ils peuvent commander par le traversier ce dont ils ont besoin, mais je suis le seul à faire les voyages même en temps de tempête et à l'offrir l'express. Autrement, tout est long à arriver !

Hayden déposa la cargaison sur le sol, puis essuya son front, repoussant les mèches brunes qui lui collaient à la peau. Même les bouquins qu'il devait acheter pour l'université n'étaient pas aussi lourds !

— Où est-ce que tu dois aller pour ton job ? rajouta l'homme barbu.

— Oh, on m'a laissé une adresse, laissez-moi regarder, une seconde...

Il glissa une main dans la poche de son jean pour attraper un bout de papier que la pluie et l'humidité avaient complètement ruiné. Les chiffres et les lettres étaient à peine lisibles. L'encre avait été effacée. Il plissa les yeux et parvint tout de même à distinguer quelques indications.

— 60, rue du Loch..., parvint-il à lire.

— Ah, je sais où c'est ! C'est tout près de la librairie : je peux tirer ta valise avec ton sac dessus et tu peux prendre les caisses qui sont trop lourdes pour moi. Je vais t'y conduire.

Hayden consentit. Il empila les deux caisses contre son torse, puis pria pour que le magasin de livre ne soit pas trop loin ou il allait se casser une vertèbre ! De plus, les grandes pierres plates qui pavaient la route étaient rendus glissantes par l'orage.

Par chance, l'île n'était pas très grande. Tous les bâtiments étaient collés et regroupés autour de l'église, surplombés par la lumière du phare tout en haut de l'îlot rocheux.

Une petite pancarte « ouvert » était suspendue dans la porte et, par les fenêtre embrumées, Hayden pouvait distinguer les rayons de livres alignés. Ils entrèrent dans la petite boutique et soufflèrent aussitôt, enfin à l'abri des intempéries. Le brun respira doucement l'odeur du papier et des livres. Ce parfum avait toujours eu quelque chose de relaxant et de spécial pour lui. Ça lui rappelait les longues heures passées à la bibliothèque pour étudier ou, enfant, pour lire des romans d'aventures et de pirates !

Le capitaine fit sonner une petite clochette posée sur le bureau principal. Au loin dans l'arrière-boutique, une voix retentit :

— Une minute !

En attendant, Hayden en profita pour se réchauffer, promenant ses yeux bleus sur tous les ouvrages entassés le long des murs ou en piles sur le sol. Il y en avait partout ! C'était vachement impressionnant. Au hasard, il tendit la main pour saisir un volume, soufflant la fine couche de poussière qui le recouvrait. Il s'agissait d'un Sherlock Holmes.

— Ah, je suis là ! Fred ! Je suis désolé de t'avoir fait attendre !

Contournant le comptoir, un jeune homme d'à peu près l'âge d'Hayden fit son apparition. Il était plutôt mignon. Rien à y redire. Les cheveux châtains, de grands yeux chocolat, une carrure athlétique et des lunettes bien choisies qui lui donnait un air intelligent et philosophique.

— Ce n'est rien, affirma Fred.

— Tu as mes livres ? s'empressa de demander Adrian en s'agenouillant face aux bacs. J'espère qu'ils n'ont pas été touchés par la pluie : dehors, la tempête a l'air violente !

— J'ai fait bien attention à ce que les boîtes soient parfaitement hermétiques. Ce devrait être bon.

Le propriétaire de la boutique ouvrit le premier bac et constata que le capitaine disait vrai. Les bouquins qu'il renfermait étaient intacts.

— C'est parfait. Merci beaucoup d'avoir été les cherchés ! J'étais impatient d'avoir ces nouveaux bouquins : ce sont des éditions rares et limitées !

C'est en se redressant qu'Adrian parut remarquer la présence d'Hayden.

— Oh ! Qu'est-ce que tu nous as ramené, Fred ? Je suis tellement distrait par les livres, pardonnez-moi, je suis Adrian, dit-il en tendant sa main au nouveau venu de l'île.

Le brun serra les doigts qu'on lui tendait, puis s'efforça de sourire.

— Hayden. Je suis le nouveau maître-nageur.

— Ah, c'est vous ! J'espère que vous resterez plus longtemps que celui de l'an passé...

Il fronça les sourcils.

— L'année passée ? Qu'est-ce qui est arrivé ?

Comme s'il en avait soudainement trop dit, son visage s'assombrit quelques secondes, puis Adrian secoua la tête.

— Non rien. Juste un malheureux accident. Il est parti après quelques jours, le job paraissait ne pas lui convenir.

— Le travail a l'air plutôt paisible. Sans vouloir vous offenser, il ne semble pas y avoir énormément de touristes sur l'île...

— Ah, c'est tout de même important d'avoir quelqu'un pour surveiller la mer. On ne sait jamais...

— Où est Adriana ? demanda Fred pour changer de sujet, soudainement.

— À cette heure, elle doit s'occuper du café à l'auberge, répondit Adrian après avoir jeté un œil à sa montre.

Le libraire se tourna alors à nouveau vers Hayden :

— Ma sœur jumelle, Adriana, s'occupe de l'auberge et du petit restaurant dans la maison d'à côté : c'est là que vous habiterez pour les prochains mois.

— Ah, parfait ! Je me demandais justement où je devais aller !

— Vous en profiterez pour vous changer et vous réchauffer un peu. Adriana vous montrera votre chambre.

Il s'agissait des seuls commerces du petit village avec le salon de coiffure. La plupart des gens qui habitaient ici vivaient de la pêche – quand Mélach, disaient-ils, se montrait clément – ou étaient à la retraite.

Après avoir salué Adrian et Fred, Hayden reprit sa valise pour rejoindre la maison d'en-face. Il avait un étrange pressentiment par rapport à cette île qui était de plus en plus mystérieuse.

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