TOUCH ME - tome I

By LeonardoDiCapricorn

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il bastardo & the soft girl ou l'association clichée qu'on a déjà vue 20000 fois, mais après tout, qu'est-ce... More

A CAST
SECOND DEGREE
THIRD DEGREE
FOURTH DEGREE
FIFTH DEGREE
SIXTH DEGREE
SEVENTH DEGREE
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NINTH DEGREE
TENTH DEGREE
ELEVENTH DEGREE
TWELFTH DEGREE
THIRTEENTH DEGREE
FOURTEENTH DEGREE
FIFTEENTH DEGREE
LAST DEGREE

FIRST DEGREE

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By LeonardoDiCapricorn

Une brise trop forte souffle depuis la fenêtre ouverte à côté de notre table et fait voler les feuilles de Jackie sur le sol de la bibliothèque, lui arrachant un juron, m'arrachant un rire. La joue appuyée contre ma paume, je la regarde rassembler rapidement ses notes écrites en pattes de mouche et les fourrer dans son classeur pour éviter tout autre incident.

« On en était où ? Demande-t-elle en tirant sur ses manches pour que celles-ci viennent couvrir ses paumes, avant de croiser ses bras sur la table pour poser son mentons entre ces derniers.

- Tu me disais que tous les mecs m'adoraient et que c'était injuste.

- Tes chevilles, elles en sont où ? Elles ont dépassé la stratosphère ou on en est encore au stade de la couche d'ozone ?

- Je rapportais juste tes paroles, tu sais très bien que ce n'est pas ce que je pense... Les garçons que j'aime bien ne me remarquent jamais.

- Ça je ne risque pas de le savoir, tu ne me dis jamais quand un type te plaît ! Je ne sais même pas quel est ton genre de mecs... »

Je hausse les épaules, un peu gênée. Je n'aime vraiment pas parler de ça. Jackie me raconte toujours ses histoires avec les garçons, comment ils se sont mis ensemble, comment ils sont au lit et toutes ces choses et... Du haut de mes dix-sept ans, je ne sais juste pas quoi lui dire en retour. Parce que l'idée-même d'exposer ma vie sentimentale de cette façon m'effraie et me met mal à l'aise, mais qu'il faudrait également que j'ai une vie sentimentale à exposer en premier lieu. L'air de rien, je sors mon exemplaire du Banquet de Platon, l'ouvrant sur une double-page annotée de toutes parts et bariolée de couleurs diverses et variées.

« Tu ne veux pas qu'on prenne un peu d'avance sur le programme de Terminale... ?

- N'essaie pas de contourner le problème, princesse. Je sais bien que tu es prude, mais quand même, tu dois bien être attirée par certains mecs ! Tiens, par exemple, regarde les gars ici et dis-moi lequel te plaît le plus ! »

Levant un sourcil, je m'exécute cependant devant son air presque suppliant. A ma droite, il n'y a que des filles, et même si je dois avouer que certaines sont très jolies, l'exercice ne porte que sur « les gars ici ». Devant moi, Jackie et la fenêtre, carré de ciel bleu dont les lueurs enflamment la chevelure cuivrée de la grande brune assise en face. A ma gauche, filles et garçons. Mais aucun ne parvient à remplir le critère que m'a imposé mon amie : le fait de me plaire.

Je suis tentée d'abandonner, quand un dernier individu attire mon attention, assis dans le coin de ma rétine. Tournant encore un peu la tête, je le vois, et ne peux empêcher mon regard de rester accroché à sa vision. Celle-ci n'est plus dans le coin de ma rétine, mais bien au centre de celle-ci, et c'est là que son souvenir brûlant reste quand je reporte enfin mon attention à Jackie.

« Euh... Le garçon, derrière, il est plutôt pas mal... »

A mes dires, elle jette un coup d'œil par-dessus mon épaule, avant de reposer son regard sur moi, l'air sidéré. En même temps, vu l'aspect « bad boy » du garçon que j'ai sélectionné, je peux imaginer sa surprise.

« Ok, je saisis mieux le problème. T'es une gosse qui aime que les queutards. Tu sais, ces types-là s'en foutent de toi, ils vont s'amuser d'à quel point tu peux être désespérée de les avoir et c'est tout. Ce qu'il te faut, c'est un type désespéré de t'avoir, toi !

- Mais qu'est-ce que j'en ai à faire, que le type soit désespéré, s'il ne me plaît pas... ? »

Les lèvres entrouvertes, elle cherche ses mots, me fixant alors que je baisser les yeux vers mon bouquin, sans pour autant chercher à déchiffrer les mots qui y sont inscrits. Je les connais déjà par cœur, de toute façon.

Elle pousse alors un long soupir, rejetant la tête en arrière et se calant dans le dossier de sa chaise.

« Va lui parler. »

Cette fois, je relève brusquement la tête, mes cheveux tombant devant mes yeux à cause de ce mouvement. Passant une main dans mes boucles, je les cale derrière mon oreille, gênée.

« Je vais mourir sur place si je fais ça, t'es folle...

- Tu sais, c'est sur que si c'est ce genre de mec qui te plaît mais que tu n'oses jamais leur parler, rien ne va avancer. Teste, au pire on se débrouillera juste pour aller dans la bibliothèque d'une autre ville pour éviter de le recroiser... Si tu le fais et que ça ne marche pas, je t'achète un cookie à la boulangerie pour te consoler ! »

Je marque une pause, faisant mine de réfléchir, les joues gonflées et les lèvres pincées.

« Ceux avec les noisettes ? »

Elle hoche la tête, et je sens le coin de mes lèvres s'élever un peu. Après tout, qu'est-ce que je risque ? A part la honte de ma vie ?

Pas grand-chose.

« Qu'est-ce que je pourrais bien lui dire... ?

- Vas-y et tu trouveras bien une fois devant lui !

- Ça ressemble vachement à un plan foireux...

- Vas-y je te dis, pense au cookie ! »

Bien que sa réponse ne soit pas des plus satisfaisantes, je me lève et me retourne, prête à y aller. Si je ne le fais pas maintenant, je ne le ferai jamais... Et ce garçon est vraiment mignon, penché sur son bouquin, quelques mèches de ses cheveux chocolat tombant devant ses yeux, dont je n'ai pas encore pu voir la couleur.

Je m'avance vers lui, dans ce qui me semble être la plus longue procession qui aie jamais existé. A chaque pas, j'ai l'impression que le bruit de mes talons sur le plancher s'amplifie. Tout celui des battements de mon cœur, mais ça, ce n'est pas une impression. Mais malgré tout, il ne semble pas m'entendre arriver.

Finalement, ça y est. Je suis là, prostrée devant lui. Quelques secondes s'écoulent sans que je sache quoi dire.

C'est alors qu'il relève la tête vers moi, l'air interloqué. D'un geste négligé, il retire les écouteurs qu'il avait aux oreilles. Oh. Ça explique beaucoup...

« Oui ? me demande-t-il. »

J'ouvre la bouche, mais mon cerveau ne semble pas vouloir me fournir d'excuse valable quant à ma présence devant lui. Mais je ne peux pas rester là indéfiniment, alors que ses yeux me fixent à travers quelques mèches trop longues. Et quels yeux...

« Heu... Salut, je... je commence à bafouiller, sans vraiment savoir quoi dire. Mais finalement, je sors la première chose qui me viens : je me demandais si tu avais l'heure ! »

Il semble retenir un sourire, tandis que son regard passe de moi à un point sur le mur à ma droite. Et quand je lève le regard sur celui-ci, je comprends à quelle point mon erreur m'a été fatale. Je veux m'enterrer à dix pieds sous terre... Il y a une horloge dans cette pièce.

Apparemment, il s'aperçoit de mon embarras, la tête un peu penchée et un sourire en coin, dont je ne saurais dire s'il est moqueur ou compatissant. Sans doute un peu des deux.

« Qu'est-ce que t'essaies de faire exactement, avec ta tête de chaton ? Finit-il par soupirer. »

Mes joues me brûlent subitement : je dois être devenue absolument cramoisie. Vingt pieds sous terre, donc, dix c'est pas assez suffisant, je vais devoir creuser un peu.

Sans répondre, je fais rapidement un tour sur moi-même et repars d'où je viens, avant de saisir le bras de Jackie qui m'observait jusqu'ici avec une hilarité non-dissimulée et de l'obliger à se lever pour me suivre, lui laissant à peine le temps de récupérer son sac alors que je saisis le mien et que je pars vers la porte de sortie. Je vais mourir de honte, c'est définitif. Mais je préférerais mourir loin des regards, et notamment de celui du garçon qui vient d'ouvertement se moquer de moi.

« Alors, qu'est-ce qu'il t'a dit ? s'exclame la rousse à mes côtés, alors qu'on se retrouve sur le parking pour aller chercher nos vélos.

- Rien ! »

Je ne veux pas en parler, j'ai l'impression que je vais fondre en larmes tant je me sens humiliée...

Mais une voix dans mon dos interrompt mon auto-flagellation.

« Eh, le chaton, attends ! »

Presque tétanisée, je m'arrête nette, avant de lentement pivoter sur moi-même, ignorant le regard avide de mon amie, qui reste cependant en retrait tandis que le brun nous rejoint rapidement, à petite foulée.

« T'as oublié ça ! »

Je baisse les yeux sur l'objet qu'il vient de me ramener. Mon livre. Mon livre, entre ses doigts tatoués et bagués. Comment j'ai pu l'oublier, c'est un de mes ouvrages favoris du programme de Philosophie !

Une voix en moi tente désespéramment de le remercie, le crie presque, mais au final, je reste muette, plantée devant lui, trop petite face à sa taille imposante.

Quand il finit par comprendre que je ne répondrai rien, il secoue la tête avec un rire.

« Ok, je vois le genre. Appelle-moi ! »

Pour accompagner ses mots, il imite la forme d'un téléphone avec ses doigts, avant de partir pour retourner dans le bâtiment, aussi vite qu'il est arrivé.

Et la seule chose à laquelle j'arrive à penser, c'est ses derniers mots. « Appelle-moi ». Ils résonnent à mes oreilles comme s'il était toujours là pour les dire. « Appelle-moi ». Pour les répéter. « Appelle-moi ».

J'ouvre le livre. Et sous mes yeux, griffonnés sur la première page, écrits à l'encre noire, une liste de chiffres. Un numéro.

Son numéro.

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