Une Histoire pendant la guerre

Da Juue35

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C'est l'histoire d'une famille juive pendant la guerre. Celle des Felblum. Une famille ordinaire qui eut un d... Altro

CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 5

CHAPITRE 1

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Da Juue35



"Cher journal, avant de commencer à raconter ce que sera moncauchemard, il faut que je vous raconte l'histoire de ma famille,pour vous montrer que ma famille a été, il fut un temps, joyeuse etnon détruite.

Mesparents, Abraham et Esther se sont rencontrés très jeune, je nesaurais pas vraiment vous dire leurs âges respectifs car ils ont sixans d'écarts. Ils se sont aimés très forts dès le début, c'étaitun amour passionnel, un amour dont rêve toutes les filles. Voussavez, cet amour qui donne des papillons dans le ventre.

Bref,ils se sont mariés très rapidement, en 1925. Mon père avait 25 anset ma mère en avait 19. Avant ils habitaient dans le sud de laPologne mais après leur mariage, ils décidèrent d'allers'installer en France, à Paris. C'était plus facile pour mon pèrede trouver du travail.

Puisma mère tomba enceinte, c'était leur plus grande joie même si iln'avait qu'un salaire à chaque fin de mois.

Monpère avait trouvé un travail en temps qu'enseignant dans uneuniversité, enfin il était professeur de lettres. Il avait unebonne place qui lui permettait de bien gagner sa vie. Mes parentsvivaient dans un grand appartement, ma mère ne travaillait pas etd'autant plus avec l'arrivée du bébé elle devait se ménager.


Lebébé arriva le 25 juillet 1926 et pour le plus grand bonheur de monpère c'était un garçon. Ils décidèrent de l'appeler Aaron, commele père de ma mère.

Papacontinuait d'aller travailler à l'université pendant que Mamans'occupait d'Aaron. Quand papa rentrait le soir, il était heureux,ils étaient épanouis. Aaron se développait très bien, il riaitaux éclats et Papa et maman en étaient dingues.

Quantà eux, ils étaient toujours aussi amoureux, comme au premier jour.

Alors,c'est tout naturellement que trois ans plus tard, une petite fillepointa le bout de son nez. Cette petite fille, c'est moi, Sara. Jesuis née le 02 septembre 1929.

Onétait heureux, Maman nous gardait Aaron et moi, papa allaittravailler mais il avait allégé ses horaires car il pouvait se lepermettre financièrement et il voulait profiter de nous. Et nous, onaimait ces moments là. J'étais une vraie fille à papa, j'aitoujours été beaucoup plis proche de mon père que de ma mère etAaron était très proche de ma mère plutôt que de mon père.

Lesvoisins aimaient dire que mes parents avaient chacuns leur enfant. Cafaisait rire tout le monde, moi j'étais trop petite pour comprendreet ça m'énervait. Pour moi, j'étais la fille de mes deux parents."


J'avaistrois ans quand Hitler fut nommer chancelier en Allemagne, je ne mesouviens de pas grand chose à part que Papa et Maman nous couchaientplus tôt, mon frère et moi et qu'ils écoutaient la radio jusqu'àtard le soir. La radio était dans une langue que je ne connaissaispas. Plus tard, j'apprendrais que c'était en polonais, la langue demes parents.

Papaétait de plus en stressé, il riait moins avec nous, il passait plusde temps au travail, comme s'il ne voulait plus être avec nous. Ilrapportait plus d'argent à la maison, certes, mais nous, on levoyait moins.

Quantà maman, elle essayait de rien nous montrer, mais elle pleuraitsouvent, trop souvent. Elle nous obligeait sans arrêt à finir nosassiettes même si on n'avait plus faim.


Manger, il faut prendre des forces pour grandir, et puis peut-être qu'un jour on ne pourra plus manger à notre faim !


Jene comprenais pas pourquoi elle nous disait ça, plus tard, jecomprendrais. Tout le monde comprendrait.

Lesannées passèrent, puis en 1939 Papa et Maman nous apprirent que lafamille allait de nouveau s'aggrandir, un petit garçon allaitpointer le bout de son nez le 30 avril 1939.

Monpetit frère s'appelait Nino.

Aaronavait 13 ans et moi 10.

Lebonheur entra de nouveau dans notre maison, Nino nous innondait debonheur, il riait, souriait sans arrêt. J'adorais m'en occuper,aider maman.


Notrebonheur fut de courte durée car le 3 septembre 1939, la Francedéclara la guerre à l'Allemagne. Maman se remit à pleurer, papa àse renfermer sur lui et nous, nous étions au milieu sans savoir quoifaire.

AvecAaron, nous avions comprit que les temps étaient durs, que c'étaitgrave ce qui était en train de se passer mais nous n'imaginions pasà quel point ça allait être dur. Et puis, il y avait notre petitfrère, lui il était innocent, pure et ça me fendait le coeur de medire que peut-être sa vie allait devenir un enfer, il ne savait pasce qui l'attendait.

Toutle monde était à fleur de peau, les rires ne résonnaient plustellement dans la maison. Papa travaillait deux fois plus, ilsdisaient que c'était pour nous, pour notre avenir car il avait lesentiment que les choses allaient devenir de plus en plus difficilepour nous. On ne le voyait presque plus. Maman faisait tout cequ'elle pouvait pour palier à l'abence de notre père mais, mêmeavec toute la bonne volonté du monde, c'était une tâche tropdifficile pour une femme.

Elledevait élever ses trois enfants presque seules pendant que paparamenait à manger à la maison. On ne manquait de rien, on mangeaità notre faim et papa nous avait dégoter des manteaux et deschaussures pour cet hiver. On allait avoir bien chaud.


Pourl'école, j'étudiais beaucoup, j'étais une très bonne élève.Papa disait à tout le monde que je deviendrais un grand médecin.Pour Aaron c'était un peu plus compiqué, il n'aimait pas l'école,il n'aimait pas faire ses devoirs et il ne se tenait pas bien enclasse. Moi j'avais toujours les bons points mais lui il n'en ajamais ramené à la maison, il collectionnait plutôt les punitions.

Aaronétait un garçon avec beaucoup de caractère, qui était encontradiction avec tout le monde, il se rebellait, se prenait la têteavec son professeur, maman, papa et même moi. Il se calmaitseulement lorsqu'il avait Nino dans les bras.

Mamandisait qu'il faisait sa crise d'adolescence, il avait treize ans.


Noëlarriva très rapidement, on s'était habitué à voir des Allemandspartout. Nos parents nous répètaient de ne rien faire qui pourraitattirer leur attention sur nous. Il fallait que l'on se fasseoublier. Mais c'était pas une mince affaire car étant donné quej'étais blonde, aux yeux bleus, les "Boches", comme lesappelaient mon frère, voulaient sans arrêts prendre une photo avecmoi. Ils ne savaient pas encore que j'étais juive.

PourNoël, maman voulait faire venir ses parents et les parents de papapour passer les fêtes en famille et parce qu'ils n'avaient jamaisrencontré leur petit-fils fraîchement arrivé. Moi, j'avais dû lesvoirs deux fois en dix ans.

Paparefusa de les faires venir, je me rapele ce qu'il disait à maman :


Esther, ma chérie tu es inconsciente ! Les Allemands sont partout et tu veux faire venir nos parents, tous juifs ?! Ils sont plus en sécurité en Pologne.

Les Allemands sont aussi en Pologne. Ils n'ont pas vu leur petit-fils, il faut qu'ils le voient. Imagine s'il leur arrivait malheur, ils ne l'auront pas vu...

Et puis, papa, on fera en sorte qu'ils ne se fassent pas remarquer. Je veux les voirs... dis-je pour essayer de convaincre mon père


Papaavait peur, pour la première fois, je sentais qu'il avait peur de cequi pouvait nous arriver ou même ce qui pouvait arriver à sesparents et aux parents de ma mère. Finalement, il avait finit parcéder et on les attendit avec impatience.

Aquelques heures de leur arrivée, la tension était bien présente,mes deux parents étaient stressés. Papa avait réussi à redonnerson stresse à maman. Avec Aaron on était tellement heureux, enfinon allait revoir nos grands-parents, enfin du bonheur allait denouveau arriver dans notre foyer. Nous étions plus impatient de lesvoirs que d'attendre Noël. Et puis, Papa et maman nous avaientprévenus que l'on aurait pas beaucoup de cadeaux car ils voulaientéconomiser.

D'ailleurs,papa dans ce que je prenais pour de la paranoïa avait décider de nerien mettre à la banque, il préférait tout garder à porter demains, il trouvait cela plus rassurant.

Nosgrands-parents arrivèrent le 23 décembre 1939 à la maison, ils nerestèrent que 5 jours parmis nous. Eux aussi avaient peur de ce quipouvaient leur arriver s'ils restaient ici.

Ilsnous disaient qu'ils avaient l'impression de moins rencontrerd'Allemands en Pologne, ils se sentaient plus en sécurité là-bas.

Cefut un Noël joyeux, mais à la fois terne. Tout le monde essayait defaire bonne figure mais tout le monde avait peur. Le soir, une foisque nous étions couchés avec Aaron, on les entendait chuchoterentre eux. Il se passait quelque chose, mais je ne savais pas quoi.Je compris que c'était très sérieux lorsqu'ils retournèrent enPologne, tout le monde pleurait pour se dire au revoir. Même papapleurait en serrant ses parents, comme si il n'allait plus jamais lesrevoirs. Moi je pensais que c'était idiot, que la guerre allait bienfinir un jour et qu'on se retrouverait très vite. Visiblement, lesadultes ne pensaient pas la même chose que moi.

Latristesse s'empara de moi car j'avais de la peine à voir mesgrands-parents partir et le fait de n'avoir eu qu'un cahier, quiallait me servir de journal intime, en guise de cadeau de noël ne mefaisait ni chaud ni froid. J'avais bien compris la gravité deschoses.


Labonne humeur qu'il y avait dans la maison a de nouveau disparu, enmême temps que mes grands-parents. Mon père, qui avait pris cinqjours de vacances pour profiter de ses parents, avait repris letravail.

Onne fêta pas la nouvelle année, papa disait qu'il n'y avait rien dejoyeux et qu'il n'allait pas fêter une nouvelle année quis'annonçait avec les occupants. Maman n'essaya même pas de lecontredire, elle était d'accord avec lui.


Moi,j'aurais bien aimé que ce jour soit un peu différent, un peu plusfestif. Au lieu de cela, on passa la soirée à écouter la radio età essayer de calmer Nino qui ne faisait que pleurer... Maman disaitque c'était les dents. L'école reprit, j'écoutais tout mescamarades parler de leurs vacances, de leurs cadeaux de noël. Toutle monde avait passé de merveilleuses vacances, étaient partis encampagne, ou dans les montagnes et avaient eu beaucoup de cadeaux.

Quandon me posait la question sur mes vacances, j'expliquais que mesgrands-parents étaient venus en vacances chez nous alors on avaitprofité de passer du temps avec eux.

Quandon me demandait où habitait mes parents, j'avais pour consigne de nesurtout pas dire qu'ils venaient de Pologne car tout le monde allaitsavoir que l'on était juifs, j'essayais de contourner la question.Donc, je précisais qu'ils vivaient dans le Sud de la France. J'avaishorreur de mentir mais mon père m'avait expliqué que c'était pournous protéger. J'avais confiance en Papa alors, je préféraisraconter des mensonges.

J'avaisréellement l'impression d'être différentes des autres enfants,personnes n'avaient peur des Allemands alors que moi, dès que j'envoyais un, je sursautais et j'étais à deux doigts de pleurer àchaque fois. Je ne pouvais en parler à personne bien sûr carpersonne ne comprendrait et tout le monde pense que si les Allemandssont chez nous c'était de la faute des juifs. Je préférais metaire pour ne pas m'attirer d'ennuis.


Ninofaisait des progrès de jours en jours, il grandissait tellementvite, il amenait un peu de gaieté dans la maison, il nous faisaitsourire.


Puisun jour, il se passa quelque chose que l'on ne pourrait pas oublier,on avait eu très peur pour notre vie...

Onétait tous à la maison, sauf Aaron. On ne savait pas où il était,sûrement chez un copain. Quelqu'un frappa à la porte, papa allaouvrir et il se trouva nez à nez avec deux policiers français quientouraient mon frère.


Abraham Felblum ? Demanda un policier

Oui ? Qu'est ce qu'il se passe ?

Nous avons surpris votre fils en train de taguer un mur..

Pardon ?! Il taguait quoi ?

" A mort les Boches ". Vous avez de la chance que ce soit nous qui l'ayons surpris, les Allemands auraient été beaucoup moins joviales.

J'en suis conscients, messieurs et je vous en remercie. Je peux vous assurer que je vais trouver la punition adéquat pour lui faire comprendre son geste. Déclara mon père

On compte sur vous, quant à nous, nous allons oublier ce qu'il s'est passé étant donné que ce n'est que la première fois et qu'il n'a que 13 ans.

Merci, je vous en suit très reconnaissant.


Lorsquepapa referma la porte, je savais que mon frère allait passer unmauvais quart d'heure. Mon père resta très calme, il lui demanda des'asseoir sur le canapé, et s'assit à côté de lui.





Qu'est ce que tu ne comprend pas dans le fait de rester discret et de ne pas provovquer les Allemands ?

Mais papa...

Non Aaron ! Tu mets toute la famille en danger là, on t'avait dit de rester tranquille ! Les Allemands ne sont pas ici pour rigoler, ce n'est pas des vacances pour eux. Heureusement que c'était la police français qui t'a vu parce que croit moi si c'était les Allemands tu ne serais pas là aujourd'hui pour me parler !

Désolé Papa...


Ilne lui donna pas de punition, il se contenta de lui déposer unbaiser sur les cheveux, papa s'inquiétait tout simplement. Il nousavait tellement répêté de se faire tout petits, de ne donneraucunes raisons aux Allemands de nous chercher des ennuis. Parfois,tout ça me faisait peur, et ce qu'on entendait à la radio que papaet maman écoutait ne présageait rien de bons. Papa et Maman avaientarrêter de nous gronder lorsqu'on faisait des bétises mais en mêmetemps, nous faisions tout pour éviter de les mettre en colère ou deles décevoirs. J'aidais maman avec Nino dès que je le pouvais. Elleavait vieillit Maman, elle ne faisait pas son âge, elle n'avait que34 ans et pourtant, je lui en donnait le double. Les soucis l'avaitusés et ses trois enfants aussi, je pense.

Papaaussi avait vieillit mais en même temps, il se tuait à la tâche.


Lavie continua comme en 1939, rien ne changea réellement sauf quecette année là, papa et maman nous réunirent dans le salon auretour de l'école.


Les enfants, nous avons une grande nouvelle à vous annoncer. Commença Papa

La guerre est finie ? Demandais-je

Les Boches sont partis ? S'enquit Aaron

Non, non, rien de cela.. mais c'est tout de même une bonne nouvelle.. continua Maman

On part en vacances cet été, après l'école. Nous informa Papa

Où ça ?

En campagne, à deux heures de Paris. On va profiter de ce moment en famille et cela fera du bien à votre frère de voir autre chose que Paris.


Onétait tellement content, il me semble que nous n'étions jamaispartis en vacances tous ensemble. On se languissait que les vacancesarrivent et elles arrivèrent très rapidement.

Papaet Maman étaient venus tout les deux nous chercher à l'école, ilsn'avaient pas oublier Nino. Il avait eu un an et il commençait déjàà essayer de marcher.

Moij'avais onze ans et Aaron en avait quatorze.

J'étaistellement fier de montrer tout les bons points que j'avais récoltéet mes parents étaient tellement content. Evidemment Aaron, luin'avait pas récolté de bons points.

Nousmontâmes dans la voiture que Papa avait acheté récemment et nousprîmes la route.

Nosparents avaient loué une maison de campagne, elle était trèsjolie. J'avais le pressentiment qu'on allait être bien ici et jesavais déjà que nous aurions du mal à en partir.

Onavait un grand jardin, plein d'herbes, on pouvait courir partout.

C'étaitles meilleures vacances de ma vie. Nous étions tous heureux, j'avaisl'impression d'avoir retrouvé mes parents, souriants, détendus,riants de joie et jouant avec nous. Et eux, ils avaient retrouvéleur complicité perdue avec le temps. Ce fut aussi là bas que Ninofit ses premiers pas, dans l'herbe. On en a pleuré de joie. Ce quiétait absurde car papa et maman avaient eu deux enfants avant doncce n'était pas nouveau pour eux mais je crois que c'était comme unsigne d'espoir. Et puis, lorsqu'il a marché pour la première fois,c'était peut de temps avant que nous rentrions à Paris. Aucun denous n'avions envie de repartir. Je savais pertinemment que lorsquenous allions rentrer, l'ambiance allait de nouveau se ternir, senoircir. C'était l'effet des occupants, de les voirs partout, devoir des croix gammés partout, d'entendre le nom d'Hitler sansarrêt. Cela nous mettait de mauvaises humeurs et on entrait dans unsentiment de peur. Je n'aimais pas cette sensation.

Laveille de partir de la maison de campagne, je tentais de convaincremes parents de rester ici :


Allez, dites oui, il faut qu'on reste là. Notre vie est tellement mieux ici et au moins on ne verra plus les Boches !

Sara, ton père a son travail à Paris et notre vie est là bas.

Mais notre vie peut se faire ici maman... Papa peut se trouver un autre travail...

Non Sara, c'est non négociable, nous rentrons ! Trancha mon père


Ilne voulait pas m'écouter. Personne ne voulait m'écouter. J'avais unpressentiment bizarre, quelque chose de grave allait se passer.Retourner à Paris n'était pas une bonne idée, je le savais mais jen'avais qu'onze ans. Je ne pouvais pas contredire mes parents et jepouvais encore moins décider de rester ici toute seule même si j'enmourrais d'envie.

Onse leva très tôt le matin, c'était fin août, nous reprenionsbientôt l'école. Papa allait redonner ses cours et nous, nousallions apprendre de nouvelles choses à l'école.

Ily avait beaucoup de monde sur la route, mais dans l'autre sens. Commesi tout le monde désertait Paris et nous, nous y retournions.


Auretour, nous apprîmes une terrible nouvelle... Les parents de mamanavaient été pris lors d'une rafle et emmenait dans un camp deconcentration, quant aux parents de papa ils vivaient cachés chezleurs voisins pour le moment.

Mamanpleurait à chaudes larmes, elle disait qu'elle ne reverrait plusjamais ses parents et cela me rendait terriblement triste. Papaessayait de contacter ses parents mais il n'y arrivait pas.

Etcomme si cela ne suffisait pas, à cause d'un premier statut desjuifs qui apparut le 3 octobre 1940, il fut renvoyé de son travail.Il n'avait plus le droit d'enseigner ses savoirs. Papa se rassuraitsur le fait qu'il avait réussi à mettre suffisamment d'argent decôté pour nous mettre à l'abri financièrement. C'était déjà unbon point.


Maissi lui ne pouvait plus enseigner, les autres enseignants non plus etnos professeurs à Aaron et à moi avaient eux aussi été virés. Onne voulait plus aller à l'école. On ne voulait pas étudier avecdes non-juifs car on savait que notre vie allait être un enfer aveceux, on allait être rejeter.

Mamanprit la décision de nous faire l'école à la maison, enfin au moinspour que l'on est les bases et que nous souffrions pas trop de laguerre.

Papadonnait des cours particuliers à certains de ses étudiants, jiuifsaussi. Cela lui permettait de rester l'esprit occupé et de ne pastrop penser à ce qui était en train de se passer.

Onapprit que des arrestations étaient effectuées, des juifs étaientarrêtés. Je commençais à avoir peur, c'était des arrestationsindividuelles mais j'avais peur de l'avenir. Et, je voyais que mesparents avaient peur aussi. Je les entendais discuter entre eux, toutles soirs après que nous soyions couchés. S'il ne voulait pas qu'onentende leur discussion c'est que cela devait être une mauvaisediscussion.

Aaronétait toujours en colère contre les Allemands, papa n'avait pasconfiance en lui, il avait peur qu'il s'attire des ennuis et n'aimaitpas le voir sortir dehors avec ses amis.

Dèsque l'on entendait à la radio ou même dans la rue qu'il y avait deschoses de faites contre les Allemands, Papa et Maman s'inquiétaittoujours. Papa guettait par la fenêtre et Maman passait son temps àpleurer. Moi cela m'énervait car pendant qu'ils s'inquiétaient pourmon frère, je devais m'occuper de Nino et personne ne se préocupaitde moi.

Jepouvais comprendre bien sûr, mais j'en voulais à mon frère dedevenir la star de la famille ou du moins de piquer la vedette. Et jelui en voulais pour causer autant de soucis à mes parents. Ilsn'avaient pas besoin de ça, ils avaient bien assez de soucis commeça avec la guerre, les restrictions pour les juifs, leurs parentsrestés en Pologne... Je crois que lui, il était trop en colèrepour penser à ça. Quelque part je pense que je l'enviais, car luiil avait le courage de crier sa haine contre nos bourreaux.


En1941, les choses s'accélérèrent. Adolf Hitler avait visiblementenvie de déverser sa haine plus rapidement. Tout le monde lesuivait, tout le monde avait peur de lui alors tout le mondeacceptait. Les rafles commencèrent. Nous vivions désormais dans lapeur. La peur de se faire rafler et la peur de la déportation.

Ladéportation... Avant je n'en avais jamais entendus parler. Lorsquej'en parlais à mes parents, ils restaient vagues. Car eux non plusne savaient pas vraiment ce que ce mot voulait dire.


Papa, c'est quoi la déportation ? Tout le monde en parle mais je ne sais pas ce que ça veut dire... Tout ce que je sais, c'est qu'il faut que j'en ai peur. Dis-je

Euh... ma puce... c'est compliqué. C'est un mot de grand tu sais.

Papa, je ne suis plus un bébé ! Explique moi, je veux savoir.

D'accord... dit-il en soufflant. Et bien, la déportation c'est le fait d'être envoyé dans un autre endroit, un autre pays mais je ne sais pas où ils envoient réellement les personnes déportés. Tout ce que je sais, c'est que cela ne présage rien de bon.

Mais, moi je ne veux pas partir d'ici, on y est bien. Enfin on y était bien... Avant la guerre.

Je sais ma puce, mais quand les Allemands décident de déporter quelqu'un, la personne n'a pas vraiment le choix. S'ils décident de nous déporter, il faudra être fort, très fort. Ne pas pleurer, ne pas avoir peur.

Pourquoi on ne part pas en campagne, tout le monde y va. C'est que cela doit être plus sûr non ?!

On ne part pas, car c'est notre maison ici. Et si tout le monde part en campagne, il n'y aura plus suffisamment de place. On en a déjà discuté, on reste.


Etc'est ainsi qu'il mit un terme à notre discussion. Je ne comprenaispas pourquoi il restait borner sur le fait de rester en ville. Maisje devais l'accepter, c'était mon père alors c'était lui quifaisait les choix pour toute la famille. Cependant, on ne pouvait queconstater qu'il était en alerte toute la journée. Dès quequelqu'un frappait à la porte, il nous disait de nous cacher, qu'onallait jouer à cache-cache et qu'il ne fallait surtout pas faire debruit. Il reviendrait nous chercher. Mais c'était difficile de jouerà cache-cache avec Nino, il n'avait que 2 ans, il ne comprenait pasbien les règles du jeu.

C'étaitsouvent de fausses alertes, les voisins, des amis qui venaientprendre des nouvelles de nous ou nous demander de l'aide. Et a chaquefois, il venait nous chercher dans notre cachette en nous disantqu'on avait été très fort et qu'il avait eu du mal à noustrouver. Nino riait et frappait des mains mais moi je n'étais pasdupe, je mentai pour papa, pour lui faire plaisir.

Mamanne riait plus, ne jouait plus avec nous. Elle était devenue sonpropre fantôme, ça me faisait de la peine, j'aimais quand elleriait aux éclats, quand elle jouait avec nous. Elle me manquait. Mamère me manquait et pourtant je la voyais tout les jours. Ellen'avais plus ces gestes de tendresse envers nous ou envers notrepère. Elle était devenue plus distante, plus dur. Elle nous disaitque son esprit était ailleurs, qu'elle avait trop peur qu'on soitdéportés dans un camp de concentration. Je ne la comprenais pas, jen'étais plus proche de ma mère alors que j'étais sa seule fille.Comme si elle ne voulait pas trop s'attacher car elle pensait qu'onallait tous mourir...

Jen'aimais pas rester dans notre maison car je la trouvais triste etsans vie, mais je n'aimais pas sortir dehors car je voyais desAllemands partout et cela me rappelait que nous étions en danger. Jene savais plus où je voulais être. Je ne savais plus où était maplace. C'était ce que voulait Hitler, nous faire sentir inutile, pasà notre place. Et bien c'était réussit.

Maintenantque papa ne travaillait plus à l'université, on avait plus de tempsavec lui et je le redécouvrais. Lui, il essayait de nous rendre lesjournées plus rapide, plus agréable, rempli d'amour.


Puisun jour, on vint frapper à notre porte. Cette fois-ci je refusais dejouer à cache-cache, j'en avais assez. C'était un voisin.


Abraham, il faut que vous partiez. Les rafles qui ont débutés... Ils n'arrêtent que les hommes. Vous n'êtes pas en sécurité ici. Dit-il à mon père

Je ne peux pas partir, je ne peux pas laisser Esther seule avec les trois enfants par les temps qui court. Je ne crains rien mais merci de m'avoir prévenu.

Faites attention à vous.

Cegentil voisin fut arrêté une semaine après alors qu'il essayait depasser la frontière espagnole. Papa, malgré nos recommandations departir, campait sur sa position. Il resterait avec nous aussilongtemps qu'il le pourra et si les Boches voulaient l'arrêter, ilsdevraient venir le chercher devant ses enfants et subir nos larmes etnos supplications de nous laisser notre père.

J'avaisterriblement peur pour lui, j'étais rassurée pour nous car j'avaisaussi entendu dire qu'ils n'arrêtaient que les hommes car ilsavaient besoin de main d'oeuvre pour leurs usines d'armements enAllemagne. Ce qui voulait dire que les femmes et les enfants ne leurétaient d'aucune utilité. Cela rassurait papa aussi, il aimaitsavoir que nous ne risquions rien.

Plusieursfois, des amis de mon père venait essayer de le convaincre de partiravec eux, mais à chaque fois il refusait.

Achaque fois je pensais qu'il avait raison car tout ses amis se firentarrêter lorsqu'ils étaient proche de la frontière espagnole ouanglaise. Je préférais le voir avec nous et passer des moments aveclui.


Lorsqu'onallait en ville, on voyait les Allemands qui chantaient, quibuvaient, qui se sentaient rois du monde. Ca me rendait malade !Comment pouvait-ils se réjouirs de ce qui était en train de sepasser ? Et comment le Maréchal Pétain, gérant de la France,pouvait accepter cela sans rien faire, sans même bouger le petitdoigt ? Pensait-il lui aussi que nous n'avions rien à faire ici,nous juifs ? Que nous étions la cause de la famine de la France ?Pourtant nous n'avions rien fait, nous ne demandions qu'à vivre dansun pays dont la devise était " Liberté, Egalité, Fraternité". Qu'avions nous fait pour subir toute cette haine proliféréeà notre encontre ?

Jeme posais aussi la question de ce qui avait pu se passer en Allemagnepour qu'ils décident de voter pour Adolf Hitler en janvier 1933. Quec'était -il passait pour que les Allemands tombent aussi bas ?Pourquoi avait-il cru en Hitler ? Lui qui nous voulait que du mal,qui ne nous voulait plus sur terre ? Je leur en voulait, c'était àcause d'eux que tout ces malheurs s'abattaient sur ma famille et moi.


Fin1941, une autre mauvaise nouvelle s'abattu sur notre famille, lesparents de papa avaient été déportés dans un camp qui s'appelaitAuschwitz. Papa répêtait sans arrêt en sanglotant que ces pauvresparents allaient mourir sauf si c'était déjà fait. J'espérais quenon, qu'ils allaient bien. J'étais encore naïve... Lorsque jedemandais à papa pourquoi il disait cela, il me répondait :


Enfin chérie, on a pas eu de nouvelles de tes grands parents maternelle et ils ont été déporté depuis un moment...

Tu crois qu'ils sont morts eux aussi ?

Je ne sais plus quoi croire ma chérie, mais je ne suis pas très optimiste.


Jene voulais pas ne plus revoir mes grands-parents et si papa disaitça, qu'allait-il se passait pour lui, si on venait le chercher ?

J'avaisl'impression que l'année 1941 avait du mal à se terminer et laguerre aussi. Tout le monde me disait qu'elle allait bien se terminerun jour mais je n'en voyais pas la fin. Nous arrivions à débutjanvier 1942 et nous étions toujours sous l'occupation desAllemands, des rafles étaient encore organisés, des mauvaisesnouvelles du front ne cessaient d'arriver et les nouvellesrestrictions aussi...

Le29 mai 1942 fut marqué d'une étoile jaune que nous étions forcésde porter dès à présent. Sur cette étoile, il devait y avoirmarqué " JUIF" en noir. Seul Nino n'avait pas besoin de laporter car il n'avait pas 6 ans. Mais Papa, Maman, Aaron et moiétions obligés de la mettre. Maman l'a donc cousu sur tout nosvêtements. Je n'en voulais pas moi de cette étoile ! Pourquoi nousmarquer comme ça, comme des bêtes. Les Allemands ne voulaient plusque l'on se mélange et ils voulaient nous repérer de loins.

Nousn'avions plus le droit d'aller nulle-part. Les parcs, lesrestaurants, les cinémas... Tout ça nous était interdit. Et pourles magasins alimentaires, c'était pareil. Nous ne pouvions plusfaire nos courses avec les autres, nous n'avions le droit d'y allerque de 15h à 16h et à cette heure, il n'y avait plus rien. Parfoisle marchand doublait les prix juste à cette heure alors mamanrentrait bredouille. Papa ne voulait pas qu'on utilise tout l'argentqu'il avait mis de côté, il disait qu'on allait peut-être en avoirbesoin plus tard. Aaron rentrait souvent en conflit avec lui à cesujet car il avait faim ! Il voulait manger et il ne supportait lefait de se priver alors qu'on avait suffisamment d'argent pourpouvoir faire nos courses et manger à notre faim.

Ninoavait trois ans, il ne comprenait pas vraiment ce qu'il se passait,il pleurait à chaque fois qu'on lui tendait son assiette car luiaussi avait faim. Alors, à chaque fois je lui donnais un peu de monassiette. Je ne supportais pas de le voir pleurer comme ça, je nevoulais pas qu'il soit malheureu et je voulais qu'il garde toute soninnocence d'enfant. Ca allait être compliqué, je sais.


Ily avait beaucoup de rumeurs en ce moment, comme quoi les Allemands etla police française organisaient une très grande rafle. Tout leshommes allaient se cacher là où ils pouvaient pour éviter de sefaire rafler. Les femmes et les enfants ne pensaient pas être endanger alors ils restaient chez eux, se pensant à l'abri. Papa nevoulait toujours pas imiter les autres hommes et aller se cacher, ilpréférait rester avec nous. Il nous expliquait que comme ça, ilpourrait nous protéger s'il arrivait quelque chose. De quoivoulait-il nous protéger ? Ce n'était pas nous qu'ils voulaient,c'était lui... et sa force d'homme.

Nousn'osions plus sortir de chez nous, même maman avait peur de faireles courses mais elle se forçait à y aller pour qu'on puisse mangeret ne pas mourir de faim. Moi, dès que j'entendais le moindre bruit,je tremblais de peur et je m'accrochais à mon père. J'avaisterriblement peur qu'on m'enlève mon père, j'avais besoin de lui.C'était souvent rien d'alarmant, parfois des branches d'arbres oujuste un voisin qui rentrait ou sortait de chez lui. Parfoisquelqu'un frappait à la porte, alors là, ma peur quadruplait.Généralement, c'était un voisin, un collègue qui venait proposerà mon père de partir avec lui se cacher et attendre que lasituation change. Et à chaque fois ils étaient remerciés.

Jesouffrais beaucoup de l'isolement, je ne voulais plus sortir, mescopines d'école ne voulaient plus me parler depuis longtemps. Lesseuls personnes vivantes que je voyais c'était les membres de mafamille. J'aimais passer du temps avec eux, ça nous rapprochait. Jedécouvrais Aaron autrement, je riais avec lui, il essayait de medivertir, de faire en sorte que je ne sois pas trop préoccupée parce qui était en train de se passer dans notre pays.

Papacontinuait d'écouter la radio. Une radio clandestine carnormalement, les Allemands avaient exigé que tout le monde donnentleur radio. Pour entendre que leur version à eux je pense.

Puis,le jour le plus horrible pour nous arriva... Le 17 juillet 1942.

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