"Tu t'es arrêté de parler et seul le silence t'as répondu. Mais ces mots, ces milliers, ces millions de mots qui se sont arrêtés dans ta gorge, les mots sans suite, les cris de joie, les mots d'amour, les rires idiots, quand donc les retrouveras-tu ?"
-Georges Perec
Point de vue : Marie
Louis: Salut, on ne t'a pas vu redescendre avec la cuisinière donc on m'a envoyé venir te chercher pour manger.
Moi: Merci, mais je n'ai pas faim.
Louis: Ah non, tu viens avec moi.
Moi: Et tu vas faire quoi si je reste là?
Je crois que je n'aurais jamais dû dire ça. Il s'approcha de moi et je commençai à reculer, effrayée. Il s'arrêta.
Louis: Je te fais si peur que ça?
Moi: Écoute, tu peux pas comprendre, alors s'il te plaît, laisse moi tranquille...
Mes yeux commencèrent à s'embuer et Louis le remarqua. Il s'approcha de moi doucement, pris mon menton entre ses doigts et releva ma tête. Ses yeux croisèrent les miens et je commençai à paniquer. Je redoutai tant sa réaction.
Louis: Je crois que tes yeux sont les plus beaux que j'ai pu voir dans ma vie.
Moi: Arrête de mentir...
Louis: Je ne mens pas, mon ange...
Je ne pu retenir mes larmes plus longtemps et je me mis à sangloter, doucement au début puis de plus en plus fort. Il m'attira contre lui et me serra dans ses bras. Je me laissai aller complètement dans son étreinte tandis qu'il m'enlaçait davantage. Il me caressait les cheveux tout en me murmurant quelques mots rassurants à mon oreille.
On resta quelques instants encore dans cette position, puis je me repris et séchai mes larmes.
Louis: Ça va mieux?
Moi: Oui je crois. Désolée, je voulais pas pleurer mais...
Louis: Aucun soucis, tu m'expliqueras quand tu seras prête. Allez viens manger mon ange.
Moi: J'arrive.
Il sortit de ma chambre et je lui emboîtai le pas. Nous marchons en silence dans le couloir, côte à côte. On arriva devant la porte du réfectoire et je m'arrêtai un instant, afin de me préparer psychologiquement à revoir Jérôme et son sourire malsain sur les lèvres.
Louis: Quelque chose ne va pas?
Moi: Je ne veux pas le revoir...
Louis: Qui ça?
Me rendant subitement compte de ce que je venais de dire, j'essayai de trouver quelque chose à dire mais rien ne me vient. Je répondis quelque chose de totalement stupide.
Moi: Personne, on entre?
Louis: Écoute, j'ai bien compris que quelque chose n'allait pas, il n'y a qu' voir ton visage et je paris que ce n'est pas tout. Mais je ne peux pas te forcer à me parler, sache juste que si quelqu'un de l'orphelinat te frappe tu peux venir m'en parler.
Moi: C'est gentil Louis, vraiment mais je ne me sens pas prête...
Louis: Ne t'en fais pas, je ne peux pas dire que je comprends mais j'attendrais. Je t'attendrai.
Moi: Merci Louis.
Louis: De rien la miss, allez, entre et va te prendre à manger. Tu peux venir t'installer avec nous si tu veux.
Moi: D'accord, je te rejoins tout de suite.
Louis entra dans la salle et se dirigea vers une table située à côté du comptoir. Je le suivis et continuai ma route. Je pris un plateau, des couverts et un verre. Je regardais dans les assiettes, mais ce qu'il y avait semblait tout droit sorti d'une poubelle. Une espèce de purée visqueuse et un steak vert ornaient l'assiette. Pas convaincue, je pris seulement une pomme et rejoignis la table de Louis. Il était assis avec les garçons de ce matin. Assez logique.
Liam, il me semble, me vit arriver et me fit un grand sourire. Je lui répondis assez timidement et posai doucement mon plateau à côté de lui.
Louis: J'ai invité Marie à manger avec nous, ça ne vous dérange pas?
Liam: Non, en plus ça nous permettra de faire connaissance.
Les autres garçons, préféraient regarder mon visage, se demandant sans doute ce qu'il m'était arrivé. Soudain, Niall poussa un cri.
Zayn: Putain, mes oreilles Horan!
Niall: Pardon, mais tu me choques Marie...
Moi: Pourquoi tu dis ça?
Niall: Tu n'as quasiment rien pris à manger.
Les autres, baissaient leurs yeux en direction de mon plateau et relevaient leurs têtes, un air choqué sur le visage.
Moi: Et alors? J'allais pas manger leur truc qui paraît sortir des poubelles...
Harry, Zayn et Louis se mirent à rigoler et Liam esquissa un sourire. Niall lui gardait cet air choqué.
Niall: Mais...
Moi: Au moins je ne fais pas de gâchis, je ne prends pas ce que je ne mangerais pas.
Niall: D'accord, d'accord mais une pomme ce n'est pas suffisant pour tenir jusqu'au goûter.
Hum, je lui dis que je ne prends pas de goûter ou j'attends qu'il se remette? La deuxième option me semble meilleure.
Je lui fis un petit sourire et croquai dans ma pomme.
Harry: Bon, Marie, quel âge as-tu?
Moi: 14 ans.
Zayn: Tu as des passions?
Moi: J'aime bien chanter même si on me dit que je chante mal, mais la danse reste mon sport préfère.
Liam: Classique ou moderne?
Moi: Un peu des deux. Des fois, je mélange même, pour créer un nouvel univers qui n'appartient qu'à moi.
Harry: Ah bon? Tu nous montreras un jour?
Moi: Si vous voulez.
Zayn: Mais tu ne pratiques que ça comme sport? Pas d'autres sports genre sports de combat?
Moi: Non, pourquoi?
Zayn: Alors, comment expliques-tu les blessures sur ton visage?
Je me raidis soudainement et ma respiration s'accéléra. Louis s'aperçut de mon malaise et me prit la main sous la table, essayant sans doute de m'apaiser. Je retirai vivement ma main et me levai, empoignant mon plateau et m'apprêtant à partir de cette table où je me sentais prise au piège.
Zayn: Non, attends, Marie, je suis désolé...
Je ne fis pas attention à ses paroles et m'éloignai de la table. Je jetai ma pomme à peine entamée à la poubelle, et balançai mon plateau sur une table. Je sortis du réfectoire et me dirigeai vers le salon pour pouvoir atteindre le jardin.
Une fois dehors, je me mis à courir, jusqu'au fond du jardin et m'appuyai contre un arbre pour reprendre ma respiration. Je m'aventurai sur ma gauche, pour retrouver un petit ruisseau où j'avais pris l'habitude de venir. Je m'assis sur le bord et remontai mon pantalon jusqu'aux genoux pour pouvoir mettre mes pieds dans l'eau. Cela me fit un bien fou. Je mis mes bras en arrière pour pouvoir prendre appui et rejetai ma tête en arrière. Les rayons du soleil glissèrent sur mon visage et me réchauffaient.
J'aimais beaucoup cette partie du jardin. Je mis sentais en sécurité. L'orphelinat étant construit en pleine forêt, il possédait donc une grande partie des bois. Cette forêt me faisait ressentir plein d'émotions différentes. Je pouvais passer de la joie à la tristesse en passant par la mélancolie ou le bonheur.
Soudain, des bruits de pas résonnèrent et quelqu'un se laissa tomber à côté de moi.