Anatole a réussi son coup. Lilia a répondu à son « Salut ! » ce matin. Par un simple hochement de tête, mais quand même ! Il est content. Il a vraiment envie de trouver l'occasion pour se racheter et s'excuser profondément.
— Y a des potes en PACES qui vendent des tickets pour leur soirée, vous êtes chauds ? propose une blonde derrière lui.
Dina. Ouais c'est ça, Dina.
— Ça va pas être trop le sbeul ? remarque Anatole qui est déjà allé à ce genre de soirée trop arrosé.
— Non non, ça va être chic, se moque Dina en continuant à chercher des acheteurs potentiels.
Tout d'un coup, Lilia se tourne vers elle.
— Moi je veux bien.
Anatole reste muet.
— Il me reste deux autres tickets, annonce alors Dina.
— Bah vas-y je suis chaud, cède le brun en se demandant encore ce qu'il est en train de faire. Pour moi et une pote.
Il amènera Angèle.
— OK, bah parfait, je vous donne les prix tout à l'heure.
Lilia range ses affaires, comme toujours, et Anatole l'observe partir comme si de rien n'était. Cet enthousiasme soudain l'a étonné. Après tout, peut-être qu'elle aussi a l'habitude de faire la fête comme lui.
*
— Et moi, tu m'invites pas ? grogne Isidore toujours autant étalé sur son canapé.
— Non, mec, tu me soûles ces derniers temps, réplique Anatole en soupirant.
La routine. Ils ressemblent à un couple de vieux à se chamailler tout le temps les samedis.
— Je prends ça comme une trahison.
— Retourne voir Coline, propose alors le brun en se moquant du blond.
Sujet sensible touché.
— Hé ho, t'es pas drôle.
— Allume mon joint s'te plaît, t'es vraiment trop nul à FIFA.
Depuis qu'Isidore a fait la rencontre de sa vie, Anatole passe moins de temps avec lui. D'abord parce qu'un mec transi en couple, c'est pas facile à capter et que, souvent, quand ils sont ensemble, le blond ne parle que d'elle.
— Sinon, toi et Lilia ? interroge Isi'.
— Comment ça « moi et Lilia » ?
— Bah t'es sur elle non ?
— Non.
Il n'oserait pas. Même s'il y a certaines progressions, il n'a pas un très bon feeling avec elle jusqu'à présent. Comme il se le répète tout le temps, son objectif reste celui de départ : s'excuser sincèrement.
OK, il y a certes une petite tension, mais elle est tellement sombre que ça le dérange parfois.
— J'étais con avant.
— T'es toujours un peu con, avoue Isidore.
Anatole lui offre une bourrade.
— Mec, pas cool, se plaint encore Isidore.
Quelle grosse victime, se moque Anatole intérieurement.
— Cheh, termine-t-il en tirant sur son joint tout juste allumé.
L'effet du cannabis le ravit. Toutefois, il sent qu'Isidore a le droit à certaines mises à jour.
— Mec...
— Ouais ?
Il hésite puis change d'avis.
— Non rien.
Il voulait le prévenir pour Selim, mais peut-être qu'Angèle a déjà tout réglé. La connaissant, elle va toujours droit au but quoi qu'il arrive.
— Putain, j'ai encore perdu ! rouspète Isidore.
— Normal, t'es con.