Ellipse de cinq heures.
La brune ouvrit péniblement les yeux se sentant plus mal que jamais. Ses poumons étaient tiraillés et vidés de tout air. Comme ci il lui restait juste le minimum d'oxygène vital pour respirer. Juste trop peu d'air pour survivre mais pas assez de manque pour mourir. Elle était spectatrice de sa propre décente aux enfers. Ses battements de coeur n'étaient que trop irréguliers et elle le sentait, son organe vital cognait dans sa cage thoracique péniblement, chaque battement lui arrachant une nouvelle douleur.
Elle observa les lieux un instant, se rendant compte qu'elle était presque incapable de bouger, seule sa vue marchait encore pleinement. Elle remarqua dans un premier temps les nombreux fils branchés à son bras puis elle sentit ensuite la canule qui était bloquée dans son nez. Un vent glacial remonta le long de son échine, elle espérait ne pas être là pour les raisons auxquelles elle pensait. Elle espérait que ce n'était qu'un examen de contrôle en plus, rien d'autre mais malheureusement ce n'était pas ça.
Elle ferma les yeux à nouveau, inspirant profondément malgré la souffrance qu'elle éprouvait à puiser dans ses ressources d'air.
Un bruit parvint alors jusqu'à ses oreilles, un bruit incroyablement tranchant. Un bip régulier venait marteler son ouïe sans relâche lui rappelant qu'elle était dans un état déplorable. Elle ouvrit alors les yeux en trombe et son regard se planta sur le cardiogramme auquel elle était reliée, une sueur froide mouilla son front et elle inspira à nouveau à s'en percer les poumons.
- Allison ?
La jeune fille tourna la tête, la voix qui venait de percer sa bulle était tremblante et peinée, pourtant elle la reconnut sans peine, c'était celle de Jade qui d'habitude était bien plus gaie.
Allison ouvrit plus franchement les yeux et lança un faible sourire à son amie quand elle découvrit son visage halé, baigné de fraîches larmes.
- Pleurs pas Jade je t'en pris.
La brune se leva en trombe, repoussant d'un coup la chaise sur laquelle elle était assise tout ce temps. L'énervement coula sur ses pores un instant.
- Tu me dis de ne pas pleurer Allison ? Mais quand vas-tu comprendre qu'il y a des gens qui tiennent réellement à toi ?
Allison baissa les yeux, tentant de se redresser légèrement en position assise, elle ne savait pas quoi dire et n'avait qu'une envie : fondre en larmes elle aussi, espérant faire disparaître tout le chagrin qu'elle étendait autours d'elle.
- Je suis désolé.
Jade soupira alors que son visage bouffis se radoucissait. Elle s'avança et prit place sur le lit d'Allison, assise face à elle.
- Merci Allison d'avoir été mon amie, merci d'avoir supporté mon caractère excentrique et mes crises de folies. Merci de m'avoir fait comprendre ce qu'était avoir et être une véritable amie.
Allison ravala péniblement sa salive et serra ses mains entre elles faiblement. Ce qu'elle ressentait physiquement n'était rien comparé à sa douleur intérieur. Elle se mordait les doigt de tout son être. Elle lutait avec hardeur pour ne pas craquer.
- Merci à toi Jade d'avoir été là et d'être venu vers moi quand personne ne le faisait. Merci mille fois d'avoir égayé mes journées avec tes rires par milliers. C'est toi qui m'a fait comprendre le vrai sens du mot ami et crois moi pour ça jamais je ne te remercierai assez. Tu as compris mon passé et a cru en mon avenir, tu m'as toujours accepté tel que je suis et ça c'est la plus belle des choses Jade. Tu es une personne formidable emplie de joie de rires, ne laisse jamais personne changer ton sourire, jamais. Promet moi que tu vas avoir pleins d'enfants et que tu vieilliras dans une grande maison blanche avec des volets bleus ? Promet moi de rester simple et de gouverner le monde de tes splendides sourires car c'est ce que tu fais de mieux.
Jade les yeux brillants de larmes s'effondra littéralement sur la jeune fille, pleurant à chaudes larmes contre son coeur battant. Ses mains tremblantes agrippaient la couverture durement pour compenser ses blessures mentales.
- Je te le promet Allison, sanglota t-elle.
La jeune fille n'eut pas la force de prononcer un mot de plus tant sa voix était brouillée par les pleurs. Elle était en train de dire au revoir à son amie et ne pouvait pas se contenir. Elle releva difficilement la tête du torse d'Allison et admira son visage. Jade fut éblouit le temps d'un instant par la mine incroyablement sereine qu'affichait Allison, elle fut aveuglé par le petit sourire qui vibrait sur les lèvres de la jeune fille. Elle cessa quelques moments de sangloter et se concentra sur les moindres traits du visage de son amie, voulant capturer sa bouille pour toujours. Jade regardait Allison avec admiration, la brune avait beau se mourir, elle gardait la tête haute comme toujours et ne laissait pas paraître son malaise. Jade avait toujours été admirative de la force sans égale son amie, oui Allison s'était battue depuis son plus jeune âge et aujourd'hui encore avec une force d'esprit incomparable.
- Tu es la personne la plus forte que j'ai jamais connu Allison.
Allison eut un pincement au coeur, elle qui toujours avait cru être faible.
Elle baissa les yeux et attira son amie dans ses bras. La brune ne faisait pas souvent des démonstrations d'affection mais Jade s'avait bien que lorsqu'elle les faisait, elles étaient plus que sincères.
La porte s'ouvrit alors et Allison découvrit, Gemma et Anne le visage rouge et la mine petite.Elle tourna le regard vers Jade et celle ci laissa à nouveau quelques larmes tomber de ses yeux maussades.
- Tu me manqueras Allison vraiment mais je te ne t'oublierai jamais.
Allison laissa une larme déborder de son coeur et s'échapper de la frontière de ses yeux. Jade aussi allait énormément lui manquer mais bien sur elle ne souffrirait plus de son absence dans peu de temps. Allison embrassa son amie sur le front et celle ci se releva péniblement, n'ayant aucune envie de partir maintenant. Le coeur de Jade la brûlait alors qu'elle avançait vers la sortie, les larmes perlaient sans interruption sur ses joues et avant de passer le cadre de la porte et plongea une dernière fois le regard sur son amie. Elle lui sourit puis sortit de la pièce se rendant compte que plus jamais elle ne révérait les beaux yeux clairs d'Allison.
Allison laissa tomber une larme à nouveau regardant Jade s'éloigner se rendant compte elle aussi que plus jamais elle n'entendrait ses doux rires. Sa gorge se serra à cette pensée. Dire au revoir à ceux qu'on aime est bien plus dur qu'il n'y paraissait.
- Alors ma belle comment tu vas ? demanda Anne sortant Allison de ses pensés.
La jeune fille lui lança un regard moqueur.
- Tu es vraiment en train de me poser cette question ? rit-elle faiblement.
Anne lâcha elle aussi un sourire et baissa les yeux lamentablement.
- Probablement que non tu as raison.
L'adolescente regarda les deux femmes des étoiles dans les yeux et leurs fit signe de venir près d'elle. Anne et Gemma s'exécutèrent puis avancèrent doucement vers Allison.
- Merci. Conclu Allison.
Anne prit place sur le lit de la brune et passa une main tendre dans ses long cheveux foncés, les yeux gorgés d'eau.
- Ne me remercie pas ma belle c'est moi qui doit te dire merci après tout. Pour avoir comblé mon garçon, lui avoir appris à être lui même et à croire en ses rêves. Merci d'avoir illuminé la maison par ton sourire. Tu es comme une deuxième fille pour moi tu le sais ça Allison.
La brune pleura alors un sourire à l'entente des derniers mots. Elle attrapa la main d'Anne pour la serrer faiblement.
- Merci pour m'avoir sorti de la pire des situations pour m'avoir donné une seconde chance, pour avoir été si compréhensive et pour m'avoir accueillie comme un membre de la famille.
Anne déposa un baiser sur le front de la jeune fille lorsqu'on frappa à la porte. Celle ci s'ouvrit, affichant Harry, dévasté sur son seuil. Le visage plus blanc et accablé que jamais.
Toutes regardèrent l'état misérable du jeune homme. La plus part aurait eut pitié de lui alors qu'à cet instant n'importe qui le voyant comme ça n'aurait pu que compatir.
Anne se tourna vers Allison et lui lança un pâle sourire.
- On va vous laisser, je repasserai plus tard.
L'adolescente acquiesça après avoir embrassé les deux femmes et celles-ci quittèrent la pièce en refermant la porte, nostalgiques.
Allison immédiatement dirigea son regard vers Harry.
- Ne dis rien, soupira t-elle.
Le bouclé ne bougea pas, laissant simplement les paroles de la jeune fille traverser son esprit sans réaction.
- Tu es venu me dire adieu c'est ça ? murmura tristement Allison.
Harry releva immédiatement les yeux, comme ci ses prunelles avaient été prises de frénésie. Il n'osa pas dans un premier temps faire face aux iris bleus d'Allison, il avait trop peur que s'il s'y plongeait plus jamais il ne pourrait en sortir.
Il s'approcha légèrement de la jeune fille, les yeux déchirés de peine.
- Non pas adieu, simplement au revoir.
Il appuya sur les derniers mots sentant sa gorge se resserrer sur le poids de ses mots et la douleur de son coeur.
Allison ferma les yeux pour ne pas pleurer et les rouvrit découvrant Harry plus proche d'elle. Il avait quelque chose dans le regard, quelque chose de différent à d'habitude. Même si il avait été triste ces derniers jours jamais il n'avait eu ce regard là. Comme ci il n'avait plus rien, plus de raison de vivre ni d'exister, plus d'âme, plus de lui, plus d'Harry.
- L'infirmière a dit que bientôt...
Il ne termina pas sa phrase par peur que les mots une fois prononcés deviennent trop réels.
- Je sais Harry, je sais, conclu t'elle.
Le jeune homme s'approcha d'elle doucement, mettant difficilement un pied devant l'autre, regardant le sol pour repousser en vain le moment fatidique ou ses yeux plongeraient dans ceux de la brune sans pouvoir couper le contact. Il avançait lentement ne voulant pas se retrouver à dire au revoir à Allison. Il n'avait pas la force de combattre, il voulait juste s'effondrer en pleurs et suspendre ses émotions pour ne pas souffrir.
Il inspira puis se rendit compte qu'il se devait d'affronter Allison, il se devait de la laisser partir sereine.
Il n'était plus qu'à quelques centimètres de son corps froid et sentait déjà les décharges électriques de l'enfer lui brûler les entrailles. Il tressaillit et s'immobilisa face à elle. Il la regarda un instant puis s'agenouilla devant la brune, postant sa tête juste devant celle d'Allison.
Leurs regards alors se croisèrent. Ils étaient foutus.
- Je ne sais pas par ou commencer Allison et pour te dire vrai j'ai peur que tu t'endormes avant même que je t'ai dit le quart de tout ce que j'ai à te dire. Je t'aurai bien dit que je compte pas faire un long discours mélancolique mais c'est la seule chose dont j'ai envie maintenant malheureusement.
Il versa la première larme difficile d'une longue série.
- Tu sais je suis pas un mec bien moi, enfin je l'étais pas. Ouais je sais te fou pas de moi avec ton petit sourire là. Tu m'as rendu tellement meilleur que c'est en train de me rendre dingue, comment une personne peut-elle autant en influencer une autre comme tu l'as fait avec moi ? Comment ? Et bien j'en sais rien vraiment. Nous deux c'était pas pareil, c'était pas comme tout les autres. C'est vaniteux peut être bien de dire ça mais on était pas comme eux Allison, nous on était mieux qu'eux. Nous on dormait dans des draps blanc avec des bordures bleus ciel, nous on aimait les chats et leurs parler, enfin surtout moi, il rit. Nous on prenait des photos sur les murs gris clairs de ma chambre et on en riait, on se jetait dans les eaux du lac et on s'embrassait sous la pluie. On aimait les pattes à la carbonara et les tartines un peu trop grillées. Ouais on était pas pareil simplement parce que c'était toi et moi.
Il se stoppa soudainement et commença à pleurer sans pour autant quitter le regard de la jeune fille totalement retournée. Harry laissa couler sur sa joue une dizaine de larmes qui n'étaient qu'un début tandis qu'Allison elle écoutait et regardait le jeune homme, sans rien dire. Elle ne pouvait rien dire, elle n'en était pas capable et sentait que d'une minute à l'autre elle pouvait fondre en larmes et partir dans une crise de tristesse sans égal.
Le bouclé avala sa salive se concentrant sur le bleu des yeux d'Allison. Ce bleu qu'il aimait tant.
- Je ne vais pas mentir, ni à moi ni à toi. Quand tu vas partir j'aurai mal. J'aurai le mal de vivre, mal au coeur et par dessus tout mal de ne plus te revoir. J'espère surtout que je pourrai t'embrasser le front et te dire un milliard de fois je t'aime car une fois que tu ne seras plus là je n'aurai plus personne à qui le murmurer et je n'aurai personne pour me le susurrer en retour. Je serrai livré à moi même et je vais probablement me refermer complètement sur ma propre personne.
Il s'interrompit et passa d'un seul coup ses mains dans la nuque de la jeune fille pour la tirer tout contre lui. Il glissa son nez dans son cou et y pleura à nouveau, laissant de douloureuses traînées humides sur sa carotide pâle.
- Je ne veux pas te dire au revoir Allison, je ne veux pas à avoir à te dire tout ça, c'est pas normal je devrais pas avoir à te dire ça, non...
Sa voix était brouillée de pleurs et il reniflait sans cesse pour contenir la paralysie de son coeur. L'adolescente frottait le dos du garçon, son esprit à elle également broyée au creux de sa paume.
- Si tu savais comment j'ai chialé pour venir ici Allison, j'ai chialé quand j'étais dans la voiture, quand j'étais sur le siège d'hôpital dehors quand j'étais assis sur ton lit en attendant que tu t'éveilles. J'ai chialé toutes les nuits. Je me sens vidé, j'ai l'impression que la vie à plus de gout, plus de couleurs. Je me sens fané Allison. J'ai envie de retourner en cour lundi et de rires à tes côtés à m'en faire péter le coeur, de voir tes beaux cheveux briller sous le soleil de juin et de frapper tous les gens qui te voudraient du mal. J'ai envie d'être moins con et naïf, j'ai envie d'arrêter de dire toutes ces merde de souvenirs qui me font éclater la cervelle. J'ai envie que tu vives putain.
La jeune fille qui jusqu'à maintenant c'était montrée impassible par respect pour Harry serra les dents. Empêchant durement les larmes de quitter ses prunelles, elle ne lutta pas bien longtemps avant que ses joues ne se transforment en une sublime fontaine de cristal. Jamais elle ne s'était sentie aussi mal dans toute sa vie et pourtant nombreuses avaient été les douleurs qu'elle avait connu.
Sa main tremblante agrippa le T-shirt du brun alors qu'elle sentait son coeur flancher un peu plus et la fatigue la gagner, elle partait et Harry le savait.
La lune n'était plus présente dans le ciel et le celui ci était plus clair, le soleil allait se lever sur la ville apportant avec lui un nouveau jour et une nouvelle douleur.
Allison et Harry n'avaient que faire du quelconque levé de soleil ou de la température extérieur. Leurs coeurs battaient encore et toujours à l'unisson, ensemble jusqu'à la fin.
La jeune fille resserra son étreinte et son souffle chaud éveilla les sens endormis du garçon. Celui ci caressa la joue d'Allison de son pouce et la regarda à nouveau, les enfermant soudainement dans une réalité seconde.
- Tu ne penses toujours pas que ta vie avait un sens Allison ? Et bien le sens de ta vie était d'avoir donné un sens à la mienne. Car te connaitre et t'aimer a été le plus excitant de tous les voyages, la plus belle des étoiles et le plus grand des sourires. Et là maintenant je te regarde et mon âme est en larmes, je m'efforce malgré tout de capturer ton visage et d'emprisonner tes regards au fond de moi.
- Harry je...
Il lui lança un triste regard et un faible sourire.
- Arrête de pleurer s'il te plait, affirma Allison.
- Je suis humain Allison. Je suis fait d'os, de chair et de sentiments donc oui je pleurs car je suis en train de dire au revoir. Ouais, je suis humain merde et être humain c'est se sentir mal, c'est en avoir ras le bol et oui j'en ai marre car je peux pas cesser de pleurer alors que je n'ai que cette envie depuis des jours; pleurer ne me demande même plus d'effort maintenant. Humain c'est avoir peur et attendre dans une agonie sans pareille que tout s'arrange et de voir la sortie sauf que moi la sortie je ne la verrai jamais alors non Allison je ne vais pas arrêter de pleurer.
La jeune fille fut immédiatement clouée à son lit, elle ne put dire si c'était à cause des paroles bouleversantes de l'adolescent ou parce que son corps commençait à la lâcher. La fatigue la gagnait autant mentale que physique et elle resserra la main autours du poignet d'Harry, les yeux brûlants de larmes et le coeur noyé des milliers de fois de regrets.
- Je m'en vais Harry.
Le bouclé regarda le cardiogramme qui peu à peu ralentissait au même rythme que son coeur, il était lui aussi entre la vie et la mort, comme inconscient de la situation et n'avait qu'une envie : quitter ce monde avec sa bien aimée.
- Tu as peur Harry ? murmura t-elle.
- Oui, sanglota t-il.
- Je vais bien...
Il releva le regard un sourire ironique sur le visage, même dans cette situation elle tentait de le faire rire et il ne pouvait qu'en pleurer d'avantage.
- Tu es incorrigible.
Elle laissa échapper un faible sourire alors que ses yeux étaient à demi clos, sa cage thoracique se soulevait de plus en plus rarement et Harry sentait ses jambes se dérober à la vue d'Allison quittant se monde. La pensée de sa mort s'officialisait dans son esprit alors qu'il la sentait un peu plus loin de lui à chaque seconde.
- Tu vas pas me quitter hein ? demanda t-il pour se rassurer.
- Non bien sur que non, je resterai toujours avec toi je te le promet, murmura t-elle doucement, le souffle court.
Il mêla ses doigts à ses mèches brunes, se remémorant la première fois qu'il l'avait fait.
- Allison ?
- Oui ?
Il marqua une pause et lui sourit, détruit par son état.
- J'ai peur d'être heureux sans toi, lâcha t-il.
Elle sourit à son tour, lui comprimant la main de toutes ses forces mais Harry ne ressentit qu'une très légère pression.
- Rien ne me rendrait plus heureuse, conclu t-elle. Je te regarderai de là haut réaliser ton rêve, je te porterai chance à ton audition et je te soutiendrai à travers les nuages. Je serrai en quelques sortes ton ange gardien c'est plutôt cool non ?
Il rit un instant, laissant apparaître sur ses joues ses deux fossettes. Allison les admira, des étoiles dans les yeux pour la dernière fois. Elle regarda aussi ses beaux yeux verts lorsqu'il riait, il n'était pas dans ce monde de chose plus magnifique.
- Je t'aime Harry.
Le bouclé s'approcha tendrement puis ferma les yeux voyant soudainement tout leur monde défiler, de leur première rencontre à cet instant présent. Une larme perla sur sa joue et vint s'écraser sur le front de la jeune fille. Harry pencha la tête et déposa un baiser sur le front d'Allison, ses lèvres comme soudainement clouées à la brune, liées à jamais et pour toujours. Il savait au fond de lui que plus jamais il ne pourrait aimer quelqu'un comme il l'avait aimé elle.
- Je t'aime Allison.
Il releva son visage douloureusement après que ses lèvres aient quitté le front de la brune, ressentant un manque. Il inspira profondément et ouvrit les yeux pour découvrir les yeux clos d'Allison.
Une peur glaçante coula dans son dos et son esprit l'abandonna pour laisser place à une folie débordante. Harry tenta de se calmer espérant être en train de rêver lorsqu'il s'aperçût que la jeune fille avait cessé de respirer.
- Allison tu t'es endormie ? Putain réveille toi ! Merde ne me laisse pas non, Allison pas moi, tu ne peux pas me faire ça ...
Prit de panique il secoua la brune, inerte. Le son du cardiogramme constant lui perça les oreilles, attirant son regard vers la machine qui affichait une ligne continue.
Il se leva en trombe et commença à hurler dans toute la pièce, se moquant bien de passer pour un fou.
- Médecin vite elle est en train de mourir putain ! Vite !
Il hurlait à s'en faire sauter les poumons mais s'en fichait bien de souffrir alors que sa seule raison de vivre était en train de quitter ce monde sous son regard décomposé. Son visage et son âme n'était plus que champs de bataille, ses pensés s'entrechoquaient et se consumaient entres elles à la vitesse de l'éclair. Aucun mot comprit dans aucun vocabulaire d'aucune langue n'aurait pu définir son actuelle douleur. Harry était anéanti de chagrin, il venait de perdre la moitié de son âme.
Anne rentra d'une traite dans la chambre accompagnée de médecins. Immédiatement elle se jeta sur Harry et le logea au coeur de ses bras pour calmer sa torture. Le bouclé tambourinait de toutes ses forces contre sa mère, espérant faire cesser la brûlure qui lui assaillait le coeur depuis trop longtemps. Il hurlait et pleurait, ses cris appelant à l'aide sans relâche.
Ses jambes tremblèrent et il s'écroula de tout son poids à terre sans jamais quitter du regard la belle endormie. Son coeur était martelé de coups de fouet son interruption alors qu'il voyait les médecins débrancher la machine.
- Faites le sortir, ordonna l'un d'eux.
Anne elle aussi en larmes, traîna Harry hors de la chambre avec difficulté. Le garçon luttait avec détermination pour regagner le chevet d'Allison maintenant partit rejoindre les anges.
La femme plaqua son garçon contre un mur froid de l'hôpital, le choc de sa tête contre le carrelage lui remit les idées en place et ses cris cessèrent.
- Harry calme toi.
Il inspira profondément, se demandant comment il allait bien pouvoir éliminer cette douleur constance qui le retournait. Se demandant pourquoi l'amour faisait si mal ? Il se frappa la tête plusieurs fois espérant faire cesser son flot de pensées. Anne mit une main sur son bras et lui essuya ses larmes.
Il la repoussa violemment, les yeux meurtris d'amertume.
- Casse toi ! cracha t-il.
Anne le regarda surprise puis lui tourna le dos comprenant sa réaction elle ne chercha pas à insister et s'en alla laissant Harry seul avec ses démons.
Le jeune homme tourna le regard vers l'intérieur de la chambre d'Allison, il posa son regard sur la jeune fille paisible. Il remarqua un sourire sur ses lèvres rosées ce qui signifiait qu'elle était morte heureuse et aimée.
Une larme tomba de ses prunelles et il repartit dans le couloir de l'hôpital dans se retourner. Il ne fit pas demi tour et ce fut la dernière fois qu'il vit le visage d'Allison.
Le soleil se levait, perçant à travers les fenêtres, accompagnant Harry qui marchait à travers les couloirs blafards de l'hôpital, le coeur dévasté par un hiver infini.
C'est ainsi qu'Allison s'en était allé au début de l'automne, emportant avec elle l'été et toute sa gaieté. Elle était parti lentement. Sans faire de bruit. Aussi discrètement qu'un point virgule dans un roman de huit cents pages.
Elle avait simplement quitté ce monde un sourire aux lèvres et la simplicité dans le regard.