Journal de bord du capitaine – Date stellaire ....euh osef ?
Moi, Arsène Flamingo, le magnifique, le merveilleux, l'extraordinaire, le majestueux capitaine du SS-Barbara est retourné sur Terre pour aller chercher un composant pour les travaux fous d'Almyra alors qu'elle et son frère seront sur Céléne pour leur anniversaire. Ah les jumeaux... Hum. Robbie est avec eux et tout sera sous le contrôle de Jim Aukanai donc ça devrait rouler comme sur des roulettes !
En théorie. En pratique on est bien dans la merde.
Avec la... désagréable Niki Darkwh- AIE !... Avec l'ex-lieutenant de la Confédération Niki Darkwhisper, nous sommes actuellement au commissariat parce qu'une certaine lionne n'a pas pu se retenir de frapper un-
« HEY ! Vous pouvez la fermer pendant que je rédige mon rapport ?! » s'exclama l'homme en uniforme devant eux, ses doigts tapant frénétiquement sur un vieil ordinateur tournant sous la version Windows 98.
Arsène Flamingo rangea son smartphone dans la poche de sa veste en similicuir avant de croiser les bras, l'air ennuyé et mal à l'aise sur sa chaise en métal. Niki Darkwhisper à côté de lui, tapotait ses doigts sur le bureau en face d'elle plus par impatience qu'énervement.
— Bon, commença l'agent devant elle, je rappelle les faits mademoiselle : vous avez fait preuve de violence dans un restaurant de la chaine Kentucky Fried Poulet. Vous avez, je cite un des témoins, « frappez dans les burnes d'un serveur qui vous a dit ''c'est bien un truc de noir d'aimer le poulet frit'' ».
— C'était jouissif et si je devais le refaire, je le referais.
— Puis vous avez donné des coups de pied dans sa tête avant de lui jeter des pilons de poulet dessus.
— C'était tellement marrant, intervint Arsène en se remémorant la scène.
— C'est surtout de la violence gratuite, reprit l'agent. Pouvez-vous justifier votre comportement ?
— J'ai mes règles ? tenta Niki.
— Accordé.
— HEIN ?! s'écria Arsène en se levant.
L'agent tapa sur son clavier avant de tendre un papier contenant le montant d'une amende pour « violence gratuite, mais justifiée par une excuse totalement recevable sur un employé du KFP ».
Le capitaine Flamingo fit une mine indignée alors que Niki esquissa un petit sourire inquiétant en réglant rapidement l'amende peu chère. Ils sortirent tous les deux du commissariat parisien et furent surpris par la chaleur du début de l'été à la capitale.
— Tu as pu récupérer le machin-truc ? demanda Arsène en remettant ses lunettes de soleil qui pour une fois étaient vraiment utiles.
— Attends.
Niki passa ses doigts dans le décolleté de son uniforme d'ex-lieutenant, geste qu'Arsène observa avec une attention digne des plus grands voyeurs, et de sortir un surligneur de la marque Stabilo avant de le tendre au capitaine qui le rangea dans sa poche.
Oui, ils auraient pu en acheter un dans un supermarché mais le Stabilo devait selon Almyra, provenir d'une institution importante. Ce qui était totalement faux mais la géante verte aimait faire galérer son capitaine.
— Bon, ça s'est fait. On se casse ? Ou tu veux faire ta touriste et visiter Paris ?
— Non merci, j'avais un autre plan en tête...
Niki montra du doigt une enseigne au loin qu'Arsène mit quelques secondes à déchiffrer avant d'élargir son sourire.
— Est-ce que t'as vraiment tes règles ? Parce que je sens que tu es d'humeur à te défouler aujourd'hui !
— La ferme flamant rose. Allons-y !
L'ex-lieutenant se mit à courir jusqu'à l'enseigne, suivie d'un Arsène se retenant de sourire face à l'énergie de sa partenaire.
— Combien ils sont en face ?
— Trente. Une classe de collégiens.
— Je vais leur maraver leur race.
— Calme-toi chaton, tu vises comme un pied avec un vrai pistolet donc n'y croit pas trop.
— Dans l'armurerie il y avait des « couteaux ». Tu les lances sur la cible et ça fait ventouse. C'est malheureusement inoffensif.
— « Malheureusement ». Tu me fais rire. Allez, let's fucking go !
Arsène Flamingo zippa le haut de sa tenue de laser-game 3000 et resserra son pistolet près de son torse alors que Niki sortit plusieurs mini couteaux ventouse en les glissant entre ses doigts.
Le coup d'envoi lancé, les cris des enfants résonnant dans l'immense espace de jeu, Arsène et Niki se mirent à prendre la partie un peu trop au sérieux. Comme sur un vrai champ de bataille.
Niki faisait front en envoyant ses couteaux lumineux sur ses adversaires juvéniles alors qu'Arsène derrière elle la couvrait à coup de pistolet laser. Un duo terrible qui mettait en PLS toute une classe d'adolescents boutonneux.
La partie se termina rapidement et les deux « tueurs » furent priés de quitter la salle le plus vite possible pour cause de « perturbation générale de l'ambiance fun du lieu »... Mais ils refusèrent et squattèrent une autre partie avant d'être dégagés par les agents de sécurité.
À peine sortis et toujours tout sourire de leur bataille inégale contre des enfants, ils s'assirent sur un banc face à un petit parc pour que Flamingo, lui sa peau trop blanche, ne passe un peu de crème solaire sur les parties de son corps découvertes.
— Je hais l'été, dit-il en badigeonnant ses joues. Il fait trop chaud et le soleil tape trop.
— Tu portes presque toujours des cols roulés aussi. Et puis pour une fois que tes lunettes de soleil ont une réelle utilité... !
— T'as été cruelle avec ces gosses chaton, changea-t-il de sujet. Tu as un problème avec les enfants ?
— Je ne les aime pas et il ne m'aime pas. Même enfant j'étais déjà trop mature pour mon âge et...
— Tu n'as pas eu l'occasion d'en côtoyer beaucoup aussi.
— Jusqu'où tu as fouillé dans mon passé flamant rose ?
— Et toi ? Quand est-ce que tu vas mettre en place ton plan pour me ramener chez mes parents ?
Niki plissa des yeux face au capitaine qui avait dû saisir dès le début le but de cette visite sur Terre mais qui s'était tout de même jeté dans le piège.
« Bon, ça suffit. Allons-y maintenant. » déclara Arsène en se levant du banc.
Il commença à marcher dans une direction puis fit demi-tour avant de se tourner à nouveau, l'air confus et embarrassé.
— Niki, est-ce que tu veux vivre une aventure ?
— Développe, demanda-t-elle curieuse.
— Mon SS-Barbara est garé sur le parking intergalactique français mais la loi de notre foutue planète d'origine m'empêche de le prendre pour nous déplacer dans le pays. Par conséquent, pour nous rendre en banlieue, nous allons devoir prendre...
— Prendre ?
— LE RER ! TINTINTINNNNN !
— Et alors ?
— Et alors tu vas vivre la pire des aventures qui soit. Le RER, en heure de pointe, avec la chaleur de l'été et les vacances scolaires n'ayant pas débuté. Nous allons vivre l'enfer pendant près d'une heure de trajet.
Et ils le vécurent, l'enfer. La Terre avait beau évoluer depuis la découverte de la vie foisonnante dans l'univers, les transports terrestres devenaient de plus en plus ridicules et mal foutus tant le budget mondial était parti dans la conquête des étoiles.
Alors les transports ferroviaires de banlieue parisienne...
Arsène et Niki avaient été poussés, comprimés contre des inconnus, subissant la chaleur et donc les odeurs de transpiration pour finalement descendre au terminus avec une sérieuse envie de se laver.
En quittant la gare, Niki reconnut tout de suite l'architecture de la ville visitée il y a quelques semaines dans l'univers C-404. Une petite ville où la vie semblait paisible et joyeuse alors que celle de cet univers semblait plus morne malgré le soleil et la végétation abondante.
Un silence s'était installé entre elle et le capitaine qui par nervosité tirait sur la manche de son gilet en similicuir qu'il avait refusé d'enlever parce que « c'était cool » alors qu'il faisait chaud.
— Tu stresses ? demanda-t-elle en secouant sa touffe de cheveux pour les aérer. Ça fait combien d'années que tu ne les as pas vus ?
— Vingt ans, précisa-t-il. Depuis mon enlèvement. Je n'ai pas tenté de reprendre contact parce que...
— Tu avais la flemme ?
— J'avais peur.
Arsène sortit une de ses pilules contre la peur de la petite sacoche accrochée à sa ceinture. Niki l'observa croquer le médicament avant de faire une mine dubitative. En repensant à certaines paroles du comte Flamingo lors de sa semaine de « formation » avec lui, elle tendit la main devant Arsène.
— Où est-ce que tu trouves ces pilules magiques ? J'avais regardé dans la gamme de produits WeCare et je n'ai rien trouvé...
— C'est le comte Flamingo qui me les fournit par courrier automatique chaque mois ainsi que plein d'autres trucs. Il me suffit d'aller dans une consigne d'une gare spatiale, un agent Flamingo dépose un paquet dans un casier qui nous ait réservé et je récupère ma commande.
— C'est un système plutôt bien rodé. Mais du coup, comment est-ce que le comte fait ces pilules ?
— Aucune idée.
— Je peux goûter ?
— Ce n'est pas un bonbon chaton ! De toute façon, on arrive bientôt.
Arsène et Niki dépassèrent la boite de striptease ZigZag avec un air de dégoût, le capitaine ayant de très mauvais souvenirs à cet endroit à cause de son père. En pensant à lui, ses poils se hérissèrent et il tenta de faire demi-tour mais Niki l'attrapa par les épaules pour le redresser dans la bonne direction.
Arrivés enfin devant l'ancienne demeure du capitaine, l'ex-lieutenant observa la maison bien moins grande et belle que celle de l'univers C-404 : la toiture semblait tordue, la peinture écaillée et les mauvaises herbes envahissaient le moindre espace libre.
La boite aux lettres cassée était tellement poussiéreuse et envahie par la mousse que Niki ne pouvait lire le nom de famille d'Arsène, elle qui était curieuse d'en savoir encore plus sur lui.
Le capitaine s'arrêta devant la porte et fixa la sonnette tout en respirant bruyamment. Niki arriva à ses côtés et lui frappa l'épaule pour qu'il réagisse et fasse preuve de courage pour affronter son passé. Il appuya sur la sonnette, se redressa et fit son plus beau sourire, comme si la confiance était soudainement revenue en lui grâce à sa pilule magique.
Un bruit de pas sur un vieux parquet se fit entendre et se rapprocha de plus en plus de la porte. Le son du juda s'ouvrant et les observant quelques secondes tendit un peu plus Flamingo alors que Niki lui pinçait le dos de la main pour qu'il reste en place.
« Ça va aller Arsène » murmura-t-elle d'une petite voix.
Les verrous de la porte s'ouvrirent un à un avant que cette dernière s'ouvre en grand sur une femme aux cheveux courts châtain clair et à la peau blanche comme celle du capitaine : c'était Clémence, la mère d'Arsène. Or, contrairement à sa version C-404, Clémence avait l'air plus fatiguée, des cernes et poches sous les yeux, les cheveux plus ternes avec quelques reflets grisonnants, mais sa posture était plus affirmée. Elle semblait être une femme forte que la vie n'avait malheureusement pas épargnée mais qui tenait toujours debout.
« Oui ? C'est pour quoi ? » demanda-t-elle d'une voix posée mais légèrement méfiante.
Niki donna un coup de coude à Arsène qui semblait avoir bugué en voyant enfin sa mère biologique pour la première fois depuis 20 ans.
« Alors ? » commença-t-elle à s'impatienter.
L'ex-lieutenant répéta son action lorsque le capitaine sursauta et fit son plus beau sourire.
— C'est pour les calendriers ! déclara-t-il avec une voix plus aiguë que la normale.
— Les calendriers ? s'étonna Clémence. En début juillet ?
— Euh... oui ? Le temps file à une allure !
— Ce n'est pas le jeune Marc qui s'occupe des tournées du quartier ? Pourquoi ce n'est pas lui qui propose les calendriers ?
— C'est que... Marc est... malade.
— Pourtant je l'ai vu ce matin et il était très frais !
— Oui, enfin non, enfin il avait rendez-vous chez le docteur.
— Docteur Durand ? Mais son cabinet est fermé à cette heure-ci !
— Euh... oui. Enfin...
Plus l'échange avançait, plus Arsène Flamingo s'enterrait lui-même dans son piètre mensonge alors que Niki, même si elle retenait un rire, avait pitié de lui. Elle voulut intervenir lorsque les yeux de Clémence s'ouvrirent en grand subitement.
Devant sa réaction, Arsène s'arrêta de parler alors que la main de sa mère se rapprochait de sa joue tout doucement. Elle caressa sa fine barbe noire avant de glisser ses doigts jusqu'à la branche de ses lunettes de soleil qu'elle lui retira avec lenteur.
Lorsque leurs yeux marrons se croisèrent, ceux de Clémence devinrent soudainement brillants puis humides et enfin, une larme coula le long de sa joue.
« Ar...Arsène ? » bredouilla-t-elle en attendant beaucoup de la réponse. Le capitaine se contenta de hocher la tête avant de sourire à nouveau et de déclarer le plus simplement du monde :
« Bonjour, maman. »
Clémence attrapa son fils et le serra tellement fort dans ses bras qu'ils tombèrent tous les deux au sol. La mère continua de pleurer de joie dans les bras de son fils déboussolé par le flot d'émotions ressenti. Niki, elle, ne put s'empêcher de sourire devant la scène très gênante pour le capitaine et fut enfin soulagée d'avoir tenu sa promesse à la Clémence de l'univers C-404.
— Mon Arsène... articula-t-elle avec difficulté après un hoquet. Mon renard, mon voleur, mon trésor !
— Maman calme-toi, lui dit-il en caressant ses cheveux. Je suis là.
— Je t'ai attendu pendant tellement longtemps ! J'ai cru que tu ne reviendrais jamais ! Barbara m'avait dit qu-
— Barbara est venue ?! s'exclama Arsène en changeant soudainement d'expression.
— Elle vient de temps en temps oui. Je pensais que tu étais au courant ? Tu ne lui parles plus ?
Arsène se mordit la lèvre, l'air gêné.
— Elle m'ignore, elle me fuit. Ça fait au moins 15 ans que je ne lui ai pas parlé...
— Ah...
Niki fronça les sourcils devant l'aveu, ne comprenant pas les propos du capitaine. « Est-ce que la Barbara dont il parle est bien Karenalistika ? Je commence sérieusement à avoir des doutes... Et s'il y avait deux Barbara ? Si c'était une autre femme qu'Arsène aimait à ce point ? » pensa-t-elle en fixant la mère et son fils toujours allongés par terre.
— Elle tient à toi, mon chéri. N'en doute pas un instant.
— Quand on aime quelqu'un, on ne l'évite pas. On fait tout pour le revoir...
— Alors pourquoi tu as tardé à venir voir ta mère ?
— Parce que... je...
— J'ai compris mon renard, viens, rentrons à la maison.
Arsène et sa mère se relevèrent un peu gênés et toujours émus par les retrouvailles alors que Niki se triturait les méninges pour comprendre qui était cette Barbara, la femme qu'Arsène Flamingo aimait le plus dans l'univers.
— Vous venez avec nous ? l'interrogea Clémence en passant à côté d'elle. Mademoiselle...
— Niki. Niki Dark-... Niki Brown, madame.
Le capitaine arqua un sourcil, surpris de la révélation qu'elle venait de faire alors qu'elle aimait être mystérieuse sur son passé. Révéler son vrai nom permettrait au plus curieux de fouiller dans son passé en profondeur, ce que comptait faire Arsène.
Clémence fit un petit sourire à Niki avant d'entrer dans sa maison. Arsène fit une petite révérence pour qu'elle passe avant lui mais ne manqua pas de lui glisser un mot :
— Niki « Brown » hein ? C'est marrant parce que ça va bien avec ta couleur d-
— Ecrase, flamant rose ! répondit-elle en rougissant avant de s'engouffrer dans la demeure d'enfance du capitaine.
« Peut-être que j'en saurais plus sur cette « Barbara » et sur leur relation entre elle et Arsène... »
INFORMATION IMPORTANTE : A la fin de cet arc, je vais faire une pause dans la publication de cette histoire. Oui, j'ose prendre une pause ! Pourquoi ? Parce qu'en ce moment, je suis concentré sur la fin de Flambée de désir, j'ai même pas le temps de continuer l'écriture de The Marvelous Diner et je n'ai presque plus de chapitre d'avance sur Arsène Flamingo donc... LA PAUSE S'IMPOSE ! Surtout que j'ai commencé un nouveau travail qui me prend mucho tiempo... Mais ne vous inquiétez pas ! La pause ne signe pas la fin d'Arsène car je reprendrai l'écriture dès que j'aurai terminée Flambée de désir (donc dans pas longtemps). De toute façon, Arsène Flamingo est éternel, c'est mon bébé, mon chouchou donc il ne pourra rester en pause longtemps. Avant de marquer la pause, cet arc se terminera sur un cliffhanger putassier vous donnant envie d'avoir la suite et marquant votre esprit afin qu'Arsène garde une place dans un coin de votre tête. P.S : ajoutez cette histoire dans votre Bibliothèque si vous voulez avoir une notification de sortie de chapitre quand elle reprendra !
Alors, qu'avez vous pensé de ce chapitre ? De l'arrivée d'Arsène et Niki sur Terre ? De leur partie de laser-game contre des collégiens ?
De leur arrivée dans la ville natale du capitaine ? Des retrouvailles Arsène/Clémence ?
Et enfin, du mystère Barbara qui va bien évidemment être plus clair pour Niki au prochain chapitre ?
N'hésitez pas à voter si ce chapitre vous a plu et à laisser votre avis en commentaire !
Sur ce, FLAMINGO OUT !
[Correction du 6 décembre 2020]
Musique ♫ Take Me Home, Country Roads | Fallout 76