Les jours qui avaient suivi l'attaque avaient marqué un tournant dans l'opinion de la population. Les citoyens d'Illaria avaient considéré cette attaque comme étant cruelle et lâche et tous s'étaient rangés du côté du Bureau. Cela avait été simple. Il avait suffi que le gouvernement diffuse des vidéos de l'attaque, montrant des personnes mortes, des maisons détruites, et des larmes pour que les citoyens se retournent contre la résistance. Je comprenais leur réaction car j'avais réagi pareil. Mais Roman m'avait expliqué la vérité et cela changeait tout. Je savais que le Bureau avait tendu un piège à la résistance et que le bombardement n'était pas censé toucher des citoyens. Mais le Bureau avait préféré sacrifier une dizaine de vie afin que la résistance soit considérée comme une chose mauvaise qu'il fallait détruire.
Pour la première fois depuis trois mois, des téléviseurs avaient été mis à disposition dans l'académie. Nous étions autorisés à suivre l'actualité lors de nos pauses. On aurait pu prendre ça pour un cadeau mais ce n'était pas le cas. Il s'agissait d'une stratégie de la part du Bureau pour montrer aux élèves les conséquences d'une attaque de rebelle. Les deux chaînes officielles du gouvernement diffusaient en boucle les mêmes informations. Elles montraient le village détruit et avaient lancé une vraie chasse à l'homme à l'encontre des résistants. Un nouvel article avait d'ailleurs été rédigé au sein du Traité de la génétique : appartenir à la résistance était considéré comme un crime contre la société et tout individu apportant une aide quelconque à cette organisation ou ne divulguant pas des informations sur elle sera passible de la peine capitale.
Le Bureau ne plaisantait pas, son objectif principal était de stopper la résistance. Et pile au moment où l'organisation de Roman était considérée comme l'ennemi numéro un d'Illaria, j'avais décidé de la rejoindre.
Je n'appartenais pas encore à la résistance, j'avais seulement expliqué à Roman mon envie d'en faire partie. Mais ce dernier avait de suite freiné mon envie en m'expliquant que la décision de lui appartenait pas.
- Ce n'est pas à moi de décider si tu peux ou non en faire partie Ambre. C'est au chef de décider.
-Le chef ? Qui est ce chef ? Et dans ce cas tu n'as qu'à lui dire que je veux en faire partie.
Roman m'avait regard avec son air amusé, comme s'il se moquait de moi. Et c'était le cas parce que je lui lançais mon oreiller sur la tête en rouspétant.
-Roman! Ce n'est pas le moment de te moquer de moi. Je suis sérieuse!
Mon ami qui s'était mis à rire à gorge déployée, repris son sérieux et hocha la tête.
-Je suis désolé Ambre. C'est juste que d'un coup tu as l'air tellement déterminé! Mais oui c'est bon je lui en parlerai promis.
Cela m'avait suffi. Mais cela faisait maintenant une semaine que ma conversation avec lui s'était passée et je n'avais pas eu de nouvelles de sa part. Avait-il pu correspondre secrètement avec son chef ? Est-ce que j'allais en faire partie ? Comment les choses allaient-elles se dérouler ? Quelles étaient réellement les missions que la résistance faisait? J'avais tant de question mais Roman refusait de m'en apporter tant que je n'appartenais pas à son groupe. Alors en attendant d'avoir une réponse, la vie normale reprenait son cours.
Notre formation avait été mise entre parenthèses pendant deux semaines afin d'apporter notre aide au village bombardé. Des centaines de volontaires étaient venus pour déblayer les rues, apporter des soins, commencer la reconstruction, mais ce n'était pas suffisant. Ainsi le Bureau avait décidé de faire intervenir tous les positifs, mêmes ceux en formation. Mais j'avais compris quel était l'objectif réel du Bureau. cela faisait partie de sa stratégie: montrer des positifs aider après une attaque menée par des résistants. Cela permettait d'influencer encore plus l'opinion publique.
Les Delta étaient chargés d'élaborer le plus rapidement possible des plans pour les nouveaux bâtiments, ou pour soigner les victimes. Ils créaient également des engins pour permettre de déblayer les décombres plus facilement. Les Charli, eux, étaient chargés de l'enquête pour retrouver les responsables de l'attaque. Enfin les Bravo étaient là pour organiser les travaux, gérer la logistique. Mais le plus incroyable était qu'ils utilisaient leurs dons ouvertement devant la population, chose rare car personne ne savait vraiment de quoi étaient capables les Bravo. J'avais enfin pu les voir en action. Je les avais aperçus former un cercle et réussir à soulever des décombres seulement par la pensée. La scène avait été incroyable. Je savais qu'ils avaient des dons particuliers, mais les voir en action, contrôler quelque chose par la simple pensée était incroyable. Ce spectacle avait scotché tout le monde d'ailleurs et le plan du Bureau avait ainsi fonctionné. Les positifs étaient bien les gentils, les résistants étaient les méchants.
En revanche les élèves, n'ayant pas terminé leur formation et n'étant affectés dans aucune maison pour l'instant, se contentaient d'apporter une aide matérielle. Nous apportions l'eau ou des ravitaillements par exemple. La fin de la deuxième semaine approchait à grands pas et le village commençait enfin à reprendre un air normal. À présent il était midi et c'était l'heure de la pause. Les bénévoles s'étaient regroupés au même endroit afin de manger mais les positifs eux, se tenaient à part. Nous ne mangions jamais avec eux, nous ne discutions pas avec eux. En réalité, à part les aider, nous n'avions aucun contact et les patrouilleurs veillaient bien là-dessus. Mais les règles étaient ainsi.
Je me trouvais ainsi sous une tente, en compagnie des autres élèves positifs, mais surtout avec mes amis Roman et Ivy. Et alors qu'on parlait de tout et de rien, c'était à cet instant qu'un van blanc s'était arrêté juste devant notre tente. Je savais très bien que se trouvait à l'intérieur, sa venue avait été annoncée il y a quelques jours. Et effectivement le Président Keenan sortait du véhicule accompagné nous pas de patrouilleurs mais de deux hommes vêtus du même uniforme noir... la garde rapprochée du Président. Ce dernier était venu voir la fin des travaux, prendre la parole et faire de la politique tout simplement. Sa venue ne me faisait ni chaud ni froid et j'allais justement détourner mon regard pour reprendre la conversation avec mes amis. Sauf que mon regard restait fixé sur l'un des gardes. Il se tenait de dos mais j'avais cette étrange sensation de le connaitre. Je ressentais effectivement une drôle de connexion. Et c'était lorsqu'il s'était retourné pour se positionner devant le président, que je lavais reconnu. Nayel...
Je ne l'avais pas revu depuis son procès, un mois auparavant. Je n'avais pas eu de ses nouvelles depuis d'ailleurs et je m'étais toujours demandé ce qu'il était devenu. Je savais que Nayel était un positif doué mais jamais je n'aurais cru qu'il aurait appartenu à la garde du Président. Les membres de sa garde étaient composés des Bravo les plus doués et ils étaient sélectionnés pour assurer la protection du Président. Je sentais alors un coup de coude sur mes côtes et je devinais que cela venait d'Ivy qui se penchait vers moi pour me chuchoter.
-C'est ton ami Nayel !
Merci Ivy je n'avais pas remarqué, pensais-je en silence. J'étais contente de le revoir mais je me demandais également comment était-il arrivé à appartenir à la garde du président? Nayel ne m'avait pas encore vu. Il se contentait de frayer un chemin pour le Président Keenan et ils se dirigeaient vers le poste de contrôle qui se trouvait à cent mètres de moi.
-Il fait parti de la garde! Repris Ivy. C'est fou. Tu sais que seuls les bravos les plus doués sont sélectionnés et généralement ils ne sont pas pris dès leur sortie d'école. Il n'a que dix-huit ans. C'est tellement rare.
Je sentais l'admiration qu'Ivy avait mais je ne la partageais pas. Nayel détestait le président, alors je devinais facilement qu'il n'avait surement pas choisi ce poste mais qu'on le lui avait imposé. Mais je n'avais pas le temps de me poser plus de question car notre pause était terminée.
Pendant une heure je marchais entre les volontaires pour leur proposer mon aide mais je n'arrêtais pas de jeter un oeil au poste de contrôle à présent complètement fermé. Le président n'était toujours pas ressorti et je me demandais bien ce qui se passait à l'intérieur. Ce ne fut qu'à la fin de la journée que le Président Keenan était enfin sorti, accompagné des deux gardes. Immédiatement les gens s'étaient concentrés autour d'eux et les caméras avaient braqué leurs objectifs sur le président. Je savais qu'il allait prendre la parole afin de s'adresser aux citoyens d'Illaria mais cela ne m'intéressait pas . J'étais restée à l'écart avec Roman qui n'avait pas l'air très heureux.
-Qu'est-ce qu'il y a?
-J'ai horreur des politiciens c'est tout. Il est resté chez lui pendant ces deux semaines et maintenant il vient se montrer. Je trouve ça tellement hypocrite.
Je comprenais sa réaction car je pensais exactement la même chose. Mais nous n'avions pas d'autres choix que de l'écouter faire son discours où il ne cessait de rappeler à quel point les positifs étaient importants et qu'il mènerait une lutte sans merci à l'encontre des résistants.
-Tu n'as toujours as eu de nouvelles de ton chef? Demandais-je à mon ami.
-Vu qu'on vient de passer deux semaines à aider les bénévoles je n'ai pas pu contacter mon chef. Mais t'inquiètes pas Ambre, je le ferai dès que je le peux.
Un instant de silence s'installa alors entre nous avant qu'il ne reprenne.
-Il fait quoi ton ami ici?
Je devinais à son regard qu'il n'était pas ravi de voir Nayel mais je ne comprenais pas sa réaction. Qu'avait-il contre lui? Nayel ne lui avait rien fait. Roman repris alors.
-Ton ami appartient à la garde rapprochée du Président. Il assure sa sécurité. Intéressant pour un mec qui est censé le détester.
- Je suis persuadée qu'on a dû lui imposer ce travail. Nayel est comme nous Roman. Lui aussi déteste le Bureau.
-J'ai du mal à le croire quand je vois ton ami en tenue de garde.
Je regardais alors Roman sans répondre, ne comprenant vraiment pas pourquoi il était autant énervé contre Nayel. Puis je reportai mon attention sur mon ami qui se tenait toujours à côté du président et c'était à cet instant que je croisais son regard pour la première fois depuis que je l'avais vu. J'aurai cru qu'il allait m'adresser un sourire ou n'importe quel signe montrant qu'il était un minimum content de me revoir, mais rien. Il se contentait de me regarder dans les yeux, sans exprimer aucune réaction. Peut-être étais-ce normal ? Il ne voulait peut-être pas qu'on surprenne son regard vu le nombre de personnes présentes ici. Mais son manque de réaction me surprenait quand même et je ressentais même une légère pointe de déception.
Roman n'avait rien loupé de cet échange car il me chuchotait alors.
-Ton ami n'a pas l'air ravi de te revoir...
Je me contentai alors de lancer un regard noir à Roman. Pourquoi avait-il besoin de rajouter une couche? Son commentaire n'était absolument pas utile mais encore une fois je préférais l'ignorer en ne répondant pas à sa provocation. Le président avait ainsi fait son discours et à présent il repartait vers le poste de contrôle où il s'enferma à l'intérieur pendant que nous étions en train de tout ranger, et de tout mettre dans les véhicules. La partie du village qui avait été touchée par les bombardements était à présent reconstruite. Les blessés avaient été soignés et les décombres avaient disparu. C'était comme si rien ne s'était passé.
Je me trouvais toujours avec Roman en train de charger un des vans lorsque j'entendis quelqu'un prononcer mon prénom.
-Ambre.
C'était en me retournant que j'avais vu Nayel derrière moi. Cette fois il ne portait plus son masque sans expression. Il avait l'air content de me voir et cela me rassurait. Il porta alors son regard sur Roman et je comprenais ce que cela signifiait, il voulait que mon ami nous laisse. Portant Roman nous regarda tour à tour d'un air énervé avant de soupirer et de s'en aller pour nous laisser seuls. Nous n'étions pas vraiment seuls en fait. Autour de nous il y avait plein de positifs occupés à charger les véhicules, mais personne ne prêtait réellement attention à nous. Après tout un élève positif avait parfaitement le droit de s'adresser à un positif, même si ce dernier appartenait à la garde du Président.
Un silence s'était installé entre nous avant que je ne le rompe.
-Tu fais parti de la garde maintenant.
-Oui mais Ambre, je ne suis pas là pour te parler de moi. Je suis là pour te dire une chose importante.
Il semblait stressé car il regardait autour de lui avant de s'approcher de moi pour murmurer.
- Tu te souviens ce que je t'ai dis par rapport à Alpha et au fait que tu devais chercher ce que ça signifiait?
Je hochais la tête pour lui dire oui. J'allais même lui répondre que j'avais décidé de m'investir à fond dans cette recherche de la vérité et que j'allais tenir ma promesse, mais il reprit vite. Ce qu'il m'avait dit m'avait alors laissée totalement sans voix. Je l'avais regardé d'un air incrédule en me demandant s'il se moquait de moi. Mais non il ne plaisantait pas. Comment pouvait-il me dire ça ? Après tout ça? Que s'était-il passé ? Je me souviendrai toujours de sa phrase lorsqu'il m'avait dit:
-Il faut que tu laisses tomber Ambre. Tu m'entends? Ne cherche pas à savoir. Il ne faut pas.
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fin du chapitre :)
Pour une fois je n'ai pas grand chose à dire (oui oui ça arrive mdr)
Juste rajouter qu'en ce moment mes chapitres ne sont pas postés aux jours normaux mais ça s'est parce que je suis en vacances mdr !
Je voulais aussi tous vous remercier pour vos commentaires : vous êtes vraiment top !! et même si je ne répond pas à chacun, je vous lis tous et ça me fait très plaisir !!
Comme toujours n'hésitez pas à laisser un commentaire, à me dire à votre avis pourquoi Nayel a changé d'avis, et à mettre une étoile :)
A très vite pour le prochain chapitre :)