La vie avait repris son cours au sein de l'académie des positifs. Les cours, l'ambiance pesante, les mensonges et la compétition avaient recommencé et il fallait vite s'y replonger. Le Bureau nous avait accordé une soirée de détente, un soir où l'on pouvait de nouveau être normaux. Mais à présent l'objectif était clair : nous devions travailler encore et toujours.
Nous n'étions pas nombreux en tant que Charli et le Bureau n'avait donc qu'un seul souhait : avoir le plus possible de Bravo d'ici la fin de la formation. Il nous poussait ainsi au maximum de nos compétences dans l'espoir d'obtenir le résultat escompté. Cela avait pour conséquence que les cours s'étaient multipliés, que les exercices nous fatiguaient davantage et que nous avions de moins en moins de temps de repos. Cette seconde phase de la formation n'avait rien de comparable à la première. Nous avions acquis une mémoire presque absolue. À présent nous devions l'utiliser pour terminer notre formation de Charli.
Comme je pouvais m'en douter nous n'allions pas devenir des détecteurs de mensonges rien qu'en regardant les expressions de visage des personnes. L'un de nos professeurs avait été clair là-dessus : tout le monde pouvait décrypter des émotions mais les positifs eux, étaient capable de deviner les intentions et savoir si une personne mentait en faisant appel à nos fameux dons. Pour résumé il s'agissait de se concentrer sur la personne en face de nous et de se focaliser sur elle. Puis notre don faisait le reste. Je ne saurais le décrire mais je parvenais à ressentir comme des ondes émanant de la personne. Des ondes invisibles que seuls nous les positifs arrivions à capter. Bien évidemment chacun avançait à son rythme. Certains élèves parvenaient à peine à ressentir quelques ondes. D'autres, en revanche, y arrivaient facilement. Ces ondes, nous avons appris à comprendre leurs significations. Elles avaient toutes une particularité. Aucune onde n'était identique et il suffisait simplement de comprendre laquelle émanait d'un individu pour comprendre ce qu'elle signifiait. Cela était une sorte de nouveau langage sauf que les lettres étaient remplacées par des ondes.
Je m'en sortais très bien dans cet exercice même si je n'en étais encore qu'au début. Pour le moment les exercices étaient simples : on posait des questions simples au cobaye qui nous répondait et on devait savoir s'il disait la vérité. Les questions étaient par exemple quel animal préfères-tu entre un chien et un chat? Ou encore préfères-tu le jour ou la nuit? Il s'agissait de questions fermées simples. Nous avions encore un long chemin à parcourir pour analyser toutes les ondes mais pour le moment cela ne faisait que deux semaines que nous avions commencé.
Pendant ces deux semaines j'avais essayé de mettre de côté toutes les théories du complot afin de me concentrer uniquement sur ma formation. Mon ressenti concernant l'académie avait d'ailleurs quelque peu évolué. Certes je ne leur faisais pas confiance mais on ne pouvait ignorer tous les bénéfices que les positifs apportaient à la population. Ivy avait raison: grâce à nous on pouvait soigner des malades, on trouvait des systèmes alternatifs pour continuer les récoltes agricoles malgré le peu de terres fertiles, aucun innocent n'était envoyé en prison... Les bénéfices étaient réels et personne ne pouvait le nier.
Mais j'étais bien la seule à changer un peu d'avis. Roman ne le faisait pas. Même si nous ne parlions pas des résistants, je savais qu'il était toujours déterminé à faire renverser le Bureau et le système des positifs. Il travaillait deux fois plus que n'importe lequel des élèves afin d'être certain de continuer sa formation. Je savais que les résistants devaient avoir un plan mais je ne demandais rien à Roman. De toute manière il ne m'aurait jamais répondu... je n'appartenais pas à son groupe. Quant à Ivy sa position était claire : elle était pour ce système et il était inutile de lui parler de mes doutes ou de la mission de Roman. Non pas que je n'avais pas confiance en elle, mais je ne voulais tout simplement pas l'impliquer. Ivy était le genre de personne douce et généreuse prête à tout pour ses amis, mais elle était également très dévouée à la cause des positifs.
J'avais souvent l'impression d'être en plein milieu de Roman et d'Ivy. Ils avaient des avis tellement divergents alors que moi j'étais entre les deux. C'était dans ces moments-là que je ressentais le manque de Nayel et que je me demandais ce qu'il faisait. Quelles étaient ses missions? Était-il heureux? Avait-il toujours l'intention de quitter les positifs? J'avais quelques fois l'impression de le trahir. Je lui avais promis de me battre pour découvrir la vérité et l'aider à s'échapper de ce système sans aucune répercussion sur sa famille. Pourtant je me trouvais toujours à l'académie et je ne faisais rien pour découvrir les secrets du Bureau. J'étais en plein doute et je ne pouvais en parler à personne.
Mais malgré tout j'étais contente de savoir que Roman et Ivy étaient à mes côtés et que je pouvais compter sur eux. Ivy possédait une telle légèreté que cela me calmait. Elle était d'une nature toujours optimiste à voir toujours les bons côtés. Quant à Roman il se montrait toujours aussi curieux et son esprit cassant représentait pour moi une bouffée d'oxygène.
Alors que je commençais enfin à m'habituer à ma vie de positive et à me faire à cet environnement, un événement était venu tout basculer. Tout était partis avec des bruits de couloir. Une conversation entendue entre deux personnes, rapidement diffusée à toute l'école. J'avais dû être la dernière informée car je n'avais pas compris de suite l'agitation qui régnait au sein de l'académie. Toute la journée les élèves s'étaient montrés ailleurs, n'écoutant pas en cours et les professeurs avaient eu du mal à faire régner un semblant d'ordre. Mais cette situation avait atteint son apogée le soir quand deux positifs s'étaient battus ensemble.
J'avais assisté à la scène de loin. Je me trouvais en compagnie de Roman et d'Ivy et nous assistions à leur bagarre totalement incrédules. Les patrouilleurs avaient dû s'y mettre à plusieurs afin de les séparer et lorsqu'ils y étaient parvenus j'avais pu entendre la conversation des deux positifs.
-Comment peux-tu les défendre?
Alors que les patrouilleurs essayaient de les emmener de force à l'écart des élèves, le second individu turbulent répliquait.
- C'est peut-être un mal pour un bien.
- Ils s'en sont pris à nos familles! Ils ont attaqué nos familles et nos amis et toi tu les défends.
Je n'avais pas pu assister à la suite car les patrouilleurs faisaient disperser la foule. Sur le coup je n'avais pas compris de quoi ils parlaient, mais j'avais pu obtenir une réponse par un autre Charli en formation.
-Vous êtes au courant de l'attaque ? Ils se font appeler les résistants. Ils ont voulu passer un message: ils s'en prennent à tout ce qui représente les positifs.
Effectivement la directrice nous l'avait appris le soir même. Face à l'ampleur que cela avait pris elle avait estimé nécessaire de s'exprimer devant toute l'école. Elle nous avait ainsi réunis pour nous apprendre qu'une attaque avait été perpétrée par un groupe à l'encontre de plusieurs familles de positifs. Il y avait eu des pertes, trop de perte. Cela c'était déroulé le matin même. On ne savait pas exactement quel type d'attaque mais cela n'était pas important. Pendant un instant j'étais restée sous le choc. Des personnes innocentes avaient perdu la vie. Ensuite mon réflexe avait été de me retourner vers Roman qui ne semblait pas surpris par cette révélation. Mais pire encore il semblait n'éprouver aucun remord, aucune tristesse face à cette nouvelle. Cela m'avait davantage énervée. J'avais cru que les résistants voulaient mettre un terme au Bureau, et non pas tuer des familles sous prétexte qu'ils étaient positifs ou qu'ils avaient des enfants positifs. Bien évidemment j'avais pensé à la mienne car ils auraient très bien pu s'en prendre à ma famille.
J'avais également aperçu des élèves pleurer. J'avais par la suite appris que leurs familles faisaient partie des victimes et je me disais que j'aurai réagi de la même façon.
À la fin de la réunion avec la directrice, j'avais voulu rentrer directement dans ma chambre. J'avais entendu Roman m'appeler mais je l'avais ignoré, bien trop énervée. Comment pouvait-il soutenir la cause des résistants ? Mais mon ami était têtu et avait réussi à me rattraper, m'attirant à l'écart dans un couloir peu fréquenté à cette heure.
-Ambre... attends s'il te plaît.
Il me tenait fermement le bras pour que je ne prenne pas la fuite. Je n'arrivais même pas à le regarder en face. Sa réaction m'avait surprise mais pire encore j'avais été déçue par lui.
-Ce n'est pas ce que tu crois. Le Bureau a changé la version.
Face à mon manque de coopération, il insista alors.
-Oui il y a eu une attaque mais elle n'était pas dirigée contre les familles des positifs.
- Vraiment Roman? Alors c'est faux? Il n'y a pas de victime innocente comme nous l'a dit la directrice?
Roman regarda alors autour de lui afin de s'assurer que personne ne pouvait nous entendre, puis s'approcha davantage de moi avant de chuchoter.
- Il y a bien eu une attaque oui. Mais c'était un piège du Bureau. Les résistants ont voulu attaquer une délégation du Bureau mais on a dû avoir de mauvaises informations car il n'y avait aucun membre du Bureau. A la place il n'y avait que des familles. Ce n'était pas prévu de larguer la bombe sur eux.
-Une bombe?
Je connaissais les bombes en théories: des engins explosifs qui pouvaient tout détruire sur leur passage. Mais depuis la fin de la guerre, elles avaient toutes été détruites. Posséder une bombe était l'un des pires délits de notre société.
-Vous avez largué une bombe ? Répétais-je totalement abasourdie par cette révélation.
-On nous a donné de mauvaises informations. Ça vient du Bureau. Ils ont du savoir qu'on allait commettre une attaque et ils nous ont envoyé sur une mauvaise piste.
-Tu es en train de me dire que le Bureau vous a volontairement donné une mauvaise adresse afin que vous bombardiez des familles innocentes? Tu penses vraiment que je vais te croire? Que le Bureau mettrait en danger sa population comme ça?
- Le Bureau a tout à gagner en faisant ça! Regarde l'image que les gens ont de nous maintenant. À leurs yeux nous sommes des gens qui tuent des innocents. Comment veux-tu que notre cause soit supportée maintenant?
Je l'avais laissé m'expliquer sa théorie mais je réfléchissais en même temps. Je ne savais pas qui croire pourtant Roman semblait sincère dans ses propos. Allais-je douter de sa parole à chaque fois ou allais-je finir par lui faire confiance? Et comme toujours, cela me faisait me demander jusqu'où le Bureau était prêt à aller? La réponse était simple : il était prêt à tout. C'était pour cette raison que j'avais cru Roman.
Ce jour-là ma vision du Bureau était devenue claire comme de l'eau. Je ne pouvais pas lui faire confiance. S'il était capable de sacrifier des innocents je ne pouvais pas rester là les bras croisés à attendre que ma famille soit également victime des choix du Bureau.
J'avais ainsi regardé Roman un long moment sans m'exprimer. Puis j'avais fini par lui dire.
-Je veux rejoindre la résistance.
Je n'avais même pas eu besoin d'y réfléchir. J'avais promis à Nayel de continuer son combat. Je voulais protéger ma famille et plus encore je voulais que le Bureau cesse de faire tuer des innocents.
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fin du chapitre :)
Dsl du retard j'étais en plein déménagement. D'ailleurs j'ai toujours pas internet chez moi, j'utilise la connexion de mon téléphone. Donc ça risque d'être compliqué les prochains jours pour poster un autre chapitre :/ Je fais au mieux promis <3
Il y a également une question qui m'a été posée à savoir si j'allais organiser une FAQ. Je n'y avais jamais pensé. Donc si vous ça vous intéresse n'hésitez pas à le dire ici :) en fonction des réponses je déciderai si oui ou non j'en ferai une :)
COmme toujours n'hésitez pas à commenter et à mettre une étoile
J'espère que ce chapitre vous a plu !!!
A très vite pour le prochain !! :)