Un sujet... Une nouvelle...

By Vtheromanticpoet

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Dans ce recueil de nouvelles, je rassemblerai tous mes textes écrits à l'occasion d'un concours d'écriture. C... More

II- Le journal d'un détenu
III- La fille d'ébène
IV- Une merveilleuse aventure

I- Existence factice

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By Vtheromanticpoet

Thème : « Dans la vengeance et en amour, la femme est plus barbare que l'homme. » F. Nietzsche


     Je me tenais là, debout, sur le pas de la porte. Des milliers de pensées se bousculaient alors dans ma tête, toutes plus insensées les unes que les autres. Et des questions, légitimes. Qu'avais-je fait pour mériter ça ? Qu'allais-je faire, maintenant que tout ce que j'avais mis tant de temps à construire s'était effondré ? Le temps d'un gémissement, d'un regard et tout était réduit à néant. Toute ma force expira. Ainsi, je ne pus me résoudre à interrompre cette clameur lubrique qui se dégageait de notre chambre à coucher. Dois-je encore dire « notre » dorénavant ? Aucune importance. Rien n'avait plus aucune importance.

    Ne supportant plus les expressions exaltées de plaisir que j'entendais, je me dirigeai vers le jardin, prenant soin d'être la plus discrète possible. Assise sous le cerisier en fleur que nous avions planté le lendemain de notre mariage, je me mis à contempler l'inanité de mon existence. Tous les sacrifices, les mensonges, les compromis que j'avais faits pour lui. Tout cela avait été vain. Qu'ai-je construit moi-même ? J'exerçais en tant qu'institutrice dans une école primaire. C'était la seule chose dont je pouvais tirer du mérite. A part cela, je me comblais dans un milieu illusoire. Un milieu auquel je n'appartenais pas.

    Cette maison spacieuse, ce jardin parfaitement entretenu, ces meubles anciens, ce train de vie luxueux, ces voyages exotiques... Tout venait de lui. Alexandre de Beaumont, le célèbre avocat d'affaires au barreau de Bordeaux. Sans le vouloir, je me remémorai notre rencontre.

    Alors étudiante en lettres modernes, j'avais simplement accompagné une amie du nom de Camille à une soirée. Plutôt huppée, elle rassemblait étudiants de médecine, de droit ou encore d'écoles de commerce. J'avais toujours été mal à l'aise dans ce genre de situation alors ne voulant pas être un poids social pour mon amie, je me suis assise sur un tabouret de bar, la laissant à ses activités mondaines. J'ai ensuite commandé un verre de limonade, voyant les prix exorbitants des cocktails. C'est à ce moment là que j'ai croisé le regard de celui qui deviendrait mon mari. Je n'avais que vingt ans à l'époque et lui aussi. Ses yeux émeraude avaient une lueur ensorcelante dans la lumière tamisée du penthouse. Ils me fixaient, me transperçaient. A ma grande surprise, j'eus l'audace de soutenir son regard. Il vint s'asseoir à côté de moi, nous discutâmes de tout et de rien et finalement nous échangeâmes nos numéros de téléphone. Et la suite de l'histoire est facile à deviner. Mais je ne dois plus me bercer d'illusions. Je sortis alors de mes rêveries qui semblaient si lointaines et repensai à tous ces signes indicateurs de la fatalité qui me tourmentait à présent.

    Malgré la félicité apparente que présentait notre foyer à l'ensemble de notre cercle, j'avais toujours ressenti qu'Alexandre était insatisfait à propos de quelque chose. A propos de moi en réalité. Je n'ai jamais pu lui donner d'enfants. Et lui pourtant, rêvait d'être père. Il aurait sûrement fondé la parfaite famille s'il n'avait pas fait l'erreur de se marier à une femme, comme moi. Une défectueuse. Après tout, comment aurait-t-il pu savoir ? C'était un lourd secret que je n'ai pas eu le courage de dire à l'homme que j'aimais jusqu'à ce qu'il l'apprenne de la bouche d'un médecin. Infertilité dû à un traumatisme du col utérin. Quelle humiliation. J'ai vu la déception se dessiner sur son visage mais aussi le sentiment de trahison. C'est sûrement à ce moment-là, dans notre trentaine, qu'il allait devenir l'instrument de mon désespoir.

    Il ne me semble pas avoir déjà été suspicieuse de son infidélité. Je ne lui reprochais rien jusqu'à maintenant. C'est plutôt moi qui avait des reproches à me faire. Je me dévalorisais sans cesse, me flagellais pour tous les mensonges que j'avais commis, détruisant ainsi le peu d'estime que j'avais de moi-même. Les semaines passèrent et la dépression qui me rongeait s'intensifiait. Mais j'ai continué à sourire. Encore et toujours sourire. Devant lui, ses amis, sa famille. Pour éviter l'embarras et les tracas que j'aurais pu lui causer en racontant la vie misérable que je menais. Je ne voulais qu'il souffre à cause de mes pensées sombres. Mais lui ne m'a pas épargné aujourd'hui...

    Des sons me chassèrent soudain de mes états d'âme. Je parvins à distinguer des mouvements à l'intérieur de la villa. Cette méditation mélancolique m'avait étrangement ressourcé et je me sentis prête à les affronter. Mais en valait-il vraiment la peine ? Peu importe. Je n'avais plus rien à perdre. Je me quittai le jardin, fis coulisser la baie vitrée et me dirigeai vers le salon. Ils n'étaient pas encore là mais je les entendais qui se préparaient à partir. Des claquements de talons hauts resonnèrent sur le parquet et se rapprochèrent du salon. Cette scène était dramatiquement théâtrale. Je me tenais là, le regard glacial, la posture digne, avec la résolution d'affronter enfin mon honorable époux et sa respectable maîtresse. Ils arrivèrent enfin.

    Quelle ne fut pas ma stupeur quand je réalisai que cette femme était en réalité Camille, mon amie de fac que je n'avais pas revue depuis le mariage. Elle respirait la vitalité et la volupté. Vêtue d'une élégante robe bleue, ses cheveux étaient d'un blond éclatant comme si tous les rayons y avaient déposé leur lumière radieuse. C'était sûrement une de ses collègues et devait avoir une carrière prodigieuse. Nos regards se croisèrent, et elle avait une lueur d'arrogance et de satisfaction dans ses iris océanes. Une femme bien plus attrayante que moi en somme. Lui, l'air horrifié de me découvrir ici, portait un de ses plus beaux ensemble, composé d'une veste bleu marine, d'un gilet gris perle et d'une chemise bleu geai. Toujours très élégant mon mari. Je fus la première à briser le silence.

« Eh bien, ne soyez pas aussi éberlués de me découvrir ici. Il me semble que c'est mon foyer, n'est-ce-pas Alexandre ?

- Ma... ma chérie, ce n'est pas ce que tu crois. Je peux tout t'expliquer, je te le promets.

- Tu n'as pas besoin de le faire. Je crois avoir compris même si je ne suis pas d'une aussi remarquable intelligence que vous deux. »

Camille demeure silencieuse, mais ne perd pas son air satisfait.

Alexandre a, quant à lui, les yeux remplis de honte et semble bouleversé.

« Je te comprends Alexandre. Vraiment. Tu veux être père et je suis défectueuse. Je ne suis pas une femme mondaine comme Camille. Je n'appartiens pas à ton milieu. Nous n'aurions jamais dû nous marier en premier lieu...

- Ne dis pas de telles choses mon amour, je t'en prie. Nous allons surmonter ça... ensemble. Je sais que ça a simplement l'air d'être un affreux adultère mais ce n'est vraiment pas ça. Crois-moi. C'est toi que j'aime Marianne.

- CESSE de me prendre pour une imbécile ! J'en ai assez, tu ne comprends pas ? Depuis que tu as découvert mon secret, je me sens mal dans notre mariage. Je me sens mal ici, dans mon travail, avec ta famille, partout. C'est un échec, il faut que tu t'en rendes compte et que tu l'acceptes.

- Elle a raison Alex..., lui chuchota Camille.

- Et toi Camille... Comment vas-tu depuis toutes ces années ? C'est amusant tout de même d'être présente à un mariage et de le voir se défaire sous tes yeux. D'en être même la cause. Tu dois apprécier tout cela...

- Tu ne comprends pas Marianne. Je n'ai jamais voulu te faire de mal mais... Tu n'étais pas censée épouser Alexandre. C'était moi qui le devait. Cette soirée, où tu l'as rencontré, j'ai tout de suite su que c'était le bon, que c'était l'homme de ma vie rien qu'en le voyant. Mais tu me l'as volé... TOI, la petite étudiante en lettres introvertie, trop timide pour regarder les gens dans les yeux. Tu croyais vraiment que j'allais laisser passer ça ?

- Mais qu'est-ce-que tu racontes Camille ? C'est n'importe quoi, on avait un arrangement...

- Tais-toi ! Laisse-moi finir. Je savais que j'allais réussir à me rapprocher de lui. Un peu avant la cérémonie du mariage, je me suis isolée avec lui pour lui parler. Je l'ai embrassé et ça l'a réellement troublé. Malheureusement, il était fou amoureux de toi. Mais ça importait peu, ça serait simplement un autre obstacle à franchir. Alors j'ai fait en sorte de me construire une carrière d'avocate assez réputée pour candidater dans son cabinet. Je l'ai manipulé et il m'a gentiment révélé tous vos secrets comme s'il se confiait à une amie. Une idée me vint alors. J'allais porter un enfant pour vous par pure bonté de cœur. Tu te doutes bien que je ne m'apprêtais pas à tenir ma promesse. J'allais mener cette grossesse à terme et élever cet enfant avec Alexandre. Tout allait rentrer dans l'ordre naturel des choses. Et tu aurais fini seul, dans ton désespoir, comme tu aurais dû l'être depuis toujours...

    C'en était trop. Un excès de rage traversa mon esprit. Je n'étais plus guidée que par une seule chose : la colère. La raison et le pardon m'avaient abandonnée. Je courus à la cuisine, m'emparai du couteau le plus tranchant que l'on possédait et je réapparus dans le salon. J'immobilisai Camille avec brutalité et plantai mon couteau dans son cœur.

    Elle s'effondra sur le sol, son sang se vidant à profusion. Alexandre s'évanouit face à l'horreur de la scène. Quant à moi, je ne ressentais que l'adrénaline et la satisfaction du travail accompli.

    La vie, la mort, l'amour, la haine. Le quatuor tragique de la fatalité joue pour nous tous une belle symphonie. Une splendide symphonie qui nous donne espoir dans les moments les plus sombres. Mais une symphonie fallacieuse, immonde et insensée. Plus rien ne comptait à présent. Rien. Pour la première fois dans ma vie, je ressentais du plaisir. J'avais eu ce que je voulais : ma vengeance.

Vtheromanticpoet

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