Mon parcours secondaire se déroula plutôt bien ; malgré la fatigue et les nuits blanches, je m'en sorti avec les meilleures distinctions au baccalauréat. Cependant, au lieu que cela soit le début d'une nouvelle vie heureuse pour moi, vu que j'avais obtenu une bourse pour étudier aux USA, je me sentais vide et peinée par la mort de mon père deux jours avant mon départ.
Je ne comprenais ce qui avait bien pu se passer. Bien vrai qu'il était assez âgé mais il n'était pas malade. Qu'avait-il bien pu se passer ? La veille, il m'avait donné plus de bénédictions que d'ordinaire, il m'avait donné des conseils quant au monde et à la nature des Hommes. Il m'a dit qu'il était fier de moi mais qu'il voulait que je m'ouvre un peu plus aux autres vu que j'allais dans un nouvel environnement. En effet, hormis Tiphany, je n'avais pas d'autres amis. Mon père me conseilla également de faire attention à la gente masculine et que en suivant mon cœur, je saurai reconnaitre le bon.
Les obsèques furent modestes et rapides ; et les habitants de notre ancien bidonville étaient tous présents en plus de la famille de Tiphany maintenant devenue une seconde famille pour moi.
Ancien bidonville parce qu'avec le temps, nous avions pu changer de maison pour un beau quartier mais tout en gardant notre simplicité. Les parents de Faty avaient aidé les miens à créer leur business qui marchait plutôt bien. Ils étaient dans la confection de chaussures, les sandales plus précisément. Au fil des années, nous avions pu entrer différents marchés Africains (Ghana, Afrique du Sud, ...) ; mais mon rêve à moi, c'est de pénétrer le marché européen et élargir nos offres.
Maman insista pour que je maintienne mon voyage ; me rassurant que c'est ce que aurait voulu papa. Je partis alors mais mon idée sur la filière à suivre avait changée. J'avais toujours voulu faire médecine pour m'occuper de mes parents quand ils seraient vieux ; mais je voulais maintenant aller en école de commerce pour suivre le projet de mon père et le développer.
Quelques heures avant l'heure prévue du vol, j'entrepris d'expliquer mon idée à ma mère et aux parents de Faty. Ils me soutinrent tous et le père de Faty me proposa de me payer la différence de la bourse pour que j'aille à Harvard. C'est ce qu'il a toujours voulu pour Faty mais elle a préféré se tourner vers le design et pour cela, elle irait à Madrid.
Après les différentes bénédictions des adultes, des émotions, et un dernier baiser à ma mère, je pris la direction de la salle d'embarcation. Plus j'avançais, mieux je m'accommodais à cette douloureuse séparation.
Une chose est sure, je me battrais pour toutes ces personnes qui ont cru en moi, surtout à la mémoire de mon père et pour ma mère.