Elle aussi elle partira,comme tout les autres avant elle. Il faut les comprendre, ils ont un travail, des enfants et d'autres occupations; voilà le discours que l'on me ressassait chaque jour de ma pénible vie qui devenait de plus en plus longue.
Pourquoi ne pas m'achever ? Il me reste maintenant deux mois à vivre, je les ai compté ces atroces jours, heures, minutes, secondes qu'il me restait à endurer.
D'après l'annonce du médecin : deux mois, quatorze jours, trois heures,vingt-six minutes et vingt-huit secondes.
Approximativement. Bien entendu.
Qui aujourd'hui voudrait d'un homme à qui il ne reste que deux mois à vivre ?Elle peut être ?
Certainement pas, elle partira bien assez tôt, vieillira, comme tous les autres, comme moi.
Comme moi pendant deux mois, quatorze jours, trois heures,vingt-six minutes et vingt-huit secondes.
J'attends. J'attends et c'est enfin qu'elle sort de la chambre une larme à l'œil.
Alors je me rendors ; attendant mon tour.
Je rouvre finalement les yeux, mon regard en direction de l'horloge, il est midi quinze, C'est bientôt l'heure du repas. Combien m'en reste il encore? Trop à mon goût en tout cas, trop de carottes vapeur et de gâteaux mous à supporter. Mes derniers instants se résument ils réellement à cela? À des légumes fades, des blouses à pois, une odeur de plastique et de latex, des tics-tacs de l'horloge, et se silence de plus en plus pesant, le tout entouré de murs immaculés de blanc . Combien de choses me reste t-il à tolérer ? Je ne veux plus attendre, je veux partir, maintenant.
Je me lève et marche vers la fenêtre de ma chambre, regarde attentivement le ciel bleu, laisse le soleil toucher mon visage de ses rayons, m'avance vers lui et m'envole enfin vers un monde meilleur.