Assis à la terrasse d'un café londonien, John Carter relu la lettre que le commissaire de Londres, et son ami de longue date, lui avait fait transmettre jusque dans le petit coin de campagne anglaise, dans laquelle il vivait depuis quelques mois. Le commissaire racontait, affolé, que depuis plusieurs semaines, d'étranges créatures avaient fait leur apparition dans les rues de la capitale anglaise, provoquant de gros dégâts et terrorisant les habitants.
Adam Lewis, le commissaire donc, suppliait John de venir enquêter sur cette affaire, car la police faisait depuis quelques temps du sur place. John, qui après une enquête particulièrement compliquée, s'était retiré loin de la ville pour avoir un peu de tranquillité, avait longuement tergiversé pour savoir si il allait accepter de répondre à la requête d'Adam. Finalement, il s'était dit qu'il n'était pas contre un peu d'action et avait sauté dans le premier train en direction de Londres et était arrivé le matin même. Il s'était empressé de faire transmettre à son ami un courrier pour lui indiquer un lieu de rendez vous. A présent, John attendait son ami au lieu convenu. Il jeta un coup d'œil à sa montre pour la énième fois. Il attendait depuis plus d'une heure, et toujours aucune trace d'Adam.
John était généralement quelqu'un de patient, mais sa patience commençait à s'effriter.
C'est alors que son ami surgit devant lui et s'installa sur la chaise d'en face.
- Excuse moi, ton message a eu quelques problèmes pour me parvenir. Le coursier s'est fait voler son sac de lettres par un Chapardeur.
- Il n'y a pas de mal. Un Chapardeur, tu dis ? Qu'est ce que c'est que cette chose.
- Une des étranges bestioles qui traînent en ville depuis quelques temps. Les Chapardeurs sont extrêmement pénibles, ils ont la particularité de voler les passants, qu'il s'agissent d'un sac à main, d'un chapeau ou de tout autre objet qu'ils jugent digne d'intérêt. J'ai pensé que, a défaut d'attraper toutes ces créatures, tu pourrais savoir d'où elles viennent et les y renvoyer. A mes yeux, tu es la personne la plus qualifiée pour se boulot.
- Si vous n'avez pas réussi à le découvrir en plusieurs semaines, je doute pouvoir y parvenir en moins de temps, répliqua John avec humilité.
- Et bien moi je suis persuadé du contraire ! Le coursier est parvenu à rattraper le Chapardeur avant qu'il be s'enfuit avec toutes les lettres. Il l'a ramené au commissariat. Suis moi, je vais te le montrer.
Tous deux se levèrent, sautèrent dans un taxi, direction le commissariat.
Une fois arrivés à destination, Adam conduisit John jusqu'à une salle d'interrogatoire. A l'intérieur, une petite créature, pas plus grosse qu'une bouteille d'eau sautait avec énergie sir les chaise et la table en métal. Elle se déplaçait d'une manière si peu naturelle que cela en était presque risible. Son pelage était orange, ses oreilles avaient la forme de sapins de Noël et ses grands yeux bleus scrutaient la salle avec curiosité.
- Alors c'est ça un chapardeur ? Demanda John avec un sourire amusé.
- Oh crois moi, tu riras moins quand tu te retrouvera face à l'un d'eux en liberté. Ces bestioles là sont d'une agilité ! Répliqua Adam en lançant à regard mauvais au chapardeur, qui ne sembla pas s'en émouvoir le moins du monde.
- Et y'en a d'autre des creatures comme ça ?
- Oh oui, des tas ! Toutes plus bêtes le unes que les autres !
- Pourtant, celle ci a l'air intelligente, remarqua John.
- Ne te laisse pas amadouer par sa jolie frimousse ! C'est truc là sont de vrais diablotins, capables de rendre fou le plus calme et sage des hommes !
- Des hommes tu dis ? Hum... J'ai peut être un moyen...
- J'ai besoin que tu m'aides.
- Voyez vous ça ! Le grand John Carter a besoin de l'aide d'une civile !
- Lexi, cette histoire remonte à... Elle remonte à une éternité ! J'étais jeune !
- John, c'était y'a deux ans.
- C'est bien ce que je dis, j'étais jeune.
Lexi Wilson se redressa sur le canapé sur lequel elle était allongée, laissant apparaître son visage et un air outré. John était venue la trouver le matin, alors qu'ils ne s'étaient pas vu depuis plus d'un an.
Elle leva les yeux sur le plafond tâché d'humidité de son appartement et soupira.
- Qu'est ce que tu veux que je fasses ?
- Eh bien j'imagine que tu es au courant pour les étranges animaux qui ont envahis les rues londoniennes ?
- Évidemment, j'habite ici! Où veux-tu en venir ?
- J'ai besoin de tes talents de persuasion.
Lexi haussa un sourcil, attendant que son ancien ami poursuive.
- Tu aimes toujours autant les animaux pas vrai ?
- Alors c'est ça ton plan ? Les enfermés tous les deux dans la même pièce pour qu'ils puissent discuter ?
- Vois ca comme une expérience ! Si elle arrive à se faire obéir du Chapardeur, çà nous facilitera la tâche pour attraper les autres.
Adam lança un regard dubitatif à Lexi, qui l'observait d'un air de défi par dessus l'épaule de John.
- Très bien, capitula-t-il, faites ce que vous voulez, mais ne venez pas vous plaindre quand il refusera de vous rendre votre collier préféré.
- Vous êtes fou ! Pas question que je lui donne un de mes bijoux, ni même un de mes effets personnels, s'insurgea Lexi. Elle vont se placer devant John et planta son regard dans celui de l'homme. John. Ton stylo. Après tout, c'était ton idée non?
John plissa le yeux, incrédule. Mais après tout, il aurait dû s'attendre a ce que la jeune femme lui fasse payer son écart des années passées. Il poussa yn soupir et sortit de sa poche un magnifique stylo en argent, un stylo très précieux et qui forcément, attirerait l'attention du Chapardeur. Il le donna à la jeune fille qui lui adressa un sourire charmeur et moqueur. Elle se retourna et rentra dans la salle d'interrogatoire. Le Chapardeur se tourna vers elle, ses grands yeux remplis de curiosité et de vivacité. Lexi s'assit lentement sur une des chaises de la pièce, sous les regards attentifs D'Adam et de John de l'autre côté de la vitre. Elle posa le stylo bien en évidence au centre de la table, et le Chapardeur eu soudain l'air intéressé.
Il se rapprocha lentement, se méfiant de la jeune femme, mais celle ci lui désigna l'objet de sa convoitise avec un sourire encourageant. Alors, la creature s'en empara avec vitesse et courut se réfugier dans un coin pour étudier cet objet si attirant. Lexi le regarda faire de longues minutes, sans bouger, tandis que de l'autre côté de la vitre, Adam commençait à s'impatienter. Puis, Lexi se leva pour aller s'accroître devant le Chapardeur. La petite creature sursauta et se colla au mur, comme si elle espérait se fondre dedans pour se soustraire au regard de Lexi.
- Alors, petite terreur, maintenant que tu as bien étudier le stylo de mon ami, tu me veux bien me le rendre ?
Le Chapardeur inclina légèrement la tête, l'air soudainement intéressé par les paroles de la jeune femme.
Celle ci tendit la main.
- Allons ne fait pas d'histoire. Si tu me le rends, je t'en donnerai un encore plus beau, que tu pourras garder. Mais avant, j'ai besoin de savoir si je peux te faire confiance.
Le Chapardeur paraissait hésiter à présent.
- Aller, Kappa, poursuivit Lexi d'une voix douce mais ferme, donne le stylo.
Finalement, le Chapardeur, ou plutôt Kappa, déposa le stylo dans la main de la jeune fille et grimpa sur son épaule.
Lexi sourit.
- Et bien, tu n'es pas si terrible que le disait le commissaire et John, n'est ce pas ? C'est deux là sont vraiment des idiots pas vrai ?
Lexi sortit de la salle environ une demi heure après y être rentré, avec le Chapardeur perché sur son épaule.
Adam sursauta quand il le vit.
- mais vous êtes folle ? Il va s'échapper et faire des ravages dans tout le commissariat.
- Oh non, ne vous inquiétez pas pour cela ! Nous avons bien eu le temps de discuter, entre filles, n'est-ce pas Kappa ?
- Entre filles ? Demanda John.
- Évidemment! Tout le monde sait que les femelles Chapardeuses ont la particularité d'avoir les oreilles en forme de sapin. Celles des males, elles, ont plutôt la forme de... De citrouille. Dis moi, John, depuis combien de temps n'a tu pas lus un journal.
Celui ci haussa les épaules.
- Vous avez appeler cette chose... Kata ? Demanda la commissaire en haussant les sourcils.
- Kappa, pas Kata. Et puis Kappa n'est pas une chose, c'est un être vivant avec une conscience, et je vous signal qu'elle comprend tous ce que vous dites.
A ces mots, Kappa sauta de l'épaule de Lexi pour atterrir sur celle d'Adam. Celui si sursauta et souffla sur l'animal pour le faire descendre. Kappa fit une grimace et elle sauta de nouveau sur Lexi, qui lança un regard méprisant et réprobateur à ses deux compères.
- Bon au moins maintenant on est fixé. Ces créatures sont assez obéissantes pour que l'on puisse tirer quelque chose d'eux. Il est temps de refaire un test, a plu grande échelle cette fois ci. Lexi, tu acceptes toujours de nous aider ?
- Ai-je vraiment le choix ?
Devant le regard appuyé d'Adam, elle soupira.
- Très bien, mais avant, je crois qu'un tour dans une papeterie s'impose. Dis moi, John, où as tu acheter ton stylo ?
Quelques heures plus tard, Lexi sortait de la papeterie du coin, les bras chargés de stylo, de papiers et de trousses en tout genre. Ils avaient laissé Kappa et Adam au commissariat et étaient partis acheter de quoi plaire aux Chapardeurs.
- Tout ça ? S'exclama John. Bon peu importe. Écoute bien, voilà ce qu'on va faire. Les Chapardeurs ont forcément une planque, ils viennent obligatoirement de quelque part. Le plan, c'est de la donner un trésor à un Chapardeur, et le suivre jusqu'à la où lui et ses petits copains sont planqués.
- Il est nul ton plan.
- T'en a un meilleur peut être ?
Lexi ne répondit rien.
- Bon peu importe. Allons-y.
Ils se mirent en route vers les rues les moins peuplées de Londres, car c'était là que les Chapardeurs venaient le plus souvent. Ils marcherent longtemps sans voir la moindre créature, a croire que les Chapardeur savaient ce qu'ils préparaient. Finalement, à un coin de rue, ils tombèrent sur un minuscule Chapardeur aux oreilles en forme de citrouille. Il se figea en les voyants, et ils firent de même pour ne pas l'effrayer.
- C'est un jeune mâle, chuchota Lexi, donne moi quelques chose d'intéressant.
John lui tendit un livre sur la Riziculture. Lexi s'en empara et posa doucement le livre sur le sol, devant le Chapardeur.
Puis elle se releva et fit signe à John de reculer.
Le Chapardeur leur lança un regard méfiant, mais se rapprocha lentement du livre... Et l'attrapa à la vitesse de l'éclair. Il retourna dans son coin pour étudier son nouveau jouet, en lançant de temps en temps des petits coups d'œil aux deux étrangers.
Il retourna le livre dans tous les sens, corna un peu les pages, en mordilla les coins. D'un seul coup, il enfourna le livre dans sa large bouche et détala en courant. John et Lexi se lancèrent à sa poursuite.
- Vite, lança John, il ne faut pas le perdre de vue !
Ils suivirent le Chapardeur à travers quelques rues, puis celui ci sauta sur un rebord de fenêtre, grimpa sur la façade d'un vieil immeuble désaffecté et disparut dans le bâtiment.
Lexi et John s'arrêterent en bas pour reprendre leur souffle, les yeux rivés sur la fenêtre que venait de prendre la créature.
- Allons voir ! Lança Lexi, la fenêtre par laquelle il a disparu est au troisième étage, suis moi !
Elle s'engouffra dans l'immeuble, suivit par John qui avaient abandonné leurs achats sur une payasse sous le porche.
Ils grimperent les marchés des trois premiers étages quatre à quatre, jusqu'au troisième. Arrivés, en haut, une porte leur faisait face. John la poussa d'un coup d'épaule (quel homme !) et ils entrèrent dans une grande pièce vide, pourvu uniquement d'un gros miroir posé au sol en son centre. Le Chapardeur était là, tapi dans un coin. Quand il vit les intrus il traversa la pièce à toute vitesse sauta sur le miroir... Et disparut à l'intérieur sous le yeux incrédules de John et Lexi.
-C'est de là qu'ils viennent, s'exclama la jeune fille.
- Donc... Si on les fait tous rentrer dans ce miroir et qu'on le bloque, en le retournant par exemple, il ne pourront plus aller et venir a leur guise dans tout Londres, en déduisit John.
- T'as tout juste !
- Mais reste un problème. Comment va t'on s'y prendre pour tous les attraper et le renvoyer la bas ?
- On en voit aucun la nuit, ils doivent venir la. On devrait attendre, la nuit sera bientôt tombée.
- Bonne idée.
Un silence s'installa. Puis John fit mine de s'en aller.
- Attends moi là, je vais chercher Kappa.
- Non, c'est mieux que ce soi moi qui y aille, elle a plus confiance en moi.
- Très bien, dépêche toi.
Lexi dévala les escaliers a toute vitesse, courut jusqu'au commissariat, expliqua brièvement leur découverte au commissaire, allá chercher Kappa et répartie en sens inverse. Quand elle revint à l'immeuble, la nuit était tombée depuis un peu plus d'un quart d'heure. Elle revint dans la pièce, où elle trouva John en train de faire les cents pas. Quand il la vit, il lui expliqua qu'il avait vu défiler des dizaines de Chapardeurs, et que depuis quelques minutes, c'était le calme plat. Selon lui, il ne manquait plus que Kappa. Lexi caressa la Chapardeurse et la posa à côté du miroir. Elle sembla hésiter, puis elle sauta dans le miroir. Aussitôt, Lexi et John retournèrent le miroir pour qu'il soit face contre terre. Lexi poussa un soupir de soulagement et tous John échangea un regard triomphant avec Lexi. Et pour la première fois depuis longtemps, Lexi lui souriait avec sincérité.
Quelques jours plus tard, Lexi avait accompagné John à la gare pour qu'il rentre chez lui.
- Tu ne veux vraiment pas rester ? Lui demanda t'elle.
John secoua la tête en signe de négation. Un silence s'installa entre eux, jusqu'à ce que John le brise.
- En tout cas Lexi, je veux que tu saches que je te considère comme ma canne.
La jeune femme lui lança un regard suspicieux.
- Pas la femelle du canard hein ! J'entends par là que tu es quelqu'un sur qui je peux m'appuyer, et je t'en suis reconnaissant.
- Je déteste tes métaphores. Et les homophones aussi.