Pdv Aidan
Sam claque la porte avec rage. A mon tour, je commence à m'énerver. Il n'avait qu'à prévenir avant de débarquer chez moi comme une fleur ! Je tambourine à la pièce avec force, jusqu'à ce que Samuel explose.
- Va te faire foutre, Aidan !
Oh... Tu veux jouer à ce petit jeu-là avec moi ? Pas de problème ! Déterminé, je fonce dans ma chambre et d'un geste brusque, claque la porte en restant dans le salon. Puis, aussi silencieux que possible, je me positionne debout face à l'issue de sa chambre. Droit et immobile, j'entame une attente qui, je le sens, va être désagréable.
Au bout d'une dizaine de minutes, je crois entendre de légers bruits provenant de la pièce d'à côté, et soudain, la serrure se déverrouille. J'inspire fortement quand la porte s'entrouvre sur Sam, torse nu. Merde ! Je réagis à l'instinct et le chope par les épaules avant qu'il ne puisse réagir, et le sors de sa chambre pour le plaquer contre le mur d'à côté.
Comme possédé, je me colle contre lui, et prends son menton entre mes doigts pour écraser ma bouche sur la sienne. Un faible gémissement s'échappe de ses lèvres, tandis que j'approfondis ce baiser inattendu. Sam se laisse enfin aller contre moi. Il passe ses mains dans mon dos en le griffant légèrement. Je me dégage soudainement, comme si j'avais pris une décharge électrique.
Je prends ma tête entre mes mains en m'éloignant encore un peu, puis observe Sam, qui reste immobile contre le mur, essoufflé.
- Je n'avais pas prévu ça... Soufflé-je.
Mon colocataire avale bruyamment sa salive, et je ne peux m'empêcher de fixer ses lèvres humides, et légèrement gonflées. Je tente au mieux de contrôler mes hormones et m'adresse à lui d'une voix froide et monocorde.
- Si tu m'avais prévenu que tu comptais revenir, je t'aurais accueilli avec plaisir, Sam. Mais c'est pas ma faute si je ressentais le besoin de me défouler depuis que tu m'as sauté dessus ! Me justifié-je.
- Et tu crois que ça te disculpe de ce que tu faisais ?
- Je ne connais que ça pour arrêter de penser !
- Mais t'aurais pas pu juste te branler ? questionne-t-il.
Oh... Je le fixe, choqué, les orbites ressortant anormalement de ma face. Je ne sais pas comment réagir face à une telle demande. Je transpire abondamment, pendant que le jeune homme m'observe sans ciller.
- Est-ce que... Est-ce que tu es jaloux Samy ? Demandé-je avec un sourire narquois.
Les joues de ce dernier prennent alors la jolie couleur du coquelicot, tandis qu'il détourne le visage, m'arrachant un rire. Malgré tout, je me sens mal à l'aise. Je l'ai blessé et je le sais, et je sais également que je souffre de lui avoir fait du mal. Pourquoi ? Je ne sais pas, mais j'ai envie... Oui, j'ai envie de le rendre heureux.
En deux enjambées, je rejoins l'adolescent et le prends dans mes bras, collant son torse contre le mien. Il est étonné mais il se laisse néanmoins faire, et joint maladroitement ses doigts dans mes reins. J'en profite pour plonger mon nez dans ses cheveux, et respirer leur parfum. Un léger frisson me parcourt alors l'échine, et je ferme doucement les paupières.
- Je suis désolé, Samy... Chuchoté-je.
- Je sais...
- Je ne sais pas ce qui m'arrive...
Samuel se recule d'un pas, et me tient à bout de bras pour me regarder droit dans les yeux.
- Eh bien... Je crois qu'on peut dire que tu es... Bisexuel ?
- Euhhhhhhhhh... Ouais, peut-être bien, marmonné-je.
Quelques jours plus tard.
Samuel est finalement resté à la maison. Après notre discussion, pour le moins, inhabituelle, nous sommes restés gênés le reste de la journée qui a suivie. En revanche, dès le lendemain, nos vieilles habitudes ont repris le dessus, pour notre plus grand plaisir, avec nos chamailleries continuelles. Je prends actuellement mon café matinal, en lisant le journal pendant que Sam est sous la douche.
Pdv Samuel
L'eau chaude coule sur ma peau fraiche, après une bonne nuit de sommeil. Comme chaque fois depuis mon retour, j'ai rêvé d'Aidan et mon réveil a été pour le moins... Dur. Ce matin, la douche ne me calme pas, et je suis obligé de sortir sans que les effets du réveil ne soient dissipés. Après m'être séché les cheveux d'une serviette, j'attache cette dernière à la taille tant bien que mal. Je soupire en constatant que malgré l'épaisseur de la serviette, mon membre inférieur reste bien visible.
Les mains cachant comme je le peux cette partie de mon corps, je sors de la pièce, pour retrouver Aidan qui lit le journal.
- Bien dormi ? Demande-t-il en abaissant son papier.
A ce moment-là, je fais un pas vers lui, mais la serviette reste accrochée à la poignée de la porte, s'éclipsant pour me laisser, nu comme un vers, devant mon colocataire. Je rougis comme une tomate devant mon érection grandissante en récupérant précipitamment la serviette parterre, pendant que Aidan me fixe, avant de se cacher brusquement derrière son journal. Je noue fébrilement la serviette en me dirigeant d'un pas précipité dans ma chambre, dont je ne sortirai plus jamais.
Pdv Aidan
Je fixe mon journal d'un œil vide. Mon cerveau s'est fait aspirer... Par une bite. Tout cela ne serait pas un problème si mon propre pénis ne se raidissait pas à son tour dans mon pantalon. C'est à ce moment-là, qu'une voiture passant dans le quartier avec de la musique à fond, achève mes misérables neurones avec ses paroles « Je préfère oublier, oublier, oublier ! Oublier, oublier ! »
- Putain comme si c'était possible ! M'exclamé-je malgré moi.
Je devrais peut-être me soulager... Comme il l'a suggéré. Peut-être même est-ce ce qu'il est en train de faire ?! Contre tout attente, une bouffée de colère s'empare de moi à cette idée, et je me lève brusquement pour débarquer dans sa chambre.
Je tombe sur un Samuel habillé, assit sur son lit et consultant son portable. Quel soulagement ! Les yeux de mon colocataire se lève vers moi, interrogateurs.
- Ben quoi ? Demande-t-il en rougissant légèrement.
- Je... Euhh... Je voulais être sûr que tout allait bien...
Pour me donner une contenance, je me dirige vers la fenêtre, et observe le parc se trouvant en bas de notre immeuble. Plusieurs personnes se baladent avec bonheur, appréciant la douce chaleur de ce début de journée ensoleillée. C'est à ce moment-là que nous entendons quelqu'un sonner à l'appartement. Nous échangeons un regard surpris, puis Sam se lève et sort de la pièce. Je le suis d'un pas décontracté jusqu'à ce qu'il ouvre la porte sur... Oh merde !
Jennyfer pénètre dans l'appart naturellement, sous le regard dur de mon colocataire. Je suis dans la merde... Elle a revêtu une mini robe moulante grise, dont le décolleté permet une vue quasiment intégrale de sa poitrine imposante. Equipée de talon vertigineux, elle s'élance vers moi avec un déhanché d'allumeuse professionnelle. Elle est toujours aussi belle. Ses yeux en amande sont encadrés par de longs cils recouverts d'une épaisse couche de mascara, qui font ressortir ses iris gris acier. Les traits de son visage sont doux et délicats. Pour son métier, c'est un véritable atout, elle inspire la confiance aux inconnus, ce qui peut être avantageux pour les personnes stressées en avion. Ses lèvres pulpeuses affichent un grand sourire. J'arrête de respirer quand elle passe ses mains sur mon torse avec un sourire charmeur pour les remonter dans ma nuque, et qu'elle m'attire pour m'embrasser fougueusement. J'écarquille les yeux de surprise en levant les mains en l'air, conscient que Sam n'en rate pas une miette.
Jenny s'éloigne alors de moi, et fronce les sourcils.
- Et ben alors ? Tu n'es pas content de revoir ton hôtesse de l'air favorite ?
- Heu... Si bien sûr, mais il y a un adolescent juste derrière toi.
- Ahhh, dit-elle d'un ton suave. On continuera en privé dans ce cas, murmure-t-elle en se retournant vers Samuel et en lui tendant la main. Jennyfer, enchantée !
- Samuel, rétorque le jeune homme d'une voix glaciale.
- Je suis une amie d'Aidan, et quand je suis dans les parages, il m'héberge, continue Jenny.
Merde, merde, merde ! J'interviens.
- Oui, mais actuellement, c'est Sam qui loge dans ma chambre d'ami ! Dis-je précipitamment.
- Eh bien ce n'est pas grave, renchérit-elle. Je dormirai avec toi... Insinue-t-elle.
- Dormir ? Avec lui ? Interrompt soudainement Sam.
- Ben oui, pourquoi ? Demande-t-elle innocemment.
- Non, je crois pas, rétorque mon coloc' calmement. Trop calmement...
Pdv Samuel
Ne pas la tuer, ne pas la tuer, ne pas la tuer... Je vais lui broyer sa paire de nibards en plastique à cette pétasse ! Je ferme d'un claquement l'entrée de l'appartement, et me rapproche de la nana, de telle sorte à ce qu'elle soit obligée de s'éloigner d'Aidan, intimidée par mon regard assassin.
- Sam, calme-toi, dit doucement Aidan qui se trouve à présent dans mon dos.
- Que je me calme ? Elle débarque ici comme si elle était chez elle, et se comporte de manière totalement déplacée ! Grogné-je.
- Je n'ai rien fais de tel ! Intervient la garce.
- Sois rassuré Jenny, Sam est juste un peu sur les nerfs, rétorque Aidan en me fusillant du regard.
- T'es sérieux là ?! M'écrié-je.
- Je te le répète, calme-toi, reprend-t-il. C'est une amie.
- Oh, tu roules des patins à toutes tes amies maintenant ?!
- Disons que nous avons une amitié... Particulière, argumente Jennyfer.
- Et nous, nous avons une amitié plus que particulière, lui dis-je en le fixant droit dans les yeux.
- Sam...
- Quoi ?!
- Ecoute, heu... Tu n'as qu'à aller te balader, je vais rester avec Jenny ici, et... Nous allons trouver une solution.
- Est-ce que tu me fous dehors ?! M'exclamé-je.
- Ne le prends pas comme ça...
- Je le prends comme je le ressens !
En fureur, je fais volte-face et quitte l'appartement en trombe sous le regard résigné d'Aidan. A chaque fois que nous faisons ce qui semble être le premier pas, Aidan nous entraine un kilomètre en arrière ! Et on dit que ce sont les femmes qui sont compliquées !