Recueil d'OS - Haikyuu!!

By Eneette

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OS concernant l'univers de Haikyuu, issus de requêtes et défis~ Ne prenez pas tout au sérieux ! More

2. Secret [Miyacest]
3. Une après-midi normale [UshiOiHina - Humour]
Le Painata [HinaKageNatsu]
Stalker [Oikage/One-sided Kagehina]
Le Corbeau et Le Renard

1. Là où est sa place [Rupture Oikage - Kagehina sous-entendu]

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By Eneette


Kageyama Tobio était incroyablement nerveux.

Habituellement, c'était le genre de personne à ne pas facilement se laisser embarrasser et à remarquablement bien supporter la pression. Il n'y avait qu'une personne qui pouvait le mettre dans un état pareil, et les choses étaient d'autant pires qu'il s'apprêtait à rompre avec ladite personne.

De fait, il s'agissait de son ancien aîné, quoiqu'il clame toujours ses droits sur lui, et une des personnalités les plus impressionnantes que Tobio aie eut l'occasion de rencontrer. En deux mots : Oikawa Tooru.

Oikawa et Kageyama avaient un passé commun douloureux, plein de rancœur et où les sentiments positifs avaient été étouffés par les concernés avant même de prendre forme. Leur obsession mutuelle, ce mélange de rivalité et d'admiration, avait finalement abouti à une relation amoureuse. Cela devait faire dans les environs de huit mois qu'ils se fréquentaient, alternant les disputes envenimées et les étreintes passionnées.

Sauf que ça ne pouvait plus durer.

Tobio inspira profondément en repensant aux derniers événements qui l'avaient conduit à cette décision. Hinata et lui avaient toujours été proches, bien sûr, dès le début ; c'était grâce à lui, en grande partie, que Tobio avait appris à faire confiance aux autres, à donner un sens au mot « ami », « partenaire ». Et aujourd'hui... Peut-être plus.

En effet, Hinata avait été horriblement jaloux lorsqu'il avait commencé à sortir avec Oikawa, tout le monde l'avait vu, même Tobio. Et il en avait ressenti, malgré tout, un certain désarroi, l'idée peut-être d'avoir laissé passer une occasion. Il aimait Oikawa, bien sûr, mais l'idée d'une relation avec Hinata lui projetait l'idée d'un amour radicalement différent.

Oui, peu à peu se formait dans l'image de Kageyama l'image d'une relation amoureuse entre lui et Hinata ; ce serait plein d'entrain, plein de vie, de courses le matin, de disputes insignifiantes et de réconciliations sur l'oreiller ; en rien comme les hauts et les bas extrêmes avec Oikawa. Hinata l'encouragerait toujours, le pousserait toujours vers l'avant, lui ferait toujours aveuglément confiance ; est-ce qu'Oikawa le pourrait ? Non, décidément non, il voyait toujours Kageyama comme un rival, Tobio le sentait bien.

C'était ainsi qu'il avait pris sa décision. Hinata lui avait assez fait miroiter les possibilités, à travers un contact physique accru lors des derniers entraînements, qu'il s'agisse de lui taper dans la main ou sur l'épaule, mais aussi par des gestes plus intimes, comme remettre en place une mèche de cheveux. Parfois, se rendait compte Tobio, ils échangeaient de longs regards, que l'un ou l'autre rompait en rougissant légèrement. Aucun doute : Tobio ne resterait pas célibataire longtemps.

Il soupira. D'abord fallait-il passer par la case la plus difficile, annoncer à Oikawa qu'il mettait un terme à leur idylle. Les sentiments naissants qu'il éprouvait pour Hinata n'éclipsaient pas tout à fait le feu qui l'embrasait en pensant à son aîné –mais il devinait aisément qu'il serait infiniment plus heureux dans une relation avec son meilleur ami qu'avec celui qui le considérait comme son ennemi juré. Ces deux amours, radicalement opposés, cohabitaient encore dans son cœur ; et il avait décidé de rayer Oikawa de sa vie pour laisser Hinata prendre toute la place qu'il y méritait.

Oikawa l'avait invité chez lui, et Tobio s'en voulait un peu de rompre à ce moment-là ; mais il se serait trouvé lâche de le faire par message ou par téléphone. Sur le trajet, il imagina la réaction d'Oikawa : sans aucun doute, il le prendrait de haut, le mépriserait, lui dirait de partir et ne jamais revenir. Peut-être lui dirait-il des horreurs dans sa colère, au fond soulagé de se débarrasser de la menace vivante que constituait Tobio.

Kageyama s'y préparait mentalement, à ce qu'Oikawa lui dise froidement qu'il ne l'avait jamais aimé, que ce n'avait été qu'un jeu, et qu'il l'avait, peut-être, trompé plusieurs fois. Oui, c'était ainsi que réagirait l'ancien capitaine de Seijoh –avec une haine froide et mortelle, un dédain absolu, le déni de tout ce qui avait pu se passer.

En arrivant devant la porte de l'appartement d'Oikawa, Tobio eut un instant terriblement peur de la suite, de se laisser affecter par les mots pleins de venin de son futur ex-petit ami. Il visualisa Hinata, son sourire plein de chaleur, ses yeux pétillants, et les images mentales qu'il s'était fabriquées d'eux, ensemble, heureux, pour se donner le courage nécessaire pour frapper.

Oikawa lui ouvrit. Il était toujours un peu plus grand, plus large que Tobio, et s'écarta pour le laisser entrer ; Kageyama décida de s'asseoir dans le canapé, supposant qu'Oikawa prendrait le fauteuil face à lui, et qu'ils pourraient parler là comme deux personnes civilisées.

-Eh bien, qu'est-ce que t'as ? T'es tout pâle. Assied-toi, Tobio-chan. Tu veux manger un truc ?

-Non, merci, répondit Tobio d'une voix faible. Oikawa, il... Il faut qu'on parle.

Il n'osa pas rencontrer son regard, et baissa les yeux ; les battements de son cœur résonnaient dans ses oreilles. Oikawa s'assit face à lui, l'air curieux, se penchant vers lui. Tobio releva brièvement le regard et rencontra ses grands yeux chocolat, inquisiteurs, posés sur son visage en attendant la suite.

-Oui ?

Kageyama avala sa salive, et déclara d'une voix basse et rapide :

-Je crois que ça ne peut plus continuer entre nous.

Il craignit un moment d'avoir inarticulé, et qu'Oikawa le force à répéter. A la place, un lourd silence s'installa, et Tobio eut le temps d'imaginer des dizaines de scénarios différents. « Bien, tu peux partir alors, salut. » « Je me disais pareil, de toute façon. » « Tu ne retrouveras jamais quelqu'un comme moi ».

-Plus continuer ? répéta doucement Oikawa. Tobio-chan... Tu veux dire que tu veux rompre ?

-C'est ça, acquiesça précipitamment Tobio, comme s'il avait peur qu'Oikawa se mette soudainement en colère.

-Pourquoi ?

Kageyama regretta de s'être assis ; debout, il aurait pu faire les cent pas, et se concentrer sur autre chose que son petit ami avec lequel il essayait de casser.

-Je ne pense pas que notre relation soit vraiment... saine, marmonna-t-il. J'ai toujours peur de te vexer en parlant du volley, toujours peur de te déplaire, et puis... Et puis, j'ai rencontré quelqu'un.

Oikawa hocha lentement la tête, les yeux vides, comme s'il s'efforçait d'assimiler l'information ; il se mordit les lèvres.

-Qui ça ? demanda-t-il enfin d'une voix blanche. C'est... C'est Hinata, n'est-ce pas ?

-Oui, reconnut Tobio. Je crois que j'ai des sentiments pour lui.

Oikawa se leva de son fauteuil, et pendant un instant, Kageyama se demanda s'il allait le frapper. La tension dans la pièce était énorme, et il ne se sentait pas loin des larmes, même avec l'idée réconfortante qu'Hinata l'attendait, que le bonheur l'attendait. Mais alors qu'il s'attendait à ce qu'Oikawa le tire du canapé pour le mettre à la porte, il s'assit à côté de lui.

Tobio ne savait pas comment réagir, il n'avait jamais affronté de rupture ; ils avaient construit quelque chose en huit mois, et il devait à présent tout balayer. Il n'osait toujours pas regarder Oikawa, rongé de culpabilité et de peur, et ce fut seulement quand son aîné posa ses mains sur ses joues pour tourner son visage vers lui qu'il put le voir, sans songer à résister à ce geste déjà obsolète.

Il était pâle, ses sourcils légèrement froncés, son expression entièrement sérieuse.

-Tobio-chan...

Kageyama sentit Oikawa sonder les tréfonds de ses yeux en quête de vérité, de la confirmation.

-... Tu ne m'aimes plus ?

Il y avait dans cette phrase tellement de solennité, tellement d'enjeux, que Kageyama resta un instant muet avant de murmurer timidement :

-J'aime Hinata.

Il aurait mille fois préféré voir Oikawa crier et l'insulter plutôt que de voir une telle déception se peindre sur son visage. Habituellement, lors de leur dispute, ils s'emportaient tous les deux, Oikawa disait des choses blessantes qu'il ne pensait pas, Tobio répondait des vérités qu'ils ne voulaient pas entendre, et ils finissaient par faire semblant que rien ne s'était passé. Mais jamais encore Kageyama n'avait vu Oikawa anéanti de la sorte.

-Mais moi, je t'aime, répondit Oikawa, tout doucement, d'une voix brisée. Je t'aime vraiment, Tobio.

Kageyama avait rarement vu Oikawa pleurer –une fois seulement, au collège, après avoir perdu contre Shiratorizawa. Et il n'avait certainement pas imaginé un jour voir Oikawa pleurer pour lui –mais c'étaient bien des larmes qui se formaient dans les yeux de son aîné, les faisaient étinceler et menaçaient de déborder. L'une d'elle finit par couler, et Tobio l'essuya maladroitement.

-Je suis vraiment désolé, Oikawa.

Il se sentit terriblement stupide, à ne pouvoir rien faire, à ne pas pouvoir changer sa décision ; il n'avait pas du tout pensé à ce qu'Oikawa réagisse comme ça et laisse sa fierté de côté pour lui.

-Tu seras toujours mon modèle, tu sais, marmonna-t-il, comme s'il se sentait obligé de dire quelque chose pour le consoler.

Il ne pouvait pas rester là à regarder le visage défait d'Oikawa, c'était au-dessus de ses forces. Au fond, c'était comme un mythe qui se brisait –Oikawa n'était pas cette idole terrifiante, cet être au-dessus de lui, toujours forte et glaçante ; c'était un être de chair, de sentiments, et à ce moment, il était faible, vulnérable devant lui.

Tobio amorça un geste pour se lever du canapé, et la main d'Oikawa enserra immédiatement son poignet.

-Attends ! Ne pars pas ! s'écria-t-il, et sa voix trahissait son désespoir. Tobio, s'il te plaît. Je vais des efforts, je te le promets. Je suis désolé, je suis vraiment désolé ! Je n'ai jamais voulu te faire de mal !

Tu ne m'en as pas fait, songea Tobio. On s'est détruits tous les deux, ensemble, à la même mesure. Oikawa se leva à son tour pour lui faire face, le poignet de Tobio toujours captif de l'étau de sa poigne.

-J'ai parfois mal agi, je le reconnais, je le sais. Je sais qu'on est loin d'être le couple parfait. On se dispute tout le temps, on ne se comprend pas, on ne se ressemble pas. Tu me détestes quand je sors avec mes amis, quand je fais le beau devant les filles, quand je ne veux pas parler de volley avec toi. Je te déteste quand tu ne fais pas attention à moi, quand tu montres à quel point tu es doué au volley, quand tu parles de Hinata...

Il passa sa main libre sur ses joues pour essuyer ses larmes, et poursuivit, plus calmement, plus tristement aussi :

-Et pourtant, je me suis attaché à toi. Je ne te le dis pas, mais je suis fier de ce que tu es, de ce que tu fais. Tobio, je t'aime. Je t'aime vraiment. S'il te plaît, ne pars pas.

Cette déclaration comme dernier espoir, comme chant du cygne, toucha profondément Tobio. Une part de lui aurait voulu rester ; une autre savait que sa place se trouvait ailleurs.

-Je dois partir. Je suis désolé, répéta-t-il.

Il dégagea son poignet, fit volte-face et se hâta vers la porte, de peur qu'Oikawa ne voie combien il était bouleversé, lui aussi, de ces derniers aveux auxquels il ne pouvait plus répondre. Mais Oikawa le devança, se positionna devant la porte et bloqua Tobio à l'intérieur ; son expression était passée de la douleur à la colère.

-Tu crois que je vais te laisser partir ? Tu crois que je vais te laisser le rejoindre ?

Il empoigna cette fois Kageyama par les épaules et le secoua légèrement :

-Tu crois que tu seras plus heureux avec lui qu'avec moi ? Et que je vais tolérer ça ? T'as pas le droit de me faire ça, Tobio ! Je ne veux pas que tu partes !

Il le lâcha tout à coup, et recula d'un pas, comme s'il réalisait ce qu'il était en train de faire, le niveau de désespoir qu'il avait atteint ; Tobio, un peu sonné, le vit reculer et se heurter le dos contre la porte, puis leva ses mains pour cacher son visage. Des sanglots étouffés s'échappaient d'entre ses doigts crispés et humides. Jamais, jamais Tobio n'avait vu Oikawa dans cet état.

Il s'avança tout doucement vers lui, inquiet de ce qui pouvait se passer à présent. La colère semblait s'être dissipée aussi soudainement qu'elle était arrivée, et n'être plus que pure tristesse. Il aurait aimé ne jamais voir, ne jamais savoir tout cela, partir sans regret ; être poussé dehors par des mots de haine, plutôt que d'être tiré à l'intérieur par des mots d'amour.

Kageyama posa ses doigts sur ceux d'Oikawa, l'encouragea à baisser ses mains et révéler son visage. Pendant un instant, ils se regardèrent dans les yeux.

-Tobio, murmura finalement Oikawa. Pourquoi est-ce que tu pleures ?

Il ne s'en était pas rendu compte jusque là, mais ses joues étaient trempées. Il n'avait pas senti les larmes couler.

-Parce que je t'aime, murmura-t-il. Mais ma place n'est pas ici.

Sa place était aux côtés de Hinata. Ils le savaient tous les deux.

Il ne résista pas quand Oikawa posa ses lèvres sur les siennes une dernière fois pour un baiser d'adieu, bref et au goût de sel.

-Je compte bien te reconquérir, murmura Oikawa lorsque Tobio ouvrit la porte pour sortir. Je te le promets.

Kageyama ne sut que répondre. Il fit un bref hochement de tête, incertain s'il devait en ressentir de la joie ou de la peine ; mais enfin la porte se referma, et il partit lentement. Il lui faudrait du temps pour s'en remettre, bien sûr –mais il ne doutait pas que son avenir serait radieux, illuminé par la présence solaire de Hinata. Et, à travers ses dernières larmes, il eut un sourire.

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