PDV Izuku
Après de longues heures de marches, nous trouvons un petit coin tranquille pour entamer notre déjeuner. Nous nous asseyons sur le tronc d'un arbre qui devait être tombé assez récemment. Todoroki laisse un long soupir d'aise résonner dans la forêt tandis que la fatigue nous gagne.
— Cet exercice est plus physique qu'il n'y parait, lâche t-il.
— Ça c'est sûr.
Nous commençons à déballer notre pique-nique avec envie. Sans attendre, je mords dans le pain de mon sandwich tandis que mon ventre crie famine. Le goût se propage dans ma bouche, me procurant une certaine satiété. Mais tandis que je me régale avec mon encas, je sens le regard brûlant de Todoroki se poser sur moi. J'essaye de passer outre, mais il est bien trop insistant. Je tourne alors la tête vers lui, apercevant un sourire tendre dessiné sur son visage.
— Qu...qu'est ce qu'il y a ? demandé-je tandis que je me sens rougir.
— Rien, répondit-il en rigolant légèrement, disons que tu as une manière de manger assez originale.
— Pardon ?
Puis il se met à rire. Même si il semble se moquer de moi, il est tellement rare de l'entendre rire que cela me procure un sentiment de joie profonde.
— On dirait un hamster.
Je manque de m'étouffer avec mon sandwich tandis que Todoroki rigole encore. Moi ? Un hamster ?
— Pas du tout ! protesté-je, je mange normalement.
— Pourtant lorsque tu manges, on a l'impression que tu cherches à faire des réserves de nourriture, ajoute-il.
— C'est juste ma manière de manger...
— Donc tu avoues que tu manges comme un hamster.
— Mais pas du tout !
Puis nous rigolons ensemble tandis que je manque à nouveau de m'étouffer. La conversation continue, nous parlons de tout et de rien. A cet instant précis, j'ai l'impression de rêver. Je suis assis à ses côtés, et nous parlons sans nous arrêter tout en rigolant. C'est si reposant après la matinée que nous avons passé à marcher et à chercher toute sorte de végétaux et d'animaux.
— Midoriya, commence t-il tandis que je range le reste de mon pique-nique, qu'est-ce que tu avais ce matin ? On aurait dit que tu étais sur le point de pleurer...
Je me fige lorsque j'entends sa question. Voilà ce que je redoutais le plus depuis le début de cet exercice, qu'il me pose cette question. Pourtant tout semblait si agréable jusqu'à maintenant. Alors pourquoi faut-il qu'il revienne sur ce sujet ?
— Midoriya ? demande t-il lorsqu'il voit que je ne réponds pas.
— Rien, je n'avais rien, dis-je plus froidement que je ne l'aurais voulu.
Puis je me lève, mettant mon sac sur mon dos, prêt à repartir. Je sens à nouveau son regard se poser sur moi, me détailler tandis que je lui tourne le dos. Je l'entends se lever à son tour et prendre son sac. Puis il s'arrête à côté de moi tandis que j'essaye d'éviter son regard.
— Si tu ne veux pas en parler, je comprends, lâche t-il. Mais sache que si l'envie te viens d'en parler, je serai là pour t'écouter.
— Merci, Todoroki.
Un léger sourire se dessine sur mon visage comme sur le sien. Puis nous reprenons la route, nous dirigeant vers la cascade au centre de la montagne. Il se trouve là-bas des animaux que nous pouvons trouver et observer. Je feuillète le carnet tandis que je tombe sur un animal plutôt flippant.
— On peut vraiment trouver ça là-bas ? dis-je avec une pointe de dégoût dans la voix.
Je sens Todoroki se pencher par-dessus mon épaule, jetant un coup d'oeil à mon carnet. Malgré moi, mes joues prennent une teinte légèrement rosées.
— J'ai pas vraiment envie de le croiser...
Sur le carnet, nous avons la photo d'un poisson assez long à l'allure répugnante. Il est également doté de dents assez flippantes.
— C'est un brochet, dis-je en lisant la description en bas de la photo.
— Espérons qu'on ne le croisera pas.
— Au contraire, ça peut être interessant de le trouver.
Je sens Todoroki me regarder d'une manière assez étrange.
— Alors je te laisserai t'en occuper.
— Pourquoi, tu as peur des poissons ? demandé-je pour l'embêter.
— Disons que je ne serai pas très à l'aise avec celui-là en particulier.
— C'est vrai qu'il n'est pas très accueillant...
J'essaye de le cacher, mais je ne suis pas non plus très à l'aise à l'idée de croiser son chemin...
— Espérons qu'on ne tombera pas dans l'eau, ajouté-je.
Je le vois acquiescer tandis que j'entends le bruit de l'eau qui se rapproche. Nous nous dépêchons et nous arrivons face à une grande cascade d'eau à la verdure incroyablement riche. Pendant un instant, nous restons tous les deux silencieux, regardant avec admiration le paysage qui s'offre à nous.
— Ouah, lâche Todoroki.
— Tu l'as dis, ouah.
Nous nous approchons de la cascade, contournant le bassin où s'écoule la chute d'eau. Plus nous nous rapprochons, plus le bruit de l'eau devient fort. J'observe le haut de la cascade en mettant ma main en visière à cause des rayons du soleil. Le paysage est juste magnifique.
— Tu crois qu'il y a une grotte derrière la cascade ? demande Todoroki en élevant la voix, histoire de couvrir le bruit de la chute d'eau.
— Pourquoi ?
— Je vois ça souvent dans les films et les livres, ça pourrait être sympa si ça pouvait être vrai.
Je rigole légèrement, même si Todoroki semble mature, il reste tout de même assez naïf.
— Je crois que tout ce que tu verras, c'est un tas de rocher, pas une grotte.
— Dommage, ça aurait été sympa.
Je souris lorsque je vois sa mine déçu, il est vraiment trop mignon.
Je commence alors à escalader les quelques rochers qui se trouve en face de moi, me dirigeant vers l'endroit le plus profond.
— Attends, qu'est-ce que tu fais ?
— Le bassin est plus profond par là-bas ! On a plus de chance d'observer le brochet de ce côté !
— Attends, tu tiens vraiment à le voir ?
— Oui, je te l'ai dis tout à l'heure non ?
Je vois son visage se décomposer petit à petit lorsqu'il jette un coup d'oeil au bassin. C'est alors que je comprends.
— Attends, t'as peur de l'eau ?
— Des profondeurs, nuance.
Je descends alors de là où je suis monté, me plantant à nouveau devant lui.
— C'est pas très profond là-bas, un mètre trente tout au plus.
— Pourtant on ne voit pas le fond...
Je jette un oeil vers le bassin, il est vrai qu'on ne voit pas le sol.
— C'est à cause des algues, déclaré-je.
— C'est de l'eau douce.
— Il y a des algues dans de l'eau douce.
Je comprends alors que je ne gagnerai pas ce débat.
— Bon, tu n'as qu'à rester ici, je peux m'en sortir ne t'inquiète pas.
Je me dirige à nouveau vers le rocher que je grimpe à nouveau. Lorsque je suis de l'autre côté, je vois qu'il y a encore moins de place pour marcher. J'ai intérêt à faire attention si je ne veux pas tomber. Mais tandis que je m'apprête à reprendre mon chemin, j'entends Todoroki atterrir derrière moi.
— Je croyais que tu voulais rester de l'autre côté, dis-je avec un léger sourire moqueur.
— Je n'ai jamais dis ça, tu en as conclut tout seul. Et puis il faut bien quelqu'un pour assurer tes arrières.
Je souris, me dirigeant vers le fond du bassin. Je fais bien attention où je mets les pieds, histoire de ne pas tomber dans l'eau la tête la première. Mais tandis que j'essaye de garder l'équilibre, je sens la main de Todoroki se refermer brutalement sur mon bras, ce qui manque de me faire perdre l'équilibre.
— Dé... désolé, j'ai failli tomber.
Je jette un rapide coup d'oeil sur sa main qui tient encore mon bras.
— Ne t'inquiète pas, tu... tu n'as qu'à te tenir à moi si tu ne veux pas tomber.
Il acquiesce d'un simple signe de tête et resserre sa prise sur mon bras. Après quelques mètres assez périlleux, nous arrivons à un endroit plus large où aucun de nous deux ne risque de tomber. Nous reprenons notre souffle tandis que je jette un rapide coup d'oeil au bassin sous nos pieds. Je m'allonge alors sur le ventre, me penchant légèrement vers l'eau tout en m'assurant de ne pas glisser. Et j'attends.
— Qu'est-ce que tu fais ? me demande le bicolore.
— Et bien j'attends qu'un brochet passe.
Un silence s'installe tandis que je l'entends s'allonger à côté de moi dans la même position. Nous attendons ainsi, laissant seulement le bruit de la cascade résonner autour de nous. Soudain, un rayon de soleil s'infiltre jusqu'à nous, faisons reluire la surface de l'eau. C'est alors que j'aperçois ce que nous cherchons.
— Regarde, le brochet est là !
Todoroki se tourne vers l'endroit que je lui montre. Comme moi, il reste bouche bée face à la taille de ce poisson terrifiant.
— Il mesure combien à ton avis ? demandé-je.
— Et bien, je dirais qu'il mesure au moins cinquante ou soixante centimètres...
Sacré bestiole.
Je me dépêche de me munir de mon carnet pour marquer ce que je vois, Todoroki fait de même. Mais lorsque le rayon de soleil s'estompe, le brochet semble disparaître.
— Dommage, commenté-je, j'aurais bien aimé en écrire un peu plus.
Mais au moment où je ferme mon cahier, le dit poisson se projette jusqu'à notre hauteur. En l'espace de quelques secondes, je vois le brochet s'approcher de mon visage avec ces dents acérées qui ne semblent vouloir qu'une seule chose, se planter dans mon visage.
Soudain, je sens une poigne se refermer sur mon bras, me tirant brusquement hors de la trajectoire de ce poisson effrayant. Lorsque je rouvre les yeux, je suis allongé sur le sol, dans les bras de Todoroki.
— Tout va bien ?! me demande t-il paniqué, il ne t'a pas touché ?
Je peine à retrouver mes esprits. Mais tout ce que je comprends, c'est que je suis dans ses bras et qu'il se tient au-dessus de moi. Je me sens rougir tandis que j'essaye de ne pas le regarder.
— Ou-oui ! Je vais bien ne t'en fais pas.
Mais nous restons un moment comme ça, à se regarder dans le blanc des yeux sans bouger. Ce moment me semble durer une éternité, mais je n'ai pas envie qu'il s'arrête. Soudain, il semble se rendre compte qu'il se tient au-dessus de moi, me regardant fixement. Il se relève, se dégageant tout en rougissant légèrement. Je me relève aussitôt, sentant mon coeur battre à mille à l'heure.
— Tu devrais rajouter que ce poisson semble carnivore, dit Todoroki en essayant de faire de l'humour.
— Oui, tu as raison, répondis-je en rigolant légèrement.
Il se relève, me tendant la main pour m'aider à me relever. Je m'en empare, me mettant ainsi sur mes deux jambes. Sa main est encore encore dans la mienne lorsque je me relève. J'ai envie de ne jamais la lâcher, de rester ainsi pour toujours. Mais je suis obligé de la lâcher, la laissant mollement retomber le long de mon corps.
Nous rebroussons chemin, nous éloignant ainsi de la cascade absolument magnifique. L'ambiance entre nous deux semble bien plus pesante désormais. Mais cette fois-ci, c'est lui qui semble tendu, pas moi. J'ai envie de lui demander ce qui ne va pas, mais je n'ose pas, j'ai beaucoup trop peur de sa réaction.
— Dis-moi Midoriya, est-ce que tu a déjà été amoureux ?
J'ai cru que j'allais m'étouffer avec ma propre salive.
— Si j'ai déjà été amoureux ? répété-je surpris.
— Oui, répond-il timidement.
— Et bien... oui. Et... et toi ?
— Non, jamais.
Je ne sais pas pourquoi, mais sa réponse me fait atrocement mal. Mes yeux me brûlent à nouveau mais je m'efforce de ne pas pleurer. À la place, j'accélère le pas, prétextant le fait que nous devions nous dépêcher de continuer nos recherches. Il était à peine treize heure lorsque que nous avions quitté la cascade. J'ignorais encore que dans à peine une heure, j'aurai un soucis encore plus important que mes peines de coeur. Le compte à rebours était lancé, et il allait être destructeur.
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Et voilà ! C'est la fin du chapitre 3 😊. J'espère qu'il vous aura plus car dans le prochain, l'action commence ! Donc n'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé 😉
A bientôt !