Minuit approchait à grands pas et je n'en pouvais plus de tourner en rond dans ma chambre. Trop de pensées se bousculaient et je n'avais aucune réponse à mes questions. Mais ce temps était bientôt révolu. Je plaçais beaucoup d'espoir en Johnson. D'ailleurs en y repensant je trouvais la situation amusante. Je ne le connaissais pas mais pour lui j'étais tout de même prête à enfreindre pas mal de règles comme celle qui nous interdisait de nous déplacer dans l'enceinte de l'école une fois que le couvre-feu avait sonné. Je voulais tellement obtenir de réponses que j'étais prête à tout pour y arriver. Je devais faire très attention à ne pas me faire surprendre. Des patrouilleurs faisaient des rondes dans les couloirs de l'école et il fallait à tout prix les éviter. Je ressentais une certaine adrénaline que je n'avais jamais connue avant aujourd'hui. Mais j'avais aussi compris les rondes des patrouilleurs. C'était une information que mon cerveau avait enregistrée sans même faire attention. Ils empruntaient toujours le même itinéraire. Je savais par exemple que dans le couloir situé à ma droite se tenaient deux patrouilleurs qui se dirigeaient vers l'escalier au fond du couloir. Je savais qu'il fallait que j'attende seulement dix secondes et qu'ensuite le couloir serait libre. J'étais également consciente qu'une fois arrivée au rez-de-chaussé j'allais croiser d'autres patrouilleurs mais qu'à cette heure-ci ils allaient emprunter l'aile ouest du bâtiment, soit l'opposé de l'endroit où je me dirigeais. J'avais enregistré toutes ces données sans même m'en rendre compte alors même que je n'étais jamais sortie de ma chambre le soir. Comment j'y parvenais? Je l'ignorais.
J'avais ainsi pu atteindre le parc de l'Académie et j'étais à présent en train de longer le bâtiment pour ne pas me faire remarquer. L'entrée se trouvait maintenant à vingt mètres de moi. Je n'y étais jamais venue avant ce soir. Une fois arrivée devant je remarquais que Johnson ne s'y trouvait pas et cela m'inquiétait. S'agissait-il d'un piège? Était-il en retard ou lui était-il arrivé quelque chose?
Soudain, je sentais une présence derrière moi. Son doigt posait sur ses lèvres Johnson me faisait signe de me taire puis de l'autre main il me demandait silencieusement de le suivre.Nous venions de pénétrer dans le bâtiment B. Pourquoi n'y étais-je jamais venue avant? Il ressemblait fortement au bâtiment principal où les cours étaient dispensés. Sauf que je remarquais qu'il y avait des caméras de vidéosurveillances. Inquiète, j'avais montré ces caméras à Johnson qui s'était contenté de murmurer.
-Elles sont désactivées.
Il était en train de m'emmener dans le couloir de gauche qui était plongé dans le noir. Tout d'un coup mon côté téméraire commençait à disparaître pour laisser place à l'inquiétude. Mais très vite Johnson poussait une porte pour y entrer. Je me trouvais à présent dans une pièce entièrement blanche et lumineuse. Ma première réaction était de chercher l'interrupteur pour éteindre la lumière afin de ne pas nous faire remarquer. Sauf que cette envie avait vite été éclipsée lorsque je m'étais rendue compte de l'endroit où je me trouvais. Devant moi s'étalaient des dizaines d'écrans semblables à des peintures accrochées sur le mur. Chacun d'eux projetait une image différente. Je voyais une représentation du centre-ville d'un village. J'apercevais sur un autre une ruelle sombre et désertique. Sur d'autres encore je pouvais voir un parc plongé dans le noir. Je trouvais ces peintures très réalistes. Sauf que... je m'étais rendu compte que ces images bougeaient. Sur l'un des écrans je venais de voir un chat passer dans une rue. Comment ces peintures pouvaient-elles bouger? M'avait-on drogué?
- Bienvenue dans le centre opérationnel.
Johnson venait de s'asseoir sur une chaise et regarder d'un air triste les écrans. Je ne pouvais m'empêcher de m'approcher d'eux. Qu'est-ce que c'étaient?
-C'est comme ça que le Bureau nous contrôle tous.
Je me tournais vers Johnson qui fixait toujours les écrans. Je lui demandais alors.
-Qu'est-ce que ça signifie?
-Tu es intelligente Ambre. Tu as sans doute entendu parler des vidéos de surveillance. Tu en as vu à l'entrée du bâtiment quand tu es arrivée ici.
Je m'en rappelais effectivement. J'avais toujours cru qu'ils avaient tous étaient détruits après la guerre.
- Les vidéos de surveillances ne sont utilisées que si on dispose d'un écran pour les regarder. Filmer c'est bien. Mais encore faut-il voir ce qu'on voit. Et ces écrans servent à ça. Le Bureau ne se contente pas de filmer l'entrée de l'Académie.
Il désigna les nombreux écrans qui nous faisaient face.
-Mais ça ce n'est qu'une partie. Dans tout le bâtiment il y a des pièces comme celle-là. Tu imagines le nombre de caméras ?
Je restais fixer sur les écrans sans réagir. Comment cela pouvait-il être possible? Lorsque la guerre avait éclatée et que le nouveau gouvernement en place avait été élu, il avait supprimé toutes les caméras, estimant qu'il s'agissait d'un progrès technologique dangereux et inutile. Ensuite lorsque le Bureau de la génétique avait été créé quelques années après, ce dernier avait également apporté son soutien au gouvernement. Mais tout cela n'était que mensonge. Le Bureau disposait de caméras de vidéos surveillance.
-Est-ce que le gouvernement est au courant?
-Tu ne comprends donc pas? Il ne contrôle plus rien Ambre.
Je voulais le croire mais je n'y arrivais pas. Le Bureau était une organisation créée par le gouvernement pour l'aider grâce aux génétiques. Au fur et à mesure des années le Bureau avait certes acquis plus de pouvoir et notamment une autonomie pleine sur le traitement des positifs, mais il restait tout de même affilié au gouvernement à qui il devait rendre des comptes. Johnson repris.
- Cela s'est passé tout en douceur. Personne n'a rien ne vu ni remarqué trop occupé par ses propres problèmes. Mais le Bureau n'est plus une organisation sous le contrôle du gouvernement. Il a pris son indépendance et ne rend de compte à personne. Pourquoi crois-tu que le Bureau puisse faire ce qu'il veut avec les positifs? Quand tu lis le traité de la génétique tu te rends bien compte que les positifs n'obéissent qu'au Bureau.
-Oui ça je sais. Mais je pensais aussi que le Bureau obéissait au gouvernement et que donc nous aussi de façon indirecte.
-C'était le cas avant. Plus maintenant.
Le silence s'installa quelques instants. Mais je repris.
-Pourquoi tu me montres ça?
- Parce que tu es différente. Quand je t'ai croisé la première fois j'ai su ce que tu pensais réellement du Bureau. Tu ne l'aimes pas et tu souhaiterais être ailleurs. Tous les jours je croise les mêmes personnes ici. Des gens aveuglés par ce que le Bureau nous promet. Des personnes en admiration devant une organisation qui leur ment. Mais toi tu as compris qu'on ne te disait pas tout. Tu as saisi qu'être positive n'était pas forcément un atout.
-C'est surtout que je me destinais à faire autre chose de ma vie.
-Peu importe tes motivations, tu n'es pas aveuglée par le Bureau.
Johnson avait raison. Au début je n'approuvais pas le Bureau car je souhaitais être indépendante et mener ma propre vie. Mais depuis que j'avais intégré l'Académie, ma vision du Bureau avait changée. J'avais compris que le Bureau était loin de la belle organisation au service de la population qu'elle prétendait être.
-Qui est tu Johnson?
- Je suis un positif comme toi, qui désirais simplement avoir une autre vie. Je voulais juste te montrer une partie du vrai visage du Bureau
Je ne comprenais rien à ce qu'il me racontait. Pourquoi m'emmenait-il ici pour me révéler tout ça? Qu'attendait-il de moi ? Johnson repris alors.
- Quand j'ai compris ce que le Bureau était réellement j'ai eu envie de m'en aller. Mais si je le fais on tuera ma famille pour désertion. Alors comme j'étais coincé ici j'ai voulu chercher de quoi nuire au Bureau. Une sorte de monnaie d'échange contre ma liberté et celle de ma famille.
- Ce que tu dis est faux. Jamais le bureau ne s'en prendrait à nos familles. Qu'on la quitte sans leur accord est effectivement un crime et on risque la mort, mais seulement nous.
-Tu crois vraiment ça? Le Bureau veut tout faire pour nous garder. Nous représentons à leurs yeux un investissement. Pour nous garder il n'hésite pas à menacer nos familles et quand tu y réfléchis bien il a raison. Ça fonctionne.
Je ne répondais pas à sa phrase car je savais qu'au fond il avait raison. Je connaissais mon destin si jamais je désertais. Nous étions tous prévenu de la peine capitale qui s'affligeait en cas de départ non autorisé. Mais je n'avais jamais cru que le Bureau pourrait s'en prendre à nos familles.
-Qu'attends-tu de moi?
-Une seule chose . Que tu questionnes ton père sur le terme Alpha. Je sais que tu voulais des réponses mais moi-même je ne les aie pas. Mais je n'ai rien trouvé à part ce terme et que le nom de ton père y était associé. Tout a été volontairement effacé. Et il doit y avoir une raison.
Il était effectivement étrange que Johnson retrouve le nom de mon de mon père dans le registre et qu'il soit associé à Alpha.
Je lui demandais alors.
.-Et tu espères qu'en obtenant une réponse sur ce qu'est Alpha , tu pourras partir librement ?
- Ton père était un positif et son nom était associé à Alpha. Comment expliques-tu qu'à présent il soit considéré comme négatif? Il a pu quitter le Bureau librement. Cela doit avoir un rapport avec Alpha.
-Il n'a aucun souvenir de son test et encore moins d'avoir été positif.
- La mémoire lui a été retirée mais avec de l'entraînement on peut la retrouver. C'est un ancien positif. Son cerveau est toujours opérationnel même s'il ne le sait pas. Il a les capacités pour retrouver la mémoire.
Je regardais pendant un moment Johnson qui fixait toujours les écrans. Il semblait sincère mais pouvais-je réellement le croire? Tout cela semblait absurde. Mon père était un commerçant et non un ancien positif associé à une chose que je ne comprenais pas.
-Que sais-tu d'autres sur le Bureau? Tu as dit que ce n'était qu'une partie.
-Tu l'appendras par toi-même.
-Non ! Je veux que tu me le dises.
Pourquoi est-ce que personne ne répondait jamais à mes questions?
-C'est trop dangereux. Ce que je t'ai dit est déjà risqué. Si un des membres du Bureau arrive à lire ton esprit...
- Tu veux dire qu'on peut vraiment lire dans mes pensées?
Pour la première fois les yeux verts de Johnson s'étaient posés sur moi.
- Ce n'est pas exactement ça. Quand on arrive à un certain niveau de la formation on apprend à ressentir les émotions d'une personne et à les décrypter. Mais encore faut-il se concentrer sur une émotion en particulière. C'est ce que j'ai faits. Je cherchais une personne ressentant la même chose que moi et je t'ai trouvée. Tant que le Bureau n'a aucun doute sur toi, il ne se posera pas de question et n'essayera pas de deviner ton sentiment. Mais plus je te relèverai de chose, plus ton sentiment de méfiance envers le Bureau sera grand et donc facilement détectable.
-Mon ressenti est déjà très grand là, crois-moi.
-Raison de plus pour ne rien te dire. Pas tant qu'on aura compris ce qu'Alpha signifie en tout cas.
Johnson avait refusé de m'en révéler davantage. Il s'était muré dans son silence et nous avions quitté le bâtiment en silence.Il m'avait fait promettre de ne rien révéler et je l'avais bien évidemment rassurée. Depuis mon arrivée à l'Académie je m'étais sentie seule. J'avais certes Ivy mais au fond je ne savais pas ce qu'elle pensait du Bureau. Quant à Roman nous ne nous parlions plus et je le lui faisais pas confiance. Mais à présent je n'étais plus seule.
-/----
Fin du chapitre
Et voilà enfin quelques révélations
Oui je sais on ne sait toujours pas ce qu'est alpha mais on progresse mdr
Déjà on sait pour son père
Et on connaît enfin les motivations de Johnson
D'ailleurs j'ai besoin de vous !!! Je cherche un prénom pour ce Johnson !!! Alors j'attends vos propositions 😁 j'aimerai un prénom original et joli à prononcer 😂
Reste plus qu'à connaître celles de roman mdrr
J'espère que ce chapitre vous a plu !!
À très vite pour le prochain