Attiré par les rayons du soleil qui filtraient dans la chambre Mohammed ouvrit les yeux brutalement. Au creux de son bras, la jeune femme dormait paisiblement et aucun des deux semblait avoir bougé pendant la nuit. Il tourna la tête pour consulter l'heure et s'aperçut ébahi qu'il était déjà dix heure. Une première pour lui. Précautionneusement il retira ses bras qui entouraient sa taille sans quitter des yeux son visage apaisé. Ses long cils déployés comme les ailes d'un aigle, la bouche en cœur, Tara était sans aucun doute la tentation incarnée. Déjà, une pulsion primitive se logea dans son bas-ventre. Il dut fermer sa main en point pour contrôler ce désir inépuisable qui l'habitait depuis des jours. Il planta un baiser sur sa tempe et se leva. Des sentiments contradictoires se bousculaient en lui. Il se sentait à la fois heureux et coupable d'avoir jeter son dévolu sur cette jeune femme innocente et si fragile. Il remonta les couvertures sur elle pour cacher la vision de ses cuisses dévoilées et enfila un tee-shirt à la hâte pour descendre dans le salon.
Anaya, fidèle au poste tournait comme une lionne en cage autour de la table qu'elle venait certainement de préparer depuis plusieurs heures.
- Bonjour Anaya.
Celle-ci posa sa main sur son cœur.
- Oh mon dieu ! J'ai crû que vous étiez mort ! S'écria-t-elle l'air affolé tandis qu'il descendait les marches.
Il n'eut pas le temps de répondre qu'elle reprit le souffle court.
- Mais il y a bien pire ! Tara a disparue !
Mohammed attrapa la télécommande pour faire sortir son écran plasma du mur tout en haussant un sourcil.
- Eh bien, je suis ravi de savoir que ma mort passe au second plan, déclara-t-il en faisant mine d'être blessé.
Anaya rougit d'embarras.
- Tara en haut elle dort, dit-il en désignant l'étage du menton.
Anaya battit des paupières énergiquement pour assimiler la nouvelle.
- Oh....
- Nous sommes rentrés plus tôt que prévu et elle a dormi avec moi, expliqua-t-il en s'apprêtant à allumer le téléviseur.
- Si j'étais vous votre altesse je ne ferais pas ça ! Prévint-elle affolée.
Mohammed savait déjà ce qui l'attendait.
- Vraiment ? Lança-t-il en allumant la télé ; Rassure-toi Anaya, c'est moi qui aie parlé à Akim hier.
Anaya se détendit la seconde suivante le regard néanmoins très inquiet.
Toutes les chaines d'informations parlaient que de lui. Inspirant profondément il lut les bandes d'informations qui défilaient en bas de l'écran.
Le présentateur débitait un flot d'informations qui le concernait.
- C'est l'affolement général dehors, déclara Anaya l'air désespéré. Aziz est en train d'organiser une conférence.
- Il fallait bien passer par-là, dit-il avec humeur.
- Le peuple est sous le choc, ajouta Anaya en arpentant la pièce.
Mohammed demeura interdit.
- Le roi a été sali par cette femme ! S'exclama l'un des spécialistes ; Maintenant que nous savons ce qui l'a conduit à l'hôpital il est difficile de ne pas s'en faire pour le roi.
Mohammed laissa échapper un rire amer.
- Amalia a tout de même fait croire à la presse que c'est lui qui avait ordonné son exile, enchaîna le présentateur ; Depuis tout ce temps elle a mené tout le monde en bateau.
- Quand est-il de sa majesté après cette ignoble bavure ? Sera-t-il capable de reprendre une femme digne de confiance ?
Mohammed déglutit avec amertume en regardant le journaliste reprendre sa fiche.
- Rappelons tout de même à nos téléspectateurs que selon des sources proche du royaume qu'il a été vu avec une femme hier soir lors d'un dîner qui...
Mohammed coupa la télé en lâchant in juron.
- Cette affaire n'est pas prête de se dissiper, conclut Anaya en se frottant les bras.
- Peu m'importe, siffla-t-il entre ses dents ; Je ne veux pas de pitié.
- Ce n'est pas exactement de la pitié mais surtout l'éclat d'une vérité que le pays attendait.
- Et maintenant je suis considéré comme le roi maudit que l'on pleure, lâcha-t-il froidement.
- Oh non, murmura Anaya avec un triste sourire ; Ne dites pas cela votre majesté.
Mohammed souleva les cloches sèchement.
- Ne t'en fait pas Anaya, j'ai confronté bien pire que la pitié d'un peuple, conclut-il en tournant son regard vers elle.
Anaya semblait peinée et quitta ses appartements en lui offrant un sourire de circonstance. Une fois seul il se passa une main sur son visage et sentit la présence de la jeune femme s'épaissir autour de lui. Elle était en haut des escaliers, le regard empreint de bonheur comme si elle était encore en train de rêver. Son sang se mit à bouillonner dans ses veines alors qu'elle descendait les marches maladroitement. Même au réveil elle était ravissante.
- Bonjour, parvint-t-il à dire en s'approchant d'elle à pas mesuré.
Les cheveux ébouriffés, un sourire timide se dessina sur ses lèvres.
- Bonjour Mohammed, tu as bien dormi ?
- Suffisamment pour m'être réveillé tard.
Possessivement, il lui prit le menton pour capturer ses lèvres. Mohammed savait qu'il se risquait à chaque fois à succomber à cette tentation ambulante. Peu lui importait. Aujourd'hui la journée serait longue, il le savait. La presse ne s'arrêterait pas à une simple déclaration. Il avait besoin d'elle.
- La journée risque d'être longue, soupira-t-il en s'écartant.
Tara lécha sa lèvres inférieure en fronçant des sourcils. Elle venait de passer une nuit merveilleuse et n'avait qu'un seul désir, qu'elle recommence. Hélas, Mohammed semblait tracassé.
- Que se passe-t-il ? demanda-t-elle alors qu'il lui tirait sa chaise.
Tara s'installa en bout de table et le suivit des yeux lorsqu'il se mit dos à elle pour contempler l'horizon.
- Hier soir, j'ai dû expliquer à l'un des dignitaires religieux ce qu'il m'était arrivé, enfin, plutôt pourquoi mon mariage avec Amalia a échoué.
- Oh...
Il soupira bruyamment sans se retourner.
- Maintenant tout le pays est au courant, reprit-il en secouant sa tête.
- Est-ce que c'est grave ? S'enquit-elle inquiète.
- Non, répondit-il en déportant son regard vers elle ; Seulement ça risque de faire beaucoup de bruit pendant quelques semaines.
Tara sentit la panique l'envahir. Etait-il en train de lui faire comprendre qu'ils ne pouvaient plus continuer à se voir au risque que cela compromette ses affaires personnelles ?
- Je vais devoir faire une conférence de presse cette après-midi, poursuivit-il en la rejoignant à la table ; Cela risque de durer deux ou trois heures.
- Et ensuite ? Demanda-t-elle le cœur battant à tout rompre.
Il arrima son regard au sien tout en plissant des yeux. Avait-il réussi à déceler dans son regard ce qu'elle hésitait à lui demander ?
- Tara, cette histoire ne te concerne en rien, conclut-il brutalement.
- J'ai entendu certains des invités se poser des questions sur moi, répliqua Tara en peinant à le confronter ; Je suis peut-être fragile, je n'en demeure pas moins stupide Mohammed, je sais ce que les gens pensent de moi.
Impassible, le regard fixé sur elle, le menton fièrement levé, il prit son verre pour le porter à ses lèvres.
- Et que pensent-ils de toi Tara ? Demanda-t-il en reposant son verre.
- Je l'ignore, sans doute que je suis ta nouvelle maîtresse et que...
- Tu te trompes Tara, coupa-t-il sèchement ; Tu as trop d'imagination et si tu t'avises de suggérer qu'il vaut mieux en rester là, je te bâillonne et je t'attache au lit.
A l'inverse de prendre peur, Tara hoqueta en rougit jusqu'à la racine de ses cheveux. Son expression état si sérieuse qu'elle dut déglutir pour lui répondre.
- Ce n'est pas ce que je voulais te dire Mohammed.
- Tant mieux habibti sinon....
L'air faussement menaçant, il esquissa un sourire en coin qui la fit chavirer. Elle en n'espérait pas autant. Pendant un bref instant elle s'était demandée s'il ne valait pas mieux pour elle d'arrêter ici, par peur de lui créer des ennuis. Il était roi, Tara avait du mal à se faire à cette idée. Pour elle, Mohammed était un homme au lourd passé et qui au fond de lui espérait un jour être heureux. Dur de pouvoir déceler cette partie de lui sous cette façade constamment sévère et pourtant...Tara en était persuadée. Le ventre noué de millier de papillon elle prit une gorgée de jus d'orange en se demandant bien ce qu'elle allait faire de sa journée.
- Je pense que je vais faire un puzzle cette après-midi, lança-t-elle pour attirer son attention.
Il releva la tête toujours impassible et inclina sa tête. Pendant un instant, Tara avait l'impression de faire face à un autre homme. Tout ce tapage médiatique semblait le contrarier.
- Hélas ça ne sera pas possible habibti tu vas venir avec moi.
Tara s'étrangla en cillant.
- Moi ? Bredouilla-t-elle sous le choc ; mais pourquoi ?
Il demeura silencieux, sans la quitter des yeux. Elle ne sut déterminer la lueur qui luisait dans ses yeux.
- Parce que j'ai des projets pour nous ensuite...