Nos journées à l'Académie étaient chargées. Il n'y avait pas de place pour la distraction, pour des moments de détente ou pour tout autre chose personnelle. Notre vie entière était contrôlée par le Bureau de la génétique et les professeurs de l'Académie. Depuis le cours où un élève avait été torturé juste sous mes yeux, je m'étais faite discrète. J'avais assisté à de nouvelles séances de torture lorsqu'un élève ne se montrait pas à la hauteur, j'avais accepté d'être utilisée comme cobaye lors d'expériences menées pendant des cours. Je n'avais pas bronché, j'étais restée à l'écart sans réagir même si tout mon être me disait de faire quelque chose. Ce n'était pas facile. Entendre mes camarades crier était une épreuve difficile surtout que j'étais l'une des seules à ne jamais avoir été torturée. Ma capacité à réaliser les différents exercices que l'ont me demandait me permettait d'échapper à un châtiment corporel. J'aurai dû en être soulagée mais ce n'était pas le cas. Être l'une des seules à ne pas souffrir me mettait à l'écart du groupe. Les autres me regardaient différemment et je les comprenais. Ils n'étaient pas jaloux de moi mais ils vivaient la même épreuve et moi non. Il était parfaitement logique qu'ils me mettent à l'écart d'eux. J'avais accepté cet isolement car je ne pouvais rien y faire. Une fois un élève était venu me demander comment je faisais pour réussir. Comment je parvenais à ne jamais échouer. Cette question m'avait perturbée et je n'avais malheureusement aucune réponse à lui apporter. Il avait cru que je mentais et que je ne voulais pas partager mon secret avec lui pour rester la meilleure. Cela n'avait fait qu'accentuer l'opinion que les autres avaient de moi, et m'écarter encore davantage du groupe. La vérité était que moi-même je ne savais pas comment je m'y prenais. J'y arrivais tout simplement. Lorsque l'on me demandait de mémoriser un code à 50 chiffres en une minute, j'y parvenais. Lorsque l'on me diffusée une succession d'images dont chacune d'elle ne durait qu'une fraction de seconde et que je devais, dans l'ordre, redire toutes les images aperçues, aucune ne me manquait. Je ne savais pas comment j'y parvenais. Je le faisais c'était tout.
Mais je n'étais pas totalement seule dans mon isolement. Ivy était toujours restée à mes côtés. Elle aussi était douée, mais elle avait déjà subi un châtiment corporel. Malgré tout elle restait là avec moi. J'appréciais sa présence. Roman aussi était resté mais lui c'était parce qu'il était dans le même cas que moi. Il avait également été mis à l'écart du groupe et avait fini par passer de plus en plus de temps avec Ivy et moi. Son comportement avait changé. Il ne posait plus autant de questions. Il n'avait plus son sourire au coin qu'il abordait constamment auparavant. Il portait dorénavant un air triste, comme nous tous d'ailleurs. Mais lui aussi me permettait de tenir dans cette académie. Tous les trois nous nous serrions les coudes. Lorsque Ivy avait craqué un soir après les cours, on était là pour la réconforter et lui remonter le moral comme nous le pouvions. Lorsque j'ai ressenti le manque de ma famille, ils étaient là pour moi. Roman n'avait jamais craqué devant nous, mais il savait que si un jour il le faisait, nous aussi serions là pour lui. Vivre une période aussi difficile ensemble nous avait rapprochés. Lorsque nous étions ensemble, on oubliait parfois que nous étions à l'Académie. Mais la réalité finissait toujours par nous rattraper.
Nous avions vite compris l'objectif de la première phase à l'académie. Notre cerveau devait être poussé au maximum de ses capacités de mémorisation. Nous devions travailler la mémoire, encore et encore jusqu'à l'épuisement. Les professeurs disaient que cette étape était cruciale. Si notre capacité de mémorisation n'était pas maximale, nous ne pouvions passer à la deuxième phase et nous serions seulement des Delta. Or l'objectif de l'académie était de fournir le plus possible de bravo. Alors ils nous poussaient à bout. Le problème était que scientifiquement parlant nous possédions tous certes un don, mais notre capacité à l'utiliser ne dépendait que de nous. L'académie aurait beau nous pousser au maximum, nous ne serions pas tous des Bravo.
L'école ne nous disait pas exactement quels étaient les dons des Bravo mais j'avais compris que leurs capacités étaient bien plus vastes que ce que les citoyens savaient. Je les avais déjà vus infliger une douleur à quelqu'un par la simple pensée. Mais ils avaient réussis à me surprendre d'avantage. Leurs capacités pour anticiper une action était remarquable. Je les avais vus s'entraîner une fois. Un des Bravo devait lancer une balle à un autre dont ses yeux étaient bandés. Alors même qu'il ne voyait rien, il parvenait à anticiper la direction de la balle et la rattraper à chaque fois. Les Bravo restaient entre eux. Personne n'avait eu de discussions avec eux et on avait fini par se dire qu'ils avaient peut-être reçu des consignes leur interdisant de nous parler. Peut-être n'avaient-ils pas le droit de parler de leurs dons avec des nouveaux positifs. Pourtant, une fois cette interdiction avait été contournée par un Bravo, celui qu'il s'appelait Mr Johnson et que j'avais pu recroiser une fois. Déjà ma première rencontre avait lui avait été étrange. Son regard posé sur moi m'avait perturbé. Mais notre seconde rencontre m'avait encore plus marquée. Alors que je faisais la queue au réfectoire, ce dernier s'était retrouvé derrière moi. J'avais senti son souffle chaud sur ma nuque. Sa présence me mettait mal à l'aise sans vraiment comprendre pourquoi. Lorsque je m'étais retournée pour le fixer, il avait affiché une drôle d'expression. Je n'arrivais pas à comprendre ce qu'il voulait et pourquoi il se comportait de cette façon avec moi. Je ne le connaissais pas mais il me regardait comme s'il me connaissait. Je n'avais eu le temps de rien dire. Il s'était contenté de me glisser un papier dans la main avant de repartir, me laissant totalement sans voix. j'avais attendu d'être seule pour regarder ce qu'il m'avait donné. Il n'y avait qu'un mot griffonné dessus . Je n'en comprenais pas le sens. Il était inscrit Alpha. Pourquoi m'avait-il donné ce papier ? Que signifiait ce terme. Et que me voulait-il? Je trouvais les Bravo particulièrement étrange et lui encore plus.
Je n'avais pas prêté plus attention à ce mot. Sans doute s'agissait-il d'une plaisanterie de sa part. J'aurais pu jeter le papier pourtant je l'avais gardé ranger au fond du tiroir de mon bureau. Le soir suivant ma rencontre avec Johnson, Roman était venu taper à ma porte. C'était devenu un rituel. Malgré l'interdiction, il venait souvent me rejoindre dans ma chambre le soir. On parlait de notre journée, on riait, ont essayé juste d'êtres normaux au moins pendant quelques minutes.
-Qu'est-ce qu'il t'a donné tout à l'heure pendant le déjeuner ?
Installé sur mon lit Roman fixait la fenêtre d'un air absent. Sa question m'avait surprise. Alors que j'étais sur ma chaise devant mon bureau en train de terminer un exercice, je m'étais retournée pour le fixer. Pendant un instant j'avais hésité et il l'avait immédiatement ressenti. Son regard s'était posé sur moi et il attendait ma réponse.
-Tu parles du bravo ? Rien. Pourquoi tu me demandes ça ?
C'était idiot de lui mentir. Roman était mon ami et je pouvais lui faire confiance. Ce n'était rien. Qu'un simple bout de papier avec un mot qui ne signifiait rien. Alors pourquoi je lui mentais. C'était comme si mon subconscient me disait de le faire. Comme si j'avais une sorte de sixième sens. Roman recommençait à se montrer curieux. En quoi cela pouvait-il l'intéresser ?
Je voyais bien dans son regard qu'il ne me croyait pas. Sans m'en rendre compte mon regard s'était posé sur le tiroir de mon bureau, là où était rangé le papier. Puis j'ai de nouveau fixé Roman qui n'avait pas détourné le regard mais qui ne disait rien.
-Il faut que je m'y remette. Tu peux m'aider ?
Lui demandais-je en lui montrant la pile d'image qui se trouvait sur mon bureau. Il s'agissait de photos montrant des visages lors de différentes expressions. Le professeur nous avait demandé d'en travailler seulement dix mais l'exercice était plus compliqué que prévu. À première vu toutes ces images se ressemblaient. C'était la même personne et la même expression. Pourtant il y avait de tout petits changements... une ride d'expression à peine visible au coin droit de la lèvre, ou un minuscule froncement de sourcil, ou encore des pupilles légèrement plus dilatées. Il s'agissait de changements minimes, pourtant on devait les mémoriser et n'oublier aucun détail. Roman et moi avions passé le reste de la soirée à peaufiner ce test et il n'avait plus mentionné le papier que j'avais reçu. Puis les jours qui ont suivis Roman ne m'en avait plus reparlé et j'avais arrêté de me montrer aussi suspicieuse. Mais j'avais été trop naïve encore une fois. C'était ce soir-là que tout avait réellement changé et que les événements s'étaient précipités. Lorsque je me dirigeais vers ma chambre pour aller me reposer un peu avant d'aller dîner et que je fus surprise de voir que quelqu'un se tenait dans ma pièce, en train de la fouiller.
-Que fais-tu ici Roman?
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Désolée pour le retard.
Depuis une semaine, j'ai pas arrêté niveau boulot et le soir en rentrant j'étais juste trop épuisée
Alors je vous laisse imaginer toutes les théories, les complots ou autre à propos de Roman mdr !! mais que fait-il à fouiller sa chambre et pourquoi?
Je sais encore et encore des questions ! mais j'ai aussi apporté des réponses ! Mais si mais si !! relisez bien ce chapitre ! j'ai laissé traîner deux ou trois indices sur la suite ! et oui chaque détail, chaque paragraphe de mon chapitre n'a pas été écris par hasard :)
comme toujours n'hésitez pas à commenter et à mettre une petite étoile !!
A très vite !!