Tara ne parvenait plus à se détacher de son regard hypnotique. Il venait de lui confirmer les dires de Anaya plus tôt dans la journée. Son cœur manqua de s'arrêter tant il était proche. Pour elle c'était impossible. Cette rencontre n'était qu'un rêve, il ne pouvait pas être réel.
- Pourquoi ? Hormis le fait que j'ai été votre " Moteur "
Il sourire un instant. Son regard n'avait jamais été si intense.
- Vous incarnez tout ce qu'un homme rêverait d'avoir Tara et au-delà. Je suis troublé quand je suis avec vous. Votre beauté intérieur n'a d'égale à votre beauté extérieur.
Il marqua une pause pour glisser sa main sur sa joue. Elle fut si chaude et si réconfortante qu'elle eut peine à ne pas hoqueter.
- Vous êtes jeune et pourtant si mûre si réfléchi et si bienveillante. La première fois que je vous ai vu j'ai ressenti une énorme déchirement me comprimer le cœur.
Il caressa sa joue avec son pouce, l'expression presque énigmatique. Difficile pour elle de ne pas fondre devant ce discours si touchant. Elle discerna dans ses yeux opaque une profonde douceur qui lui fit battre le cœur plus vite. Pouvait-il à son tour discerner cette nervosité qui ne la quittait pas ? À l'évidence oui puisque sa main retomba lentement sur sa cuisse musclée.
- Tout ira bien Tara, je ne suis pas là pour vous brusquer ni exiger quoi que ce soit de vous...seulement un bon repas.
- Merci d'être aussi...
- Ne me remercier pas et goûter-moi ça.
Sans qu'elle ne puisse réagir, il porta ses doigts vers sa bouche et lui offrit un morceau de viande qu'elle s'empressa de dévorer.
Le goût était exquis. Tara en ferma même les yeux. Tout était si parfait.
- On sent le gout des braises sur la viande, c'est vraiment....
Brusquement Mohammed se leva main sur le manche de son poignard. Alarmé par sa vivacité, elle se leva à son tour.
- Bon sang Aziz !
Tara hoqueta et se mit derrière Mohammed. Aziz avançait vers eux sur un cheval majestueux et sourit à son souverain.
- Veuillez pardonner mon intrusion votre altesse, je voulais juste vérifier si elle était véritablement différente.
Mohammed grogna sous le regard amusé de son ami. Aziz reprit cette fois-ci en arabe.
- Vous aviez raison votre altesse, tenez, de la par de Anaya.
Avec humeur, il prit le paquet en le remerciant. Un sourire éloquent s'étira sur les lèvres de son ami qui déjà reprenait sa route.
- Que se passe-t-il ? Demanda la jeune femme alors qu'une trace noire ourlait sa lèvre supérieure.
Mohammed l'essuya avec son pouce alors qu'elle regardait Aziz disparaître dans les plaines.
- Il voulait savoir si vous étiez toujours ici, bougonna-t-il en posant le paquet par terre ; il était sûr que vous n'auriez pas accepter de rester au beau milieu de nulle part avec moi.
Elle se rassit en posant son regard sur le feu qui crépitait. Ses yeux bleus prenaient des lueurs si indéchiffrable qu'il dut chasser à nouveau cette envie de poser sa bouche sur la sienne.
- J'adore être ici, je trouve cela apaisent.
Elle détacha un morceau de viande qu'elle dévora avec entrain.
- Vraiment ? Mais si le désert regorge de bêtes sauvages ?
La réaction de la jeune femme ne se fit pas attendre. Ses grands yeux de biche s'écarquillèrent adorablement alors que le vacillement des flammes dansait dans son regard.
- De vrais bêtes sauvages ? Comme des lions ?
Mohammed éclata de rire.
- Le seul lion ici c'est moi, déclara-t-il en balayant la mèche qui s'était coincée contre la commissure de ses lèvres ; Je dirais plutôt des serpents, des scorpions, des gazelles, des pumas, des dingos ou warrigal si vous préférez.
En énumérant une brève liste des dangers qui régnaient dans le désert, Mohammed se risquait à beaucoup. Jadis des années, il s'était risqué à le dire à son ex-femme. Essuyant un refus, Mohammed était parti seul dans les plaines du désert sans elle. Aujourd'hui, la jeune femme devant elle mastiquait lentement son bout de viande puis déclara ;
- Mais vous allez me protéger n'est-ce pas ?
- Bien-sûr, personne ne me résiste, pas même un puma.
Et soudain elle rit.
Mohammed se délecta des sons qui sortaient de sa gorge pour la première fois depuis leur rencontre.
- Alors je peux manger tranquillement, conclut-elle en s'approchant du feu comme une sauvageonne prête à affronter le danger.
Tara sentit sa main trembler mais résistait à cette peur coriace. Ce soir, elle se sentait protéger par un homme. Quelle ironie !
Elle le sentait là, si proche d'elle et pourtant si loin à fois. Lorsqu'il se leva pour contourner le feu elle sentit son pouls s'accélérer. Tel le seigneur qu'il était, Mohammed Al Zahar se mouvait comme un prédateur. Sa virilité exotique la rendait presque nerveuse. Guidée par ce paysage magnifique, Tara termina son repas à ses côtés et put jouir d'un merveilleux couché de soleil incomparable. Les constellations étaient si captivantes qu'elle se fit mal au cou à force de rejeter sa tête en arrière.
- C'est vraiment magnifique, murmura-t-elle d'une voix émue.
- Je suis vraiment heureux que vous ayez assisté à ça, parfois le ciel n'est pas assez dégagé.
Il jeta une bassine sur le feu qui les plongea dans le noir.
- Mais assez pour ce soir, il commence à faire froid.
Il lui tendit la main qu'elle s'empressa de saisir et se laissa guider jusqu'à la tente. Une fois à l'intérieur, il ferma les pans des teintures et se retourna lentement. Son regard n'avait jamais été si intense...si féroce. Non, elle se refusait de paniquer. Il ne lui ferait pas de mal, songea-t-elle en s'entourant de ses bras.
- Voici le lit, déclara-t-il en le pointant du doigt ; Si vous avez froid il y a des couvertures juste derrière.
Tara aurait dû acquiescer et en finir ici.
- Mais...et vous ?
Un sourire rehaussa légèrement ses lèvres incroyablement viriles. Sa barbe accentuait les lignes carrées de ses mâchoires.
- Je dormirais sur les coussins, ne vous en faites par pour moi.
Hélas Tara ne parvenait pas à ne pas s'en faire. Il avait peut-être encore mal aux jambes. Certes il marchait mais Anaya n'avait pas pu s'empêcher de lui confier qu'il était encore sous traitement.
Comme il se retournait pour ôter sa chemise, Tara détourna les yeux et se laissa tomber sur le lit confortable. Aspirée par la curiosité, elle jeta quelques regards en biais dans sa direction et le regretta aussitôt.
Une fièvre incommodante la gagna à mesure de ses roulements de dos parfait. Sa peau cuivrée brillait sous les reflets de la lune qui filtrait entre les voiles. Son corps musculeux était presque insupportable à regarder. Ses biceps, ses abdos, ses....Tara détourna vivement la tête en faisant mine de s'intéresser à la petite table posée prêt du lit.
- Vous avez ce qu'il vous faut Tara ?
Sa voix lui envoya une décharge électrique dans le creux de ses reins. Toutes les réactions méconnus de son corps l'a perturbé.
Elle ne savait ni comment les réprimer ni comment les interpréter.
- Merci, j'ai tout ce qu'il me faut.
Tara s'allongea et sentit qu'il venait d'en faire autant mais sur les coussins.
- Bonne nuit Tara, murmura-t-il à l'extrémité de la tente.
- Bonne nuit Mohammed.
Malheureusement, elle avait beau fermer les yeux, Tara ne parvenait à s'endormir en le sachant là, par terre. Sa raison lui disait d'ignorer ce détail et son cœur lui hurlait de l'inviter de ce lit immense et bien assez pour deux.
Au bout d'une longue réflexion. Tara se redressa sur le lit et attira l'intention du souverain qui se redressa sur les coudes en fronçant des sourcils.
- Tara ? Vous allez bien ?
Il fallait qu'elle trouve un moyen de l'inviter à dormir dans le lit sans qu'il s'imagine qu'elle le prenait en pitié. Car c'était loin d'être le cas. C'était simplement son cœur qui parlait avant ses peurs.
- J'ai peur...
Elle déglutit alors qu'il s'était totalement redressé, lui offrant une vue qui lui coupa le souffle. Mais Tara parvint tout de même à déclarer ;
- Vous voulez bien dormir avec moi ?