Le professeur nous avait demandé de nous mettre avec notre voisin de droite et je m'étais donc retrouvée avec Roman. Le cours consistait à mémoriser un texte de trois pages possédant un vocabulaire aussi riche que complexe. Nous devions l'apprendre le plus rapidement possible. Je ne voyais pas en quoi mémoriser un texte permettrait de développer nos dons mais je m'exécutais tout de même.Une fois le texte appris chacun devait le réciter à son binôme qui vérifiait si nous n'avions commis aucune erreur. Roman et moi étions les premiers à terminer l'exercice et le professeur nous avait adressé un sourire ravi. L'heure de cours touchait bientôt à sa fin et tous avaient réussis excepté une jeune fille brune assise deux rangées devant moi. Elle semblait avoir du mal et se trompait souvent au bout de la deuxième page. Mais cette dernière ne semblait pas préoccupait par son échec et rigolait lorsqu'elle commettait une erreur.
-Vous trouvez ça amusant?
Le professeur venait de prendre la parole. Son ton avait changé. Elle fixait l'élève d'un regard sombre, son sourire avait également disparu. L'ambiance dans la salle de classe avait immédiatement changée. La jeune fille semblait gênée et avait baissée la tête.
-Non Professeur. Mais je n'y arrive pas. Il me faudrait plus de temps c'est tout.
Le Professeur opina de la tête et un soupire de soulagement se fit entendre chez la fille. Pourtant elle n'aurait pas dû crier victoire trop rapidement. Le Professeur était en train de désigner son binôme qui lui, avait parfaitement réussi l'exercice.
- M. Moon, prenez une chaise et mettez-vous au milieu de la pièce.
L'inquiétude pouvait se lire sur le visage des deux jeunes. Malgré tout l'homme se levait afin de s'installer au milieu sur une chaise. Je jetai un coup d'oeil rapide à Roman qui semblait tendu. Je ne comprenais pas ce qui se passait. Mais j'obtenais rapidement la réponse à ma question lorsque je voyais le Professeur fixer des diodes, reliées à un boitier, sur les mains du jeune homme avant de se retourner vers la fille qui avait échoué.
- Voyons si la motivation peut vous faire apprendre plus rapidement. À chaque erreur votre camarade recevra une décharge électrique. Peut-être que ça vous aidera à prendre cet exercice plus au sérieux.
Une petite voix au fond de moi me disait qu'elle bluffait. Elle ne pouvait pas vraiment faire ça. Il s'agissait de torture et cela était tout bonnement interdit par le gouvernement.
-Nous vous écoutons. Récitez le texte. Ordonna le professeur.
Je voyais bien que la fille tremblait mais pourtant elle s'exécutait. Je n'avais pas besoin d'avoir le texte sous mes yeux pour savoir si elle avait juste, je le connaissais par coeur. Mais la jeune fille échoua une nouvelle fois à la deuxième page, se trompant seulement d'un mot. Le jeune homme s'était alors tordu de douleur, finissant sa course au sol. Ce que je voyais me pétrifiais. Il venait de recevoir un courant électrique.
-Recommencez ! ordonna le Professeur
Mon regard passait du professeur à la fille qui tremblait de plus en plus mais qui reprenait l'exercice. Personne dans la classe ne bougeait. Aucun ne protestait contre ce châtiment injuste. Sans m'en rendre compte je commençais à ne plus tenir en place sur ma chaise. Tout en moi me disait de hurler pour que cela s'arrête. Mais je sentais la présence d'une main posée sur la mienne. Il s'agissait de Roman qui, sans me regarder, hochait de la tête afin de me signifier de rester sage et de ne surtout rien dire. Comment pouvait-il rester là sans broncher? J'assistais sous mes yeux à une véritable scène d'horreur. La fille se trompait encore et encore dans le texte. Se sentais qu'elle paniquait et qu'elle n'arrivait plus à se concentrer. Et son binôme se retrouvait avachi par terre, criant de douleur et de désespoir. Cette scène me donnait des nausées. Je savais que nous n'avions pas le droit de contester un ordre donné par le Bureau. Mais la torture n'était pas tolérée chez moi. Je ne pouvais pas rester là à regarder ce pauvre malheureux souffrir.
-Arrêtez.
Le mot était sortis de ma bouche sans que je puisse le contrôler. Sans m'en rendre compte je me retrouvais debout à fixer d'un regard noir le professeur qui semblait surpris par mon intervention.
-Vous avez quelque chose à dire Mlle Miller?
-Arrêtez ! Vous voyez bien que ça ne l'aide pas à mémoriser plus vite.
La fille ne disait pas un mot. Je voyais ses mains tremblaient et des larmes coulaient sur ses joues. Je comprenais qu'elle s'en voulait d'infliger du mal à son camarade. Mais ce n'était pas sa faute. Ce n'était pas elle qui déclenchait les décharges. Le reste de la classe me regardait d'un air étrange. Je sentais qu'ils soutenaient mon choix pour autant personne ne m'appuyait ouvertement. Ils se contentaient de regarder. À cet instant précis je les trouvais tous lâche.À mon grand étonnement le professeur opina et enleva les électrodes du jeune homme. Ce dernier se releva péniblement puis regagna sa chaise sans un mot.
-Que les choses soient bien claires ici. Vous appartenez au Bureau. Votre cerveau, votre âme et votre corps appartiennent au Bureau. Ce n'est pas une colonie de vacances. Chacun d'entre-vous représente un investissement de plusieurs millions. Les modifications génétiques qui ont été faites sur vous à votre naissance ne sont pas pour vous. Vos dons nous appartiennent. Si vous n'êtes pas capable de faire ce qu'on vous demande vous n'avez rien à faire ici. Vous ne nous êtes plus utiles. Et si vous n'appartenez plus au Bureau alors vous n'appartenez plus à personne. À présent le cours est terminé. Dépêchez-vous de vous rendre au suivant maintenant.
Son discours me glaçait le sang et je n'étais pas la seule. On s'était tous montré un peu trop naïve en arrivant ici. Mais la réalité était terrifiante. Nous n'étions que des pions pour le Bureau. Des investissements qu'ils comptaient bien utilisés. Ils attendaient de nous que nous soyons des parfaits soldats obéissants. À cet instant précis nous avions tous compris que nous étions certes des privilégiés mais que notre corps ne nous appartenait plus. Il appartenait au Bureau et nous venions tous de voir comment cela se traduisait.
Les élèves avaient fini par quitter la salle dans le silence. Ce premier cours pratique et les propos du Professeur restaient gravés dans chacun de nous. Je m'apprêtais également à partir mais le Professeur en avait apparemment décidé autrement.
-Mlle Miller, un instant s'il vous plaît.
Je n'avais nullement envie de me retrouver seule avec elle. Même si je ne voulais pas l'avouer, la peur m'avait gagné et je n'étais pas rassurée.
- Mlle Miller. J'ai eu vent de vos tests. Très impressionnant. Vous êtes spéciale et quelque chose me dit que vous irez loin dans cette formation. J'ai cru comprendre que votre famille n'était pas très ... riche. J'imagine que l'argent perçu par votre famille doit les soulager n'est-ce pas? Il serait regrettable qu'ils perdent cette source de revenus parce que vous vous montrez un peu trop... rebelle allons nous dire.
-Je ne....
- Ne m'interrompez pas Mlle Miller.
Son ton tranchant m'avait fait sursauter.
-Je peux comprendre que mes techniques paraissent archaïques mais elles ont fait leurs preuves. Des fois stimuler l'activité cérébrale d'une personne par la peur par exemple, peut la pousser à dépasser ses limites.
- Mais pour certaines personnes la peur les paralyse.
Je savais que le professeur m'avait demandé de me taire mais je n'y arrivais pas. Il s'était alors tourné pour me fixer du regard.
-Est-ce votre cas Mlle Miller ?
-Non. Répondis-je d'un air de défi.
Le professeur resta un instant à me regarder sans exprimer d'émotion puis finit par dire.
- Allez rejoindre vos camarades avant d'être en retard pour le cours suivant.
J'allais rejoindre la sortie lorsque le professeur, apparemment incapable de s'arrêter de parler, complétait.
-Et Mlle Miller... que cela ne se reproduise plus jamais. Ai-je été assez claire?
-Oui professeur.
J'avais compris son message. Tout était devenu très clair à présent. J'appartenais au Bureau et si je persistais à montrer cette facette de moi je risquais de me faire des ennemis. la menace du professeur était à présent ancrée en moi. Elle aurait dû me faire peur. J'aurai dû écouter plus attentivement le professeur ce jour-là. Cela m'aurait peut-être évité tous ces problèmes survenus par la suite.
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Fin du chapitre :)
Chapitre posté avant la date prévue.
J'avais coupé en deux le précédent donc :)
Ah oui petite précision : le professeur est une femme. Mais j'utilise le terme Le professeur donc masculin donc IL. bref c'est pour ça que souvent y'a IL (renvoyant aux mots Le professeur) mais c'est bien une femme. Oui moi pas être claire désolée j'ai du vous embrouillez mdrrr