Seven [Auto-édité]

By blood-writer

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La Terre est laissée pour morte après que des vagues de canicule aient provoqué une extinction avancée de l'e... More

Prologue
CHAPITRE 1
CHAPITRE 2
CHAPITRE 3
CHAPITRE 4
CHAPITRE 6
CHAPITRE 7
CHAPITRE 8
CHAPITRE 9
CHAPITRE 10
CHAPITRE 11
CHAPITRE 12
CHAPITRE 13
CHAPITRE 14
CHAPITRE 15
CHAPITRE 16
CHAPITRE 17
CHAPITRE 18
CHAPITRE 19
CHAPITRE 20
CHAPITRE 21
CHAPITRE 22
CHAPITRE 23
CHAPITRE 24
CHAPITRE 25
CHAPITRE 26
CHAPITRE 27
CHAPITRE 28
CHAPITRE 29
CHAPITRE 30
CHAPITRE 31
CHAPITRE 32
CHAPITRE 33
CHAPITRE 34
CHAPITRE 35
CHAPITRE 36
CHAPITRE 37
CHAPITRE 38
CHAPITRE 39
Chapitre 40
CHAPITRE 41
SEVEN fait parler de lui !
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Seven fait parler de lui ! (2)
L'auto-édition & Moi
La promotion, une étape obligatoire !
Les couvertures
Tome 2 de Seven !
La confiance en soi... Ah !
Des RDV à vous donner ! (pour le tome 2)
Cover reveal Tome 2
Écritures et conseils - Partie 1
Écritures et conseils - Partie 2
Écritures et conseils - Partie 3
"Si tes personnages étaient auteur"

CHAPITRE 5

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By blood-writer

PDV de Tessa

Autrefois, Ruddith et moi avions établi une règle. Bien qu'il me fût interdit de franchir le seuil de la ville, aucun point du règlement de mes parents n'interdisait les récits géographiques. Alors, très tard le soir, Ruddith me narrait ses voyages en Europe, et quelques fois en Espagne ou dans les îles tropicales. Je l'écoutais avec beaucoup d'attention, buvant ses paroles comme je dévorais mes romans préférés, attentive à chaque détail, à chaque nouvelle rencontre. C'était devenu une sorte de tradition entre nous. Un soir, un voyage. Aujourd'hui, si elle était encore avec moi, elle serait probablement fière que pour la première fois de ma maigre vie, je mette enfin les pieds hors des contours grisants de la ville qui m'a élevée.

Je ne connaissais pas l'odeur de la forêt avant ce jour, je n'avais senti que les jeunes sapins fraîchement découpés et vendus sur les marchés de Noël, mais jamais rien de tel. Mon cœur est rempli de nouvelles sensations et de couleurs. Une immense variété d'arbres et de plantes à perte de vue. Magnifique est le premier mot qui me vient à l'esprit pour décrire cette vision unique. Étonnamment, ce lieu diverge de tous ceux que l'on peut apercevoir dans la ville. Il évoque la renaissance, la vie telle qu'on a pu la connaître. Pendant un instant j'oublie tout le reste, mon passé, mon futur, pour ne me concentrer que sur le moment présent, moi, ici, dans cette forêt. Un calme immense s'empare de moi, une béatitude que je ne pensais pas pouvoir retrouver un jour – du moins jusqu'à ma mort.

__ La forêt ne va pas se traverser toute seule, m'informe Ben. Tu me suis ? À moins que tu n'aies changé d'avis.

__ Pour rien au monde. Toi d'abord.

Ben me décoche un sourire satisfait et prend la tête de la marche. Nous entamons à peine le début de notre voyage jusqu'au point d'eau, que je dois déjà lutter contre l'envie de m'arrêter contempler chaque fleur, chaque arbre. J'essaie de capturer autant d'images que je le peux, de mémoriser le maximum de détails. Nous ne marchons pas très vite, pourtant j'ai la sensation que nous manquons chaque miette du paysage. Des auréoles de lumière forment des halos sur le sol verdoyant où branches, brindilles, terre et plantes s'amoncellent. La forêt regorge d'une étonnante variété d'arbres et de conifères, comme le pin, le grand chêne ou le mélèze. Les arbres donnent l'impression de grimper jusqu'au ciel, leur hauteur est si étourdissante que je me sens ridicule à côté d'eux. Mon observation se poursuit silencieusement jusqu'à ce qu'une question revienne en boucle dans ma tête.

__ Comment la forêt a-t-elle pu résister à la chaleur ? je demande à Ben.

__ La forêt a pris plus cher qu'elle ne le laisse paraître, répond-il d'un ton pensif. ( Il se met à désigner quelques arbres les plus grands ) Tu vois ceux-là ? On les appelle des dominants, ils permettent de protéger les jeunes arbres qui supportent mal le soleil dans le jeune âge, ceux-là on les appelle les dominés. Juste au-dessus d'eux, ce sont les codominants. On ne craint rien ici, la chaleur est fortement diminuée grâce à la protection que ces arbres nous offrent. Et il y a plus d'ombre !

__ Je vois, est tout ce que je parviens à dire.

Nous poursuivons le chemin, contemplatifs de la nature. De temps à autre, Ben s'arrête pour s'assurer que nous allons dans la bonne direction, alors j'en profite pour écouter les quelques oiseaux qui chantonnent autour de nous. Ils doivent être contents eux aussi de recevoir un peu de compagnie humaine, parce qu'ils osent même se mettre à portée de nous. C'est une occasion unique.

__ Passe-moi mon arme, dis-je à Ben, sans lâcher des yeux le passereau à quelques mètres de hauteur de là, innocemment posé sur une branche.

__ Je te l'ai déjà expliqué, tu dois apprendre à me faire confiance.

__ Je ne te parle pas de ça, je m'agace, regarde. J'ai besoin de mon arme si tu veux manger ce soir.

Il aperçoit enfin ce dont je parle. Il prend un air étrange.

__ Tu vas tuer cet oiseau ? s'étonne-t-il.

__ On pourrait aussi bien gaspiller une ou deux conserves au lieu de profiter de ce petit cadeau de la nature, je soumets avec le plus de sarcasme possible.

Les oiseaux sont rares, et l'occasion d'en faire notre repas est encore plus infime. Je ne laisserai pas passer cette chance, tant pis pour ma tranquillité morale. Avec ce genre de raisonnement, tu ne vaux pas mieux que toutes ces personnes qui se sont entre-tuées pour survivre. J'ignore ma petite voix intérieure et réitère ma demande à Ben. Finalement, il me tend mon arme à contrecœur, chargée d'une seule balle. Je n'ai pas le droit à l'erreur, sinon je peux dire adieu à notre repas.

Je pointe tout doucement mon arme sur l'oiseau qui tourne la tête dans tous les sens, sans m'apercevoir. Il est dos à moi. Très bien. Je me situe à une bonne distance de lui, je ne peux pas m'avancer davantage au risque de le faire fuir. Les branches de l'arbre sont assez serrées entre elles, mais le feuillage est dégagé. J'oriente correctement mon canon, ferme un œil sur deux pour assurer la destination de ma balle, attends, et tire. Quand le corps long et frêle de l'oiseau tombe de l'arbre, je m'autorise à respirer à nouveau. Je l'ai eu.

__ Joli tir, commente Ben, sans réel enthousiasme.

Pourquoi me regarde-t-il de cette manière ? Je n'ai tué qu'un animal, moi ! Mais je me retiens de lui faire la remarque. Au lieu de ça, je m'approche de l'endroit où ma prise s'est échouée. L'oiseau repose entre un tas de feuilles. Je le saisis avec délicatesse et l'emballe dans un sac plastique pour qu'il ne sente pas trop. Il faudra vite le cuire.

__ On se remet en route, annonce Ben.

La nuit n'est plus très loin, il faut que nous nous dépêchions.

La demi-heure qui suit, nous progressons rapidement dans la forêt. Cette fois, plus de chants d'oiseaux ni de halos lumineux. Son immensité donne l'impression de n'en plus finir, je suis bien contente de ne jamais m'y être aventurée seule. Sans Ben je n'aurais pas fait un mètre sans me perdre. Bien que mon niveau de méfiance à son égard reste encore élevé, sa présence m'est réconfortante, je dois bien l'admettre. Au moins, je n'ai plus à supporter le poids de ma survie seule. Je ne suis plus seule. Je crois que c'est la première fois que j'ose réellement me l'avouer. Pendant un instant, il me prend l'envie de le crier à voix haute pour entendre résonner l'écho de cette révélation, mais je risque de passer pour une folle. Les muscles crispés de ma mâchoire me rappellent que je n'ai pas cessé de sourire depuis le début du chemin, une ancienne sensation dont j'ai perdu l'habitude et qui me provoque à présent des courbatures tout autour de ma bouche – mais c'est agréable.

Je ne vois pas le temps passer. L'excitation fait peu à peu place à la fatigue, le ciel se délaisse de ses nuances orangées pour une couleur plus sombre. Il doit être pas loin de vingt heures. Mes pas se mêlent à ceux de Ben, tâtonnant en chœur le sol, moulant terres, feuilles et brindilles sous nos chaussures. Bientôt, un hululement de hibou me tire de mes pensées, me ramenant un peu plus à la réalité. Ben semble lui aussi sortir de sa transe.

__ Il faut trouver un abri où dormir cette nuit, déclare-t-il. Il se fait trop tard pour continuer, et nous ne rentrerons pas à temps de toute façon.

__ Je suis d'accord, j'approuve. Où peut-on dormir dans cette forêt ?

Ben me regarde d'un air étrange, comme si j'avais dit quelque chose de totalement stupide. Je le dévisage à mon tour.

__ Qu'est-ce qu'il y a ? Pourquoi tu me regardes comme si j'avais révélé le plus gros secret de Kinston ? Attends, ne me dis pas que tu ignorais qu'ils étaient nos « sauveurs post-apocalyptiques » ?

Il rit de bon cœur face au surnom employé.

__ S'ils étaient nos sauveurs, ça se saurait en tout cas !

__ Alors, pourquoi tu as rigolé ? je reprends plus sérieusement.

__ Tu m'as demandé de trouver un endroit pour dormir, comme si tu n'avais jamais mis les pieds dans cette forêt, ce qui paraît totalement absurde puisque tu habites à côté et que tu...

Comme je m'enfonce dans le silence, il se tourne vers moi en guettant une réaction. Et comme je déambule en fixant mes pieds, il murmure un « oh ! ». J'ai cru qu'il n'allait jamais comprendre ! Il fallait peut-être le lui dire, aussi... rétorque ma conscience. Non, il se serait moqué de moi. La preuve.

__ Tu n'as jamais quitté la ville, c'est ça ?

__ Mais c'est qu'on ne peut rien te cacher à toi ! j'ironise avec une pointe d'agacement. Désolée de te l'apprendre, mais on n'a pas tous des parents qui voyagent. Les miens ne savaient faire que maison-travail, cuisine-canapé.

__ Pourtant tu connaissais l'existence du bâtiment souterrain ! Comment l'as-tu trouvé d'ailleurs ? Je ne savais même pas qu'il donnait sur la forêt.

__ Tu ne le savais pas de la même manière que nous ignorions la présence l'un de l'autre, j'explique. Je suis tombée dessus lors d'une de mes fouilles, quand je...

Mais Ben ne semble plus m'écouter et s'enfonce dans un mutisme profond. Visiblement mon récit ne le passionne pas. Je ne comprends pas bien l'intérêt de poser une question si c'est pour ne pas écouter la réponse. Je ramasse un gros caillou au sol et vise le survivant avec. Le morceau de pierre le rafle de quelques centimètres avant d'atterrir sur l'arbre d'en face, provoquant un son creux surprenant. Mon plan fonctionne, car Ben revient aussitôt à lui.

__ Tu as perdu la tête ! s'écrit-il les yeux écarquillés. Tu aurais pu me tuer avec ce truc !

__ Ce n'était qu'un petit caillou de rien du tout, je minimise, et puis tu es encore vivant, donc je suppose que j'ai bien fait.

Je m'apprête à lui redéfinir la notion d'« échange » qu'il n'a pas l'air d'avoir acquise dans le passé, mais ce dernier reprend la route sans m'attendre. Je le suis à tâtons, quelque peu décontenancée par son attitude. Je n'arrive pas à le cerner. Il m'a l'air ouvert d'esprit la plupart du temps, peut-être même fiable, et pourtant il ne cesse de se montrer mystérieux lorsque j'essaie de le comprendre. C'en est déconcertant.

__ La grotte n'est plus très loin, m'informe-t-il. Encore quelques minutes de marche.

Quelques minutes ? Mes pieds sont en feu, j'ai l'impression que mes jambes vont s'écrouler d'un instant à l'autre. Quelques minutes, c'est beaucoup trop long. Mon cœur bat à tout rompre. Nous étions tellement absorbés par notre objectif d'atteindre le point d'eau avant la nuit qu'on en a oublié de se reposer.

__ La voilà.

Le soulagement me gagne, nous allons enfin pouvoir manger et nous reposer. Je dois probablement ressembler à un zombie avec mes cernes et mon teint clair, heureusement pour moi il fait nuit. Ben risquerait d'avoir peur. Depuis quand est-ce que tu t'intéresses à ce qu'il pense de toi ?

Je passe une lampe à ce dernier et en garde une à mon poignet. Ben m'explique qu'à cause de ses perpétuels changements de planque, il n'a pas pu transporter beaucoup d'affaires avec lui et improvisait essentiellement avec ce qu'il trouvait sur place. Cela ne devait pas être facile de déménager sans cesse d'un lieu à l'autre. À mon avis, c'est la principale raison de notre évitement involontaire, ce qui explique que nous ne nous soyons pas croisés en trois mois. Quand même, je n'arrive toujours pas à comprendre comment c'est possible, vivre dans la même ville autant de temps sans jamais se croiser une seule fois, même par hasard. C'est étrange... Mais bon, aujourd'hui nous sommes deux, et peut-être plus encore. Qui sait ?

C'est avec un tout nouveau sentiment grandissant, à la fois inconnu et familier, que j'entre dans la grotte. Je braque ma lampe sur les parois rocheuses et inspecte le tunnel souterrain. La lumière se reflète de façon étonnante sur les murs, on dirait qu'ils sont humides, comme s'ils gardaient les traces d'une récente pluie – ce qui est stupide de penser, puisqu'il n'a pas plu depuis plusieurs mois. Je pose mon sac dans un coin pour être plus libre de mes mouvements.

__ Tu crois qu'il y a de l'eau ?

Ma voix résonne entre les parois. L'écho de Ben me parvient en réponse. Je manque de sursauter lorsque sa silhouette entre en contact avec le faisceau lumineux de ma lampe.

__ Non, j'ai vérifié chaque recoin et il n'y a pas la moindre flaque. Juste de l'humidité, on dirait.

__ Oh... je vois.

Je ne parviens pas à cacher ma déception. L'absence d'eau dans cette grotte me décourage fortement, car si ce lieu humide n'en contient aucune trace, alors le point d'eau que nous cherchons s'avère être un véritable fantôme. J'ignore si notre recherche en vaut la peine, si tout ceci en vaut la peine. Dépitée et épuisée par toute cette marche, je me laisse glisser contre un mur. Ben me remarque et s'agenouille à ma hauteur. Il pose d'un geste hésitant une main rassurante sur mon épaule, je décide de le laisser faire. Il n'a pas l'air de me vouloir du mal. Lorsque sa paume entre en contact avec ma peau glacée, un sentiment de brûlure me chauffe le cœur. La proximité entre nos deux corps empire la chose. Mon cœur s'accélère légèrement, ma respiration aussi. Je sens son souffle d'ici, doux et chaud. Je ne sais pas pourquoi il produit cet effet soudain sur moi, mais je ne suis pas certaine que ce soit une bonne chose. Peut-être était-ce simplement le changement de climat ?

__ Eh, murmure-t-il en cherchant mon regard. On va trouver ce point d'eau, d'accord ? Et s'il n'y en a pas un ici on en trouvera un ailleurs. Je n'abandonnerai pas, et toi non plus. Ok ?

Je hoche doucement la tête. Même si je lui fais ressentir le contraire, sa présence à mes côtés me rassure. Après trois mois de solitude, la moindre présence humaine n'est pas de refus. Si Ben a de mauvaises intentions, je m'en rendrai vite compte, autrement, rester à ses côtés me paraît une bonne option pour le moment.

__ L'oiseau ne va pas se cuire tout seul, dit-il en me tendant la main. Tu m'aides à préparer le repas ?

Je fixe intensément sa main, et la saisis avec un léger sourire. Je suis totalement inconsciente d'agir ainsi, je le sais, mais je m'en fiche.

__ C'est d'accord.

Je sors l'oiseau de mon sac et ouvre une conserve que j'avais prise pour l'occasion. C'est un repas de luxe, de nos jours. Et je ne suis pas seule pour le partager cette fois, je pense avec joie. Ben se charge de préparer un feu avec quelques allumettes et du bois, ce qui me soulage, car je n'ai jamais vraiment appris à faire du feu. Il me montre comment m'y prendre et je l'observe avec attention, enregistrant ses gestes exécutés avec minutie. Faire du feu m'a l'air d'une tâche complexe, alors je le laisse faire. Pendant ce temps, j'installe nos sacs de couchage et réunis nos affaires côte à côte. Je suis tentée de récupérer mon arme que j'ai vu Ben ranger dans son sac, mais celui-ci m'appelle tout à coup.

__ Le repas est prêt, annonce-t-il.

Je n'aurai qu'à récupérer mon arme lorsqu'il dort ? Je décide d'appliquer ce plan et rejoins Ben près du feu. Il me tend ma part de l'oiseau et une coupelle en fer où il a renversé le contenu de la conserve. Pas très appétissant d'aspect, mais succulent en goût. La faim qui me tiraillait l'estomac s'estompe peu à peu. Ben partage sa bouteille d'eau avec moi, pour limiter notre consommation. Si on ne trouve pas d'eau demain, mieux vaut préserver les dernières ressources que nous possédons.

__ Tu devrais éteindre le feu, au cas où...

__ Au cas où il y aurait d'autres gardes, termine Ben pour moi.

__ Tu penses que c'est le cas ?

__ Je pense qu'il faut rester vigilants, répond-il simplement.

Il se lève pour éteindre le feu. Il a raison, tant que nous ignorons s'il y a d'autres gardes dans les parages, mieux vaut ne prendre aucun risque.

__ Je peux te poser une question ?

__ Oui bien sûr. Que veux-tu savoir ?

__ Ce garde, ou peu importe qui il fût..., comment se fait-il qu'il ait été là, et pourquoi m'a-t-il agressée ? Je ne comprends pas.

__ J'ignore ce qui l'a poussé à s'en prendre à toi, je dirais pour la même raison que les anciens habitants se sont mis à voler aux premières alertes canicules, ou que certains se sont transformés en vampires tueurs ( Il lâche un rire amer à cette dernière phrase, mais reprend son sérieux ). Quoi qu'il en soit, ses intentions étaient de te nuire ( Il semble hésiter ). Mais, il y a autre chose. Il y a quelque temps, j'en ai croisé deux autres, deux gardes, je veux. J'ai d'abord cru à une hallucination, tu sais comme des mirages dans les déserts. Mais ces voix avaient l'air réelles, et elles se disputaient sur un sujet important. Je ne sais pas de quoi il s'agissait, ajoute-t-il en devançant ma question, mais elles avaient l'air en colère.

__ Je me demande de quoi il pouvait s'agir... Je pourrais comprendre que nous n'ayons pas pu rejoindre le vaisseau à temps, mais eux ?

Ben hausse les épaules. Moi qui pensais que nous étions les seuls idiots encore sur Terre, voilà que j'apprends que nous sommes trois de plus. Si ces deux gardes que Ben a aperçus, si tant est qu'ils soient réels, je ne préfère pas savoir s'ils sont aussi tordus que celui que j'ai rencontré.

Soudain, je ne me sens plus en sécurité et j'aimerais avoir mon arme sur moi. Je le fais comprendre d'un regard à son détenteur.

__ C'est hors de question, conteste-t-il durement.

__ Je ne te tirerai pas dessus à moins que tu me donnes une raison de le faire, je lui rétorque sur le même ton. S'il-te-plaît, je ne suis peut-être plus seule, mais cela ne signifie pas que je me sente totalement en sécurité.

__ Je peux te protéger, tu sais...

__ Je préfèrerais le faire moi-même, avec mon arme.

Mon regard est sévère, mais tant pis. Je ne le lâcherai pas.

__ Très bien. Je te le rendrai demain matin, pas avant. Et c'est non contestable ! ajoute-t-il en devançant ma protestation.

Je n'ai pas d'autre choix que d'accepter. Ce type est injuste, ce n'est pas sa sécurité qui dépend d'un inconnu, lui il peut se défendre au moins ! Je m'apprête à me lever mais Ben m'attrape le poignet. La même sensation de brûlure embrase mon cœur.

__ Tu peux me faire confiance, je te le promets ( Je peux entendre la sincérité dans sa voix ). Je serais incapable de te faire du mal.

__ Pourquoi ça ? je lui demande en essayant de ne pas m'effondrer sur place.

Il se lève à quelques centimètres de moi. Son regard bleu ciel m'électrise sur place – tiens, je croyais qu'il les avait marron ? Que veut-il dire en disant qu'il ne pourrait pas me faire du mal ? Il a bien tué un homme, pourquoi pas moi ? Au lieu de répondre, Ben s'avance dans la grotte. Un sentiment de frustration me gagne.

__ Ben ? Je ...

Il se retourne dans l'obscurité.

__ Oui ?

__ Je voulais juste te dire que ça fait du bien de ne plus être seule.

__ Un bien immense, admet-il.

Nous restons quelques instants à nous observer sans rien dire.

__ Bonne nuit Ben, je murmure.

__ Bonne nuit.

Celui-ci disparaît dans l'obscurité tandis que j'observe pensivement le ciel. Je sens que l'avenir sera encore plus mouvementé que je l'avais prévu. Si seulement Ruddith et les autres pouvaient être là...

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