L'éternelle bataille

Luma_az

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Robots géants contre monstres géants, c'est le combat perpétuel qui mobilise les foules et toutes les ressour... Еще

Chayan 1 : les petites lumières
Chayan 2 : l'art de s'amuser
Chayan 3 : visite
Chayan 4 : dans mon antre
Chayan 5 : l'attente
Chayan 6 : la fête
Chayan 7 : l'art de s'amuser, la suite
Chayan 8 : Copper
Chrome 1 : être une âme de chair
Chrome 2 : l'intérêt de l'amour
Chrome 3 : les rencontres
Chrome 4 : centres d'intérêt
Chrome 5 : Lilith
Chrome 6 : discipline
Chrome 7 : l'autre
Chrome 8 : recherches
Chrome 9 : Analyse
Chrome 10 : Landon
Silver 1 : 43 et 44
Silver 2 : le débutant
Silver 3 : le jugement
Silver 4 : ivresse
Silver 5 : réveil
Silver 6 : dépassé
Silver 7 : confrontation
Silver 8 : explications
Silver 9 : Esquives
Silver 10 : le fantôme
Silver 11 : Gold
Brass 1 : intronisation
Brass 2 : Nécromancie
Brass 3 : dents de dragon et passage secret
Brass 4 : héros et super-héros
Brass 5 : l'ange
Brass 6 : présentations
Brass 7 : sous les projecteurs
Brass 8 : dérapage
Brass 9 : interrogatoires
Brass 10 : conseils
Brass 11 : le secret
Brass 12 : décision
Interlude
Felis 2 : combattre la peur
Felis 3 : debrief
Felis 4 : demi-tour !
Felis 5 : négociations
Felis 6 : Préparatifs
Felis 7 : dans la gueule du loup
Felis 8 : comment retourner dans la gueule du loup
Felis 9 : le piège
Felis 10 : le secret
Felis 11 : la fuite à deux
Felis 12 : Cadell
Felis 13 : Platinum
Gold 1 : au milieu de la nuit
Gold 2 : l'histoire de Brass
Gold 3 : partage des tâches
Gold 4 : quand faut y aller...
Gold 5 : trop de pistes
Gold 6 : message
Gold 7 : décisions
Gold 8 : cris
Gold 9 : batailles
Gold 10 : les grands esprits se rencontrent
Gold 11 : pistes
Gold 12 : stratégies
Gold 13 : Silver
Landon 1 : la passation
Landon 2 : normalité
Landon 3 : colère
Landon 4 : calculs
Landon 5 : le secret
Landon 6 : stratégies
Landon 7 : les Utopiales
Landon 8 : Kuro
Landon 9 : hésitations
Landon 10 : Geoffrey
Landon 11 : négociations
Landon 12 : Chrome
Copper 1 : Hanté
Copper 2 : le Copper
Copper 3 : donnant donnant
Copper 4 : discussion cordiale
Copper 5 : stratégies
Copper 6 : rester calme
Copper 7 : menace
Copper 8 : ultimatum
Copper 9 : ce qui cloche
Copper 10 : rallier les soutiens
Copper 11 : retourner la situation
Copper 12 : Alliance
Copper 13 : sous l'oeil des caméras
Copper 14 : le putsch
Epilogue
Questions aux lecteurs

Felis 1 : la fuite

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Luma_az

Il faut que je me tire d'ici. Discrètement. Ne pas montrer la panique qui monte. Qui monte ? Qui m'a déjà envahi des pieds à la tête, oui ! Cet imbécile de rouquin vient de m'avouer qu'il sait tout, évidemment j'ai nié, je ne vais quand même pas leur donner quoi que ce soit pour m'inculper, mais j'étais certain que ça arriverait, qu'on m'arrêterait... Pourquoi on l'aurait averti de tout, à part pour me faire avouer ?

Et le pire, c'est qu'il était sans doute sincère.

Je ne dois pas y penser. J'ai fait ce que je devais faire : couper court, vite et bien. Oui, j'ai dû utiliser sa sensibilité, et bien il s'en remettra. J'espère. Stupide 137, ne va pas me faire un grand suicide romantique maintenant ! Et si tu es assez débile pour le faire, ne compte pas sur moi pour venir pleurer sur ta tombe. Moi, je dois sauver ma peau, point final.

Je me glisse entre les invités, sourit, esquive, en tentant de garder l'air naturel. De tous les cotés on m'apostrophe, évidemment, je suis connu comme le loup blanc ici, Nian le joli dealer, avec sa tenue chinoise si folklorique, et sa tresse si reconnaissable, il va falloir que je me coupe les cheveux, et comment je vais... Respire, Felis, respire doucement et sourit. Mon cœur bat si fort que je n'entends presque plus la musique qui fait pourtant trembler les murs. Je vais vomir. Ou m'évanouir. Je suis sans aucun doute suivi. Inutile d'essayer de savoir par qui. Les Forces ont des yeux et des oreilles partout. L'important, c'est de les semer, et pour ça, j'ai un plan de sortie. Enfin j'espère.

Jamais je n'ai été aussi soulagé de passer une porte.

Dehors, le couloir mort des grands immeubles de la ville. Pas la moindre cachette, ni pour moi, ni pour mes suiveurs. Des invités vont et viennent, évidemment. C'est la fête. Je sourit encore. Au moins je respire mieux que tout à l'heure. Nonchalamment, j'avance jusqu'au bout du couloir, et là, entre les ascenseurs et les escaliers, j'ouvre le plus naturellement du monde la trappe du système de ventilation et me faufile dedans. Oui, mes suiveurs sauront qu'ils ont été repérés, et il y a très peu de chance qu'ils me suivent encore s'ils ne veulent pas griller leur couverture. Et même s'ils le font, je les sèmerai sans aucun problème dans le labyrinthe de ces tuyaux. Première étape de fuite achevée, je peux respirer.

Maintenant, pendant que je rampe dans les conduits, il faut que je décide où je vais. Retourner à l'orphelinat est évidemment hors de question, et de toutes manières je n'y ai rien laissé d'important. Le plus sûr, le plus logique, serait d'atteindre ma cachette où je pourrais récupérer mon argent, des vêtements et des faux papiers, puis de disparaitre dans la nature.

Sauf que le Soleil Noir n'est pas le genre d'organisation qu'on plante là parce qu'on s'est fait repérer. Je ne crois pas qu'ils accordent beaucoup d'importance à ma personne. En revanche, ma disparition ne va pas les satisfaire du tout. Il faut que je les prévienne sans les compromettre, même si ça me met en danger... Être en danger d'être arrêté vaut toujours mieux que d'être tué. Évidemment, s'il était là Tonton me jurerait tous ses grands dieux que l'organisation n'est pas comme ça, qu'ils ne sont que des défenseurs du peuple et qu'au contraire ils me protégeront. Pendant un instant je me penche sur l'idée. Face à la puissance des Forces, seul le Soleil Noir aurait de quoi me tirer d'affaire...

Oui mais non. Je ne suis qu'un tout petit poisson, un indicateur qui ne fait même pas vraiment parti de l'organisation, jamais ils ne se mouilleront pour me sauver. Et l'UFIT ne fera pas d'efforts démesurés pour me retrouver une fois que mon principal intérêt, à savoir mon lien avec leur ennemi préféré, aura disparu. Autant couper net les ponts. Je préviens l'organisation et je disparais. Où, comment, pour faire quoi ensuite, je n'en ai encore aucune idée. Mais quoi que je doive faire pour ça, je survivrai.

Déterminé, je me glisse jusqu'au local technique du premier sous-sol, glauque à souhait - ils le sont tous. Pas besoin de passages secrets pour se déplacer discrètement dans la ville, tout a déjà été prévu pour que les gens qui s'occupent de l'entretien soient invisibles. Les immeubles sont tous reliés au troisième système de métro, le plus vieux et bancal, et le plus pratique quand on veut disparaitre dans une foule anonyme. Je rejoins rapidement le premier groupe de nettoyeurs, qui jettent un regard étonné sur ma tenue mais heureusement ne réagissent pas. Je suis habillé pour plaire aux étages friqués et j'ai déjà eu des ennuis en utilisant les sous-sols en portant ce genre de vêtements. On dirait qu'aujourd'hui est mon jour de chance. Relativement parlant.


Je n'attends même pas d'avoir atteint ma planque pour me changer. Trop de témoins, dans cette foule, à m'avoir vu. On est plusieurs à partager le même génome et par conséquent le même visage, mais à ma connaissance je suis le seul à avoir adopté la longue tresse et la tenue traditionnelle chinoise, c'est ma marque de fabrique. Qui doit disparaitre. Je trouve quelqu'un dont le gabarit convient, le regard aux pupilles dilatées aussi, et contre quelques pilules - une qualité qu'il n'aurait jamais pu atteindre avec le peu d'argent qu'il a - il accepte qu'on échange nos vêtements. Puis je me coupe les cheveux.

Ça aurait pu être un moment solennel, où je trancherai ma si longue tresse, que j'ai laissé poussé toute ma vie, avant de la nouer soigneusement. Sauf que je suis dans un cul-de-sac du troisième système du métro, entre les déchets et les épaves trop droguées pour bouger, et que je ne trouve que des tessons de bouteille pour faire le travail. Et vu la faune du coin, je n'ai aucune envie de leur demander s'ils ont un couteau.

Je massacre donc mes cheveux, en gardant juste assez de longueur pour me masquer le visage, surtout en enfonçant bien sur mes yeux la casquette que j'ai récupérée avec le reste. Et ce que j'ai coupé fini dans un bidon où brûle le feu de quelques sdf. Je les salue d'un geste du doigt sur le rebord de la casquette, et m'éclipse, en tentant de ne pas montrer que je suis terrifié. Je déteste cet endroit. Il m'horrifie et me brise le cœur en même temps.

.

Deux métros plus tard, je peux rejoindre le deuxième système, et enfin revenir à l'air libre. Je ne vois pas comment je pourrais être encore suivi. A moins qu'on m'ait greffé un mouchard sous la peau, mais pourquoi faire ? Ma meilleure protection, c'est mon insignifiance.

Je peux donc rejoindre ma cachette, là où je garde mes faux papiers et mon argent. Dans un immeuble tout à fait banal, d'une hauteur moyenne, où vivotent des familles moyennes rêvant d'élévation. A force de travaux aux plans truqués pour économiser des miettes sur les matériaux, celui-ci s'est retrouvé avec tout un espace en théorie inexistant coincé entre les murs de deux appartements mitoyens. C'est un tout petit coin, plus invivable qu'une cellule, mais il me suffit pour me poser, et en me roulant en boule je devrais pouvoir dormir quelques précieuses heures. Il faut que je prenne des forces avant de fuir véritablement.

Je vérifie rapidement que j'ai tout en épluchant les papiers. J'ai aussi quelques souvenirs. Vraiment pas grand-chose, une petite boite... Un carnet, deux rubans, des photos.

Et, parmi elles, j'avais rangé une photo de Brass.

Saleté de rouquin. Si seulement...

Si seulement...

Si seulement j'avais pu dire oui.

La vérité, c'est que je ne veux pas fuir. Je dois fuir, je n'ai aucune autre solution que la fuite, mais jamais je n'ai eu envie de laisser derrière moi tout ce que j'ai construit, et jamais je n'ai eu envie d'abandonner ce crétin ! Dire que ça fait des semaines que j'essaye de le couvrir, alors que cet attardé mental a eu le culot de m'avouer son véritable nom dès notre toute première rencontre !

J'aurai dû le donner aux Soleils Noirs et m'en laver les mains. Après tout, c'était ça mon boulot : leur donner des renseignements sur le pilote - enfin, la série de pilotes - qui s'était attaché à moi. C'était ma seule utilité et je n'ai jamais eu de contact avec eux pour autre chose. Enfin, sauf avec Tonton, mais lui c'est différent.

Au lieu de ça, je l'ai protégé. J'ai caché à l'organisation une information essentielle sur lui. J'ai essayé de limiter son addiction. J'ai fait attention à... Bon, j'ai essayé de faire attention à ne pas trop le faire craquer, et visiblement c'était un lamentable échec, mais qu'est-ce que j'aurai pu faire de plus ? Oui, enfin j'ai sans doute trop joué avec lui. Mais il était irrésistible. Saleté de rouquin, avec ses grands yeux, et son sourire, et son... comment je pourrais appeler ça, sa joie de vivre ? En tous cas il était lumineux. Solaire.

Personne n'aurait dû le savoir, que j'ai mal fait mon travail. Je n'ai aucune envie d'avouer à des gars armés jusqu'aux dents et qui trouvent logique d'attaquer des villes à coup de kaijus que j'ai trahi mon contrat moral avec eux. Tout ça dans l'espoir que mon petit chouchou survive un peu plus. Parce qu'en plus je m'y étais attaché, aux Brass précédents. Et leur mort m'a fait très, très mal. Je suis certain que je n'y suis pour rien, aucune information que j'ai transmises aux Soleils Noirs n'a pu conduire à la mort d'un des Brass, mais quand même... je voulais garder celui-là le plus longtemps possible.

Je m'aperçois que je me suis perdu dans la contemplation de la photo. Ce n'est même pas une vraie photo, ce n'est qu'une publicité que j'ai découpée dans un magazine. Je n'avais pas voulu prendre celle qu'il m'avait apportée pour se vanter, je ne voulais pas l'encourager. Mais quand je l'ai revu sur papier glacé, j'ai craqué. Il est tellement... tellement lui, là-dessus. Derrière lui, on a placé artificiellement un pré ensoleillé et un match de football à l'ancienne. Il a de la boue sur le visage et il est resplendissant, souriant à l'objectif comme s'il tenait à me faire savoir à moi personnellement qu'il a gagné le match. Et j'ai beau savoir que c'est truqué, du début à la fin, et que la vie idyllique qu'on nous vend n'existe plus nulle part, et qu'il n'était même pas à l'extérieur pour ces photos, ça me...

Bref. Je ne devrais pas garder cette stupide photo. Je ne pouvais pas me lier encore davantage à un membre de l'UFIT, je ne pouvais pas le trahir et donner au Soleil Noir de quoi l'atteindre, toute cette situation était explosive depuis le début. Par ma faute. J'aurai dû trancher. Je le savais, pourtant, que c'était impossible de concilier les deux. Mais j'ai hésité, j'ai sans cesse repoussé ma décision... Et maintenant, j'ai tout perdu.

Qu'est-ce que Cadell va devenir ? Brass, il faut que je l'appelle Brass, sinon un jour ce maudit prénom qui me brûle les lèvres va m'échapper. Si je fuis le Soleil Noir, ce n'est pas pour leur donner ce secret.

Ce qui me rappelle qu'il faut que je contacte l'organisation pour les prévenir que je suis grillé. Je grimace. Ce sera le seul moment vraiment dangereux de ma fuite, celui où je serai à portée de caméras et d'espions de l'UFIT, où je ne pourrais pas me cacher dans la masse. Parce qu'évidemment, le Soleil Noir a un système de communication sécurisé, mais ça c'est pour les membres. Les indics et les mercenaires doivent se contenter de prendre le pognon et de se démerder pour ne pas se faire prendre.

Autant que je tente de dormir. Demain sera une rude journée...

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