A la suite d'une série de fautes graves de la part de quelques-uns de nos employés, celui-ci a été brutalement stoppé par les autorités sanitaires. Une dénonciation anonyme a débouché sur un contrôle qui a révélé de graves manquements aux règles élémentaires d'hygiène et de bien-être. Les cages étaient pourtant de taille réglementaire, mais différents manquements ont été jugés trop critiques.
Les auditions des employés ont révélé que l'un des techniciens, ancien employé d'abattoir, avait un comportement violent envers les sujets de tests qui outrepassaient évidemment le cadre des procédures de tests prévues par le protocole en cours. Il a été licencié et est poursuivi pour actes de tortures aggravés. Pour avoir embauché cette personne et n'avoir pas réalisé le suivi nécessaire, le rendant de fait complice de ces actes, le chef du projet a lui-aussi été licencié sans préavis pour faute grave.
Nos propres investigations ont permis de retrouver l'origine de la dénonciation. Il s'avère qu'il s'agissait d'un chercheur dont le nom ne sera pas mentionné ici. Il a été placé sous protection par les autorités en attendant les conclusions du tribunal pénal. Nous pourrions nous en charger de façon officieuse une fois le verdict rendu mais il nous paraît évident que cet employé ne cherchera pas à être à nouveau confronté à notre structure.
Il convient donc pour nos prochaines activités d'être beaucoup plus exigeants sur nos critères d'embauche et d'exercer un contrôle beaucoup plus strict des employés afin d'éviter qu'un nouveau scandale n'éclate. Notre laboratoire a investi près de 300 millions de dollars pour monter des projets innovants et les premiers résultats que nous avons sont très encourageants. Nos activités sont primordiales dans le secteur de la biologie médicale et nous ne pouvons pas nous permettre de clore des projets avant terme vu la complexité de leur mise en place et leur durée de plusieurs années.
Sur le plan humain, le projet est donc un échec. Sur le plan de la communication, notre laboratoire est désormais très mal vu dans la société ; il faudra donc se faire discret quelques temps. Un détachement de nos équipes travaille d'ores et déjà à réhabiliter nos activités auprès du grand public. Il convient néanmoins de tirer toutes les leçons possibles et ce rapport contient notamment des recommandations à suivre pour se prémunir de toute éventualité.
Conclusion #1 : Bien que le projet ait été arrêté avant son terme, la première phase consistant à finaliser notre méthode de choix et de préparation des mères porteuses a été validée. Nous sommes en mesure désormais de sélectionner avec un taux de succès de 99.87% les femmes qui seront aptes à porter les embryons que nous créons. Nous visions à contrôler via leur génome leur durée de vie et de maturation. Les 8 premières années de vie nous permettent d'évaluer ces paramètres grâce aux récents modèles de vieillissement informatique développés dans nos locaux.
Conclusion #2 : Les juvéniles humains qui naissent de nos cellules-œufs génétiquement modifiées devaient être conservés encore 2 ans, soit 8 ans au total. Du fait de la dénonciation, il a fallu détruire les 20 exemplaires avant l'arrivée des autorités. Vu le coût unitaire et les durées d'études engagées, il est nécessaire de trouver une parade si ce risque se produit à nouveau.
Conclusion #3 : Un des exemplaires était manquant au moment de procéder à l'euthanasie. Nous avons retrouvé dans les notes de l'employé nous ayant dénoncé des mentions d'un certain « Léon » ; nous avons compris que la personne avait formé un lien émotionnel avec l'exemplaire EGM-03. La formation de nos employés doit être revue à ce niveau-là pour éviter que cela ne se reproduise.
Conclusion #4 : Les règlementations légales sont on ne peut plus claires en matière d'expérimentation sur les êtres vivants sensibles. Malgré notre recherche que beaucoup considéreraient a minima « bordeline », nous nous devons d'engager à nos côtés des collaborateurs qui respecteront au mieux ces règles, notamment sur les expérimentations animales. Nos expérimentations sur l'humain ne rentreront de toute évidence jamais dans le cadre de la loi.
Nos recherches sont financées sur une partie des fonds de la défense gouvernementale. Bien entendu, il s'agit de montages financiers parfaitement opaques qui ne sont connus que partiellement par chaque personne impliquée ; et leur nombre est très restreint. Pour le grand public, nous avons maltraité des souris, c'est tout ce qu'il y a à retenir de cette histoire. A priori, les résultats obtenus suivent nos modèles, nous avons de bonnes raisons de penser que le contrôle du vieillissement et de la maturation des individus a fonctionné, malgré les 2 ans manquants.