De Génération en Génération

By Spyroetchant2

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Trois générations de femmes d'une même famille. Judith est l'ancêtre, la première de l'histoire qui débute da... More

Partie 2 (Chapitre 12 à la fin)

Partie 1 (Chapitre 1 à 11 )

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By Spyroetchant2


De Générations en Générations

Prologue

Nous sommes en 1930 dans la belle région du Saguenay. Une famille nouvellement installée dans la ville de Kénogami (qui signifie pour les Amérindiens : lac long), essayait de prendre sa place dans cette petite municipalité. En cet hivers froid, Judith, la femme d'un voyageur de commerce, donne naissance à son septième enfant, sans docteur ni mari, car une tempête faisait rage et aucun des deux n'aurait pu arriver à temps. Une chance, une de ses filles, la plus vieille suivait un cours de sage femme et elle pu aider sa mère dans ses extrêmes douleurs. Augustine, sa fille, avait même dût tourner le bébé parce qu'il se présentait par le siège. Durant de longues heures, la maman souffre et la prochainement sage femme ne pouvait rien faire. Elle avait très peur que le cœur de sa mère lâche tellement elle était épuisée. Et puis, à l'aube du matin de 5 février 1930 naquit un bon gros poupon de cinq livres. Augustine déçue, dit à sa mère :

— Maman ! C'est encore une fille et elle a le cordon autour du cou. Est-ce que j'essaie de la sauver?

— Mais... Voyons Augustine ! Que dis-tu là? Donne-la-moi. Je vais essayer d'enlever ses sécrétions et lui souffler dans la bouche. Elle doit vivre m'entends-tu ?

— Elle ne voulait pas dire ça mère, dit Réjeanne, son second enfant. Se tournant vers sa sœur elle lui dit : Arrête de pleurer et donne-lui son poupon, ensuite essaie d'arrêter son sang de couler.

En voyant cela Augustine s'empresse de donner l'enfant toujours inerte à sa mère pour ensuite se dépêcher de sortir le placenta du ventre, comme elle avait appris à le faire, mais ça ne marche pas. Le sang continue à couler à flot. En paniquant elle crie :

— Mère, arrêtez de bouger... Il faut rester inerte...

— Je ne peux pas Augustine... Prend le bébé par les pieds. Je n'ai plus la force de le faire et donne lui une bonne tape sur les fesses. Vite fait-le je crois qu'elle vivra.

Réjeanne voyant que ça sœur était sous le choc, prend elle-même l'enfant en faisant ce que ça mère avait dit. Après plus d'une tape, l'enfant émet enfin un faible son.

— Merci mes enfants, vous venez d'accomplir un miracle, dit-elle, avant de perdre connaissance.

Une chance, elle n'entendit pas la dernière réplique Augustine.

— Et vous mère, allez-vous être notre deuxième miracle... Mère! Mère... Ne partez pas. (Se tournant vers le nouveau-né, elle lui dit. J'espère qu'elle vivra... sinon tu ne vivras pas longtemps, je t'en fais la promesse...

Augustine! Tu iras en enfer, dit Réjeanne. Comment oses-tu dire ses horreurs? Tu devrais aller confesser tes péchés...


Chapitre 1

Les jours passaient et Judith se rendit compte rapidement que son bébé était très lent. Tout les gestes et attitude du nouveau-né étaient d'une lenteur extrême, même la tété prenait plus de temps que la normal. Une mère de six autres enfants, ne pouvait que le savoir et le docteur, qui était venue la voir hier, lui avait confirmé ces doutes.

Pour ne pas alerter ses proches qui avaient déjà une attitude négative de l'enfant, sauf bien-sur Réjeanne, qui tout comme elle prenait la défense de tout et chacun, Judith reçu le médecin la petite cabane tout au bout de leurs terres où nichent les trois vaches à lait, ainsi que deux chevaux de trait.

♠♠

Pour une famille de paysans, avoir cinq animaux était réellement un exploit de tous les jours, pour le chef de famille. C'est pourquoi Thymothé le mari de Judith n'était presque jamais là... Pour la petite dernière, c'est une bénédiction, car il se rendit vite à l'évidence que ce nouveau-née sera une charge.

« Je vais devoir travailler fort pour lui trouver un très bon samaritain comme mari, de même que ses parent l'on fait pour moi. Peut-être même devrons-nous nous en débarrassé avant que ma femme s'attache trop à elle. Déjà qu'elle occasionne beaucoup de discorde dans notre famille et une extrême jalousie de la part de la plus vieille. Je peux comprendre ma femme Judith n'a d'yeux que pour elle. Et de plus, déjà elle a eu du mal à reprendre des forces et l'énergie de vivre aux six alors... comment fera-t-elle pour celle-là? Pourquoi ai-je accepté de prendre cette femme maigrichonne et pas très intelligente comme épouse ? pense-t-il. Ah ! Je me souviens... Pour la dote généreuse de ses parents... J'ai au moins la chance de n'être pas souvent là, et d'avoir quelques femmes de mauvaises vertus, à me farcir. Il ne coûte pas cher et elles font la job. Oh! Et que dire du nom qu'elle à donner à cette erreur de la nature : Mosette en l'honneur de Moïse... Ce n'est pas les eaux qui ont sauvé celle-là et comme dit ma plus vieille... Elle aurait dû y rester.

♠♠

Un dénommé docteur Maurice, le médecin de cette partie de la petit ville, n'avait pas réussit à venir plus tôt, car sa tâche était lourde en cet époque de l'année. Plusieurs femmes mortes en couche, mais miraculeusement, il avait réussi à sauver, pas tous, mais plusieurs des nouveau-nés.

« Malheureusement », pense-t-il, « plusieurs maris abandonneront leurs progénitures, par manque de temps ou tout simplement parce qu'elles ne sont pas du bon sexe. Ils se retrouveront à la crèche... toutefois les familles ici sont tellement grosses, que très peu de ces bébés abandonnés trouveront leur place dans une autre famille et ceux qui y arriveront... Quelle misère ! Ces enfant seront les souffres douleurs de ces dernières. Dans quelle époque vivons-nous ? Mais je suis là pour soigner et même si je le voulais je ne peux rien faire pour améliorer leurs sorts. Je n'ai pas de femme et d'enfants, car je n'aurais de temps à leur accorder et ça serait faire comme les maris des femmes que je soigne et ils ne méritent pas ça », termine-t-il en regardant la jeune maman entrant dans la petite étable avec son nouveau-né, qui semble ne pas être très vigoureux. « Pauvre elle ! »

Maurice prit son temps pour ausculter ce nouveau-né, car il ne voulait pas se tromper ou donner un faux espoir à cette mère, qui le regarde avec des yeux suppliants... Une dernière pensée avant de lui parler vint en tête du docteur.

« Mon Dieu que la vie est injuste, une si brave femme... Je vais devoir lui parler en terme clair pour qu'elle comprendre la situation et pour ça elle aura encore plus de peine... »

— Madame Tremblay... Malheureusement je n'ai pas de très bonne nouvelle pour vous. Votre petite Mosette, c'est bien son prénom je crois, n'a pas respiré tout de suite en sortant de votre ventre et comme me l'a expliqué votre fille, cela à durer un certain temps. C'est même un miracle qu'elle ait survécu. Cependant, je viens d'ausculter votre poupon... Je suis très content de son teint bien rose, ce qui me dit que Mosette survivra sans problème, mais malheureusement elle aura de graves retards.

— Et bien, nous ferons avec... J'ai de grands enfants qui m'aideront dans mes autres tâches et je lui donnerai plus de temps. Je m'inquiète pour sa santé, car elle ne buvait vraiment pas beaucoup, mais si vous me dites qu'elle va bien, alors j'assumerai se léger retard.

« Comme je le pensais, elle minimise le choc que je viens de lui donner. Je ne peux la laisser ainsi, avec ce que j'ai vu en arrivant, elle n'aura pas l'aide qu'elle souhaite. Son mari est toujours absent et ce nouveau-né, qui risque d'être un cas lourd, ne feront que confirmé ses absences et son manque d'attachement à sa famille et la jeune futur sage femme Augustine, donnera probablement plus des problèmes et de peine à sa mère que de l'aide. Je ne crois pas que je ferai changer d'idée cette femme au cœur gros comme le monde, mais j'aurai essayé... Mais je viens d'avoir une idée. Peut-être marchera-t-elle ? », Songe Maurice, en s'apprêtant à continuer.

— Madame... Vous ne voyez pas comme votre petite fille ne sera jamais normale. Que vous n'arriverai jamais à tout faire seul. Vous dites que vos enfants vous aideront... Et bien, ce n'est pas ce que j'ai vu. Personne n'accepte ce nouveau-né... Elle sera leur souffre douleurs. Vous ne pourrez pas tout le temps la protéger. Donnez à votre petite fille la chance de vivre une vie, qui lui conviendra au mieux de ses capacités. Ici elle souffrira et vous souffrirez...

— Mais...

Le docteur ne la laisse pas continuer, il poursuit avec une proposition surprenante.

— Laissez-moi terminer Madame Tremblay. Ce que je m'apprête à vous dire sera peut-être une solution pour vous. J'ai n'ai ni voulu de femme, ni voulu d'enfant... Mais maintenant que je suis en train de vieillir, j'aimerais donner un peu de bonheur à une personne autre que moi... et là maintenant je viens de trouver. J'aimerais si vous me le permettez m'occuper de ce bel enfant... Votre Mosette, qui je sais aura besoin de plus de temps que je ne peux lui donner... Cependant, vous pourrez venir vous en occuper si je ne suis pas disponible et la nuit... je donnerai quelques sous à un garçon pour venir la surveiller... Je ne suis pas riche, mais j'ai assez épargnez pour qu'elle ne manque de rien... Je ne vous l'enlève pas... Faite-le pour elle...

— Mais que diront mon mari et les mauvaises langues, vous savez les commères? Je ne pourrai plus aller à l'Église de peur qu'on me regarde comme une dépravée. Non merci, cette offre est tentante, mais je ne pourrais pas l'assumé. Je suis trop... Comprenez-moi docteur, je vous en pris. Cette enfant est tout pour moi. Je ne pourrai pas m'en séparer. Je suis beaucoup trop attaché à ce petit être sans défense et je l'aime tellement, dit-elle, en pleurant.

Maurice le savait, mais il aura essayé. Un peu déçu, mais comprenant très bien, il regarde couler les larmes sur les joues de cette femme au grand cœur, en lui répondant.

— Madame Tremblay, ne pleurez pas. Je ne voulais pas vous faire plus de peine que vous ressentez déjà. Je comprends très bien et même si je suis très occupée, je ne vous promets rien, mais j'essaierai de venir temps en temps pour voir le développement de votre petite dernière.

— Un gros merci, docteur, et j'apprécie vraiment ce que vous faites pour moi. Au revoir, à la prochaine et cette fois, je vous accueillerai avec une tasse de thé bien chaude.

— Au revoir chère dame et bon courage...

♥♥

Judith ayant sécher ses larmes, entre dans la petite demeure. Tout de suite elle est attaquée par de méchante parole d'Augustine, qui ne la lâche pas depuis la venue de nouveau-né.

— Mère, pourquoi ne voulez-vous pas que je vienne aussi? Je suis presque sage femme maintenant et j'aurais voulu savoir l'état de débilité de ma sœur...

— Mosette n'ait pas attardée, comme tu le penses et je ne voulais justement pas que tu t'exprime ainsi devant le docteur.

— Et pourquoi pas Mère ? Tous les paroissiens, sauf toi, savent maintenant que tu as donnée naissance a un enfant attarder et que tu ne veux pas t'en débarrassé. Et tu sais comment on me traite à l'école... Non! Tu ne peux pas comprendre, car ton attention est seulement pour elle, réplique Augustine en prenant le nouveau-né pour lui enlevé la couverture du visage pour la pointé du doigt.

— Assez ! Répond Judith, d'un ton sec. Donne-moi ma fille. Tu ne vois pas qu'elle a froid.

La mère prend le poupon des bras de sa grande fille ingrate, remet la couverture sur le visage de l'enfant en se dirigeant vers sa petite chambre, son havre de paix. Mais Augustine n'a pas fini avec elle.

— C'est ça, va te cacher encore. Je te le dis, je ne retourne pas en classe et lorsque je pourrai, je m'en irai et tu n'auras plus ton esclave pour faire tes tâche de femme au foyer.

Et l'on attend alors, une porte fermée rudement.


Chapitre 2

Judith, qui venait de mettre son enfant dans le petit berceau, qu'elle avait utilisé pour tous ces enfants, entend ainsi le claquement de porte.

— Enfin seule et en paix, dit-elle en emmitouflant la petite.

Elle s'assoit sur son lit, ouvre un tiroir et sort une petite boite. C'est son coffre au trésor qu'elle regarde seulement lorsqu'elle est certaine d'être seule. Elle ouvre et voit son petit carnet, tout fripé, qui comme d'habitude fit ressurgir bien de lourds souvenirs. Cependant, ce triste début de vie, elle aurait voulu le faire disparaitre de sa tête, mais c'est impossible. Après toutes ces années, elle imagine les scènes qui l'on meurtrie aussi clairement que lorsqu'elles son sont produites. Elle ouvre, la première page et une larme coule sur ses joues. Elle se rappelle ce jour là... le jour où son calvaire a commencé.

♥♥

— As-tu vu Frank, regarde... regarde ce gribouillage. Je n'y comprends rien et la maitresse non plus. Ça fait des semaines que tous les autres savent l'alphabet et elle... Non, je ne veux pas d'une enfant anormale, dit Francine à son époux.

La petite, assise en haut de l'escalier, entend son père répondre à sa mère :

— Bien! Que veux-tu qu'on en fasse ? Nous ne pouvons décemment pas l'abandonnée. Nous si nous la gardions à la maison.... Elle fera le ménage et s'occupera des autres enfants que nous aurons et lorsque ça sera le moment, je lui trouverai un mari... Je sais, il nous faudra dépenser une forte somme, mais cela nous en débarrassera...

Ce soir-là, Judith en eu assez. Elle retourne se coucher en sanglotant. Ces affreuses paroles de ses parents s'imprégnèrent dans sa mémoire. Oui et même si plusieurs années ont passées, lorsqu'elle se rappelle cette discussion, cela lui fait encore aussi mal.

♥♥

« Néanmoins, en cette instant », pense-t-elle, en regardant son nourrisson dormant paisiblement. « Je peux comprendre leur ressentiment, même si je ne le partage pas.

De nouvelles larmes apparaissent lorsqu'elle se souvient de la suite.

♥♥

Le lendemain, sa mère ne l'envoya pas à l'école et son petit lit fut déplacé dans un placard, tout au fond de la maison. Cet endroit était tellement petit que seul un lit entrait dedans où on n'y entreposait que les déchets. À l'intérieur on avait juste envie de vomir, tellement l'odeur nous levait le cœur. Il y faisait tellement noir lorsqu'elle fermait la porte qu'un soir la petite voulu la laisser ouverte mais Francine lui a ordonné de la fermer.

Sa mère lui dit sans émotion, qu'elle ne méritait pas de dormir avec ses frères et sœurs et qu'elle ne devrait plus les considérer comme tel... mais phrase ne fut pas celles-là, mais celles-ci.

— Et en public et même lorsque nous sommes seules... ne m'appelle pas mère, car maintenant je ne te considère plus comme ma fille, mais comme une petite bâtarde que j'ai recueilli à la mort de sa mère. Et tu ne m'adresseras la parole que si je te le permets. Maintenant va nettoyer l'écurie et ne pleure pas, tu ne m'attendriras pas.

Judith ne dit rien, car elle comprit, que même si elle essayait d'arranger les choses, rien de ce qu'elle pourrait dire ne la ferait changer d'idée. Elle tourna le dos et commença à marcher lentement vers la petite grange, qui devint un refuge pour elle.

Les mois et même les années n'arrangèrent pas son cas. Ses frères et sœurs la traitaient comme une servante et l'humiliaient toutes les fois qu'ils le pouvaient, même à l'église, lorsqu'on lui permettait d'y aller. Elle ne devait pas s'assoir avec eux. Elle allait dans le dernier banc, tout au fond et elle ne pouvait pas faire la communion.

À 14 ans, lorsqu'un voyageur de commerce passa à leur maison, mes parents eurent l'opportunité de se débarrasser enfin de Judith. Ils offrirent une dote tellement faramineuse que ce vieux voyageur ne put décliner cette offre.

Judith était dans la pièce, lorsque Frank dit à cet homme qu'il pouvait faire d'elle ce qu'il voulait. Qu'il ne voulait plus la voir.

Ces paroles prononcées par celui qui fut jadis son père, firent entrer, encore une fois, une lame bien acérée dans son petit cœur, mais elle n'en avait eu tellement qu'aucune larme ne sorti.

♥♥

« J'ai eu la chance de tomber sur un homme de principe, du moins pour le mariage... Je sais très bien, que cet homme l'a fait, car à son âge et avec ces envies, il n'avait trouvé aucune femme qui lui convienne. Moi, j'étais la petite femme rêvée pour lui. Une petite idiote qui lui donnerait des enfants et pour le reste, il pourrait se débrouillé. Je ne suis pas aussi sotte que vous le pensiez, messieurs et mes dames », pense-t-elle, en tassant les choses.

— Où est-il? Enfin le voilà, dit-elle, en chuchotant pour ne pas réveiller son enfant.

Sitôt l'a-t-elle en main, qu'elle se lève et s'approche du berceau. Elle s'agenouille près de sa fille et lui dit :

— Tu ne termineras pas comme moi ma belle petite Moïsette. Je ne les laisserai pas faire, pas cette fois en tout cas et s'il le faut, je partirai... Je ne sais pas comment nous allons survivre, mais je ne te laisserai pas ici, si tout mon calvaire recommence avec toi. Ta grande sœur à hériter son cœur froid de mes parents... et peut-être même de ton père. J'ai vraiment peur, qu'il m'ordonne de me débarrasser de toi. Je sais qu'il me tolérait car je suis la mère de ses enfants... Mais là une retardé sans est trop pour lui... une dans la famille, c'est assez, me dira-t-il. Mais, comme moi, tu n'en es pas une. Tu es seulement un petit peu plus lente que les autres. Si seulement, ce que je tiens dans les mains avait de la valeur...

Judith regarde le petit carnet et se souvient du premier jour où elle l'a eu en main. C'était son moment le plus joyeux depuis bien longtemps.

♥♥

Le vendredi de chaque semaine, Judith avait la lessive à faire. Souvent les pantalons de travail de son père y étaient. Lorsqu'avant de commencer elle vidait ses poches et souvent elle y trouvait de la monnaie. Pour ne pas alerter, la famille et lui donner encore le surnom de voleuse, elle ne prenait qu'un sou à la fois et dans l'écurie elle s'avait fait une petite cache et grâce à un couteau que sa mère avait jeté car il n'était plus bon, elle avait fait un petit coffre où elle y déposa ses sous.

Un jour, croyant qu'elle en avait assez pour acheter ce qu'elle voulait, elle se rendit en cachette au magasin général. Elle montra ses sous et demanda au propriétaire si elle en avait assez pour acheter le petit carnet et ce livre de l'alphabet. Le caissier, ayant pitié de la petite sauvage, car c'est comme ça qu'on l'appelait, hocha la tête affirmativement. Judith lui donna les sous en souriant et sorti de là pour aussitôt se cacher derrière un charriot, car elle venait d'apercevoir ses frères et sœurs qui sortaient de l'école.

♥♥

— Oui ma petite, dit-elle, en ouvrant son petit carnet tout fripé par les années de relecture. J'ai appris seule à écrire et surtout à dessiner. Comme j'aimerais que ce que j'ai fait soit bon... mais comment cela se pourrait lorsque nous sommes seule à apprendre. C'est pourquoi je ne te laisserai jamais seule... si la maitresse ne veut pas de toi... moi je te montrerai et tu feras un mariage d'amour pas comme moi... Et, c'est à toi seule, que je donnerai ce petit carnet, lorsque le temps sera venu. Tu en feras ce que tu veux et moi je ne t'en achèterai pas qu'un seul.

Tout de suite après avoir sécher ses larmes, Judith se couche, en position fœtale, et s'endort aussitôt.


Chapitre 3

Les jours se ressemblent tous pour la pauvre Judith. Son bébé, comme l'avait dit le docteur, se développait à une lenteur extrême. Un jour, son époux, qui faisait chambre à part depuis qu'elle avait refusée de donner naissance à un nouveau bébé en échange de cet être anormal. Les blessures non cicatrisées de son épouse lui donne de l'audace et elle lui répondit, ce jour là, sur le même ton que lui, ce qui n'arrange pas les choses.

— Ce petit être anormal est votre enfant et Moïsette n'est pas un monstre, comme tous le pensent. Elle apprend tout simplement plus lentement et plus tard que ces frères et sœur, tout comme moi, je l'étais au départ.

Tout de suite après les dernières paroles de son épouse, Thymothé se lève de la chaise berçante où il fumait sa pipe. Puis en crachant sa giclé, il réplique d'un ton colérique.

— Mais, allez-vous comprendre à la fin que je n'en veux pas de cet enfant. Et qu'aucun de nous n'en voulons, rajoute-t-il en pointant du doigt sa trâlée d'enfants. Vos autres filles font vos tâches depuis que vous ne vous occupé que d'elle. Cette petite, comme vous dites, ne nous rapportera rien de bon et je vais devoir, tout comme votre père, qui était sois dit en passant beaucoup plus en moyen que moi, trouver un brave homme qui acceptera de nous en débarrasser. Et comment osez-vous me parler ainsi... Déjà qu'Augustine nous quitte ...

Pour ce soir, Judith en avait assez entendu. De toute façon, son époux lui avait ordonné de ce taire. Sans dire un mot de plus, elle retourne dans la chambre la tête basse.

En refermant la porte elle entend un très long soupir et une dernière phrase de Thymothé.

— Il n'y a rien à faire... votre mère est aussi sotte que cet erreur de la nature...

Cette phrase brisa le reste d'illusion qu'elle avait de son époux. Lorsqu'il avait fait d'elle une femme, le premier soir du mariage, elle s'était endormie dans ses bras en souhaitant qu'ils apprendre à s'aimer ou tout au moins à se respecter. Ce soir là, elle comprit que jamais ça n'arriverait et une larme coula sur sa joue.

Séchant sa larme en couchant la petite dans son berceau, Judith la regarde et pense à ce que son époux vient de lui dire.

« C'est la dernière fois qu'il me met dans cet état. Je ne peux rien faire pour les autres, mais pour elle je serai tout ce qu'elle aura besoin. Elle sera maintenant ma raison de vivre. Comme elle est jolie... Je ne suis pas d'accord Monsieur Tremblay, je crois plutôt qu'elle aura l'embarras du choix. Et dans ce sens, je te fais la promesse ma petite beauté, que tout père ne te donnera pas au premier venu, comme ton grand-père la fait pour moi. »

Cependant, une évidence lui saute alors aux yeux et un murmure sort de sa bouche.

— Il est vrai toutefois qu'elle est beaucoup trop petite pour son âge... »

Puis, elle s'assoit sur son lit, près de la commode, où, comme chaque soir depuis qu'elle est dans cette maison, elle sort son petit carnet. Elle repasse les pages une après l'autre pour arriver à la dernière feuille libre.

« Demain, je devrai en ajouter d'autres. Je vais devoir un jour en avoir un nouveau, mais pour ce soir, une me suffit », pense-t-elle en regardant le berceau.

Elle prend la chaise tout au fond de la chambre et s'assoit bien droite au côté de Moïsette et commence à dessiner. Les portraits maintenant elle sait comment les faire et elle s'améliore de jour en jour. Surtout ceux de son enfant adoré.

♥♥

Les années passèrent et rien ne changea dans la maison sauf le nombre de personnes qui l'habitaient. Il se rétrécissait à chaque fin d'année Il ne restait plus que Thymothé et sa présence se faisait de plus en plus rare. Cela faisait bien des années qu'il ne lui demandait plus de faire son devoir d'épouse. Judith savait depuis des lustres qu'ils allaient voir ses femmes de petites vertus. Au début du mariage, ça lui déplaisait, mais au fil du temps, elle en vient même à les remercier. Et son époux à au moins la décence de ne pas le faire près de chez elle. Cependant, elle ne se fait pas d'illusions, s'il n'était pas voyageur de commerce, il l'aurait fait n'importe où.

Le dimanche, lorsqu'elle allait à l'église seule avec sa fille... tous les regards se tournent vers elle, mais ça ne l'empêche pas d'y aller et de s'assoir à l'arrière... De toute façon elle est habitué, car depuis la menace d'excommunions du curé, car elle ne voulait plus d'enfants, son époux l'oblige à s'assoir derrière lui. Imaginé, le père et les enfants à l'avant et la mère derrière eux comme une moins que rien. Les paroissiens ne lui adressent plus la parole et personne ne la prend en pitié lorsqu'elle revient seule chez elle. Des personnes chuchotant à l'oreille du voisin, elle en a vue et maintenant elle fait comme si elle ne les voyait pas.

Moïsette, moins habitué qu'elle des regards des autres, car Judith avait réussi à la protéger de leurs méchancetés aussi longtemps qu'elle le put, lui demanda avec sa petite voix solennelle, qui la faisait rire à chaque fois.

— Mère pourquoi les gens nous regardent-ils ainsi ? Est-ce que c'est parce que je ne vais pas à l'école comme les autres enfants ? Ils ne comprendre pas que vous êtes seule et que je dois rester avec vous...

Judith détestait lui mentir et elle eu une boule au cœur de devoir le faire encore une fois. Cependant elle ne pouvait pas lui dire, que la maitresse n'avait pas voulue d'elle, tout comme dans le temps, ce fut son cas. La mère se tourna vers son enfant en affichant son meilleur sourire.

— Non ma très chère fille, ils ne le comprendront jamais. Comme ils ne comprendraient pas si tu leurs disait que je t'enseigne, donc il faut mieux ne pas leurs en parler.

— Bien, mère mais de toute façon, personne ne me parle et personne ne vient nous voir. Je n'ai aucun ami, répond la petite en soupirant. Je sais qu'il y a quelque chose qui ne coule pas...

Pour ne pas être amené vers une explication qui la blesserait, Judith s'empresse, comme à chaque fois, de ramener sa fille vers des pensées plus joyeuses.

— Et bien que fais-tu du docteur? Lui vient nous voir et il s'amuse avec toi. Ne peux-tu pas le considéré comme un ami?

— Oui, mère si vous voulez, répond Moïsette pour ne pas décevoir sa mère, mais elle savait que le docteur ne le faisant que parce qu'il avait pitié d'elle.

♥♥

Le quatorze février de la huitième année de Moïsette, tout bascula pour cette petite fille. Cette fête des amoureux qui n'était que réjouissance pour les gens fortunés, en serait une triste pour cette dernières.

Judith se réveille en sursaut en entendant gémir son enfant. Elle court vers son lit et reconnait les signes d'une grave maladie. Sa petite est en sueur et marmonne des choses tout à fait incohérentes. Puis, tout à coup, tout son corps se met à s'agiter dans tout les sens. Sa mère qui ne sait plus quoi faire, prend sa fille dans ces bras en la recouvrant de sa couverture, puis la berce pour essayer de la calmer. Lorsqu'elle pense y être arrivé, elle prend la décision d'aller voir le docteur Maurice, qui l'avait toujours soutenu. Cependant elle est seule maintenant ici et elle n'a pas de moyen de transport.

— J'irai à pied, dit-elle, en couchant sa petite fille sur le banc d'entrée pour s'habiller chaudement.

Elle prend ensuite deux couvertures de laine pour réchauffer Moïsette. Et ouvrant la porte elle reprend sa fille, qui ne s'est pas réveiller une seule fois et poursuit :

—Après tout elle est si légère.

Le chemin fut plus ardue qu'elle ne le pensait car il faisait nuit noir et le vent s'était levé et de grande rafale la faisait perdre pied. De plus, soudain, Moïsette eut de nouveau une crise et Judith ne fut plus capable de continuer d'avancer. Elle décide de s'assoir dans la neige en mettant la petite sur ses jambes et de la bercer encore une fois doucement pour la calmer. Cela lui prit plus de temps que la première fois mais la petite se calma enfin. La mère eut du mal à se relever, mais puisant dans ses forces, elle repart en combattant le vent et la neige. Soudain, elle vit la maison du docteur Maurice. En arrivant sur son balcon, Judith met son enfant sur la balancelle en bois qui se trouvaient depuis toujours sur celui-ci. Ensuite elle tambourine à la porte du docteur en pleurant et hurlant.

— Docteur... Docteur, je vous en pris ouvrez-moi! Ma petite est malade, gravement malade et je ne sais plus quoi faire. Je vous en pris docteur, aidé moi, hurle-t-elle en continuant de frapper la porte.

Quelques instant plus tard, effectivement le docteur ouvre et dit.

— Madame Tremblay, que faites-vous dehors par ce froid terrible. Entrez vous réchauffer près du poêle, je vous prépare une tasse de thé...

— Non... Non, occupez-vous de ma petite d'abord.

— Oh mon Dieu! répond-il en la prenant dans ses bras.

Le docteur sauva la petite mais il ne réussit pas le même miracle avec la mère car elle avait trop d'engelures et plus aucune force pour lutter. Judith mourut, dans les bras du docteur Maurice, au petit matin du quinzième jour de février, en lui soufflant une dernière requête, qui fit couler quelques larmes sur les joues de ce dernier.


Chapitre 4

À son dix-huitième anniversaire, Moïsette, dû quitter l'orphelinat où elle avait vécu les douze dernières années.

C'est le cœur triste qu'elle quitta le seul refuse où elle avait été accepté par les autres copains. Il est vrai que ça ne se fit pas sans petits accros, mais rien de bien répréhensible. Mais la jeune orpheline ne comprenais pas pourquoi son père ne voulait pas d'elle. Les sœurs lui dire après un autre jour de questionnement, qu'elle devait se compter chanceuse car en réalité elle n'était pas seule, le bon docteur Maurice venait la voir lorsqu'il en avait le temps. Et le temps, lui dit-il un jour, je n'en ai guère. Mais là encore ça ne dura pas, car il y a longtemps maintenant que monsieur Maurice comme elle l'appelait n'était pas venu la voir.

♥♥

Un jour pourtant lorsqu'une des dirigeantes lui parla de celui-ci pour empêcher les larmes de couler sur ses joues, à la sortie d'un bébé de la crèche avec de nouveau parents... La jeune fille lui répond :

— Alors pourquoi ne pas m'avoir adopté? Pourrais-je lui poser la question lorsqu'il viendra me voir.

— Mais non jeune fille ça ne se fait pas... S'il ne l'a pas fait, c'est qu'il devait avoir une bonne raison.

Tristement, ce jour-là, Moïsette retourne vaquer à ses occupations, pour ensuite retourner étudier comme elle le faisait si bien tous les soirs depuis qu'elle était toute petite. Bien-sur, lorsqu'elle était en état de le faire.

♥♥

Plus les années passaient et plus l'adolescente avait des rechutes de sa maladie, tant elle était stressée de devoir partir. Les sœurs ne réussirent pas à la rassurer, même s'il lui avait dit que l'argent ne serait pas un problème pour la première année pour lui dire ensuite que sans problème elle trouverait un travail et un mari elle qui lui conviendrait, grâce au bonne manière qu'elle avaient apprise à l'orphelinat et le grand potentiel qu'elle avait su leur démonter. Moïsette croyait le contraire et un jour elle eu le culot de leur dire ce qu'elle pensait.

— Oui mais ma maladie, personne ne l'acceptera, pas même un mari...

— Aucune sœur, ce jour là, n'osa dire le contraire, car elles n'étaient pas certaines que la jeune orpheline n'avait pas raison. Moïsette en voyant que personne ne lui répondait, entra dans une crise phénoménale qui la garda au lit pendant plus d'une semaine. Puis la dernière semaine de pensionnat, ce fit pour la jeune femme en silence. Le dernier soir avant son départ elle eu cette pensée.

« Je devrai toujours être meilleure que mon prochain et encore là, je ne sais pas si ça suffira. »

Une larme coula sur sa joue, qu'elle essuya aussitôt. Quelques heures plus tard, elle réussit à s'endormir.

♥♥

Au matin de ce mois d'hivers très froid, sur le bord de la porte, Moïsette, se retourne une dernière fois pour serrer sœur Constantine dans ses bras. Cette dernière, même si elle était la plus grognonne, était sa préférée. Lors de ces bonnes journées la sœur l'éloignait des autres et lui racontant de belles histoires, probablement tous fausse, mais ça ne la dérangeait pas car c'était de beaux contes et toujours ils se terminaient bien. La sœur la calmait aussi lors de ses crises, souvent plus nombreuses, lorsqu'elle était angoissée. Ces crises, qui la gardait au lit pendant plusieurs jours tellement elle était faible par la suite.

♥♥

Une semaine avant sa sortie, le premier soir où elle sentit un peu de force lui revenir, Moïsette lui fit même une confidence...

— Dès que je serai sortie j'irai voir le docteur pour lui demander de me parler de ma famille.

Sœur Constantine, la regarda surprise et lui demanda comment elle allait faire pour le retrouver. La jeune femme lui dit en lui demandant de ne pas se fâcher, qu'elle avait vu sur le bureau d'une des sœur, un enveloppe renfermant de l'argent et qu'elle avait vu l'adresse de l'expéditeur et qu'elle l'avait pris en note.

— Petite curieuse... je savais que tu étais vive d'esprit, mais là, tu me surprends. Tu sais que c'est ton bienfaiteur et que tu lui dois tout cet argent que tu auras à ta sortie... Il y a plusieurs de tes consœurs qui ne sauront pas aussi bien nanti que toi. Hum... et ne pense pas qu'il pourra te garder avec lui... Une jeune fille de bonne éducation ne peut pas rester avec un homme aussi vieux.

— Mais... mais peut-être aura-t-il envie de se marier avec moi. Je suis assez vielle maintenant, et je pourrai lui redonné ce qu'il a fait pour moi.

Les yeux triste, parce qu'elle devrait encore la décevoir Sœur Constantine répond :

— Je ne compterais pas trop là-dessus...

— Mais et si...

Moïsette se tût, comprenant que la sœur ne voulait pas qu'elle se fasse trop d'idée sur cette rencontre. Cette nuit-là, la jeune femme s'endormie en sanglotant.

♥♥

Le temps était arrivé, Moïsette prend la petite valise, met ses gants et le foulard sur sa tête, ouvre la porte et sans se retourner, marche vers la gare. Elle devrait marcher une petite demi-heure avant d'y arriver, mais cela lui pris une bonne heure vu le vent qui s'était mis de la partie. Arrivé sur place, elle prit un ticket vers sa ville natale : Kénogami. Une heure plus tard assise dans le train, la jeune femme réfléchit

« Si elle ne pouvait rester au moins elle aurait des réponses. Comme ses petits carnets, que les sœurs lui m'ont donnés tout récemment et me disant qu'ils venaient de ma mère et qu'il était temps qu'ils retrouvent son propriétaire. J'aurais vraiment voulu les avoir avant, car je pensais qu'elle ne m'avait rien laissé. »

Quelques heures plus tard Moïsette arrive à la porte de son bienfaiteur.

« Bizarre! Cette maison à l'air à l'abandon, mais ça ne se peut pas... », Pense-t-elle en cognant à la porte.

Après plusieurs coups, une vieille femme vint ouvrir.

— Que puis-je faire pour vous jeune fille?

— Je viens voir mon bienfaiteur le docteur Maurice... Où puis-je le trouver ? S.V.P.

La dame âgée la regarde d'une façon curieuse avant de lui répondre.

— Malheureusement vous ne le trouverez pas ici. Il nous a quittés la semaine dernière après une longue maladie. Vous êtes bien la petite Moïsette Tremblay.

— Oui... Vous me connaissez ?

— Non, je suis arrivé ici après votre départ... Mais le docteur me parlait souvent de vous... Il aurait tellement voulu vous revoir. Il savait que ce serait la première place où vous alliez vous rendre après être sorti de l'orphelinat... Il vous a laissé une longue lettre. Il veut que vous partiez d'ici avant de la lire... Dans le train vous amenant ailleurs... Il m'a dit aussi de choisir une grande ville et qu'il est désolé de n'avoir pu vous donner beaucoup plus d'argent. Il est tombé malade et les patients ce sont détournés de lui, grâce à votre famille... Aller partez avant qu'un de ceux-ci vous voit, dit la vieille femme en lui tendant un enveloppe et en refermant aussitôt la porte.


Chapitre 5

Assise dans le train la menant vers la grande ville de Montréal, Moïsette ouvre la lettre et commence à lire à voix haute.

— « Pauvre petite, si tu lis cette lettre, c'est que je ne suis plus de ce monde. Tu comprends maintenant pourquoi, je ne suis plus venu te voir. Si je croyais au mauvais sort, je vous dirais chère Moïsette, que je l'ai déclenché dès que je suis allé la première fois chez vos parents. Et que celui-ci est resté près de moi tout le restant de ma vie. Il y a eu bien-sûr les patients qui me quittaient un à un, et ensuite cette maudite maladie qui m'enlevait, jours après jours, le peu de force qui me restait. Vous souvenez-vous de ma dernière visite? Pour venir vous voir, j'ai dû prendre deux jours de repos complets. Je voulais vous faire mes adieux en personne, mais vous étiez si contente de me voir que je n'en ai pas eu le courage. Je vous ai laissé croire que je reviendrais le mois suivant. Pardonnez-moi... J'aurais tant voulu en faire plus, mais la vie en a décidé autrement. »

La jeune femme pose la lettre sur ses jambes, pour prendre un mouchoir. Elle essuie aussitôt les larmes qui lui obstruent les yeux et l'empêchait de continuer sa lecture. Elle reprit les feuilles mais, cette fois, elle ne put que la lire en silence, tellement elle était encore émotive.

« Dites-vous que je ne regrette rien... Je savais et j'espérais qu'à vos 18 ans, vous me rechercheriez et je voulais vous accueillir à bras ouvert... mais le sort en a décidé autrement et les années m'ont confirmées que je ne pourrais pas nous offrir ce petit bonheur d'enfin vous donner un foyer, notre foyer...

Vous auriez fait de moi le plus heureux des hommes si vous aviez accepté de me donner votre main. Nous aurions quitté cette endroit et nous aurions bâti ailleurs notre propre famille. Je vous aurais fait oublier votre début de vie en vous protégeant et en vous aimant. Maintenant, je vous écris cette lettre pour vous dire que vous devrez bâtir seule votre bonheur. Je suis certain qu'il y a un homme quelque part ailleurs qui vous attends et qui sera capable de vous aimer tel que vous êtes, mais vous ne le trouverez pas dans cette ville. J'espère sincèrement que vous avez écouté la gentille dame qui vous a accueilli chez moi et que vous êtes dans le train vous menant vers votre destiné.

Avant-dernière chose puis je terminerai cette lettre... Votre maladie, ne fait pas de vous une femme à part, mais il vous faudra écouter votre corps pour que cela ne le devienne pas. Je m'explique : vos crises, j'en suis certain, vous les sentez arrivées. Alors, lorsque vous votre corps vous donne le signal, il faudra vous trouver un endroit isolé comme un placard, une cuisine... un endroit où vous allez pouvoir vous allonger. Encore mieux, si vous le pouvez, aller dans un coin de repos. Et vous devrez avoir en tout temps, un objet essentiel. Il vous faudra trainer sur vous un petit bout de bois, que vous placerez entre vos dents, aussitôt que vous serez allongée. Je sais, ce n'est pas habituel, mais au fil des années, je me suis aperçus qu'il était dangereux, vu la force de vos crises, de vous mordre la langue. Invitez le plus possible des zones de stress. Je n'en suis pas certain, mais ça peut favoriser une crise... Je vous laisse tout l'argent que j'ai pu accumuler avant ma maladie. Elle aurait été pour vous de toute façon. Si vous en faite bonne usage, vous en aurez assez pour vivre le temps de trouver un mari adéquat.

Dernière chose pour vous sentir comme les autres femmes... Ne doutez jamais de vous. Il faut croire que tout est possible et que nous avons tous une raison d'être sur terre. Vous mère et moi avons cru en vous et vous devrez faire de même. Justement, en terminant, je vous parle d'elle, de la femme merveille et aimante qu'elle était.

Hum... Votre mère... Oui! Votre mère était douce et aimante pour tous ces enfants, mais il y avait quelque chose de différent avec vous. Peut-être le fait que vous êtes née lors d'une tempête seule avec vos frères et sœurs et que votre sœur ainée vous a détesté en voyant votre mère souffrir... Je n'en sais rien... Mais dès votre premier cri votre mère vous a protéger du mieux qu'elle le pouvait. Lors de ma première visite, je me suis tout de suite aperçu que quelque chose n'allait pas. Votre mère ne m'a pas fait entrer dans votre demeure, mais dans la petite cabane au fond de votre terrain. Je m'aperçu vite ce jour là, que vous auriez besoin de plus de soin que les autres et je m'inquiétai immédiatement pour votre avenir et celui de votre mère. Elle était en total désarroi et elle n'avait personne pour être de son bord. Un jour, je lui ai même demandé de vous garder chez moi, toutefois en ne vous adoptant pas, votre mère pourrait venir s'occuper de vous à la maison. Cependant, ce n'était pas connaitre cette merveilleuse femme. Elle a évidemment décliné l'offre, en me demandant toutefois de venir vous voir lorsque je le pourrais. « Déjà », m'a-t-elle dit ce jour là, « toute votre maisonnée est contre moi. Si je fais cela, mon mari me mettra à la porte et je n'aurai d'autre choix que de quitter cette ville. » Malheureusement, je ne pouvais lui dire que je l'accueillerais à bras ouvert, car ça ne se faisait pas et j'avais alors de nombreux patients qui me tenaient à cœur et je savais que je ne pourrais rester ici, si je lui faisais cette demande. Alors, pardonnez-moi, car je vous ai laissé tomber. Je lui ai dis que je viendrais vous voir aussi souvent que je le pouvais, mais bien vite, je fus débordé... Il m'aurait fallu plus de vingt quatre heures pour pouvoir arriver à tout faire. Les huit années suivant votre naissance furent malheureusement les plus mortel... Tant de nourrissons et de femmes en couches sont morts et par ce coup du sort votre mère a dû lutter seule... Les paroissiens, le mari, vos frères et sœurs, tous étaient contre elle durant ces longues années. Les enfants quittaient la maison un après l'autre et votre père revenait chez lui que lorsqu'il ne pouvait faire autrement. Et durant ce temps, il ne faisait que la rendre fautive. Le plus souvent, il lui disait que c'était de sa faute si tous ces autres enfants avaient quittés le nid familial sans avoir l'âge de le faire. Mais rassurez-vous, ce n'était ni de votre faute, ni celle de votre mère, car votre différence d'âge entre le tout dernier né et vous était de huit longues années. Elle m'a dit avoir perdu au moins cinq enfants avant de vous avoir... c'est peut-être pour ça, en réalité, que la rage de votre famille envers vous naquit... Encore une fois, ce n'est que mon avis. Et là arriva la nuit fatidique où elle est morte pour vous sauver. Et vous savez ce qui c'est passé, je vous l'ai raconté à presque chacune de mes visites... »

Lentement les feuilles glissent par terre et les yeux larmoyants de Moïsette se ferment. Un homme qui passait par là ramassa la lettre et la mis à coté de la jeune femme qui dormait.

♥♥

En sursautant, Moïsette se réveille avec le sifflet annonçant l'arrivée à la gare. Elle regarda de droite à gauche surprise de s'être endormis, mais il faut dire que cela faisait plusieurs heures qu'elle était debout. Elle ramasse ses affaires et son bagage et s'apprête à sortir du train lorsqu'une pensée positive survient.

« Avec tous le stress des dernières heures, je n'ai pas eu de crise. Peut-être le docteur à raison... le fait d'être dans ce train en sécurité m'a épargné cette fois. Respire maintenant, il te reste à trouver où te loger, mais avant je vais aller sur ce banc pour finir la lettre. »

Bien assise, la jeune femme reprend la dernière page de la lettre et continue sa lecture.

Votre mère vous a aimé jusqu'à son dernier souffre. Les carnets que les sœurs vous ont remis, je l'espère, lui appartenait. Lorsque vous serez en sécurité, regardez-les. Vous allez voir que votre mère dessinait admirablement et les poèmes qui s'y retrouve son merveilleusement bien écrit. J'avoue en avoir lu quelque uns. Votre mère a dû apprendre seule l'écriture, mais vous, ais-je entendu, avez un réel don pour la langue française. Je vous lance une idée dont je voulais vous parler de vive voix, mais je vais le faire par l'entremise de cette lettre. Peut-être pourriez-vous écrire des histoires avec les dessins de votre mère et y ajouter à quelque part dans vos textes ses poèmes qui en feront rêver plus qu'un lecteur. Cependant, si vous le faites... ne signer pas de votre vrai nom... Prenez un nom de plume masculin, car le féminin ne passerait pas. Ce n'est qu'une suggestion, vous êtes libre maintenant de faire ce qui vous plaira. Je vous laisse maintenant car je suis épuisé. Bonne chance belle Moïsette. Vous avez tout pour réussir votre vie.

Votre Bienfaiteur Maurice.

La jeune femme place la lettre dans son bagage et dit en se levant.

— Oui, pour vous deux, je ne me laisserai pas abattre. Je vais devenir quelqu'un et vous deux serez fières de moi.


Chapitre 6

« C'est facile à promettre », pense Moïsette en faisant le ixième tour d'un nouveau pâté de maison à la recherche d'une chambre à louer qui accepte qu'une jeune femme y habite.

« Peut-être n'ai-je pas été assez loin? Toronto... Pourquoi pas? Non, je ne parle pas l'anglais... »

Soudain, une pancarte au coin de la rue attire son attention.

« Chambre à louer, pas chère et propre »

La jeune femme tente sa chance et cogne à la porte. Un homme en camisole ouvre la porte et lui dit.

— Mais... Qui ose me déranger à cette heure? Ah! Que voulez-vous, dit-il en la détaillant de haut en bas. Si vous voulez avoir la chambre gratuitement... C'est Non! Mais peut-être après tout... Hum... nous pourrions nous arranger.

Moïsette qui ne comprit pas où cet homme voulait en venir, lui dit aussitôt.

— Mais non, monsieur j'ai de quoi payer... Je vous rassure. Seulement j'en aurais besoin tout de suite, si c'est possible.

— Ah bon! Dommage... dit le vieux cochon en se tournant pour hurler. Hein Rita! Tu as une nouvelle pensionnaire. Va lui montrer sa chambre... elle comprendra vite où elle se trouve, termine celui-ci en la faisant entrer.

Effectivement, ça ne prit que quelques heures à Moïsette pour comprendre que sa vie de pensionnat était terminée. Le lendemain, après n'avoir dormi que très peu et par bout, la jeune femme se lance dans sa recherche d'emploi. À la fin de la journée, elle se trouve chanceuse car elle déniche une place de femme de chambre dans un grand hôtel. Le salaire n'était pas très bon, mais cela lui permettrait d'économiser.

♥♥

Malheureusement la chance ne dura pas longtemps, car elle n'avait pas encore apprise à gérer ses crises et l'endroit où elle habitait ne l'aidait pas à y arriver. Et trois fois dans la même semaine, on la retrouva en pleine crise dans la chambre qu'elle nettoyait et en lui donnant son salaire de la dernière semaine on la congédia. Par la même occasion le garçon d'étage qui s'intéressait à elle, ne l'invita plus.

Et à partir de ce moment la descente aux enfers de Moïsette commença. Tout les soupirants, un après l'autre, se désistaient et trouver un emploi devenait de plus en plus lourd, comme si son nom commençait à circuler et qu'on ne voulait plus d'elle.

— Après plusieurs mois sans avoir trouver une façon de gagner sa vie et sans attache encore, la jeune femme déprimait de plus en plus et les crises étaient de plus en plus fréquentes. La dernière en date l'avait laissé alité plus d'une semaine.

Madame Rita sa logeuse était gentille... Elle lui apporta de la soupe et du pain plusieurs fois durant cette semaine là.

À plusieurs reprises, lorsqu'elle se réveillait madame Rita lui épongeait le front en lui disant doucement de se calmer. Toutefois elle la regardait bizarrement. La voyant reprendre des couleurs, la logeuse lui demanda.

— Jeune fille, avez-vous toujours fait ses horribles crises. Vous savez que vous faites peur, lorsque ça vous arrive...

— Oui... pardon madame... je sais que ça ne doit pas être évident. Oui... depuis que je suis toute petite... lorsque ma mère est morte... ma famille m'a abandonné. Voulez-vous que je quitte... Je le ferai dès que je me sentirai mieux.

Elle la regarde, avec un certain intérêt et elle poursuit en lui demandant :

— Mais non... Voyons! Je ne ferais jamais cela. Je voulais juste savoir. Au moins, savez-vous se qui attire vos crises?

— Hum... oui et non. Je pense que le stress de ma situation ne doit pas aider. Je pense que je fais ces crises car je ne suis plus capable de garder un emploi. De plus, aucuns jeunes hommes ne m'invitent à sortir et ma réserve de sous diminue à vue d'œil. Touts mes malaises, je crois, ne doivent pas m'aider...

— Je vois, dit-elle en la regardant de la tête au pied. Vous êtes peut-être un peu trop maigre mais pour l'argent, moi, je peux vous aider... Pour le reste, il est évident que vu votre état vous ne trouverez jamais de mari... Cependant, si vous jouer le jeu, et bien, vous pourrez économiser pour vos vieux jours...

♥♥

Lorsque Moïsette comprit quelques jours plus tard ce que Madame Rita lui proposait, elle refusa la proposition en lui disant merci.

— Je ne pourrais pas faire cela... Je ne connais rien aux hommes et à leurs désires. Je fais finir par trouver un endroit qui me convient, ne vous en faites pas et j'ai encore de l'argent pour vous payer.

— Comme vous voudrez... ma la proposition ne sera pas toujours disponible... Je vous laisse le temps d'y penser.

La jeune femme partie, ce jour là en se disant que rien ne pourrait la faire changer d'idée. Après plusieurs refus, elle trouva enfin un nouvel emploi, dans une famille aisée. Elle devait s'occuper des enfants de la famille... mais cela ne dura pas longtemps, car l'un des petits garçons la trouva en pleine crise et alerta immédiatement les parents qui la congédièrent sur le champ en la poussant dehors et en la traitant de possédée.

Abattu, Moïsette céda et dit à Madame Rita qu'elle allait essayer. Cette grosse dame lui laissa le temps d'apprendre à se contrôler, car les premiers temps elle faisait beaucoup de crises. Bizarrement, les clients continuaient d'affluer.

Ce que la jeune femme ne savait pas, c'est que plusieurs tracts avaient été distribués dans la ville et sur celles-ci on pouvait lire :

« Venez vivre une sensation vraiment effroyable. Du jamais vu chez Rita et vous ne pourrez plus vous en passer. »

Rapidement la jeune femme fut la plus populaire et elle eut des clients réguliers pendant une dizaine d'année, mais encore là tout s'arrêta rapidement, lorsque par mégarde elle se retrouva en couche. Madame Rita lui dit que ce n'était pas vraiment grave... on allait lui enlever le fœtus avant que son ventre ne paraisse trop.

Moïsette fut surprise par la demande de sa logeuse et patronne et sans réfléchir elle lui répond :

— Mais... non! Je veux garder mon bébé.

— Comment? Tu ne peux pas avoir d'enfant... Imagine, s'il souffre de ta maladie. Toi tu t'en sors tant bien que mal, mais lui... Pense à cet enfant et si tu ne change pas d'idée, je ne pourrai te garder. Je te laisse y réfléchir.

Pendant quelques semaines, au début de la grossesse, Moïsette pu faire son travail. Durant ce temps, elle essaie, sans grand succès, de faire valoir son point de vue à sa logeuse et patronne, mais rien ne fit. Sur le pas de la porte, la future maman en colère, se tourne vers madame Rita et lui dit :

— Pendant dix longues années je satisfais tous vos demandes et maintenant que je pense un peu à moi et mon futur, vous me jetez à la rue comme les autres... J'ai vingt-huit ans à présent et c'est ma dernière chance d'avoir un enfant et vous le savez très bien. Je croyais avoir trouvé une famille, mais je vois que vous ne faisiez que m'utiliser. Je n'ai jamais compté pour vous...

— Voilà les larmes et les réprimandes qui viennent maintenant. Si je ne vous avais pas accueilli, personne ne l'aurait fait. Il m'a fallu bien des tracts pour que la clientèle masculine s'intéresse à vous. Croyez-vous que c'était votre petit cul qui les amenait près de vous ? Que vous êtes pitoyable...

— Mais...

Rien de plus ne sorti de sa bouche. Son univers venait de basculer encore une fois. Les paroles de sa patronne allaient résonnées longtemps dans sa tête. Elle comprit effectivement qu'elle avait été utilisée durant toutes ces années et que le chemin de sa nouvelle vie ne pourrait pas se poursuivre dans cette ville. Il fallait une fois de plus partir au loin...


Chapitre 7

Moïsette erra dans la ville ce jour-là, essayant de comprendre ce qui lui arrivait. Bizarrement, elle ne sentait venir aucune crise, comme si le bébé en elle la protégeait. Satisfaire par cette belle pensée, elle reprend un peu confiance en la vie.

« Maintenant il me faut un endroit où vivre avec ce petit être à naître. Je vais lui donner tout l'amour que ma mère m'a donné durant les quelques années... »

Cette pensée Moïsette ne la continua pas, car une autre plus néfaste se manifesta, mais rapidement pour ne pas perdre espoir, elle la transforma en une plus joyeuse.

« Mon Dieu! Personne ne voudra de moi... Non! Non... ne traumatise pas, sinon ne pourra pas te contrôler. Ok pense-vite ! Tu n'as pas beaucoup d'argent, mais tu es capable d'économiser et de travailler un peu avant que ça se voit trop. »

Arrivé à la gare, elle regarde les destinations possibles. Celle qui la tente le plus est aussi l'une des plus éloignée.

« Je n'ai pas le choix. Je dois choisir un endroit où personne ne me connait. Et pour y vivre sans problème, je dois trouver une place où il y aura plusieurs habitants. Toronto est le meilleur choix... »

Bien assise dans le train, en face d'un vieux couple qui se tenait la main en la regardant, des pensées plus sombres se manifestent encore dans sa tête. Pour les éloignés, elle se flatte le ventre et en prenant sa bourse qui lui serre aussi de fourre-tout, elle prit le petit carnet, le seul cadeau que sa mère lui avait laissé. De beaux souvenirs se réveillèrent en ouvrant les premières pages qui se mêlèrent aux autres.

« Pourquoi n'ai-je pas continué son œuvre en l'améliorant ? Mes dessins et ses beaux textes auraient surement fait bon ménage et ma vie aurait peut-être tourné autrement... »

Des larmes coulèrent alors sur ses joues. Cependant une voix de femme la ramena au présent.

— Qui a-t-il de si triste dans ce carnet ?

— Oh! Désolé madame... Ce carnet appartenait à ma mère et j'aurais tant aimé...

Elle arrête phrase et songe de nouveau.

« Je ne peux pas dire la vérité à des gens que je ne connais pas. »

Sa décision prise elle continue sa phrase en disant non pas la vérité mais un pieux mensonge.

— ... j'aurais tant aimé ne pas la décevoir. Cependant, cela fait une semaine que mon mari est mort et la seule chose qu'il m'ait laissée est cette petite merveille qui grandit dans mon ventre.

— Mais madame, réplique la veille dame, vous devriez porter le noir et garder votre alliance au doigt.

Moïsette la coupe, néanmoins, cette fois, en lui disant la vérité.

— Non madame, cette coutume de se fait pas vraiment dans cette communauté où je vivais... et maintenant que je ne peux plus apporter du pain à la table, on me rejette encore, dit elle en essuyant ses larmes.

— Oh!

Ce sont seulement cette expression de surprise qui sortit de la bouche de la veille dame. Elle la regarde intensément comme si elle voulait la sonder.

— Me permettez-vous de jeter un coup d'œil à votre carnet ?

Cette demande fit sursauter la jeune femme, toutefois elle lui tendit son carnet.

La dame, le feuilleta une feuille à la fois et lorsqu'elle eut terminé, sans détourner les yeux du petit livre, elle fit :

— C'est très beaux... les textes de votre mère sont très bons. Où allez-vous jeune fille... à Toronto j'espère.

— Oui c'est cela madame.

Et le mensonge continue.

— Je vais chez une tante éloigné... Elle pourra surement me chercher jusqu'à ce que mon bébé soit né, mais ensuite je devrai surement quitter et je n'aurai plus rien, dans une ville où je ne connais personne et pas même leur langue...

Et elle termine ainsi :

— Mais pour nourrir mon enfant et moi... je n'en ai pas besoin pour me faire comprendre.

Une belle surprise attend alors Moïsette.

— Mais voyons! Ne parlez pas ainsi. Vous avez une chance de recommencer votre vie et donner à votre enfant, une chance de partir sa vie de la bonne façon, ne la gâcher pas.

Le vieux couple se leva aussitôt et s'éloigna elle en discutant vivement. Moïsette ne savait plus quoi penser. Elle venait de faire fuir ces braves gens. Ils cherchaient surement un autre wagon plus calme pour s'installer.

Cependant quelques temps plus tard ils revinrent s'asseoir à la même place en face d'elle. Encore une voix la vielle dame la regarde et lui dit :

— Nous aurions une proposition à vous faire, mais cela sera possible qu'à une condition.

— Mais vous n'avez pas à faire cela madame...

Cette fois, c'est la vieille dame qui lui coupe la parole.

— Non écoutez-moi jusqu'à la fin. Je viens de discuter avec mon mari et nous nous sommes mis d'accord. Le carnet de votre mère a terminé de convaincre mon époux. Nous avons un petit appartement non loué dans notre maison. Nous avons décidé de ne plus prendre de locataire vu notre âge avancé, mais nous sommes prêt à vous le louer, mais à la condition que vous terminiez ce que votre mère à commencer et que vous nous permettiez de venir voir votre enfant, car nous n'avons jamais eu cette chance. Et dernière chose, vous ne devez plus jamais parler de votre vie d'avant lorsque vous serez avec nous.

— Mais vous ferriez cela pour moi... une personne que vous ne connaissez même pas. Êtes-vous des anges? Répond Moïsette, en se sentant défaillir.


Chapitre 8

Tous les matins, depuis qu'elle était dans l'appartement du vieux couple, Moïsette se pinçait le bras pour être certaine qu'elle ne rêvait pas. Des gens comme ça, elle n'en rencontrait probablement plus. Il ne lui demande rien. À chaque jours ont lui apporte café et déjeuner.

« De plus, le docteur de ce gentil couple avait accepté de me suivre sans poser de questions. C'est très bien comme ça, car je n'aurais pas su lui répondre, car je ne parle pas un traitre mot d'anglais... Dans mon autre vie je me faisais comprendre, mais ça n'a rien à voir avec celle-ci », pense-t-elle, un soir en se couchant.

La seule chose qu'on lui demande depuis qu'elle est avec eux, c'est d'essayer de continuer l'œuvre de sa mère. C'est probable, qu'elle en serait capable car chez les sœurs, on lui avait plusieurs fois répéter qu'elle avait un talent probablement inné pour le dessin et la composition de texte. Cependant, cela faisait si longtemps. Elle ne savait pas si elle en serait encore aussi bonne.

♥♥

Après huit longues semaines à tourner en rond, Moïsette avait enfin pris sa décision. Elle allait s'installé dans la petite véranda, au fond où il y a une petite table et commencé par relire ce que sa mère avait fait.

La futur maman, qui venait de s'asseoir et se préparait à ouvrir le premier livre de sa mère, entend de petit pas presque silencieux se diriger vers elle: Elle sourit car la jeune femme savait très bien qui venait lui apporté son café. C'est sa logeuse qui venait aux sources. Mais Moïsette la devance en lui disant :

— Comme vous êtes gentille madame Savard... Vous êtes toujours au petit soin pour moi. Je ne le mérite vraiment pas.

— Ne dites pas ça... Vous êtes une soie et vous êtes si tranquille. J'espère que lorsque vous aurai eu votre bébé, vous nous le laisserai un peu, ainsi vous pourrez aller vous amuser comme vous devriez le faire... Mais ce moment est encore loin et je suis heureuse de vous voir avec ce carnet. Enfin, vous vous décidez à essayer. Je vous apporte un thé et ensuite je vous laisse travailler.

— Oh! Mais madame... pourquoi du thé ? Vous savez que j'aime mieux une bonne tasse de café.

Sans aucune hésitation la vieille dame lui répond :

— Jeune fille, vous en avez déjà trop pris aujourd'hui. Si vous continuer ainsi votre enfant sera très agité, lorsqu'il naitra. Croyez-moi, j'en ai vu d'autre. Je vous apporte une bonne tisane alors...

— Non! Non... chère bienfaitrice... Venez près de moi et racontez-moi encore une belle histoire de famille comme celle que j'ai toujours désiré avoir. Cela me fait tellement du bien.

— Oui, lui dit-elle, je le ferai, mais pas tout de suite. Vous devez travailler et si je m'installe, je ne pourrai plus m'arrêter et vous reporterai votre écriture. Je reviens tout à l'heure pour vous apporter ce beau liquide chaud et ensuite je disparais.

— Oh mais! Je ne suis pas certaine d'écrire aujourd'hui.

— Mais vous essayer c'est ce qui compte, dit madame Savard en quittant la pièce.

« Comme je suis bien avec ce couple. Ils sont si gentils. Pourquoi ma famille n'était pas comme eux », songe-t-elle en ouvrant le carnet. Oh non ! Je ne dois pas pensé ainsi, mais mère elle m'aimait et ce n'est pas sa faute si elle est morte.

Une larme coule sur sa joue, qu'elle essuie aussitôt.

— Non, je dois penser au merveilleux cadeau que la vie me fait maintenant et aller de l'avant. Bon commençons...

Bizarrement lorsqu'elle commence, les idées lui viennent instantanément. Elle est tellement concentrée qu'elle ne voit pas la vieille dame revenir avec le breuvage chaud. Madame Savard sourit en voyant la jeune femme prendre sa tasse sans arrêter son travail. Elle sortit sur la pointe des pieds pour ne pas la déranger.

Quelques heures plus tard, Moïsette arrête, car elle ne tient plus debout. Son état lui demande beaucoup de repos, mais moins que les crises... Une chance, car les deux serait probablement très dure à vivre.

En refermant le carnet, elle se lève et retourne dans la cuisine où elle sait qu'elle trouvera sa logeuse et effectivement elle est assise à la table, épluchant des carottes. Sans tarder, Moïsette lui dit :

— Madame Savard, pourriez-vous me dire ce que vous en pensez ? Je vous laisse le carnet et vous me direz franchement le résultat de votre lecture à mon réveil, je suis tellement fatigué... Enfin, j'espère que vous aimerai.

— J'en suis certaine mon enfant. Allez vous reposer et laisser moi lire, répond-elle en souriant.

Moïsette se couche l'esprit tranquille et s'endort aussitôt.

Dans la cuisine, madame Savard s'empresse d'ouvrir le carnet et une exclamation sort aussitôt de sa bouche.

— Oh ! Géniale... C'est vraiment très bien écrit et très beau. Je ne savais pas que l'on pouvait améliorer ce qui était déjà parfait, mais elle l'a fait. Elle a mis le dessin et les poèmes au gout du jour. Il faut vraiment qu'elle continue et peut-être un jour, en verra-t-elle un livre...

Lorsque Moïsette revient dans la cuisine ce jour-là, avec un espoir, elle ne fut pas déçue. Ce qui l'encouragea à continuer avec acharnement pour ne pas décevoir ceux qui lui font vivre un rêve. '

Mais à presque neuf mois de grossesse, tout bascula. Elle eut une crise. De peur que ces bienfaiteurs ne la soutiennent plus, elle essaya de leur cacher. Cependant dès que madame Savard la vit entrée dans la cuisine, elle s'exclama.

— Mais doux Jésus ! Que faites-vous debout, vous êtes blême comme un drap. Allez vite vous recoucher. Je fais venir le docteur.

Toujours par peur de les décevoir, elle réplique.

— Mais non madame, je suis seulement fatiguée mais je vais bien. Ce petit être dans mon ventre me prend beaucoup d'énergie. Je dois continuer l'œuvre du premier carnet de ma mère avant qu'il ne vienne au monde. J'ai presque terminé.

La veille dame ne la laisse pas continuer.

— Non, ce n'est pas normal. Vous oubliez que je vous vois tout les jours. Allez-vous recoucher en attendant le docteur.

— Mais...

Sans attendre la vieille dame la prend par le bras et en l'aidant la ramène dans son lit. Aussitôt couché la jeune femme refait une crise sous les yeux ahuris de Madame Savard. Sans savoir ce qu'elle doit faire la logeuse prend une débarbouillette et lui essuies le front et lui racontant une histoire. Tranquillement la jeune femme se calme et lorsqu'elle est certaine que tout est terminé, elle revient à la cuisine et appelle le docteur.

Dès que le docteur la voit, il la met au repos complet. Lorsqu'il est seul avec madame Savard, il lui dit que d'après les symptômes qu'elle lui avait décrits, il avait déjà entendu parler de cette maladie, mais qu'aucun remède à ce jour n'avait été trouvé. Mais ce qu'il trouvait très bizarre, c'est que ça soit sa première crise. Lorsqu'elle ira mieux, il faudra lui poser la question.

Malheureusement, son état ne s'améliore pas et le docteur à toutes heures du jour et de la nuit dut se déplacer chez madame Savard. Jusqu'au jour où en pleine crise se d'éclanche les douleurs de l'accouchement.

En détresse le docteur avec la sage femme qui venait d'arriver pour l'aider s'exclame.

— Elle est trop faible... Elle ne s'en sortira pas. Faites sortir madame Savard. Je vais essayer de sauver l'enfant.

Comme dans un nuage, Moïsette entends :

— Non! Non... laissez-moi rester. Je dois lui raconter une belle histoire.

— Allons madame... Soyez gentille et sortez. S'il vous plait, faites-le pour elle, dit la sage femme en la poussant vers l'extérieur et en refermant la porte.

Puis elle entend comme dans un rêve.

— Venez vite, voilà la tête. Un dernier effort... Oh! Une jolie petite fille.

Puis Moïsette l'entend pleurer. Un sourire s'installe alors sur son visage.


Chapitre 9

Depuis trois ans déjà Sofie vit dans une grande famille d'accueil. Lors de son arrivée, elle avait espérer que ce soit son dernier foyer avant qu'elle puisse vivre seule, car elle en était à son septième et ce fut le cas.

« Hum... je ne devrais pas compter la première, car à ce qu'on m'a dit s'était eux qui logeait ma mère. J'ai resté avec eux que quelques semaines car même s'ils ont voulu m'adoptée... on ne leurs a pas permis car ils s'étaient trop vieux. »

Installé sur un petit banc, près de la porte, elle attendait tenant sa valise, la permission de quitter. Sa meilleure amie, depuis qu'elle était ici, viens près d'elle.

— Comment vais-je faire pour survivre à ton départ. Tu m'enverras une lettre pour me dire où te t'installeras... Promet le moi !

— Je ne peux pas Cosette et tu le sais très bien. Je t'ai dit que je voyagerais pour trouver ma place et ça peut prendre du temps. Ce que je suis certaine en tout cas, c'est que tu ne me reverras pas ici. Je ne me sens pas chez moi, tout comme ma grand-mère, je sens qu'on me rejette. Le Saguenay Lac St-Jean n'est pas pour moi, répondis Sophie.

— Que dis-tu là ? Personne ne t'a rejeté et tu commences vraiment ta vie. Ne voudrais-tu pas le faire dans la ville natale de ta mère ?

— Non, justement... J'aimerais la commencé où aucun membre de ma famille n'a mis les pieds et même je voudrais être une grande voyageuse, mais pour le faire il me faut un peu d'argent. À chaque ville, où je m'installerai, je trouverai un petit boulot... Je prendrai une chambre pas trop cher et je commencerai à économisai jusqu'à ce que je puisse traverser de l'autre côté et je ferai de même là-bas. Et l'autre j'aurai trouvé la place qui me convient on verra...

— Oh! Et si tu la trouve de ce côté-ci, que feras-tu ? s'exclama Cosette.

— Ça me surprendrait, mais si ça l'arrive... J'aviserai à ce moment là.

Avant que son amie puisse ajouter une autre chose, la dirigeante vint la voir pour lui donner son congé.

— Mademoiselle Tremblay, vous pouvez y aller. Si vous le désirez, dites-nous où vous irez, termine-t-elle en lui donnant une enveloppe contenant les cent dollars accumulés depuis qu'elle vivait avec eux.

— Comme je l'ai dit tout à l'heure à Cossette, je ne suis pas pressé de choisir un endroit... Cependant je vous enverrai une lettre vous disant où je suis rendue. Je vous remercie de m'avoir accueillie dans votre demeure.

— Ce fut un plaisir chère mademoiselle et je vous souhaite une très belle vie. Bonne chance Sofie dit-elle en lui serrant la main, avant de retourner à ses devoirs.

— Bon je pars.

Cosette la serre fort dans ses bras et lui dit en ouvrant la porte.

— Tu seras toujours ma meilleure amie. Si tu as des problèmes, je laisserai mon adresse ici et je leur dirai de te la donner si tu appelle. Au revoir, prend bien soin de toi.

— Oui, c'est promis, dit Sofie en quittant les lieux en courant.

♥♥

Les deux premières années de la nouvelle vie d'adulte de Sofie se passe à merveille. Elle visite chaque village rencontrée sur sa route. Dans certains elle dû s'arrêter plus longtemps, car elle avait besoin de travailler. Elle eut aussi quelques flirts mais rien de sérieux. Ça aurait pu arriver, mais celui qui avait fait battre son cœur était un coureur de jupon comme il ne s'en faisait plus et avant que son cœur saigne elle prit la décision de quitter le village sans mot d'adieu.

La troisième année fut plus dure à passer. Sofie dû faire trois séjours à l'hôpital. Une toux qui ne guérissait pas avec de grave étourdissement. À la fin de l'année tout se replaça et la jeune femme oublia ces moments de misère. Cependant durant ce temps, elle n'avait pu travailler et l'argent accumulé jusqu'à présent pour réaliser son rêve s'était envolé.

« Ce n'est pas grave », se dit-elle. « Je vais travailler doublement et ne dépenser le strict nécessaire et je vais pouvoir réaliser mon rêve dans à peu près sept ans. Ça va être pénible, mais je sais que j'en suis capable. À partir d'aujourd'hui plus de folie, ce qui inclus les garçons... Lorsque j'arriverai de l'autre côté je me rattraperai. »

Durant tout ce temps, à chaque village, elle travaillait : comme serveuse, comme servante, même comme secrétaire dans un bureau de notaire... C'est le dernier emploi en liste. Elle dû enduré la colère de certain notaire, car sa rapidité d'exécution n'était vraiment pas très bonne. Cependant ce qui la sauva à plusieurs reprises, c'est son français impeccable. Sofie avait fait de gros efforts pour ce travail car il était très payant. Pendant plus de trois ans, elle le garda en endurant les cris incessants du plus vieux des notaires. Son salaire était élevé, mais elle travaillait des dix heures par jours pour le mériter. Elle arrivait chez elle morte de fatigue, prenait un léger repas et se couchait. Durant cette période, sa silhouette s'était beaucoup amincie.

Un soir en arrivant à sa chambre, Sofie sort de la garde-robe, une petite boite. Dedans il y a tout ces économies. Son argent n'est pas à la banque, car elle ne croit pas en ces institutions.

« Ils appâtent leurs proies en leurs faisait miroitant un rendement énorme de leur avoir. Mais si c'est vraiment vrai, eux en font beaucoup plus et moi je n'en pas besoin d'eux. Je gagne mon argent à la sueur de mon front et si j'ai bien compté, alors je donnerai ma notice et j'embarquerai sur un bateau pour réaliser mon rêve et en même temps je ferai la croisière que j'attends depuis tant d'années. »

Le compte dura très longtemps, car il y avait sept ans d'économie dans la boite, mais lorsque la dernière pièce de monnaie tombe sur le lit, la jeune femme, qui d'habitude, ne laisse aucunement sortir ce qu'elle ressent vraiment de peur de déplaise, ne peut s'empêcher de crier.

Oh Yes ! J'y suis arrivée. J'ai l'argent pour commencer ma nouvelle vie sur des terres plus clémentes pour moi. Je ne laisse rien derrière moi. Dans deux petites semaines je suis vers ma nouvelle destinée. Il n'y a rien qui me retienne ici. J'amène avec moi ce qui me reste de ma famille. Peut-être là bas, seront-ils digne pour reconnaitre le grand talent de mes deux parents, mais cela n'est pas mon but premier.

♥♥

Bien accotée sur la rambarde du bateau, Sofie fait de grand au revoir. Elle sait que personne n'est là pour elle, mais ça ne la dérange pas. Elle fait ces adieux aux Québec avec tous ces habitants. Elle est enfin à sa place.

« Maintenant, il est temps de montrer qui je suis », pense Sofie, en laissant tomber le petit voile qu'elle tenait dans la main pour saluer.

À cet instant, on attend le sifflet du départ.


Chapitre 10

Quatre jours maintenant qu'elle est arrivée à sa destination Parisienne. Sofie se prélasse dans son lit en repensant à son voyage en bateau. Tout le monde avait été si gentil. Un couple d'âge mûr l'avait pris en affection, lorsqu'ils l'avaient découverte seule sur une chaise à regarder l'océan.

— Pourrions-nous s'assoir à vos côté ? Nous aimerions comme vous regarder cette belle eau toute bleue.

— Certainement, madame et monsieur. Je suis seule et je suis très heureuse de vous connaitre. Je me présente, Sofie Tremblay et je suis native de la ville de Toronto, mais mes origines sont tout à fait Québécoise. Malheureusement, je ne me sens pas chez nous là-bas au loin et maintenant je vogue vers une nouvelle destinée qui m'acceptera telle que je suis. Oh ! Que je suis impolie, je commence à raconter ma vie sans vous laisser le temps de vous présenter. Pardonnez-moi... Puis-je savoir à qui j'ai l'honneur ?

— Ah! Ah! Que vous être rafraichissante, mademoiselle Tremblay ! Nous sommes monsieur et madame Belmont. C'est notre tout premier voyage et nous voulons qu'il soit mémorable, répond madame Belmont en souriant. Et je dois dire qu'il commence très bien.

— Comme c'est gentil. Comme vous venez de le mentionner et comme je le ressens, vous faites un voyage de noce à retardement, car vous avez l'air si heureux et amoureux.

— Jeune fille, vous connaissez la manière de vous faire aimer. Alors pourquoi êtes-vous seul ? répond monsieur Belmont.

— Et bien, je n'ai pas trouvé tout simplement... Non, je vous dirais plutôt que je n'ai pas chercher.

« À partir de cet instant, le voyage ne fut que pure bonheur. De ce gentil couple, je garderai à jamais un bon souvenir. Et j'y pense, maintenant ils doivent voguer en gondole, en se regardant dans les yeux. Oui c'est certain, ils sont à Venise, les chanceux ! , songe Sofie en se levant. »

— Debout paresseuse, aujourd'hui, tu dois aller poser ta candidature dans les petits cafés que tu as repérer dans les derniers jours.

La chambre trouvée, qui lui plaisait, était beaucoup plus élevée que ce qu'elle aurait crue, c'est la raison pour laquelle elle doit chercher un emploi plus rapidement qu'elle l'aurait voulue.

« Mais ce n'est pas grave... De cette façon, je pourrai peut-être faire les connaissances qu'il me faudra pour me faire aimer de cette ville que j'aime déjà beaucoup. »

Avec la joie de vivre qui se reflétait dans son visage, au premier café, elle fut embauchée. Elle devait commencer le lendemain pour les lève-tôt.

Avant de retourner chez elle, Sofie décide d'aller voir les champs Élysées, car ce lieu, elle en a entendu parler depuis fort longtemps et elle veut voir si tout ce qu'on lui en a dit est vrai.

Lorsqu'elle y arriva, elle fut émerveillée. C'était encore plus beau que ce qu'elle s'était imaginé. Le retour chez elle, ce jour là, fût rempli de rêves éveillés.

Le soir venu, elle se coucha de très bonne heure, car pour arriver à temps pour son nouvel emploi, elle devrait se lever très tôt. Elle décide de mettre le réveille-matin à 4:30 pour arriver au café vers 5:30. Le sommeil ne tarda pas à arriver et dès que Sofie pose sa tête sur l'oreiller, elle se retrouve au pays des rêves instantanément.

Le lendemain, fraiche comme une rose, et en parfait contrôle, Sofie entre dans le café, le sourire aux lèvres.

— Bonjour monsieur Savoie ! Comment allez-vous ce matin, dit-elle en chantonnant.

— Ah! Voici notre rayon de soleil qui entre avec une bonne humeur contagieuse. Je suis très chère de meilleur humeur, depuis que vous êtes entrée. Une chance que je sois trop vieux pour vous et que je sois encore en amour avec ma douce parce que...

— Chut ! Ne dites rien qui pourrait être mal interpréter monsieur. Je suis heureuse de travailler pour vous et il faut que ça reste, réplique-t-elle en riant, tout en jetant un coup d'œil à l'autre serveur.

— Mademoiselle, voilà le premier client pour vous.

— Merci bien, je m'en occupe à l'instant, répond Sofie, en prenant son tablier, ainsi que le bloc note. Bon matin, monsieur ! Que puis-je vous servir ce matin?

Et durant tout ce premier chiffre, la jeune femme familiarisa avec la clientèle. Elle apprit ensuite, que plusieurs clients étaient des vacanciers, mais qu'ils y avaient aussi une clientèle régulière. Elle apprendrait vite à les reconnaitre. On lui dit par exemple que ce matin. Ça avait été 50/50 et que son premier client était un régulier. Que les vacanciers venaient un peu plus tard.

Oui en effet Sofie apprit vite, cependant elle était toujours polie avec autant un client qu'elle ne reverrait probablement jamais que celui qui ferait partie de la plupart de ses journées. Un jeune homme entre autres lui plaisait vraiment et elle crut voir de sa part aussi un intérêt certain. Mais elle n'était pas assez à l'aise pour le lui faire savoir et surtout elle ne savait pas si, ici, son geste serait mal interpréter. On lui avait souvent dit que les Parisiens étaient beaucoup plus avancés qu'eux dans ce domaine, mais elle ne voulait pas tout gâcher en précipitant les choses.

Elle n'eut pas à attendre bien longtemps avant qu'il ne l'aborde en lui disant :

— Je prendrais un café et un croissant ce matin.

— Bien, monsieur, dit-elle en se retournant derrière le comptoir pour préparer le café.

— Hum...

— Oui, avez-vous besoin d'autres choses ?

— Non, en fait, j'aimerais vous invitez à prendre le thé, un de ses soir. Mon oncle m'a dit que vous étiez seule au monde...

— Votre oncle...

— Oui ! Le propriétaire du café est le frère de ma mère, alors je crois qu'il est bien mon oncle, répond ce dernier en souriant. Je lui ai demandé de me parler un peu de vous. J'espère que ça ne vous dérange pas trop. J'aimerais vous connaitre un peu plus... Peut-être pourrions-nous être des amis ?

— Bien-sur que ça ne me dérange pas, répond Sofie en rougissant toutefois. J'en suis même flattée. Et pour vous répondre, je suis libre, ce soir et demain, après quinze heure.

— Très bien, alors disons-nous à demain quinze heures. Comme cela, ça me permettra de me reposer demain, répond-il en prenant son café et croissant. Ah! Oui... Je m'appelle Daniel, madame Tremblay.

— S'il vous plait appelez-moi Sophie, je vous prie. Alors, à demain Daniel, en le regardant fermer la porte du café, tout en pensant.

« Alors, il venait ici aussi tôt le matin pour me voir ! »

Un sourire s'afficha sur son visage aussitôt, qui ne passa pas inaperçu.

— Eh ! Jeune fille, vous avez encore du travail... Gardez vos rêves pour plus tard, dit le propriétaire, en lui faisant un clin d'œil.


Chapitre 11

Sofie était à Paris depuis bientôt deux ans et tout allait à merveille. Elle était à sa place enfin. Son travail lui plaisait. Les gens, qu'elle rencontrait, étaient formidablement gentils. Son patron était au petit soin avec elle depuis l'annonce de sa grossesse. Non ! Plutôt depuis qu'ils se sont rencontrés. Et son époux lui, avait toujours été là pour elle. Ce matin en ce réveillant, elle avait un petit cœur et une belle rose bien rouge à ces côtés avec ce petit mot qu'elle lu à voix haute.

« Chère et tendre Sofie, vous dormiez assez bien que je n'ai pas voulu vous réveiller. Après cette nuit et dans votre état... Je crois qu'il serait plus prudent de se tenir un peu tranquille. »

Ce début de petit mot la fit rougir de plaisir mais elle ne s'arrêtait pas là.

« Comme vous voyez, je suis partis à l'aube pour le travail. Je ne dormais plus depuis longtemps et j'avais peur qu'à force de vous regarder, l'avis de vous toucher me reprenne... Je vous souhaite une très belle journée et j'ai déjà hâte de revoir votre beau visage. Ton mari, qui t'aime infiniment... Ah ! En passant, je prépare votre déjeuner, comme vous dites toujours, ma petit Québécoise, et je le laisserai dans le micro-onde.

— Oh! Comme c'est gentil... Il a même dessiné de petit cœur.

Soudain elle regarde le cadran, sur le petit meuble au côté du lit et elle sursaute.

— Si je ne me dépêche pas, je serai une nouvelle fois en retard cette semaine. Les petits sous-entendus referont surface et on me taquinera toute la journée. Tous mes collègues de travail sont très gentils avec moi. On dirait presque un conte de fée...

Tout le long de sa douche et de sa marche vers le petit café, elle se remémore ses deux dernières années de pur bonheur.

♥♥

Son époux Daniel Thomassin était entré dans sa vie peu de temps après son arrivée. Il lui avait demandé de devenir madame Thomassin un peu plus tôt qu'il ne le désirait, car ce grand amour avait été consommé bien avant le mariage. Et comme Sofie ne prenait pas la pilule et comme son Daniel était un chaud lapin, un soir il s'échappa et voilà d'où proviennent ses gros seins et son gros ventre.

Le propriétaire, l'oncle de sa mère, était lui aussi un ange de bontés. Il l'avait prise sous son aile et même, elle le soupçonnait d'avoir organisé cette rencontre entre Daniel et elle. Depuis le tout début, il lui laissait passer tous ses petits caprices et même plus depuis qu'il avait deviné son état.

Le mariage fut préparer en un rien de temps, car elle voulait porter la robe de la mère de Daniel et qu'elle gonflait à vue d'œil, il fallait se dépêcher. Même avec toutes les précautions, le matin du mariage, la couturière avait dû ajuster la robe.

Maintenant, j'en suis à mon huitième mois de grossesse... songe-t-elle en ouvrant la porte du café.

♥♥

— Hey! Encore dans tes rêves, jeune femme et toujours en retard, dit l'oncle, faisait mine d'être un tantinet fâché, mais en la regardant avec un large sourire.

S'empressant de mettre de côté ses pensées, Sofie réplique.

— Je ne voulais pas... C'est de la faute de votre neveu. C'est lui qui ne m'a pas réveillé. Il est comme vous, il me surprotège.

— Tatatatata... Ne te trouve pas de défaites et cours te changer. Tu as déjà perdu plusieurs clients ce matin. Allez housse ! Répond ce dernier en la poussant derrière le comptoir.

Sofie en riant, se prépare à avoir une autre superbe journée.

« Que ma vie est belle... Si j'avais su qu'elle serait aussi merveilleuse, je serais venue vers ma destinée plus tôt. »

Les clients affluèrent ce jour là et elle n'eut plus une minute pour se remémorer de beaux souvenirs.

Vers l'heure du souper, Sofie eut de terribles douleurs. L'oncle inquiet appela une ambulance. Les secours, lorsqu'ils virent son état, prirent la direction de l'hôpital le plus près. Les ambulanciers demandèrent au propriétaire de contacter tout de suite le père.

Sofie perdit tout contact avec la réalité durant son transport. Elle se réveille dans un lit. Son regard se dirige vers la chaise près d'elle où son mari dort le visage accoté sur son bras. Avec une voix roque et ensommeillé, elle l'appelle.

— Daniel... Chéri, que m'est-il arrivée ? Pourquoi suis-je ici ? Ah! Non ! Non!, crie-t-elle en regardant en dessous de la couverture. Où est mon bébé? Où est-il Daniel ? Dis le moi... sanglote-t-elle.

Son mari aussitôt fut à ses côtés pour venir la prendre dans ses bras. Des larmes coulent sans relâche sur ses joues.

— Mon amour, je suis si désolé. Ils ont tout fait pour vous sauver tous les deux, mais ils n'ont pas pu. Je vous ai choisi vous... Je ne voulais pas vous perdre, répond-il en sanglotant toujours.

— Non! Pas ça ! Vous n'aviez pas le droit... Je vous déteste, cri Sofie en cognant sa poitrine à plusieurs reprises.

Soudain, elle s'affaisse sur son lit et entend ses dernières paroles.

— Il fallait la calmer. Ne vous en faite pas, elle reviendra à de meilleurs sentiments. C'est un drame... mais vous êtes jeune et vous pourrez avoir d'autres enfants.

♥♥

Par la suite la belle vie, comme Sofie le disait souvent, était terminée. Les jours et même les mois se passaient sans que la jeune femme ne puisse oublier. Elle entra dans une forte dépression et des crises énormes se manifestèrent. Elle essai tant bien que mal de les cacher à son mari, mais celles-ci lui puisaient tellement d'énergie, qu'elle dû, à plusieurs reprise, ne pas aller travailler. Son oncle inquiet, en avisa Daniel, lorsque le quatrième jour d'affilé, Sofie appela pour dire qu'elle ne viendrait pas au boulot.

Sans prendre le temps d'en aviser son patron, Daniel quitte son travail, en pleine réunion pour aller retrouver sa femme. Il entre chez lui en criant :

— Sofie... mon amour où êtes-vous?

— Je suis dans la chambre. Mais que faites-vous ici ?

— J'étais inquiet pour vous et mon oncle aussi. Il m'a dit que vous n'êtes pas allé au travail depuis presqu'une semaine. Vous êtes tellement blême mon amour... Dites-moi ce qui ne va pas.

— Il n'y a rien... J'ai de petite migraine et c'est tout. Ne vous en faites pas, demain j'irai mieux.

Un petit sourire espiègle apparait alors sur son visage. Daniel qui depuis fort longtemps, ne le voyait plus fut conquis lorsqu'elle lui dit :

— Cependant, vu que vous êtes ici, petit mari, peut-être pourriez-vous me guérir de la plus belle des façons.

— Ah! Ah! Petite diablesse, là je vous reconnais, réplique-t-il en se couchant près d'elle en souriant.

Depuis, le retour improvisé de son époux, une idée avait germé dans la tête de Sofie et elle savait très bien qu'il ne serait pas difficile de le convaincre.

♥♥

Le bedon de Sofie commence à se faire voir. Elle est maintenant à son quatrième mois. Cette grossesse est plus difficile que la première, car plusieurs crises où il y a perte de consciences momentanées, la laisse sans force. Lors de celles-ci le docteur l'oblige à rester aliter. Ses journées là, une femme vient pour lui donner les soins appropriés.

Elle ne sait pas pourquoi, mais durant ses journées, elle ressort les carnets de sa mère et grand-mère pour y mettre de l'ordre.

« C'est vraiment de belles histoires... Pourquoi ne pas les envoyer à une maison d'édition ? »

Et c'est ce qu'elle fit dans les jours qui ont suivis, juste avant qu'une nouvelle crise se manifeste. Plus dévastatrice que toutes celles que Sofie avait eues. On la transporte d'urgence à l'hôpital. Sans qu'on puisse les prévoir, des contractions se manifestent. Son médecin ne peut les arrêter et on doit lui faire une césarienne d'urgence. Comme Sofie ne se réveille pas, on demande la permission à son époux. Il sait que le bébé n'aura pas beaucoup de chance de survie s'il le sorte maintenant, mais il aime trop son épouse pour prendre la chance de la perdre, donc il donne la permission, même s'il sait que sa femme ne lui pardonnera pas. Il s'approche et lui dit tout en baisant son front :

— Pardonne-moi mon amour... Je t'aime trop pour te perdre et sans toi je ne serais que faire d'un nouveau-né.

♥♥

Dans la salle d'opération, tout ce déroula rapidement. Le cœur de Sofie, n'en pouvant plus, arrête de battre et une hémorragie sans fin achève la job. À treize heures trente se jour-là est morte Sofie Thomassin et sa petite Amandine. Ainsi ce termine, par ce drame la génération des Tremblay...

♥♥

Oh là! Ça ne peut se terminer comme ça. Je n'aime pas terminer mes histoires en mélo dramatiquement. Pour la suite la semaine prochaine. Hum... Et Si Judith avait accepté la proposition du docteur ! 

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