Je pensais que t'étais différent.
De toute façon,
Ce n'est pas la première fois que je me trompe...
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Je hais le lundi.
Et pour cause, je dois me traîner dans ce lycée maudit en faisant semblant d'aller bien alors que rien ne va.
Comme les autres jours vous me direz, ouais mais le lundi c'est pire car personne n'est de bonne humeur, et donc personne ne me transmet de joie.
Ma mère me dépose devant et je la salue brièvement avant de descendre et d'avancer lentement jusqu'à la porte principale qui donne sur le hall.
Je me dirige vers mon casier et y dépose quelques livres pour alléger mon sac.
"Dana?"
Je me tourne vers Gloria et lui fait la bise en me forçant à sourire.
"Hey Glo'! Comment ça va? Mieux?
-Oui t'inquiète... On en parlera plus tard, mais Emma m'a dit que tu n'allais pas très bien en ce moment et je voulais savoir si t'avais besoin de parler".
J'adore cette fille. Depuis toujours.
Elle est adorable, gentille, ouverte à tous, vraiment c'est la meilleure.
Et j'ai presque honte de moi en secouant la tête pour lui faire croire que tout va bien.
"D'ailleurs Emma n'est pas là? Remarquais-je.
-Non.. Apparemment elle a la gastro..
-Je vois..."
Je ferme mon casier et me tourne à nouveau vers elle.
"Tu as quoi comme cours là? Je lui demande.
-Euh.. Maths en bâtiment B je crois.
-Je suis là-bas moi aussi. On y va ensemble ?
-Bien-sûr".
Sur le chemin elle me raconte que son ex l'a largué sans s'expliquer et que c'était pour ça qu'elle avait fait une crise d'angoisse.
Apparemment Emma est allée lui remonter les bretelles et il l'a appelé pour lui dire qu'il préférait ne pas gâcher leur amitié et la blesser plus qu'autre chose.
Gloria semblait plus heureuse maintenant et ça me faisait plaisir.
On se sépare au premier étage car elle était au deuxième et moi je rejoint ma classe et me place discrètement dans le rang à l'arrière.
Plusieurs filles me saluent et me parlent de leur week end, mais je n'écoutais qu'à moitié car je n'arrivais pas à détacher mon regard de Mathis.
Il était putain de beau dans sa chemise bleue ciel, ses cheveux mal coiffés et ses yeux verts perçants me donnaient mal à la tête.
Non Dana.. Tu ne peux pas aimer ce goujat comme ça.
Tu ne peux carrément pas.
Je retiens mes larmes et m'efforce de sourire pour ne pas que les autres commencent à me dévisager.
Et pourtant leurs regards se tournent vers moi et les filles en face cessent de parler.
Je sens alors des larmes chaudes couler le long de mes joues et je les essuie instantanément.
Mais elles se succédaient encore et encore.. Je n'arrivais pas à les contrôler.
Je me maudissait vraiment.
Bordel.
"Ça va Dana?"
Sa voix avait résonnée dans ma tête une dizaine de fois avant que je ne percute qu'il s'adressait à moi.
Je le regarde et lui transmet toute ma haine à son égard par ce contact visuel.
Pendant une demi seconde je le vois froncer les sourcils en colère, puis il reprend un air adoucit.
Bordel ce mec est faux.
Il est complètement faux.
Connard.
"Je vais t'accompagner à l'infirmerie".
Je réagit tout de suite cette fois et prend un pas de recul.
"En quel honneur?
-Je suis le délégué. Et puis ça n'a pas l'air d'aller.
-Je vais très bien merci.
-Laisse le t'accompagner Danaé, tu pourras parler à l'infirmière." Me conseille l'une de mes camarade.
Je secoue la tête.
Non. Je refuse qu'il m'accompagne.
Ce dégénéré va me violer encore une fois je ne risque pas de le laisser m'acompagner.
Alors que je reculais encore en protestant que je ne voulais pas, il attrape fermement mon poignet et je me retient pour ne pas gémir de douleur.
Personne ne semblait remarquer qu'il le serrait de toutes ses forces.
"Lâche moi!"
Il me pousse à l'extérieur du rang.
"Tu vas arrêter de te plaindre et me suivre. Tu vois bien que t'a besoin de parler.
-Pas avec toi!
-Et pourquoi pas hein?"
Tout le monde nous fixait et je commençais à en avoir marre qu'on décide pour moi toute la sainte journée.
"J'AI DIS NON BORDEL DE MERDE LÂCHE MOI!"
Il semble surpris par mon haussement de voix et je réussis à lui arracher ma main.
Je grogne en observant mon poignet bleu et le dissimule avec ma manche avant que les autres n'y prêtent attention.
Mathis me lance un regard noir que nos camarades ne pouvaient pas voir puisqu'il était dos à eux.
"Je te jure Dana.. Un de ces quatre je vais te niquer ta race" chuchote t'il.
Il m'attrape durement me bras et me tire vers les escaliers pendant que les autres vaquaient à leurs occupations.
Mais une autre poigne me saisit l'autre bras et pendant un instant j'ai cru que c'était lui et qu'il allait me frapper.
Sauf que je reconnais le survêtement noir de Jake et son odeur de drogue.
"C'est bon Mathis. Je vais à l'infirmerie elle n'a qu'à venir avec moi. Déclare ce dernier.
-Jake tu...
-Qu'est ce que tu vas foutre là-bas? Me coupe Mathis.
-Et toi? Je te demande ce que tu comptais faire à cette pauvre fille la semaine dernière ?"
Mathis le pousse en arrière en lui signalant de se taire.
Les autres n'étaient pas loin et une oreille indiscrète pouvait tout entendre.
"Accompagne la alors. Dit-il simplement vaincu.
-Oui".
Il tourne les talons en grinçant des dents et rejoint la classe où les autres élèves commençaient à entrer.
Je m'essuie frénétiquement les joues et me tourne vers Jake que je n'avais qu'entraperçu depuis tout à l'heure.
Il semblait extrêmement fatigué, ses longs cernes marquaient sa peau claire et ses cheveux blonds retombaient négligemment sur son front.
Comme s'il venait de tomber du lit.
Il avait gardé sa capuche pour ne pas que les autres le remarquent, mais en y regardant de plus près ce n'était pas dur à deviner.
"Euh... Merci?"
Il sursaute, comme s'il avait oublié que j'étais là et hoche simplement la tête.
"Ouais ouais de rien.."
Il baille et trace sa route jusqu'aux escaliers sans prêter attention à ma présence derrière.
Je le suis de près pour ne pas paraître suspecte et observe en même temps mon poignet bleu.
J'en ai marre, si ma mère voit ça je suis fichue.
Je ronchonne et le masse tout le long du chemin en espérant que ça passe.
L'infirmière risque de le voir, de prévenir la conseillère d'éducation, qui risque de prévenir mes parents etc...
Je suis finie.
"Comment tu peux aimer cet abruti?"
Je lève la tête d'un coup en comprenant que Jake s'adressait à moi.
"Hein?
-Je t'ai demandé, comment tu peux..
-J'ai bien compris. Le coupais-je.
-Et donc? Tu compte répondre peut-être ?"
Non.
Mais si je lui dis ça il va me frapper lui aussi alors je me contient.
"J'en sais rien.
-Comment ça t'en sais rien? Y'a forcément une raison... Genre.. Il est trop beau?
-Sûrement... Et puis qu'est ce que ça peut te faire hein?"
Il hausse les épaules.
"J'ai toujours détesté ce mec alors je me demande juste ce que toutes les cruches lui trouvent".
Je lève les yeux au ciel.
"Tu es simplement jaloux de son succès. Alors tu t'en prend à elles.
-Et toi tu es vexée d'être considérée comme une cruche alors tu me provoque".
Je ne sais pas quoi répondre à ça.
"Je ne suis pas une cruche... Repliquais-je simplement.
-Si.
-Et qu'est ce qui te fais dire ça? Hein?
-Le fait que tu aime cet artichaut simplement parce qu'il est canon".
Je soupire.
Au fond il a raison. En premier lieu, j'aimais Mathis parce qu'il était super beau gosse, et parce que j'étais une gamine puérile. Au fur et à mesure je lui ai trouvé de nombreuses qualités, alors forcément je suis embrouillée maintenant que je sais qu'il ne pense qu'avec son appareil génital.
"Ouais. T'a raison... Je suis une pauvre cruche".
Il relâche un rire éraillé qui me fait sursauter car je ne l'ai jamais entendu rire.
En fait ce mec ne souris jamais, ne rigole jamais, alors forcément ça surprend.
"Et merci à toi aussi. Rajoute t'il.
-Pourquoi?
-Parce que l'autre jour tu m'as défendu dans le bureau du directeur alors ça fait plaisir. D'habitude les gens m'accusent par facilité, donc pour une fois que c'est le contraire..."
Je fronce les sourcils.
Les gens seraient aussi horribles que ça ? Alors qu'en fait, il a l'air plutôt gentil au fond.
Il se tourne vers moi.
"Tu devrais en parler à tes parents".
Je secoue la tête.
Pas question.
"Jamais.
-Pourquoi?
-Parce que.. Ils connaissent Mathis depuis que je sais marcher alors.. Non.. Je ne peux pas leur dire. C'est impossible. Et d'ailleurs efface ça de ta mémoire".
Il rit à nouveau.
"T'es vraiment bipolaire toi!"
Je ne sais pas comment je dois le prendre mais je décide tout de même de me taire.
On ne sait jamais, lui aussi est bipolaire, je dirais même schizophrène, alors mieux vaut rester sur ses gardes.
Je me racle la gorge.
"Pourquoi tu dois aller voir l'infirmière? Demandais-je pour changer de sujet.
-Parce qu'elle a mes vitamines et que j'ai pas mangé ce matin.
-Mauvaise nuit?
-J'ai pas dormi. Je suis pas rentré chez moi du week end..."
Il dit ça tout à fait normalement, comme s'il faisait ça à longueur de journée.
"Mes parents et leur culture anglaise me cassent les couilles.
-T'a besoin de vitamines?
-Ouais".
Il n'ajoute rien.
Je pense que ça ne me regarde pas.
Et puis je ne vois pas pourquoi ça m'apporterait quelque chose de le savoir.
"Et toi?
-Bah je sais pas... Tout le monde dit que je suis censée aller la voir pour lui expliquer mon état moral... Mais j'ai pas envie.
-Ce sera toujours mieux que de prendre des anti-dépresseurs".
Il dit ça avec ironie comme s'il me considérait comme quelqu'un de stupide.
"Ça me fait penser que j'en ai plus... Il faudrait que j'en trouve quelque part".
Je murmurais pour moi-même et il se retourne soudainement vers moi.
"Il y a bien mieux que des stupides anti-dépresseurs. Annonce t'il.
-Ah oui?"
Il hoche la tête et me présente son paquet de clope.
Je me mord la lèvre mais ne succombe pas, je secoue la tête.
"Pas question que je touche à ça.
-Donc tu te dope aux médicaments mais tu refuse de fumer du tabac? Il y a quoi d'autre de bizarre chez une cruche?
-Écoute t'a pas l'air mais en fait t'influence grave les gens et tu ne m'aura pas.
-Je cherche juste à rendre service. Réplique t'il.
-Ok.. Mais vouloir rendre service en proposant du mal aux gens.. C'est pire que de ne rien faire".
Il fronce les sourcils comme s'il n'avait jamais pensé de cette façon et croise les bras en tapant du pied.
"Putain.. Est ce que tu viens de dire un truc intelligent ? Demande t'il.
-J'imagine.
-Je ne pensais pas qu'une cruche pouvais m'apprendre quelque chose".
Je râle et le dépasse.
J'imagine que c'est désormais comme ça qu'il va m'appeler.
À choisir je préférais Dana... Mais bon.
"Donc.. En gros je devrais m'excuser de t'avoir agressé lundi dernier ?
-Ça n'a rien avoir mais... C'est une bonne initiative... Pourquoi Pas?
-Alors je m'excuse".
Il fait une de ses innombrables révérences et me présente la porte de l'infirmerie que j'ouvre en levant les yeux au ciel.
Apparemment je me suis fait un nouveau pote dans ma classe...
Je ne sais pas trop si c'est une bonne ou une mauvaise nouvelle.
Mais pour le moment je dirais qu'elle est plutôt bonne.