Les jours qui suivirent furent horriblement longs pour Rosa. Elle n'avait pas de voiture et ne pouvait donc pas aller plus loin que les alentous de la maison où pas une âme ne vivait. Jason lui téléphonait presque toutes les deux heures ce qui meublait un peu ses journées.
Quand Jason parlait à Rosa, sa voix était toujours faible et il toussait toujours aussi souvent. Cela l'intriguait car logiquement, Jason n'était atteint qu'aux bras et à une jambe ce qui ne justifiait pas ces toussotements. Elle n'osait pas lui demander la raison de ce problème de peur que Jason ne lui crie dessus une fois de plus même s'il ne semblait pas vraiment disposé à le faire.
Alors elle attendit patiemment que Jason soit rappatrié jusqu'à elle ce qui arriva finalement deux semaines plus tard. Étrange, se disait Rosa, que pour de simples fractures et hématomes Jason soit resté si longtemps hospitalisé... Mais quand il sortit du véhicule qui le ramenait à elle, son immense sourire évapora tous ses questionements.
Elle se jeta dans ses bras et était à deux doigts de l'embrasser quand elle faillit le renverser. Il était obligé de se tenir à l'aide de béquilles ce qui ne le rendait pas vraiment stable.
- T'as eu peur que je ne revienne plus jamais ? il lui demanda.
- J'ai surtout eu peur d'être coincée ici pour le restant de mes jours, répondit Rosa avec un sourire. Et je ne savais pas que tu étais sauveur de chats...
- Il ne s'est même pas arrêté pour venir me voir cet idiot ! C'est la dernière fois que je n'écrase pas un chat, je te préviens !
Ils entrèrent dans la petite maison et Jason demanda à aller dans sa chambre pour se retrouver. Il s'allongea avec difficulté sur son lit et Rosa s'installa sur une chaise à côté de lui.
- Quand j'ai été admis, commença Jason, il m'ont demandé si mes parents étaient dans les environs. J'ai menti sur mon âge et j'ai dis que je n'avais pas de parents. J'ai inventé un autre nom de famille pour passer entièrement incognito.
- T'as eu de quoi payer ?
- T'inquiète, j'avais tout prévu. J'ai appellé mes parents et je leur ai fait croire que j'avais une laryngite ce qui expliquait ma voix pourrie.
Ils restèrent silencieux un long moment à se contempler. Ce fut finalement Rosa qui ne put soutenir le silence plus longtemps.
- J'ai eu peur, Jason. Vraiment. Peur de te perdre. Peur de ne plus jamais voir ton sourire. De ne plus voir tes cheveux.
- Mes cheveux te plaisent autant que ça ? l'interrogea Jason amusé.
- Oui. Il n'y a pas une seule chevelure qui brille comme la tienne. J'ai juste eu peur de ne plus jamais te voir.
Jason lui attrapa la main et afficha un sourire déchirant, si triste que Rosa ne parvint pas l'interprêter. Il lui caressa doucement la paume de sa main avec son pouce et l'enleva pas cet horrible sourire de son visage.