Clair de Lune

By LollyTigerYtb

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Les vacances d'été qui tiraillent Amanda entre la fin du collège et le début du lycée pourraient bien constit... More

Chapitre 1
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5

Chapitre 2

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By LollyTigerYtb

La semaine est déjà finie.
Le collège, c'est déjà plus que du passé.
  Plus j'y pense et plus la petite boule dans ma gorge se resserre. J'aurais aimé passer plus de temps avec Lila, qui est déjà en pleine visite de l'internat de son futur lycée. La petite boule continue à me couper la gorge comme une lame de rasoir. Je ne veux pas finir par me séparer de Lila, et pourtant nous avons beau nous dire que nous garderons un contact grâce à notre complicité peu égalable, nous savons chacune de notre côté que nous allons nous forger une vie loin l'une de l'autre, et nous quitter progressivement
  J'essaye de soulager le poids de la petite boule qui me barre la trachée en me disant que le passé reste derrière moi et qu'il ne faut pas me soucier du futur à venir -bien qu'il soit très proche. Je tente d'éccarter l'idée d'une très prochaine rentrée scolaire sans ma meilleure amie, en songeant à notre tout premier jour de sixième. En fermant les yeux, je sens presque la moiteur de la main de Lila dans la mienne, alors tremblante. Ma vision est floue, je ne parviens à faire la mise au point que sur quelques détails qui restent précis dans ma mémoire. Je sens la petite silhouette de ma meilleure amie tressauter à mes côtés lorsque l'un des professeurs appelle : « SOLEK, Lila ». La petite blonde lâche lentement ma main avant d'aller se placer aux côtés de son professeur principal. Je perçois la scène au ralentit : l'attente de la lettre « W », les noms que crachent tour à tour les professeurs en dehors de leurs bouches pincées, mes yeux qui s'humidifient et mes mains qui se resserrent. Jusqu'au moment où j'entend haut et fort «WOOD, Amanda». J'ouvre alors les yeux et m'avance glorieusement vers ma meilleure amie, dont les yeux gris pétillent d'un air de dire "Tu vois, je te l'avais dit".
  J'ouvre subitement les yeux ; des larmes s'échappent dès ce premier battement de cils. Jeparcoure le ciel des yeux, cherchant du réconfort auprès de ma constellation préférée, Cassiopée.

  Il est neuf heures et demie du soir, le temps s'est rafraichi. La tête perdue dans les étoiles, je reçois un dernier snap de Lila ; je ne peux m'empêcher d'être contente pour ma meilleure amie : ses parents ont finalement accepté qu'elle se rende chez Sam ce soir. Ses sentiments pour lui n'ont jamais vraiment été anodins, et j'aurais vraiment aimé être là pour l'aider à se lancer et à aller lui parler. C'est alors que me prend l'envie soudaine de fuir de cette chambre dans laquelle j'étouffe : j'ai besoin de prendre un peu l'air. J'enfile simplement mon vieux pull gris sur lequel est inscrit « HeartBreaker » avec de grosses lettres brillantes et kitshs.
  Je longe le couloir qui sépare ma chambre de l'entrée, lorsque je surprend mon père avachis dans le canapé. Son visage est calme, détendu, et je ne peux m'empêcher de lui sourire.
  -Tu vas quelque part ?
  -Malheureusement non, lancé-je comme pour faire référence à la soirée à laquelle je n'ai pas le droit de me rendre. Je vais nulle part.
  -Je voix... Je voulais moi aussi aller nulle part. Veux-tu aller nulle part avec ton papounet ?
  Je vérifie l'heure à mon poignet : neuf heures et quarante minutes, il est tard pour sortir en virée père et fille. Je n'ai pas le temps de hocher la tête que mon père a déjà enfilé son manteau et sorti ses clefs de voiture. Je m'avance alors d'un pas pressé vers l'automobile, j'ouvre la portière passagère et la referme dans un silence angoissant. Je regarde mon père démarrer la voiture ; je ne sais pas à quoi m'attendre.
  -On va où ?
  A ma grande surprise, mon père reste silencieux. Ses cheveux frisés en pagaille lui donnent un air penaud et ses grands yeux noirs brillent à la lumière de chaque lampadaires auprès desquels passe la voiture. Le véhicule avance calmement : pas trop vite, pas troplentement. La tranquillité qui nous y berce en devient presque effrayante. J'essaye de définir l'expression sur le visage demon père, en vain : ses sourcils sont froncés comme s'il était en colère, ses yeux sont calmes et vides comme s'il était triste, le bas de son visage est relâché et indescriptible. Je me sens soudain gênée de le dévisager de la sorte, tournant rapidement la têtevers la route.
  C'est alors seulement que je me rend compte que je ne reconnais pas le chemin que mon père emprunte, insouciant. Je n'ose pas rompre le silence qui règne en maître dans cette automobile, et qui me donne la chaire de poule : où m'emmène-t-il ? Mes parents en ont-ils marre de moi au pointde m'abandonner sur le palier d'une église ? Je tourne alors la tête vers la fenêtre, prends une grande respiration, ferme les yeux et essaye de me clamer.

  Quelques minutes plus tard, je sens la voiture s'arrêter. J'ouvre les yeux et tourne brusquement la tête vers mon père qui décroche sa ceinture avant de relever la tête dans ma direction :
  -Tu reconnais où on est ?
  Je prend le temps de regarder machinalement au dehors avant de donner ma réponse négative et définitive. J'apperçois un petit restaurant au bord de la route. Un petit écriteau sur le devant de sa façade en bois qui lui donne une allure de chalet annonce son nom : Le Coffre. Je ne met pas longtemps avant de me souvenir de cet endroit. Sans un mot, j'ouvre rapidement pa portière et saute en dehors du véhicule. Nous avançons vers l'entrée du restaurant, et je commence à me dire qu'il est un peu tard pour aller manger. Ce lieu m'évoque beaucoup de souvenirs : il m'y avait emmené il y a 12 ans, le jour de la naissance de mon petit frère, Kelan. Mon père demande désigne une table du bout du doigt à un serveur, et mes souvenirs se précisent : la talbe où j'ai dégusté ma toute première glace. J'avais eu la bonne idée d'en choisir une au cassis, ce qui m'a valu de belles taches violacées aux coins des lèvres. J'aurais aimé rire aujourd'hui comme nous avions ri ce jour-là. A peine nous sommes nous assis qu'un serveur vient prendre notre commande :
  -Bonjour,  vous désirez ?
  -Une glace au cassis, s'il vous plaît.
  A peine mon père a-t-il prononcé ces quelques mots que j'écarquille mes yeux, assez grand pour que les perles brunes qu'ils contiennent risquent d'en tomber. Le serveur griffonne sur son carnet et s'éloigne de notre table. Mon père plonge son regard dans le mien, et son visage fatigué laisse apparaître ce qui me semble être un sourire. Le serveur apporte la glace et la place au centre de la table.
  -Tu te souviens, tu avais à peine trois ans...
  -Oui, coupé-je afin d'éviter tout malaise.
  A vrai dire, je ne sais quoi penser de tout ça. Mon père n'a jamais été du genre romantique, il ne tient pas vraiment aux symboles.
  -Tu m'as dit que l'on ne t'écoute pas assez, c'est bien ça ?
  Il ne me laisse pas le temps de répondre, et poursuit :
  -Je ne pense pas que nous soyons des tyrans, et ta mère et moi avons toujours fait en sorte de vous protéger sans être sur-protecteurs. Si nous te laissions en faire qu'à ta tête, tu ne serais pas plus heureuse, crois moi.
  J'hésite à répondre, n'osant pas le couper. Il plonge une cuillère dans la mousse compacte et pourpre que je n'ai pas encore osé toucher. Mon père reprend alors de plus belles :
  -Néanmoins, cette discussion tombe à pic. Tu sais bien qu'avec ta mère, on voulait te faire une surprise pour fêter la fin d'année et les vacances. Une occasion s'est alors présentée à nous, et ce bien avant que tu ne déclares l'autre soir que nous ne te laissions pas assez d'indépendance, que nous ne te laissions pas faire tes preuves.
  Je me rappelles alors de la soirée de lundi dernier, et j'avale avec peine une bouchée glacée de cassis, tant j'ai honte de leur avoir fait tous ces repproches. Je demande alors :
  -De quoi tu veux parler, quelle occasion ? Pour la soirée...
  -Tu sais que tu n'as pas à t'excuser pour la soirée, on a été un peu durs de ne même pas te laisser y aller. On doit te laisser du leste, surtout si tu nous dit que tu en es capable.
  Je sais qu'il n'a pas vraiment répondu à ma question, mais je me contente de cette agréable nouvelle en souriant, avant de finir ma glace –sans m'en mettre de partout. Nous regagnons la sortie du restaurant. Sur les bords de la terrace se trouve un petit muret en pierres, nous nous arrêtons quelques instants pour regarder la Petite-Ours. Le ciel est plus dégagé qu'en début de soirée, je sens le parfum légèrement poivré de mon père se mêler à l'odeur de l'air et estival qui caresse mon visage.

  J'entrouvre mes yeux collés par la fatigue. J'aperçois un fin rayon de soleil passer par ma fenêtre et effleurer mes joues. Je m'étire, toujours couchée dans mon lit, et tâte le polochon à coté de moi. Je me redresse doucement, enfile mes pantoufles et descend jusqu'à la cuisine où j'ouvre le frigo. Je rempli mon bol de lait d'une main, et attrape un pain au lait de l'autre. Je m'installe à la petite table blanche sous la véranda de la maison, et commence à tremper les petites brioches dans le lait frais. Les ombres des arbres se reflètent sur la pelous grâce aux rayons du soleil. Je réfléchi maintenant à la soirée passée avec mon père : quelle était donc cette « opportunité » ? Pensive, je débarrasse la table. Mes parents ne sont toujours pas réveillés et mon petit frère regarde un dessin animé débile à la télévision.
  -Je vais courir, si papa et maman se réveillent avant que je sois rentrée tu leur dit de ne pas s'inquiéter, ok ?
  -Mm...
  Il est si hypnotisé par sonémission qu'il ne semble même pas avoir remarqué ma présence.
  -Kelan !
  -Oui, oui, c'est bon ! Je leur dirai que t'es partie mais que tu reviens !
  Je me contente de la réponse de mon -cher- petit frère, avant de partir enfiler un short et une paire de chaussures de sport. J'attrape mes écouteurs, me fait une couette bien haute sur la tête et pars courir dehors. Ma respiration s'accélère après quelques foulées, je continue quelques enjambées par dessus les hautes herbes et mon souffle se fait plus régulier. Mes pieds tapent sur la terre sèche pour me donner plus d'élan, je sens l'odeur exotique des fleurs de la forêt et de l'herbe coupée à chacune de mes bouffées d'air. La brise fraîche sous l'ombre des arbres passe sur tout mon corps, rythmé par la musique pop que j'ai dans les oreilles. J'arrive à la fin de mon parcours, m'arrête devant la rivière et lève la tête. Je fini par rentrer prendre une douche après un petit tour de la forêt.
  L'horloge de la salle de bain indique huit heures. Les gouttelettes d'eau fraiche ruissellent sur mon corps et le long de ses cheveux bruns qui se lissent à leur passage. Je prend le temps de me sécher partiellement, avant d'enfiler un short en jean et un t-shirt marron. Sur le trajet séparant la salle de bain de ma chambre, j'entend la voix familière et néanmoins trop sérieuse de ma mère :
  -Amanda...
  -J'ai dit à Kelan de vous prévenir, répondé-je sur la défensive, j'étais seulement parti me promener, Kelan !
  -Amy, ton frère nous l'a dit, on veut simplement parler avec toi si tu veux bien.
  La voix cette fois-ci plus apaisée de ma mère me rassure. Je sens pourtant que mon cœur va se décrocher. Je les rejoins dans le salon et mon père prend la relève:
  -Comme je te l'ai dit hier soir, une occasion s'est présentée pour nous alors que l'on se demandait avec quoi fêter cette fin d'année scolaire. Même si je sais que tu aurais préféré aller faire la fête avec tes amis, nous avions prévu quelque chose depuis quelques mois.
  Mes deux parents me regardent d'un air patient, comme s'ils attendaient une réponse de ma part :
  -Euh... D'accord ?
  -Ma maraine tient un camp de vacances, commence ma mère, et elle a reprit contacte avec nous car elle voulait vous y accueillir, Kelan et toi.
  -D'après moi Kelan est trop jeune, reprend mon père, et le trajet étant trop cher nous avons préféré récompenser ton travail de cette année, et accessoirement la fin du brevet.
  -Le trajet ? demandé-je
  -C'est un camping qui porpose des cours de solfège, et tu peux intégrer des groupes sous forme de stages.
  Mon cœur fait actuellement quinze mille bonds dans ma poitrine. Mon père continue :
  -Tu dois t'y rendre en avion, c'est pourquoi je pense que Kelan ne peut pas t'accompagner. Nous voulions te récompenser certes, mais ce voyage va aussi te permettre de "faire tes preuves", si tu es toujours d'accord avec ça ?
  -Attendez, je vais où et quand ?
  Les paroles que prononcent mes parents ensuite me semblent tellement folles que je parviens à n'en aisir que quelques bribes :
  « Demain... vingt-et-une heure... Côte ouest des Etats-Unis».
  Mon cœur bat à toute vitesse, je tremble de la tête aux pieds. Est-ce un rêve ? Non, c'est bien réel. Je ne sais plus quoi dire et j'ai l'impression que ,si j'ouvre la bouche, je ne serais capable que de crier. Je n'en crois pas mes yeux. Je suis soudain inquiète, mais je veux leur montrer que je suis capable de me débrouiller loin d'eux pendant... Pendant combien de temps, d'ailleurs ? Je n'ose même pas le leur demander : ils pourraient penser que je m'inquiète...

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