Clair de Lune

Oleh LollyTigerYtb

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Les vacances d'été qui tiraillent Amanda entre la fin du collège et le début du lycée pourraient bien constit... Lebih Banyak

Chapitre 2
Chapitre 3
Chapitre 4
Chapitre 5

Chapitre 1

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Oleh LollyTigerYtb

  Lundi 1er juillet et une douce odeur de pain grillé flotte dans l'air de ma chambre -préalablement parfumée avec les effluves des nombreuses bougies colorées que je m'entête à faire brûler malgré les maux de tête qu'elles me procurent au réveil. Je me prépare à aller au collège pour cette dernière semaine de cours : l'annonce d'une fin d'année de troisième plus que réussie. Ces quatre ans sont passés tellement vite, et voilà que déjà je quitte ces amitiés si fraîchement conçues. Toutes ces pensées fusent dans mon esprit, comme si une pluie de micro vaisseaux spatiaux pénétrait par mes oreilles. Je n'ai pas l'impression d'avoir passé des moments si exaltants dans ce collège, et une énorme boule barre pourtant ma trachée.
  « Eh merde ! » un battement de paupières, et mon trait d'eye-liner dérape. Je me rends compte –bien que trop tard- que plus le temps passe, plus il passe vite. Je sais que mes amis vont me manquer. Et plus particulièrement Lila. Je continue de rêvasser, tout en remuant machinalement mes Nesquik ramollis par le lait. Lila, c'est ma meilleure amie. Une grande et belle blonde aux yeux gris, que je connais depuis ma naissance ; j'ai toujours vu Lila comme un refuge serein. Au cours du temps, nous avons appris à veiller l'une sur l'autre. Quitter ce collège où nous avons forgé une partie importante de notre amitié me donne mal au cœur. Maintenant que cette année de Troisième est terminée, ma meilleure amie –dont les qualités sportives m'ont toujours impressionnée- part en dans un lycée sportif pour exploiter ce don. Pour ma part, j'ai visité de multiples établissements qui pourraient me permettre de m'épanouir au niveau de mes qualités de pianniste, mais je ne me décide pas...
  Je prend une grande inspiration en débarrassant la table du petit déjeuner, et je traîne des pieds jusqu'à la salle de bain. Le collège signifie beaucoup de choses pour la plupart des adolescents qui en sortent : une période de changements, difficile, qui laisse croire que les apparences sont ce qui prime dans la société. Des rencontres dites "inoubliables", que l'on délaissera finalement quelques mois plus tard. Je ne voyais qu'une solution possible pour être sûre de profiter de cette dernière semaine : la fête que mon meilleur ami, Sam, a organisée vendredi soir. Cette pensée fait pétiller mes grands yeux bruns, et je sens un sourire s'esquisser aux coins de mes lèvres. Cette fête était mon idée,évidemment. Mais on a toujours procédé comme ça : je suis le cerveau, lui les gros bras. Et puis, mes parents auraient refusé d'accueillir plus de trente adolescents dans notre petite maisonnette de cambrousse...
  Je n'ai pas vraiment le choix : je dois m'y rendre, et ce même si cela paraît impossible d'un point de vue parental. Mes parents connaissent Sam et, bien qu'ils l'adorent, ils n'ignorent pas sa fameuse réputation de fêtard, qui dérape à chaque fin de soirée...
  Je reste songeuse tout en escaladant le chemin goudronné qui me séparede mon arrêt de bus. Mon sac violet sur le dos et mes écouteurs dans les oreilles, j'ordonne à mon vieux BlackBerry de jouer une piste aléatoire, tout en laissant ma joie et le ciel bleu se mêler aux paroles entraînantes de la chanson. Je cours, chante, me sent libre et minuscule sous l'étendue azure au-dessus de ma tête. Je sens la brise légère passer à travers mes longues mèches brunes, laissant fuir les quelques gouttes du parfum préalablement vaporisées au creux de mon cou. J'observe intensément les reflets vermeils du soleil sur le ciel bleu céleste, sans nuages.
 Je m'installe sur la banquette arrière du bus, laissant perpétuellement résonner la chanson dans ma tête. Je pense à cette banquette, celle sur laquelle je rêvais de m'installer quelques années auparavant. Aujourd'hui, alors que ma dernière année vient de s'écouler, je me rends compte que cette hiérarchie ne me manquera certainement pas. Une fois arrivée au collège, une blondinette me saute au cou :
  -Bonne nouvelle !!
  Le pétillement dans les yeux gris de Lila appuie ses propos et trahie sa pensée :
  -Tes parents ont dit oui pour la fête de Sam ?
  -Mieux encore, mes parents sont d'accord pour que je reste là-bas jusqu'au lendemain ! T'as parlé aux tiens ?
  L'amertume de la désillusion maintient ma bouche close. Suis-je en colère contre mes parents, beaucoup moins laxistes que ceux de Lila ? Ou bien contre moi-même, qui n'ai même pas pris le temps de leur en parler? Je laisse ces questions en suspend dans mon esprit, et le simple échos de leur rebondissement contre les parois osseuses de mon crâne pour réponse. Le regard de Lila qui sautille sur place commence à s'assombrir, passant d'un beau gris perle à un gris acier-tranchant.
  -Non,mais tu rigoles ? Ça fait déjà deux semaines qu'on en parle ! Mes parents ne me laisseront pas dormir chez Sam si tu n'y es pas...
  Je n'ose pas dire à ma meilleure amie que si je doute déjà de la réponse de mes parents, alors je n'ai pas plus d'espoir en l'idée de rester dormir chez mon meilleur ami en présence de la gente masculine... C'est inimaginable. Mais quand bien même, je dois m'y rendre.
  Un bruit gras comble alors l'espace sonore de la petite récréation dans laquelle plus un élève ne bouge. Je me tourne rougissante vers ma meilleure amie qui tente d'étouffer un rire :
  -... Sauvée par le gong ?

   À la sortie du collège, je cherche mon bus d'un regard à moitié aveuglé. J'essaye de repousser l'intense lumière du soleil avec la paume moite de ma main tendue au-dessus de mon arcade sourcilière, tout en avançant sur le trottoir qui longe l'entrée du bâtiment. Malgré le soleil éblouissant, j'apperçois la petite Nissan de ma mère et sa carrosserie marron-glacé. Je m'approche, le sac sur l'épaule, en sentant la petite boule dans ma gorge tripler de volume à chacun de mes mouvements. Mon angoisse et ma culpabilité se réunissent pour me déstabiliser. Je garde la tête froide ; après tout, je n'ai rien à me repprocher. Ma mère me sourie tendrement à travers la vitre transparente de la portière passagère. Je l'imite en posant mon sac sur la plage arrière de la petite voiture, avant de m'assoir sur le siège passager.
   -Pourquoi t'es là aussi tôt ? Je devais prendre le bus, lui dis-je entendant la joue.
   -J'ai fini avant, je pensais que ça te ferait plaisir.
   Elle suit alors mon geste et m'embrasse. Bien sûr que je suis contente, mon ton sec n'était pas volontaire. Me disputer avec ma mère est bien la dernière chose dont j'ai envie...
   -Tu sais combien j'aime les surprises, dis-je en plaisantant. Il fait une chaleur monstrueuse !
   J'ouvre la fenêtre du côté passager et le moteur de la voiture se met en route. Malgré le bourdonnement du moteur, je parviens à distinguer une voix familière qui hurle mon prénom. Mes mâchoires se serrent machinalement et je penche ma tête par la fenêtre, espérant me tromper sur l'identité du jeune homme à la peau caramel qui court derrière la voiture... Malheureusement, c'est bien le visage essoufflé de Sam qui s'adresse à moi par la fenêtre grande ouverte :
   -Salut madame Wood, salut Amy ! Dis, je peux t'appeler dans la soirée, concernant notre petite soirée de vendredi soir ? Lila m'a dit qu'il y avait un problème au niveau de votre organisation.
   Avec l'air à la fois excité et déconcerté de Sam, je devine assez facilement la tête que peut afficher ma mère, silencieuse derrière moi. Quelque chose –probablement le désespoir dans mes yeux- laisse progressivement disparaître l'enthousiasme du regard abyssal de mon ami. Je cherche ma réponse d'une voix tremblante et les dents serrées, jusqu'à ce que ma mère me rattrape :
   -C'est quoi cette histoire ? [Et voilà : ce qui devait arriver arriva] Non mais ça va pas, Amanda ? Tu ne comptais pas organiser une soirée je-ne-sais-où sans nous en parler quand même ? Et puis quelle soirée d'ailleurs ? Ton père était au courant ?
   Alors que mère semble être programmée pour encore quelques minutes de reproches, j'essaye de la rassurer sans pour autant contrôler mon ton irritant :
   -Maman,je comptais t'en parler !
   -Ah oui, et quand ?
   -Maman !
   Je tourne la tête vers Sam qui essaye de suivre la scène en temps que spectateur, tout en étant l'élément déclencheur de cette dispute :
   -Bon, je vous laisse... Je préviendrai Lila, Amy. A demain !
   Je ne cherche pas à prendre le temps d'écouter mon ami et je lui ferme la fenêtre au nez, alors qu'il reprend sa course effrenée pour échapper au reste de notre discussion. Ma mère déblatère des repproches tandis que mon regard vide boit ses paroles. J'ai envie d'hurler : « Je suis grande! Je peux vivre ma vie sans toujours avoir la sensation d'être encore dans ton ventre ! ». Mais ma colère n'éclate qu'intérieurement, et la douleur s'accumule au fond de ma poitrine. Je redoute le jour où mes mots n'hésiteront plus à sortir. Si seulement ma mère me laissait faire mes preuves, qu'elle me laissait lui montrer que mes amis ne changent rien à mes bons résultats, à mes habitudes ni à mes bonnes fréquentations.

  Je disparais dans ma chambre derrière un claquement de porte assourdissant, tandis que des larmes me montent aux yeux. Je me jette alors sur mon lit. Mes cils se ramollissent et des larmes me perlent sur les joues, étalant sur leur passage le mascara collant qui tente de les retenir. J'attrape mon polochon et le serre de toutes mes forces contre mon abdomen. Ma respiration s'accélère, mon souffle devient si chaud qu'il me brûle le fond de la gorge où un sanglot de colère ne tarde pas à éclater. Les petites gouttelettes coulent à chacun de mes battements de cils, elles glissent entre les fossettes de mon sourire effacé par la tristesse. Je me redresse et les sent couler dans mon cou, puis tomber sur l'écran éteint de mon BlackBerry noir. Je regarde mon téléphone entre mes mains moites : il est glacé. J'examine mon reflet à l'intérieur de l'écran aussi vide que mon visage : mes lignes fines sont déjà toutes boursouflées, mes yeux sont rouges et laissent paraîtres de petites veines effrayantes. Mes pleurs ont dessinés des traits noirs sur mes pommettes dorées. Mes lèvres sont pâles, enflées et séchées par ma respiration acharnée. Mes larmes redoublent à cette vision d'horreur. Je me concentre tant bien que mal et appuie sur le bouton de déverrouillage de mon téléphone quand la sonnerie retentit, m'obligeant à me racler la gorge avant de répondre : « Allô ? ».
  Je parle du nez : petit détail auquel je n'ai pas du tout songé, mais que l'interlocuteur a forcément interprété comme preuve de mes sanglots.
  -Amy ?... Amy, qu'est-ce qu'il se passe ?
  Je me remet à pleurer de plus belles en entendant la voix rassurante de ma meilleure amie. Je tente d'articuler entre deux hoquets mais la vitesse à laquelle les gouttes chaudes s'écrasent sur mon jean m'en dissuade.
  -Amy, je sais, Sam m'a appelée... J'ai pas trop compris l'histoire mais raconte moi, répond-t-elle avec une assurance plus que réconfortante.
  Je m'exécute et résume l'histoire entre plusieurs bouffées d'oxygène, et je commence petit à petit à arrêter de pleurer. Le ciel s'assombrit peu à peu, laissant progressivement apparaître le clair de lune scintillant. Je parle continuellement, lorsqu'une autre voix retentit derrière Lila, de l'autre coter du combiné :
  -Oh... Désolée Amy, je dois aller manger... Je te fais un gros câlin demain matin, promis !
  -Oui, à demain Lily... Je n'ai même pas le temps de prononcerces mots que Lila a déjà raccroché. Je me sens mal. Peut être davantage maintenant que ma meilleure amie me raccroche au nez, ou peut être moins car j'ai trouvé un peu de réconfort durant ces quelques minutes.
  J'ai besoin de m'évader quelque part où je me sens toujours bien, même si je suis seule : je tends la main vers mes écouteurs, les branche à mon fidèle téléphone et farfouille dans mes dossiers pour finalement lancer une vieille chanson de Green Day. Les premières notes mettent une fraction de seconde pour monter à mes oreilles ; je me sens allégée de toute la douleur et le stress accumulé durant cette journée qui avait pourtant si bien commencé. Le refrain se met en route alors que j'ouvre ma fenêtre dans un grincement strident qui ne parvient pas jusqu'à mes tympans, et je regarde les étoiles qui apparaissent sous mes yeux émerveillés. Je ressens le vent chaud qui effleure ma peau et qui passe dans mes longues boucles brunes. Les milliers de petits grains pailletés qui s'étendent à perte de vue se reflètent dans mes yeux au bord des larmes. Je ferme les yeux et laisse mon esprit vagabonder au son des douces notes qui coulent mélancoliquement dans mes oreilles.

  Le ciel s'est assombri alors que je suis étendue de tout mon long sur mon lit. Plongée dans une profonde nostalgie, je regarde le plafond lorsque mon père entre dans ma chambre :
  -Je viens de finir de préparer le dîner, tu viens ?
  A en juger par son regard, il a l'air au courant de la dispute survenue plus tôt dans la journée avec ma mère. Je ne peux tout de même pas savoir s'il vient ici pour me rassurer, me montrer sa compassion, ou au contraire si c'est pour m'achever d'un dernier coup. Je reste pensive tout en le dévisageant d'un regard sombre, avant de réagir d'une voix très neutre, ne sachant quel ton prendre :
  -Hem...Pas faim.
  Au lieu de détourner la tête comme si je cherchais la bagarre, mon regard reste fixé sur le visage de mon père. Il ne me quitte pasdes yeux, comme si il attendait quelque chose, puis il rétorque après un soupir :
  -Je ne vais pas te faire la morale, et te dire qu'il faut manger pour bien grandir comme quand tu étais petite, quand même ?
  Je sais qu'il tente simplement de calmer l'atmosphère, mais je ne contrôle pas les quelques paroles qui s'expulsent de ma bouche :
  -Oh ! Ben ça, on ne sait jamais !
  Je ne me sens pas moi-même, comme si quelqu'un contrôlait monesprit.
  -Ok, tu n'es pas contente que ta mère ait dit non pour vendredi soir, répondit il d'une vois lasse, mais tu comptais faire tout ça dans notre dos ? Amanda, qu'est-ce qu'il se passe ?
  -C'est immature, je sais. J'ai l'impression d'agir comme un bébé. Mais après tout, vous me donnez l'impression d'en être un. Peut être que je suis dans une période de démarcation, comme si j'avais envie d'un peu plus d'espace. J'en sais rien. Biensur que je comptais vous en parler. Sam est juste arrivé au mauvais moment, et maman...
  -Ta mère a eu raison de s'inquiéter, me coupe-t-il, tu ne vas pas en plus le lui repprocher ?
  -Non.
  -Bon, dit-il comme pour m'autoriser à poursuivre ma grande tirade.
  -... Maman ne m'a pas laissé lui répondre, et c'est ça que je regrette. Comment voulez-vous me laisser vous faire mes preuves alors que vous ne me donnez même pas la possibilité de parler ?
  -On parle, là, non ?
  -Oui...? mon regard se fait plus suppliant qu'il n'en a l'air.
  -Bah, alors ?
  -Laisse tomber... Merci papa, mais j'ai pas faim.
  A ma grande surprise, mon papa-poule ne prend pas plus de temps pour me convaincre et me laisse derrière un dernier soupir avant de fermer la porte de ma chambre. J'ai de la chance d'avoir des parents comme eux, et je sais que je me plains alors que des cas sont beaucoup plus atroces que les miens, et d'autres gosses sont plus à plaindre que moi, avec des problèmes beaucoup plus tragiques que celui de mon manque d'indépendance. Mais c'est plus fort que moi, mon cœurs'accélère, j'ai envie d'hurler et de m'arracher cet organe que je laisse agoniser en silence dans ma poitrine. J'enfourche mes écouteurs, puis augmente le son. Je me tourne vers l'unique fenêtre de ma chambre où le ciel assombrit ne me laisse percevoir qu'un amas de nuages anthracites. L'orage retentit au loin. Je tends mon bras gauche en direction de ma grande armoire, jusqu'à sentir sa surface lisse et boisée du bout de mes doigts. Je me laisser glisser contre les veines du bois. Je replie machinalement mes jambes contre ma poitrine. Mes yeux me piquent. J'essuie mes joues brûlantes, tandis que mes lèvres gercées s'accrochent aux mailles de mon gilet en coton. En un élan souple et anticipé, je me redresse et place mon fessier sur la banquette en cuir noir devant mon instrument de musique : mon arche de Noé. Je dépose mes petites mains recroquevillées sur le clavier d'ivoire. La musique flotte dansl'air et me laisse pensive. Je prends une grande respiration, ferme les yeux et me laisse transporter par les notes qui crépitent dans mes oreilles.

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