La théorie des cactus

By Imaxgine

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Logan, c'est le grand brun aux yeux bridés qui aime les drames, ceux qui se terminent par de longs dialogues... More

Avant-propos.
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Épilogue.
Mot de la fin.

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By Imaxgine


     — Tu crois qu'ils ont des hamburgers ? ai-je interrogé Sacha.

De l'autre côté de la table, ma copine a levé les yeux dans ma direction. Elle a posé le menu sur la table et s'est penchée pour que je sois le seul à attendre.

— Logan, on est aux États-Unis.

J'ai souri.

— Ouais, mais c'est un resto mexicain, me suis-je défendu.

— Et alors ! Les américains envahissent tout ce qu'ils peuvent. Bien sûr, qu'il y aura des hamburgers. Peut-être même des cheeseburgers, si on est chanceux.

À côté d'elle, Lawrence a pouffé. Décidément, il avait entendu toute notre conversation. Sacha n'avait pas été aussi subtile qu'elle avait tenté de me le laisser croire.

— T'inquiète, mec. Il y a des hamburgers.

— Où ça ? ai-je demandé.

— À l'avant-dernière page du menu.

Je me suis empressé de feuilleter les pages jusqu'à tomber sur ce que je cherchais. À côté de moi, Alison ne pouvait s'empêcher de soupirer. Décidément, elle me jugeait. Alison était peut-être une fille extrêmement zen, mais il y avait des choses sur lesquels elle ne pouvait faire preuve de calme.

— Tu n'es pas sérieux ? Un hamburger dans un resto mexicain ?

— J'ai envie d'un hamburger.

— T'as mangé des hamburgers toute la semaine ! a-t-elle protesté.

Olivia s'est mise à rire. Alison l'a gratifiée de son regard réprobateur.

— Quoi ?

— Voyons, Ali. C'est que de la bouffe !

Alison a levé les yeux au ciel.

— C'est pas que de la bouffe !

Toute la tablée est restée muette. Carter souriait énormément, alors qu'il mettait du sucre dans son café. Olivia se foutait carrément de la gueule de sa copine. Lawrence et Sacha restaient muets, mais un sourire était présent sur leurs lèvres à tous les deux. J'ai tenté de camoufler mon rire par une quinte de toux, mais à l'expression qui se lisait dans le visage de mon amie, j'étais un très mauvais acteur.

Alison nous a tous dévisagés.

— Vous êtes sérieux ? Des hamburgers ? On est dans un resto mexicain. Il n'y avait qu'à aller chez McDo si vous vouliez des hamburgers.

— Bah, il n'est toujours pas trop tard, a fait remarquer Carter.

Le regard qui lui a lancé Alison à ce moment-là était l'équivalent d'une armada de char d'assaut. Tous mes amis ont dégluti à cette vue. Carter était sur le point de se pisser dessus, tant il craignait soudainement Alison et son amour pour les restos mexicains.

Il était extrêmement rare qu'Alison se contrariait, mais décidément, ce soir était son moment. Et rien n'était plus effrayant qu'une Alison en colère.

Lawrence a baissé les yeux.

— Je veux bien prendre un tortillas.

— Et moi, je comptais commander des nachos, a rajouté Olivia.

Alison m'a jeté un coup d'oeil.

— Quoi ?

— Est-ce que tu comptais vraiment prendre un hamburger dans un resto mexicain ?

J'ai secoué la tête de manière hystérique. Sacha a éclaté de rire.

— Non, euh, pas du tout. J'étais curieux.

— Logan va prendre un burrito, s'est moquée Sacha.

— Ouais, un burrito c'est bien.

Toute la bande, y compris Alison, s'est mise à rire.

— Vous allez me manquer les gars, a murmuré Alison.

Olivia a pressé l'épaule de sa copine.

— Tu vas nous manquer aussi, a dit Carter.

— Vous viendrez me rendre visite dans mon studio à l'autre bout du monde.

— Bien sûr, Ali ! On va t'acheter toutes tes peintures, aussi.

Alison a ri.

— Et on va manger des burritos dans les restos mexicains rien que pour toi.

L'asiatique a levé les yeux au ciel, alors que tout le reste de la bande riait. Sacha, face à moi, riait aussi comme si elle faisait partie de la bande, comme si elle avait toujours fait partie de la bande.

— Je peux pas croire qu'on doive se séparer, les gars, ai-je dit.

— Moi non plus, a murmuré Lawrence. Le pire, c'est que si l'un de nous n'avait pas fait preuve d'un peu de maturité, on se serait laissé en très mauvais terme.

Cette fois, j'ai rencontré le regard d'Olivia, à l'autre bout de la table. Elle m'a souri chaleureusement et alors, je me suis dit que j'avais bien fait de ravaler mon orgueil et de vouloir tout arranger avec mes amis. Ça devait bien être l'une des meilleures décisions que j'avais prise ces derniers mois. Ça et le fait de suivre mes rêves, de partir faire le tour du globe, malgré ce qu'en aurait pensé mes parents.

— On essayera de garder contact, a proposé Lawrence.

— Ouais, on essayera.

Mon regard s'est posé sur celui de Sacha. Nous nous sommes regardés un instant, comme si nous étions en mesure de communiquer par télépathie.

— Je propose qu'on se réunisse tous ici dans dix ans, ai-je alors suggéré.

Sacha a souri et les autres ont froncé les sourcils. J'ai jeté un coup d'oeil à la tablée, essayant de paraître bien décidé à tenir cette nouvelle résolution qui venait de prendre forme.

— Ici, jour pour jour. Dans dix ans, on se retrouvera tous ensemble. Et on mangera des hamburgers dans ce resto mexicain. Qu'est-ce que vous en dites ?

Le sourire malicieux de Sacha s'est agrandi.

— Tu le promets ?

Je lui ai souri en retour, puis j'ai regardé le reste de la bande.

— J'en fais la promesse solennelle, ai-je déclaré. Je sais que parfois on affirme des choses qu'on ne fera jamais ou qu'on n'a tout simplement jamais eu l'intention de faire, mais croyez-moi, c'est honnête. Et je compte bel et bien honorez cette promesse. Peu importe où nous en serons dans nos vies. Peu importe ce qui nous arrivera.

— C'est une belle chose à dire, a murmuré Olivia.

Ses yeux se sont accrochés aux miens.

— Et une belle chose à faire, ai-je renchéri.

— À dans dix ans alors ?

Olivia a regardé Lawrence qui s'est alors mis à regarder Carter. Bien assez vite, toute la tablée ne regardait plus que Carter.

— Quoi ? a-t-il demandé.

— Qu'est-ce que tu en dis ?

— Pourquoi moi ?

— Parce que tu es celui qui est le moins apte à tenir promesse, a avoué Olivia.

— Waouh, tu me flattes trop là, Olivia. Continue, je t'en prie.

Mon amie d'enfance a levé les yeux au ciel.

— Arrête d'être susceptible. Tu sais bien que c'est vrai.

Ils se sont dévisagés pendant quelques secondes.

— D'accord, c'est vrai, a admis Carter. Mais ça ne te donne pas le droit de m'insulter, tu sais.

Olivia a levé les yeux au ciel.

— Ça m'occupe de vous insulter.

Lawrence a jeté un coup d'oeil à Alison.

— Rappelle-moi pourquoi tu sors avec elle ?

— Lawrence, je suis à deux doigts de te frapper, a menacé Olivia.

— Hé ! Je n'ai rien fait. C'est toi qui...

Je me suis brusquement raclé la gorge.

— Pile au bon moment, a murmuré Sacha.

— À dans dix ans ? ai-je redemandé.

Olivia, Alison et Lawrence se sont tournés vers Carter. Le jeune homme aux cheveux frisant le noir s'est mis à soupirer.

— Je veux bien tenir promesse, a-t-il dit. Seulement, parce que c'est vous.

Nous nous sommes tous mis à rire. Sacha, qui se faisait alors plus discrète, s'est également jointe à la bande.

— Levons nos verres, a déclaré Lawrence.

Toute la tablée s'est exécuté.

— Levons nos verres à nos retrouvailles dans dix ans jour pour jour à cette même place.

— À dans dix ans ! avons-nous tous crié en choeur.

Les yeux bleu azur de Sacha ont rencontré mes iris bruns. Et pendant un instant, j'arrivais à me bercer dans le mirage que ma vie serait exactement la même dans dix ans jour pour jour, que j'aurais toujours la même bande de pote, la même copine extraordinaire et qu'on débattrait pendant des heures au sujet des hamburgers dans les restos mexicains. Je vivais dans un mirage où dans dix ans, j'aurais toujours cette même impression, cette impression d'avoir un futur, un avenir tout neuf, qui n'attend que nous pour le réaliser. C'était beau, les promesses en or.



Nous sommes rentrés dans notre petite maison d'emprunt vers vingt-deux heures trente. Il n'y avait aucun moyen de terminer la soirée dans un bar, puisqu'ici, aux États-Unis, nous étions tous encore considérés comme des mineurs. Nous avons donc opté pour une fin de soirée cosy, entre amis et isolés des autres. Certains d'entre nous étaient partis faire une baignade nocturne à la plage, tout près d'où on logeait. Ni Sacha ni moi ne les avions rejoint. Nous nous sommes complètement isolés dans notre chambre. Dès que j'ai refermé le cadre de la porte, Sacha m'a embrassé. J'ai alors perdu mes moyens de nouveau et je ne faisais plus que valser mes lèvres contre les siennes. Puis, je me suis arrêté brusquement. J'ai observé Sacha, l'air songeur, alors qu'elle me dévisageait.

— Logan ? m'a-t-elle demandé, soucieuse. Ça va ?

J'ai acquiescé.

— Ouais, euh, je viens de me souvenir d'un truc.

— C'est-à-dire ?

— Assis-toi, s'il-te-plaît.

Je me suis retourné pour fouiller dans mes valises. Sacha, maintenant assise sur le lit, me dévisageait.

— Tu es mystérieux.

— Maintenant, tu comprends ce que je ressens quand je suis avec toi.

Sacha a ricané.

— Ferme les yeux, lui ai-je ordonné.

— Pourquoi ?

— Arrête de poser des questions.

— Excuse-moi de trouver la situation un peu anormale.

J'ai levé les yeux au ciel.

— Tu vas comprendre.

— Comprendre quoi ? m'a-telle demandé.

— C'est une surprise.

— Je déteste les surprises.

— Tu vas l'aimer celle-là.

— En es-tu certain ?

Sacha, ferme les yeux.

— D'accord, d'accord.

Elle s'est exécuté. J'ai sorti ce dont j'avais besoin de ma valise et je suis allé rejoindre Sacha sur le lit.

— J'espère que tu ne vas pas me demander de t'épouser, a-t-elle plaisanté. C'est bien trop tôt et puis, c'est une promesse qui m'effraie un peu.

J'ai éclaté de rire.

— Ne t'en fais pas, c'est bien plus inoffensif. Et ça ne t'engage à rien.

Je lui ai glissé l'objet en question dans les mains.

— Tu peux ouvrir les yeux.

L'expression sur le visage de Sacha était alors indéchiffrable. Elle observait l'objet que je lui avais donné les sourcils bien froncés, comme si elle ne comprenait pas.

— Un album photo ? Pour être inoffensif, ça l'est vraiment.

— Ouvre-le, ai-je dit tout sourire.

— Logan, je...

—Arrête de poser des questions et ouvre-le !

Sacha n'a pas perdu une seule seconde de plus. J'avais bien du mal à rester en place tant j'étais surexcitée à l'idée que ce moment se réalisait enfin. Ça devait bien faire plusieurs semaines que je prévoyais ce coup. J'avais eu l'idée alors que je prenais le bus avec Sacha directement après le boulot. Je me sentais probablement aussi génial que Einstein lorsqu'il avait découvert la relativité.

Sacha a ouvert l'album en question et l'a feuilleté lentement, son expression changeant à chaque page. Elle est passée de la surprise à la déception. À vrai dire, ça ressemblait à de la déception. Parce qu'elle avait également l'air émue.

— Ce sont des clichés que tu as pris ? m'a-t-elle demandé, d'une toute petite voix.

— Ouais. Ils te plaisent ?

— Je...

Ma copine s'est raclé la gorge. Elle n'osait pas rencontrer mon regard.

— Ils sont magnifiques... Mais...

— Mais quoi ? l'ai-je interrogé. Qu'est-ce qu'il y a ?

— Tu me rappelles qu'un jour je serai peut-être...

— Hé, pleure pas.

— Je ne pleure pas, m'a-t-elle contredit.

— Alors c'est une poussière dans ton oeil ?

— Fais pas le malin.

— Je sais que tu pleures.

— Je ne pleure pas, d'accord ?

— Si, tu pleures.

— Bon sang, Logan, tais-toi.

J'ai souri.

— Le meilleur s'en vient, Sacha.

La jolie blonde a agrippé un mouchoir sur le haut de la table de nuit et s'est mise à essuyer ses larmes.

— Pitié, ne recouvre pas ton corps de tartinade au chocolat.

J'ai haussé un sourcil dans sa direction.

— Un de tes fantasmes ?

— Non, un de mes cauchemars.

J'ai éclaté de rire.

— T'inquiète, ça ne sera pas ça.

Cette fois, elle n'a pas répondu. Elle m'a simplement regardé de ses grands yeux bleu azur, qui me rappelait le ciel qui nous bordait un peu plus tôt sur la côte est américaine.

— Je ne donnerai quand même pas un album photo à quelqu'un qui est atteint de la rétinite pigmentaire, lui ai-je fait remarquer.

Sacha a souri.

— Évidement que non, a-t-elle dit. Il y a un sens à tout ça.

— Il y a toujours un sens, Sacha.

— Non, pas toujours. Je t'assure.

— Avec moi, oui.

J'ai sorti mon téléphone de ma poche arrière et je l'ai déverrouillé. J'ai passé au travers de nombreuses pages rempli d'applications avant d'arriver sur celle que je cherchais, tout ça sur le regard perplexe de ma copine.

— Un jour, ai-je commencé, alors qu'on prenait le bus, tu m'as dit que tu te faisais une playlist pour les romans que tu lisais. Tu en avais fait une exprès pour Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur. Tu vois, ça m'a fait réfléchir. Il y avait là quelque chose de vraiment intelligent.

— Il y a toujours quelque chose de vraiment intelligent dans ce que je dis.

J'ai levé les yeux au ciel. Sacha a éclaté de rire.

— J'ai passé des semaines et des semaines à monter tout ça. J'ai fait le tour de Toronto, j'ai feuilleté au travers mes dossiers qui dataient de Montréal.

— Ça m'a l'air bien sérieux.

— Hé, arrête de m'interrompre. Sinon on ne pourra jamais en arriver à bout.

Elle a souri.

— D'accord, je t'écoute, le grand romantique.

— J'admets que je suis un romantique.

— Attends, tu l'admets seulement maintenant ? J'y crois pas.

J'ai rigolé.

— Allez, je reprends.

Sacha a entouré son bras autour de moi, le regard tendre.

— Est-ce que je vais devoir me remettre à pleurer ? m'a-t-elle demandé.

— Possible.

Possible ? Mais ça veut dire quoi, exactement ?

— Si tu me laissais terminer, tu le saurais.

— C'est vrai, pardonne-moi. Je me tais. Motus bouche cousu.

Et elle a fait semblant de refermer une fermeture éclair imaginaire qui se trouvait à la place de sa bouche.

— Tu m'as fait réaliser une chose, Sacha. Une petite chose, assez simple et plutôt évidente, mais qu'on a parfois tendance à oublier. Hellen Keller n'était vraiment pas une chanceuse, tu sais, et même à ce niveau là.

J'ai regardé Sacha droit dans les yeux.

— La beauté ne fait pas que se voir, Sacha. Elle s'entend aussi. Et peut-être que tu ne pourras jamais entendre d'arc-en-ciel ou de coucher de soleil, mais tu pourras entendre les vagues s'échouer sur la rive, le rire de tes proches, leurs pleurs. Tu pourras toujours entendre les accords d'un piano, les feux d'artifices qui éclatent dans le ciel le soir du Nouvel An et même les pick-up lines de Lawrence.

— C'est tout une chance.

Elle m'a embrassé la joue.

— Il y a également une certaine beauté à t'écouter.

— Tu vois, j'ai raison.

— La beauté ne fait que se voir, elle s'entend, a-t-elle répété. Ça va devenir mon moto.

J'ai souri.

— Je t'ai préparé une playlist pour accompagner les photos pour quand...Tu les vois moins bien.

J'ai ouvert la première page. Il y avait une photo d'un immeuble de Toronto. Un classique. Je lui ai mise un écouteur dans l'oreille et l'autre, dans la mienne. Les klaxons de voitures, le bruit des moteurs, les passants qui circulent. Tout s'entendait. Tout avait été enregistré. Sacha m'a regardé au beau milieu de l'enregistrement, la bouche devant la main.

— Tu aimes ?

— Montre-moi en un autre.

J'ai fait défilé une à une les pages, fait écouter chaque enregistrement à Sacha. Peu à peu, des larmes se créaient un chemin sur ses joues.

— Tu as mis un cactus ? Comment je peux entendre un cactus exactement ?

J'ai souri.

— Tu le sauras bien assez vite.

À l'aide de mon pouce, j'ai appuyé sur play. C'est alors l'écho puissant du rire de Sacha qui résonnait dans nos écouteurs. La blonde a d'ailleurs paru surprise en entendant ses propres éclats, puis elle s'est mise à sourire. Elle a glissé ses mains sur mon visage pour me forcer à la regarder.

— Merci, a-t-elle murmuré. C'est adorable. Mais pourquoi mon rire pour représenter un cactus ?

Je lui ai prise les mains.

— Parce que figure-toi qu'un grand sage m'a un jour dit...

— « Un grand sage », franchement, Logan ! a-t-elle rigolé.

Un grand sage m'a un jour dit que les gens sont comme des cactus. Et après mûre réflexion, cette personne a raison. Mais tu sais ce que j'ai répondu au grand sage ?

— Ouais, je sais.

J'ai secoué la tête.

— Chut, Sacha. Fais semblant que tu ne le sais pas.

Ma copine a levé les yeux au ciel, souriante. Son regard semblait vouloir dire « ce que tu peux être un véritable idiot quand tu le veux ». Elle devait commencer à se dire que je passais beaucoup trop de temps avec Lawrence. Ce qui était faux, parce que c'était avec elle que je passais la majeure partie de mon temps.

— J'ai dit au grand sage qu'il ressemblait davantage au cactus que tous les autres autour.

— Je ne sais vraiment pas comment prendre le fait que tu te réfères au « grand sage » pour me désigner, m'a-t-elle avoué. Ça me fait un drôle d'effet.

J'ai déposé un baiser furtif à la commissure de ses lèvres. Elle s'est laissée tomber sur le lit, l'album photo pressée contre la poitrine.

— Comment j'ai pu passer tout le Senior High sans m'intéresser davantage à la personne la plus belle, la plus compréhensible, la plus créative et surtout, la plus dramatique, qu'il y avait à côté de moi ? a-t-elle demandé.

J'ai haussé les épaules.

— Peut-être que si on avait appris à se connaître un peu plus tôt, les choses auraient été plus nazes.

— Comment ça ?

— Je ne sais pas, ai-je admis. Ça ne serait juste pas la même chose. J'en suis persuadé.

— Donc le moment était le bon ?

— Ouais, malgré tout.

— Malgré tout, a-t-elle répété.

Son regard s'est posé sur le plafond vert lézard.

— Je t'aime.

— Moi aussi.

— Tu crois qu'on sera encore ensemble dans dix ans ?

J'ai de nouveau haussé les épaules.

— J'en sais franchement rien. Si on ne foire pas tout, ouais, ça pourrait marcher.

— On aura un appart ensemble, une maison si on est chanceux. Peut-être même un chien.

— On a déjà un chat, lui ai-je fait remarquer.

Elle a éclaté de rire.

— Je ne peux pas croire que tu sois allergique à des bêtes aussi adorables.

— Hé, ce n'est pas de ma faute !

J'ai souri.

— C'est pas toi qui disait pas d'attentes ? lui ai-je fait remarquer.

— C'est plus fort que moi, Logan. J'ai vraiment envie qu'on aille un futur ensemble. Je n'ai pas envie qu'on devienne de nouveau des étrangers à l'égard de l'autre.

— Moi non plus.

Soudainement, il y a un silence. Mais ça n'avait rien à voir avec ces silences où passe les secondes et les malaises et où tout le monde ne se sent pas à sa place. Non, celui-ci n'avait rien de tout ça. C'était un de ces silences normaux qui constituaient les conversations que j'avais avec Sacha et qui marquait un moment de réflexion.

Au bout de quelques minutes, la jolie blonde a relevé la tête et elle m'a regardé.

— Je suis chanceuse d'être tombé sur quelqu'un d'aussi incroyable que toi.

Je jure qu'à ce moment, j'ai rougi.

— Arrête, c'est moi le chanceux.

Elle a éclaté de rire.

— Je ne peux pas croire qu'on soit devenu un de ces couples ringards qui se susurrent de trucs ringards à l'oreille.

— À vrai dire, on est tous les deux des grands romantiques, ai-je déclaré.

— On est tous les deux ringards, tu veux dire.

J'ai souri.

— Je ne t'ai pas encore acheté des fleurs, je te signale.

Elle a haussé les sourcils, visiblement peu impressionnée.

— Tu as encore bien le temps de le faire.

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