Éléa n'avait pas réagi comme il l'espérait. Elle n'était pas non plus restée de glace, non, au contraire ! Elle riait, presque prise d'un fou-rire.
« Charmant, comme expression... Non, mais vraiment ! Comment tu t'appelle-toi ? »
Ulysse se releva d'un bond et essorra son béret avant de le reposer sur sa tête. La pluie s'adoucissait, certains nuages claircissaient.
« Tu pars ? »
Oui, voulut-il lui répondre. Après tout, il en avait largement fait pour elle, ce jour-là. Il n'était pas un samaritain comme il avait voulu lui faire comprendre plus tôt.
Oui, voulut-il lui répondre, mais il finit par se rasseoir.
« Quand est-ce que ton père viendra te chercher ? »
Les yeux d'Éléa s'illuminèrent. L'idée de rester toute seule sous un arbre, perdue au milieu de nulle part avec ce maudit temps ne l'enchantait pas spécialement.
« Bientôt, je pense. » lui répondit-elle en relevant une mèche de ses cheveux blonds pour la placer derrière sa petite oreille rosie, massant de son autre main son talon devenu violâtre. « Encore merci de m'avoir aidée. »
La moindre des choses à répondre était "de rien". Mais comment devrait-il le lui dire quand il avait pris sur lui pour ne pas l'abandonner ?
Comment devrait-il le lui dire quand il avait pris sur lui pour ne pas jurer quand la roue de sa bicyclette s'était dégonflée ? Il avait l'impression qu'elle était arrivée en même temps que la pluie et la poisse.