La théorie des cactus

By Imaxgine

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Logan, c'est le grand brun aux yeux bridés qui aime les drames, ceux qui se terminent par de longs dialogues... More

Avant-propos.
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Épilogue.
Mot de la fin.

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By Imaxgine

       
     Le lendemain, je suis resté au lit. Je n'ai pas daigné me lever pour aller déjeuner. Je n'en avais pas la force. Ma tête demeurait lourde, comme si un mal de tête atroce me fracassait constamment le crâne. J'avais des sueurs froides et tous mes muscles étaient endoloris.

Mes parents n'ont rien dit, alors que ce n'était pas dans leurs habitudes de me faire manquer de l'école. Encore moins lorsqu'un examen important m'attendait. Pourtant, j'étais toujours là, à huit heures avancées, allongé dans mon lit. Mon téléphone a sonné. Une fois, puis deux. Je n'ai pas répondu. Je n'en avais pas envie.

Ma mère est entré dans ma chambre vers neuf heures. J'ai fait mine de dormir encore. Elle a déposé un bol de céréales sur ma table de chevet et s'est assise sur le bout de mon lit. Elle m'a caressé les cheveux comme quand j'étais plus petit.

— Je ne veux que ton bonheur, tu sais.

J'ignorais si elle s'adressait directement à moi ou si elle se parlait à elle-même. Mais peu importe à qui ces paroles étaient adressées, elles m'ont réconforté. Je me suis senti un peu moins lourd, mais pas pour autant léger.

— Sois heureux, a-t-elle murmuré contre mon oreille.

Elle a déposé un baiser sur le haut de mon crâne et est reparti. Un peu plus tard, mon père est passé dans ma chambre. Il avait le téléphone de la maison dans sa main. Cette fois, je n'ai pas fait semblant d'être endormi. J'ai simplement levé les yeux dans sa direction.

— Sacha est au téléphone, a-t-il murmuré.

— Dis-lui que je ne suis pas disponible.

— Elle insiste beaucoup.

J'ai secoué la tête.

— Je suis occupé.

Mon père a soupiré, puis a transféré le message à Sacha.

— Non, non. Il ne peut pas en ce moment. Qu'il te rappelle ? Oui, oui, je lui passerai le message. Passe une bonne journée, Sacha.

Il a raccroché et m'a regardé longuement. Ça a duré si longtemps que j'aie bien remarqué ses yeux qui manifestaient le désir de me sortir un monologue.

— Est-ce que tu es sur le point de me sermonner ? ai-je demandé. Parce que si c'est le cas, figure-toi que je n'ai aucunement l'intention de t'écouter.

Mon père a secoué la tête.

— Sacha s'inquiète. Elle veut que tu la rappelles.

— Je le ferai, ai-je marmonné. Peut-être.

— Que se passe-t-il, Logan ? La dernière fois que je t'ai vu comme ça, c'était après ta rupture avec Pénélope.

— Ça n'a rien à voir.

Mon père s'est assis sur la chaise de mon bureau.

— Alors quoi ? Qu'est-ce qui ne va pas ?

J'ai refusé de rencontrer son regard inquiet, parce que je savais que si je le regardais une fois de plus j'allais fondre en larmes.

— C'est trop, ai-je dit.

— Qu'est-ce qui est trop ?

— Tout, papa ! Tout. La maladie de Sacha, les attentes que vous avez envers moi, les responsabilités, le futur, Olivia, Lawrence... C'est trop, trop, trop !

— Alors quoi ? Tu vas rester au lit jusqu'à ce que tous tes problèmes disparaissent par magie ?

J'ai soupiré.

— Je commence à l'envisager.

Mon père a secoué la tête.

— Je comprends que ce que tu traverses est difficile. Tu es à un tournant important de ta vie, c'est normal. Et tu sembles en avoir beaucoup sur le coeur.

— Papa, tout le monde compte sur moi.

— Vois-le du bon côté : tu es quelqu'un de fiable.

— Oh, je t'en prie. Ce n'est pas le moment.

Il s'est pris le visage entre les mains.

— Je veux juste que tu comprennes que c'est une mauvaise passe. Tout finira par bien aller.

— Oui, bien sûr, ai-je grommelé. Sacha ne sera plus malade, j'aurai toujours mes potes à mes côtés et je ne vous décevrai pas en n'allant pas à l'université.

— Dans un monde idéal, oui.

— Mais nous ne vivons pas dans ce type de monde.

— Tu as raison.

Mon père s'est extirpé de sa chaise et s'est avancé dans ma direction.

— Tu sais, Logan, il y a moyen de faire de ce monde le meilleur du possible. Non, tu ne guériras pas Sacha. Ça, c'est certain. Certaines choses sont faites pour arriver, tu ne crois pas ?

Il m'a regardé.

— Mais tu peux parler à tes amis, parler à ta mère, à moi et surtout, tu peux commencer à penser avant tout à toi. Tu te souviens de ce que tu m'as demandé au sujet de trop aimer ?

J'ai acquiescé.

— Eh bien, oui c'est possible. Est-ce dangereux ? Oui, surtout si on se rend malade à aimer trop les autres. Mais si tu trouves le juste équilibre entre t'aimer toi et tout ceux à qui tu tiens... Alors là, tu peux accomplir de grandes choses.

— Tu aurais du devenir psy, papa. Pas assureur.

— Je sais, parfois je regrette mon choix.

Mon père m'a transpercé l'âme de son regard.

— On ne sera jamais déçu de toi, Logan. D'accord ?

— Même si je ne vais pas à l'université ?

— Même si.

— Même si je deviens photographe ?

— Peu importe ce que tu deviens. Ta mère et moi on s'en fiche que tu deviennes prostitué ou médecin, tu le comprends ça ? On veut juste que tu t'épanouisses.

— Prostitué ? T'es sérieux là ?

Il a souri.

— C'est un métier comme les autres. Et puis, c'est le seul exemple qui me soit venu à l'esprit.

J'ai ri. Mon père m'a pressé l'épaule de sa main robuste.

— Ne sois plus malheureux, je t'en prie.

Et il n'a plus rien dit. Il a quitté ma chambre quelques secondes plus tard avec cette même démarche déterminée que je lui connaissais si bien. Une demi-heure plus tard, j'ai entendu la porte d'entrée de la maison se refermer et la voiture démarrer. Mon père était parti au travail. En retard, grâce à moi.

Mais ça avait valu la peine, car je me sentais beaucoup plus léger dorénavant.



J'ai dormi tout l'avant-midi, en me réveillant fréquemment lorsque la sonnerie de mon téléphone portable embarquait. Je ne faisais qu'ouvrir les yeux et m'étirer le bras pour refuser l'appel. Je n'avais pas besoin de vérifier de qui il s'agissait. C'était Sacha, bien entendu. Sacha qui, malgré ce qu'on mon père lui avait promis, appelait à toutes les heures. J'ai fini par être contrarié de ces appels incessants qui entrecoupaient mon sommeil. J'ai donc éteint mon téléphone. Je n'ai plus été dérangé par Sacha dans les heures qui ont suivi.

Vers midi et demi, je me suis extirpé tant bien que mal de mon lit pour manger un petit quelque chose. Les céréales que ma mère m'avait apporté ce matin avait eu le temps de ramollir sur ma table de chevet. C'était peu appétissant. Je me suis donc fait chauffer au four une petite pizza surgelé. J'ai mangé en regardant la télévision. Il n'y avait pas grand chose à cette heure ; le bulletin télévisé était déjà terminé. Je me suis donc bien vite lasser des talk-shows de madame et j'ai regagné ma chambre. J'ai ouvert mon ordinateur portable et je me suis égaré sur les réseaux sociaux. Encore là, il n'y avait pas beaucoup de contenu. Carter avait changé sa photo de profil. Génial. Lawrence changeait continuellement ses statuts. Il passait de monologues mélodramatiques à des citations mignonnes rappelant que s'aimer soi-même était peut-être la clé du succès. Il avait probablement passé trop de temps avec Alison ces-derniers jours. Celle-ci venait tout juste de partager une vidéo sur l'importance de vivre sa vie. Je l'ai visionnée, puis j'ai refermé mon ordinateur et je suis retourné me coucher. J'ai mis plus de temps à m'endormir cette fois-ci. J'ai sangloté seul contre mes draps.

Olivia avait raison : être avec Sacha allait me briser autant le coeur que l'avait fait ma relation avec Pénélope. Seulement, ce serait pour des raisons complètement différentes. Pénélope avait rompu avec moi parce qu'elle ne m'aimait pas et parce que je ne lui apportais pas ce qu'elle voulait. Et je lui en avais voulu. Longtemps. Encore aujourd'hui, je lui en voulais. Mais Sacha, elle, elle me poussait à m'auto briser le coeur. Elle n'y était pour rien, bien entendu. Je n'étais tout simplement pas certain d'être fort comme Sacha l'était. Je détestais voir mes proches souffrir. Quand Drew avait embrassé ce mec à la cafétéria juste pour faire chier mon meilleur ami, j'aurais été près à tout faire pour effacer la douleur dans le coeur de Lawrence. Seulement, dans le cas de Sacha, j'étais complètement impuissant. Je ne pouvais pas combattre une maladie incurable. Et je pouvais encore moins le faire à la place de Sacha.

Son père avait eu tort sur toute la ligne au final. Ma présence n'avait pas rendu Sacha plus forte. Au contraire, elle m'avait affaibli moi peu à peu.

J'ai fini par trouver le sommeil. Je suis resté dans les vapes pendant au moins deux heures et lorsque j'ai de nouveau ouvert les yeux, l'après-midi touchait à sa fin. Je suis resté allongé dans mon lit et je me suis frotté les yeux. Puis, j'ai entendu du bruit en provenance de la cuisine. J'ai sursauté et je me suis redressé d'un coup sur mon lit.

— Il y a quelqu'un ? Maman ? Papa ?

C'était stupide comme idée : mes parents étaient encore au boulot.

Je commençais à m'inquiéter et à songer à agripper la batte de baseball qui traînait dans ma garde-robe lorsque Sacha est apparue dans l'embrasure de la porte. J'ai soupiré, quoique je n'aurais pas dû être soulagé de sitôt. Les troubles m'attendaient toujours.

Ce n'est que quelques secondes plus tard que j'aie remarqué qu'elle avait un chat entre les mains. Je l'ai dévisagée.

— Qu'est-ce que tu fais là ?

— Tu ne répondais pas.

— Alors tu t'es dit que la meilleure solution était d'entrer par effraction ? Et puis, c'est quoi ce chat ?

Sacha n'a pas répondu. J'ai soupiré.

— Il y avait une raison pourquoi je ne répondais pas, tu sais.

Elle s'est avancée.

— Je suis désolée de t'avoir menti, Logan.

— Ce n'est pas ça !

— Alors c'est quoi le problème ?

Je n'ai rien dit. Sacha s'est assise sur le bord du lit, les yeux rivés sur la petite bête qui se débattait dans ses bras.

— Il s'appelle Pistache.

— Pourquoi Pistache ? ai-je demandé.

— Parce que je me suis souvenu que tu aimais bien les pistaches.

Je me suis laissé tomber sur le dos.

— Il rôdait autour de chez toi.

— Il y a plein de chats de gouttière dans le coin.

— Celui-ci est très mignon.

— Et tu vas le garder ?

— Pourquoi pas ?

J'ai secoué la tête.

— Tu es bizarre, Sacha.

Elle a froncé les sourcils, vexée.

— Ce n'est pas ce que je voulais dire, tu le sais. C'est juste que...

J'ai bien vu qu'elle était toujours contrariée. J'ai soupiré.

— Je m'excuse, ai-je murmuré. Allez, viens là.

J'ai ouvert grand mes bras. Sacha a hésité pendant un instant. Puis, elle a cédé : elle a déposé le chat sur le matelas et est venue se blottir contre moi. Je l'ai serrée aussi fort que je le pouvais, réticent à la voir partir un de ces jours.

Tout chez moi était contradictoire : d'un côté, je ne pouvais pas me passer de Sacha et de l'autre, j'avais besoin d'espace.

— Dis-moi ce qui ne va pas, Logan. Je t'en prie.

Elle a pris mon visage entre ses mains pour me forcer à la regarder. J'étais hésitant à lui dire quoi que ce soit, mais devant son regard bleu cyan, j'ai perdu la force de combattre.

— C'est trop, ai-je murmuré.

Ma copine a froncé les sourcils.

— Qu'est-ce qui est trop ?

— Tout, justement.

Elle a secoué la tête.

— Je le savais ! s'est-elle exclamé.

J'ai froncé les sourcils.

— Qu'est-ce que tu savais ?

— Je n'aurais jamais dû t'embarquer dans cette histoire.

— Je l'ai cherché, Sacha, ai-je répondu. Tu n'as rien à te reprocher.

— Mais...

— Écoute, je ne t'en voudrai jamais pour ça. Et je crois que ça aurait été pire si tu ne m'avais rien dit.

Elle a enfoncé sa tête contre mon torse.

— Je suis désolée.

— Arrête.

— Je suis désolée. Tellement désolée.

— Sacha, je t'en prie.

— Pardonne-moi.

— Sacha, tu n'as rien fait de mal ! Arrête !

Ma voix s'est brisée en même temps que mon coeur lorsqu'elle s'est mise à pleurer. J'ai pleuré avec elle et ça m'a surpris parce que je croyais vraiment avoir atteint le fond. C'est à ce moment que le chat a décidé de se glisser entre nous et de se mettre à ronronner. J'ignore si les chats ont ce genre de super pouvoir qui leur permettent de détecter quand quelqu'un a besoin de réconfort. Mais une chose était certaine : il s'était pointé pile au bon moment. Sacha et moi avons éclaté de rire. C'était bizarre, parce qu'on pleurait encore tous les deux.

— Je n'arrive pas à croire que tu aies décidé d'adopter un chat comme ça, sur un coup de tête.

— Il était mignon.

Elle a souri, les larmes coulant toujours sur ses joues.

— Je suis allergique, ai-je dit.

Un petit rire s'est échappé de ses lèvres. Elle a tenté de sécher ses larmes, en vain.

— Est-ce que tu crois que toi et moi c'est fini ?

J'ai haussé les épaules.

— J'en sais rien, Sacha, ai-je murmuré. J'en sais foutrement rien.

— Je n'ai pas envie que ça se finisse.

— Moi non plus.

Son pouce m'a caressé la joue.

— Je t'aime beaucoup, tu sais.

J'ai souri.

— Moi aussi, je t'aime beaucoup.

Je l'ai serrée plus fort. Et alors qu'elle enfouissait son visage contre mon cou, j'ai déposé un baiser sur le haut de sa tête. J'aurais voulu rester pour l'éternité dans cette même position : blottis l'un contre les autres, les jambes et les mains emmêlés, s'aimant trop pour trouver les mots justes pour exprimer ce que l'on ressentait l'un pour l'autre. Même les « je t'aime » étaient trop faible pour exprimer quoi que ce soit.

— Je suis désolé, ai-je murmuré.

— Je savais que j'allais finir par devenir un fardeau.

— Arrête. Tu ne seras jamais un fardeau. Pas la Sacha que je connais.

Elle a souri malgré elle.

— J'ai simplement besoin de prendre un peu de temps rien que pour moi.

Sacha a acquiescé.

— Prends tout le temps qu'il te faut.

— Il faut que je règle certains trucs.

— Il faut que tu parles à tes amis.

— Oui, c'est ce que je dois faire, ai-je dit. Je n'ai pas envie de leur en vouloir éternellement, tu comprends ? Et je n'ai pas envie qu'ils m'en veuillent. On va peut-être perdre contact après la graduation et si ça se produit, je n'ai pas envie que ça se finisse comme ça.

J'ai regardé ma copine.

— Mais je les ferai changer d'avis en ce qui te concerne.

Elle a levé les yeux au ciel.

— Ce n'est pas la peine. Qu'il m'aime ou pas, j'en aurai rien à foutre.

— Tu sais ce que tu devrais faire ? Cessez d'avoir peur. Fonce, d'accord ? Ne t'arrête pas. L'avenir, c'est un truc qui fait peur, je comprends. Mais je peux t'assurer que si c'est toi qui mène la partie, tu seras bien plus heureux.

J'ai souri faiblement.

— Il faut que je règle ce que je peux régler.

— Il faut que tu penses à toi, a-t-elle rectifié.

— Et après, on verra.

Sacha a posé un baiser pile contre l'artère de mon cou. J'ai frissonné.

— Et après, on verra, a-t-elle répété.

J'ai pressé sa main et j'ai appuyé mon front contre le sien.

— Tu sais quoi ? On est de vrais adultes, en ce moment.

— Comment ça ?

Elle a porté nos deux mains jointes contre sa poitrine. De là, j'ai senti chaque battement de son coeur.

— On est heureux, triste et nostalgique.

— Et en quoi ça fait de nous des adules ?

J'ai haussé les épaules.

— C'est juste une théorie, tu vois.

J'imagine qu'elle a ri. Mais s'il y avait une chose que j'avais compris en côtoyant Sacha, c'était que la frontière entre les rires et les pleurs était très mince.

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