Rimbaud et Lolita

Από OhMyLonelyMonster

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La disparition de la jeune Nola Kellergan, tout le monde l'a oubliée, à Aurora. Ça se comprend, l'affaire rem... Περισσότερα

blurb
disclaimer
prologue
un // mouettes
deux // carottes
trois // cafés
quatre // équation
cinq // pluie
six // boîte
sept // monstre
huit // amertume
neuf // photographie
petit mot de l'auteure
dix // médisances
onze // vérité
douze // vengeance
treize // maison
quatorze // millard
quinze // lâche
seize // bébé
dix-sept // point de non-retour
dix-huit // embarras
dix-neuf // fantôme
vingt // corps
vingt-et-un // inopiné
vingt-deux // parias
vingt-trois // mère
bonus // océan mer
vingt-quatre // colère
vingt-cinq // winston
vingt-six // manuscrit
vingt-sept // sweet sixteen
vingt-huit // pénultième (1)
vingt-huit // pénultième (2)
vingt-neuf // glas
trente // rideau
trente-et-un // calamité
trente-deux // adieux
trente-trois // magouilles
trente-quatre // canada
trente-cinq // déchéance
trente-six // twitter
trente-sept // alma
trente-huit // retrouvailles
bonus // montages photos
trente-neuf // règle d'or
quarante // dorian gray (2)
épilogue
the end...or is it?
des mouettes et des hommes

quarante // dorian gray (1)

660 85 58
Από OhMyLonelyMonster

Is it my fault, is it my fault?
We've been missing each other
My Fault, Imagine Dragons

Si la vieille dame se carra de nouveau dans le fauteuil, près de la table basse, l'ombre de l'affiche des Origines du mal dans son dos, Marcus, lui, se leva d'un bond et se mit à faire les cent pas, les bras croisés. Il ne pouvait rester comme elle, immobile, dans l'attente. Il avait besoin de bouger. Il regarda l'heure sur son portable. La pièce avait commencé depuis une bonne vingtaine de minutes.

Il s'en moquait.

Tout ce qu'il voulait, à cet instant précis, était de retrouver l'homme qui d'un côté lui avait montré la voie vers le panthéon des lettres américaines et de l'autre, lui avait menti un nombre incalculable de fois à propos de « son » chef-d'œuvre. Celui qui l'avait le premier accepté tel qu'il était et celui qui lui avait aussi reproché de lui avoir caché sa véritable orientation sexuelle pendant toutes ces années.

Harry Quebert, il s'en était rendu compte à ses dépens, n'était pas la personne bourrée de talent qu'il avait toujours admirée, toujours appréciée, mais un charlatan de première qui n'hésitait pas à exploiter son prochain si cela pouvait lui servir.

Cela en tête, pourrait-il un jour lui pardonner? Deux ans plus tard, la réponse lui échappait encore. S'il avait accompagné la pétillante Daisy et la malicieuse Alma à l'étranger, c'était parce qu'il espérait revoir Harry en chair et en os afin qu'ils puissent discuter sans s'énerver, maintenant que la colère de l'un et la jalousie de l'autre s'étaient dissipées — du moins, il l'espérait. Ce serait pour lui une façon de boucler la boucle. Un mal nécessaire, en somme.

— Qu'est-ce qui vous manque pour être heureux, Marcus?

Voilà ce que Clara n'avait eu de cesse de lui demander à la fin de chaque séance. Après des mois à tourner en rond tous les mardis soirs autour de cette foutue question, Marcus avait enfin compris dans quelle direction sa psychologue le poussait.

— Si je continue à refouler les mauvais souvenirs, avait-il soufflé, ils reviendront toujours me hanter et jamais je ne pourrai être en paix avec moi-même. Il faut donc que j'affronte mes démons.

— Vous sentez-vous prêt à le faire?

— Ai-je le choix? avait-il rétorqué.

Elle lui avait alors souri, sans rien ajouter d'autre, de ce sourire tranquille et apaisant qu'il avait fini par associer à sa psy, et voilà comment il se retrouvait en ce soir de décembre dans le hall d'entrée d'un théâtre montréalais en compagnie de nulle autre que la cousine de son ex. 

— Vous êtes certaine de ce que vous avancez? Il ne veut plus rien savoir de moi? lui demanda-t-il tandis qu'il revenait vers elle, les bras derrière le dos comme un maître en train d'interroger un élève.

Béatrice Quebert, sans chercher à se lever de son fauteuil, tourna la tête vers lui, son portable dans ses mains. Tout à l'heure, elle avait demandé à son cousin, par sms, de les rejoindre séance tenante, mais pas de réponse de sa part. Marcus décida que c'était bon signe : Harry ne pouvait répondre à un sms pendant qu'il conduisait.

— C'est ce que j'ai cru comprendre, répliqua-t-elle, l'air courroucée qu'il ose contester ses dires.

Il leva les bras en signe pacificateur pour calmer le jeu.

— Dans ce cas, je vois mal pourquoi il se pointerait ici ce soir, grommela-t-il.

Béatrice lui sourit d'un air condescendant.

— Je croyais qu'après tout ce temps, vous auriez appris à connaître mon cousin.

— Que voulez-vous dire?

— Tout simplement que tout impatient qu'il est, il serait bête de baisser les bras. D'ailleurs, je suis persuadée qu'il le sait. Il m'a affirmé qu'il souhaitait tourner la page sur votre relation, mais il ne faut pas oublier qu'il est doué pour livrer des discours passionnés à la limite du tragique. Il ne faut pas, par conséquent, toujours le croire sur parole. 

Marcus s'arrêta de marcher, les sourcils froncés, la bouche tordue en une petite moue. Elle reprit, cette fois d'une voix plus douce :

— Faites-moi confiance, il viendra. Il vous attend depuis deux ans. Je ne suis pas stupide : la seule raison pour laquelle il a accepté d'écrire et de monter cette pièce avec moi, c'était dans le but d'attirer votre attention et de vous faire comprendre qu'il est désolé. Je ne suis pas en train d'affirmer que cela excuse ses paroles et ses gestes. Loin de là. Mais je pense qu'on a tous droit à une seconde chance. Non?

La dame, la tête haute, le défiait du regard, comme si elle s'apprêtait à contredire tout ce qu'il dirait. Ou à se lever, carrément, pour être nez à nez avec lui. Il faillit esquisser un sourire; son côté protecteur envers son cousin le touchait.

— Peut-être, concéda-t-il finalement, la voix hésitante. Seulement, je ne suis pas venu jusqu'ici pour lui annoncer que je veux reprendre notre relation là où on l'a laissée. Du moins, pas tout de suite. Je désire simplement m'expliquer avec lui sur... certaines choses. 

Il se tut. Si Béatrice n'était pas au courant de la supercherie des Origines du mal, il préférait se taire à ce propos. Deux ans plus tôt, peut-être aurait-il été tenté de tout lui révéler, par pur désir de vengeance. Mais à présent, à quoi bon? L'idée de salir le nom de Harry Quebert lui déplaisait. La colère qu'il avait ressentie en apprenant la vérité s'était, avec le temps, adoucie jusqu'à s'éteindre d'elle-même. Ne restait dans son sillage qu'une amertume vive et pointue.

Béatrice le regardait du coin de l'œil, l'index posé sur sa lèvre inférieure.

— Vous voulez vous expliquer avec lui? Et c'est tout? Vous voulez lui donner de faux espoirs, c'est cela?

— Non! Ce n'est pas du tout ce que j'ai dit, protesta Marcus, les yeux ronds.

Il prit une grande respiration pour se calmer. La vieille avait une façon de jouer avec les mots qui l'irritait profondément. À l'entendre, Harry n'avait rien à se reprocher, il n'était qu'un innocent dans cette histoire.

Or, il n'y avait ni innocent, ni coupable. Il n'y avait que deux hommes au tempérament trop emporté, qui avaient traduit pour l'un sa jalousie et pour l'autre sa déception par de la rage. Car, au final, chacun avait blessé l'autre. Voilà pourquoi Marcus souhaitait revoir Harry. Pour qu'ils puissent enfin s'expliquer, voire se pardonner l'un l'autre, maintenant que de l'eau avait coulé sur les ponts.

— De toute façon, je ne vois pas trop en quoi ça vous concerne, ajouta-t-il d'une voix pincée.

Elle haussa les épaules, sans répondre. Il se remit à faire les cent pas sous son regard scrutateur. Si elle ne souhaitait pas alimenter la conversation, il ne ferait pas d'efforts dans ce sens.

De temps en temps, quelqu'un traversait le hall d'entrée et leur jetait au passage un drôle de regard. Les principaux concernés faisaient comme si de rien n'était.

— Ça vous dérangerait de vous asseoir? s'irrita soudainement Béatrice. Vous commencez à me stresser. Or, je ne suis pas une personne facilement stressée.

Sans s'arrêter de marcher, il lui répliqua :

— Rien ne vous empêche de retourner vous asseoir dans la salle.

— Vous avez bien raison, Marcucul.

Sur ce, elle se leva d'un bond de son fauteuil. Marcus, l'air interdit, répéta :

— Marcucul?

— Vous préférez Marquéquette? répliqua la femme, bien sérieuse.

Pendant qu'elle marchait vers la salle d'une démarche royale, comme si le théâtre lui appartenait, le jeune homme ne put s'empêcher de sourire. Ses proches lui infligeaient des surnoms bien loufoques depuis des années, et il y était habitué, mais il reconnaissait que la dramaturge venait de battre un record.

Il souriait encore comme un idiot quand les portes principales du théâtre s'ouvrirent et une voix familière — trop familière — retentit dans le hall d'entrée désert :

— Marcus?

Harry. En chair et en os. À quelques mètres de lui.

Il se retourna. Et sentit les battements de son cœur s'accélérer. Et la boule dans sa gorge, se dilater. Et la sueur, conquérir la paume de ses mains.

Il cessa de marcher de long en large pour observer l'autre homme qui venait d'entrer et qui lui aussi l'observait. Ils se dévisagèrent pendant quelques secondes — une éternité —, immobiles, leurs bouches entrouvertes mais muettes. L'un comme l'autre heureux, mais choqués de se retrouver enfin après tant de mois d'absence.  

Ce fut Marcus qui se ressaisit le premier. D'un signe de la tête, il invita l'autre homme à s'approcher de lui. Il lui sourit pour le rassurer : cette fois, il ferait l'effort d'écouter ce qu'il avait à lui dire. Pas comme l'autre fois, où il n'avait fait que l'insulter sans même essayer de comprendre ses raisons, fussent-elles égoïstes.

Évidemment, cela n'excusait en rien son accès de violence. À présent, il le savait et pour ça, il pouvait remercier Clara. Elle avait vite compris que son nouveau client se reprochait — à tort — la réaction disproportionnée de son compagnon lorsque leur discussion avait tourné au vinaigre. Son travail, dans un premier temps, avait donc consisté à corriger cette façon de penser, par ailleurs fréquente chez les victimes d'un quelconque traumatisme. Heureusement, elle y était parvenue.

Harry s'approcha de lui, le pas hésitant. Lui non plus, sans doute, n'arrivait à croire qu'ils puissent se retrouver, qui plus est à l'étranger, après qu'ils se soient quittés de la pire des façons. Il jouait d'une main avec le bout de son écharpe, l'autre enfouie dans la poche de son trench coat. Il n'osait pas le regarder en face, à l'image d'un enfant pris en faute.

— Je n'arrive pas à croire que tu sois vraiment là, murmura-t-il enfin.

Il détacha sa main de son écharpe et la leva vers l'épaule du jeune homme, comme pour s'assurer qu'il était bien là, près de lui. Mais il se rétracta à la dernière seconde, une grimace sur son visage encore plus fatigué qu'à l'habitude. Ses cernes étaient plus creux et sa peau, plus pâle, et Marcus se demanda à quand remontait la dernière fois que l'homme avait vu la lumière du jour.

Avec un sourire bienveillant, il désigna le petit fauteuil en cuir qui se trouvait près de lui, celui-là même dans lequel s'était carrée Béatrice, tout à l'heure.

— On s'assoit? Je pense qu'on y sera plus à l'aise pour discuter. 

Lui-même s'apprêtait à prendre place dans le fauteuil d'en face quand Harry secoua la tête. Avec lenteur, il articula :  

— Il y a un entracte à 21 h. Si on reste ici, les gens risquent de nous reconnaître et de nous dévisager... J'aimerais éviter cette situation, si ça ne te dérange pas.

— D'accord. Qu'est-ce que tu proposes?

Harry détourna le regard.

— J'avais pensé qu'on aurait pu aller à l'appartement de ma cousine. Je vis chez elle depuis deux ans. C'est petit, mais tranquille. On y aurait la paix pour discuter.

Marcus fronça les sourcils et baissa malgré le regard sur les mains de l'autre homme, qui ne cessaient de bouger, nerveuses. Des mains de boxeur, calleuses et robustes. Sans pitié. Ce fut au tour du jeune écrivain de détourner le regard. L'envie de rebrousser chemin lui traversa l'esprit. La peur lui nouait les tripes. Et si le vieil homme s'énervait face à sa décision? Et s'il tentait à nouveau de...

Non. Il ne pouvait pas lâcher la bride à son imagination fertile qui, dans ce cas-ci, le desservait plus qu'elle ne le servait. Si Clara le croyait capable d'affronter ses démons, il devait lui faire confiance. Qui plus est, il serait bête de parcourir près de 600 kilomètres pour au final se dégonfler à la dernière seconde.

— Je préférerais qu'on se parle dans un lieu public, déclara-t-il d'une voix ferme. Dans un café, par exemple. 

Il préférait éviter les bars; depuis qu'il suivait une thérapie, il faisait des efforts pour prendre soin de lui, tant mentalement que physiquement, et cela passait par sa consommation d'alcool. Car non seulement l'alcool lui bousillait le foie et la santé en général, mais il nuisait également aux effets escomptés de ses antidépresseurs. Marcus n'avait donc pas eu le choix d'adopter un mode de vie plus sain. 

Pendant les premières semaines de ce « traitement choc », il en avait bavé. Il avait même failli y renoncer tant la tentation de noyer ses idées noires, comme avant, le tenaillait.

Mais il y avait eu Douglas. Et ça avait fait toute la différence du monde. Son ami lui avait promis qu'il pouvait l'appeler à toute heure du jour ou de la nuit s'il sentait qu'il dérapait, et même s'il avait peut-être regretté de faire preuve de tant de gentillesse à son égard, après le troisième ou quatrième coup de fil passé aux petites heures de la nuit, jamais il ne s'était plaint. Jamais il ne l'avait laissé tomber. Sans Douglas à ses côtés, il n'y serait pas arrivé.

Harry plissa les yeux, l'air quelque peu mécontent que les choses ne se déroulent pas comme il l'avait prévu. Mais peut-être l'imagination de Marcus lui jouait-elle un tour. Peut-être essayait-il tout simplement de se souvenir si, oui ou non, il y avait un café sympa dans les environs où ils pourraient discuter en toute tranquillité.

Après un moment, il hocha la tête : oui, il y en avait un. Marcus se força à sourire pour se donner du courage.

— Très bien. Allons-y.

Et ils y allèrent.

🦇

Salut, salut! Ben non, je ne suis pas morte et je n'ai pas non plus abandonné cette histoire. À un chapitre de la fin, ce serait tout de même stupide de ma part...

Comme vous l'avez sans doute compris, le chapitre 40 est finalement plus long que prévu. Ça ne m'aurait pas dérangée de vous offrir une belle tartine de 5000 mots, sauf que ça fait une éternité que je ne n'ai pas updaté cette histoire et je trouve cruel de vous faire attendre plus longtemps 😟 Voilà pourquoi ce chapitre est scindé en deux. La deuxième partie arrive très bientôt, ne vous en faites pas!

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