Séléna était rentrée directement chez elle, se précipitant dans sa chambre pour se jeter sur son lit et enfouir son visage dans son oreiller pour y étouffer ses pleurs. Elle ne voulait pas que son père l'entende et elle n'arrivait pas à arrêter ses larmes, elles continuaient de couler. Elle avait honte de s'être laissée embrasser comme ça ; le pire c'est qu'elle avait aimé ce baiser, et que son cœur s'était serré à lui faire mal en entendant Yann la supplier de rester. Même penser à Paul ne parvenait pas à la calmer, elle avait encore le goût des lèvres de Yann sur les siennes qui l'obligeait à accepter l'évidence : elle l'aimait. Elle aimait un démon. Il avait réveillé son corps et son cœur avec ce seul baiser, faisant exploser cet amour qu'elle avait vainement tenté de refouler et d'oublier.
Revenir en arrière était maintenant impossible, le mal était fait et elle ne savait plus quoi faire. Elle ne vit pas la nuit tomber et s'endormit toute habillée, les yeux toujours humides. Ce fut Bianca qui la réveilla en léchant ses joues, triste et inquiète pou sa maitresse et amie. Séléna la prit contre elle et embrassa son museau.
-Pardon ma Bianca, je ne vais vraiment pas bien. Je suis face à une impasse entre mon amour pour Yann et ma promesse de bonheur avec Paul. Je n'aurais jamais cru que je serais un jour partagée entre mon cœur et ma raison, si tu savais comme ça fait mal.
Bianca poussa un miaulement plaintif et lécha les larmes qui perlaient aux coins des yeux de Séléna, réussissant à lui faire échapper un petit rire. Elle continua de la caresser, mais contrairement à d'habitude, cela ne parvenait pas à l'apaiser. Elle fit ensuite semblant d'aller mieux avec son père et décida de passer la journée à la maison, se contentant de lire et peindre sans entrain.
Contrairement à Yann, Séléna ne pouvait se confier à personne dans le Ciel, ni à son père, ni à ses amis et encore moins à Paul. Elle n'avait personne. Elle était seule avec ses problèmes, et si sa tête lui disait d'oublier Yann, son cœur la poussait à le revoir. Elle lâcha son pinceau et remarqua qu'elle l'avait peint sans s'en rendre compte, l'horrifiant et la poussant à jeter le tableau à terre. Elle s'arrêta et le reprit dans ses mains, caressant la peinture à peine sèche et laissa ses larmes tomber dessus.
-Je dois le voir...J'ai besoin de le voir...C'est plus fort que moi...Mais le trouverais-je encore après ce que j'ai fait ?
Elle regarda de nouveau le tableau et décida à contrecœur de le détruire, elle ne voulait pas prendre le risque que son père le trouve. Elle alla le brûler dans la cheminée de la bibliothèque avant d'aller prévenir son père, aussi naturellement que possible, qu'elle retournait sur terre pour cueillir des fleurs afin de terminer un tableau.
-Vas-y ma chérie. Tu me le montreras ?
-Dès qu'il sera fini, papa. Promis.
-Ne te fais pas surprendre par la nuit surtout.
-Je fais toujours attention papa.
Dave sourit à sa fille et l'embrassa sur le front, il lui faisait toujours confiance. Il n'avait pas remarqué son malaise et la pensait trop amoureuse de Paul et heureuse de sa vie future pour se douter de quelque chose, et jamais il n'aurait pensé qu'elle pourrait enfreindre le plus grand des tabous. Elle lui laissa Bianca et se rendit une nouvelle fois au même endroit que la veille. Cette fois, c'était à elle de guetter Yann, sauf qu'elle n'eut pas besoin d'attendre, contrairement à lui, il était déjà là.
Il était revenu une dernière fois ici pour tourner la page, ce qu'il avait du mal à faire. Jusqu'à présent, il était toujours venu là dans l'unique but de revoir Séléna avec le faible espoir qu'elle ressente la même chose. Cette dernière se cacha derrière un arbre dès qu'elle le vit et l'observa de loin, remarquant son air triste qui lui serra le cœur. Elle fit un pas hésitant vers sa direction sans faire de bruit, mais une de ses plumes blanches s'envola et passa devant Yann qui la remarqua aussitôt.
-Une plume blanche ? Est-ce que c'est une plume d'ange ? Mais alors...Séléna ?
Il se retourna et la vit. Il avait commencé à décider de l'oublier mais en la voyant, sa résolution s'était évanouie d'un coup et il commença à s'élancer vers elle. Séléna prit peur en le voyant faire et se mit à courir dans la direction opposée, ne faisant pas attention aux obstacles qui se dressaient devant elle. Elle se prit le pied dans une racine et tomba lourdement sur le sol, elle se releva péniblement et se laissa aller contre un arbre pour pleurer. Elle était terrorisée d'avoir revu Yann, et en même temps heureuse de lui avoir rendu le sourire.
-Ma poitrine me fait si mal...Pourquoi, alors que je touchais le bonheur du doigt, est-il apparu ? Je l'aime mais c'est un amour impossible et interdit...
-Séléna ? Mais pourquoi pleures-tu ? Je ne voulais pas t'effrayer, pardonne-moi.
-Yann ?! Laisse-moi ! Depuis que je t'ai rencontré tout va de travers ! Je regrette d'être venue et d'avoir essayé d'enfreindre un tel tabou ! Tu as gâché mon bonheur !
-Calme-toi, Séléna. Je n'ai jamais fait tout ça voyons. A moins que...Serais-tu amoureuse de moi ?
-Je ne sais pas...Je ne sais plus...
Elle repartit en pleurs de plus belle. Elle voulait l'aimer et en même temps elle ne devait pas l'aimer ; il ne pouvait pas comprendre tout ça et les conséquences qui en résulteraient.
Yann la regardait sans trop savoir comment réagir, il l'avait suivie pour comprendre son retour et il la retrouvait en pleurs à cause de lui. Il voyait bien qu'elle l'aimait et en souffrait, elle était en proie au pire des dilemmes : une vie tranquille mais avec le cœur vide ou un amour interdit avec les plus horribles punitions. Mais il était un démon, tenter et faire céder à la tentation était dans sa nature-même ; et il voulait que Séléna succombe à son amour, à son désir charnel. Il s'agenouilla devant elle et la captura dans ses bras, la forçant à le regarder droit dans les yeux.
-Je sais que tu m'aimes Séléna, et je t'aime aussi. Alors arrêt de te torturer l'esprit et écoute ton cœur. Sinon, repousse-moi.
Séléna allait ouvrir la bouche pour protester quand ses lèvres chaudes se plaquèrent sur les siennes, la faisant taire et la mettant une fois encore dans le même était que la veille. Elle avait des papillons dans l'estomac, le rouge lui était monté aux joues et elle n'arrivait plus à réfléchir correctement ; elle devait le repousser mais elle n'en avait pas envie.
Finalement, elle ferma les yeux, baissa les bras et s'abandonna à ce baiser au plus grand bonheur de Yann. Il en profita pour approfondir le baiser et goûter avec plus d'avidité à ses lèvres, il aimait leur douceur, leur goût sucré et cette sensation agréable qu'il ressentait. Séléna ne bougeait pas mais se laissait faire, laissant ce baiser l'enivrer et réveiller un autre sentiment qu'elle ne connaissait pas du fond de son corps. Il l'allongea sur l'herbe sans qu'elle proteste jusqu'à ce qu'il commence à la caresser et passer ses mains sous sa robe.
-Yann ! Non ! Ne fais pas ça ! Je ne peux pas faire ça ! Je dois attendre le mariage pour...
-Il n'y aura jamais de mariage pour nous, Séléna. Jamais. Et tu sais bien pourquoi. Si tu veux tout arrêter, dis-le maintenant.
Séléna le regarda après l'avoir écouté, elle savait qu'il avait raison mais elle avait peur. Peur de ce qu'ils allaient faire, peur de ce qui arriverait après, de ce qui se passerait si ça venait à se savoir et de toutes les autres conséquences. Mais en même temps, elle l'aimait et il avait réveillé ce désir en elle qu'elle ne contrôlait pas.
Devant son absence de réponse, Yann continua ce qu'il avait commencé, la caressant et lui retirant sa robe. Séléna se crispa mais ne parvint pas à protester, l'esprit embué par le plaisir que lui prodiguait les caresses et les baisers de Yann sur son corps qui réveillaient son désir. Elle ne le vit même pas se déshabiller et ne revint à la réalité que lorsqu'elle sentit une douleur aigue entres ses cuisses, elle comprit aussitôt et un cri de douleur lui échappa comme des larmes lui étaient déjà montées aux yeux.
-Yann ! Ca fait mal ! Arrête !
-Je peux pas...Je vais essayer d'être doux...Promis...
Elle continua de protester comme c'était contre ses principes et il la fit taire d'un baiser brûlant, tenant à profiter de ce moment magique. Pour la première fois, il était heureux ; Séléna ne le lui avait pas dit mais il savait qu'elle lui rendait ses sentiments
Cette dernière avait du mal avec ce qu'ils étaient en train de faire et ne parvenait pas à se détendre, Yann usa de baisers et de caresses pour y parvenir tout en continuant à lui faire l'amour. Elle finit par s'abandonner aux soins de Yann, doux et passionné ; son innocence expira entre ses bras définitivement quand ils atteignirent ensemble le septième ciel. Yann la recouvrit avec sa veste et essuya avec douceur ses larmes, la regardant avec un sourire tendre.
-Tu n'as pas à pleurer ou te sentir coupable, Séléna. On l'a fait parce qu'on s'aime. C'est l'essentiel.
-Je...Je sais mais j'ai toujours peur...
-...Alors enfuis-toi sur terre avec moi.
-Quoi ?!
Séléna se releva en l'entendant, pensant qu'il se moquait d'elle. Mais on air sérieux et déterminé lui donna tort, il était résolu à le faire avec elle si elle le souhaitait également.
-Yann, tu n'y penses pas ! J'ai mon père au Ciel ! Et Paul ! Je ne peux pas abandonner tout ça et les trahir de cette manière ! Réfléchis enfin !
-Je viens peut-être juste d'y penser mais je suis on ne peut plus sérieux, Séléna. Moi aussi, je laisserai des gens derrière moi, mais j'ai envie de vivre avec toi. Si après tu trouves que c'est prématuré, on peut se laisser du temps pour y réfléchir.
-Merci. C'est encore nouveau pour moi et ça m'effraie.
Yann caressa sa joue et garda Séléna contre lui. Si ça n'avait été pour elle, il aurait refusé d'attendre et n'aurait jamais proposé cette idée qu'il avait décidé par amour. Ils restèrent dans cette position sans rien dire un long moment, profitant de la chaleur du corps de l'autre. Quand le soleil commença à se coucher, ils se rhabillèrent, Séléna cueillit quelque fleurs et osa retenir Yann en lui prenant la main.
-Yann, je...Je t'aime.
Il sourit, caressa ses lèvres d'un doigt et lui donna un baiser, ravi qu'elle le dise enfin.
-Moi aussi, Séléna. A bientôt.
-Oui, à bientôt.
Ils se séparèrent et rentrèrent chacun de leur côté ; encore heureux et excité pour l'un, ravie et indécise pour l'autre. Elle voulait être avec Yann mais avait aussi peur des conséquences à l'avenir.