Sapphire Immortality

By Lux0304

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La faiblesse humaine. Cette risible mortalité. Vous ne pourrez grappiller que quelques années sur Terre avant... More

Prologue d'une légende
I- Briser la chrysalide
II- Les démons du passé
III- Poison
IV- Ecarlate
V- Lui
VI- Captive, encore ?
VII- Tempête
VIII- Tatouages
X- The missing book
XI- Lettre

IX- Eau de larme, eau de bain et folie

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By Lux0304

    La vie n'a rien de simple, ni de facile. En réalité elle me fait plus l'effet d'un ciel. Parfois clair. Parfois sombre. Souvent nuageux. Quelquefois ensoleillé. Le problème c'est qu'à force de ne voir que la pluie on oublie que le soleil est toujours là. Qu'il existe. Qu'il est à portée de main, seulement caché.

    Et distillé dans mon corps et dans mon âme ne reste que le vague souvenir fugace d'un temps heureux. Comme une illusion. Délavée. Inutile. Juste la douleur au creux du cœur de ce que je n'aurais plus jamais.

    Il y a tellement de temps que je suis bloquée dans cette tempête de noirceur. Face à ce ciel sans soleil. Je ne me souviens plus du bonheur. Je ne ressens plus sa chaleur. Je croyais l'avoir retrouvé durant ma course pour fuir ma demeure. Mais à peine son goût se propageait-il dans mon cœur que déjà je perdais tout ce dont je rêvais. A présent il ne me reste que des éclats d'un espoir desséché.

    Alexander m'a fait sortir de prison. La porte a coulissé lentement sur ses gongs et j'ai été libérée. Cruelle désespoir. Je suis retenue captive d'une manière plus abominable encore que ces barreaux de fer forgé. Parce que cette fois il est impossible d'y échapper. De la magie. Un sort si ancien que j'ai toujours cru qu'il avait disparu de la nature. Pourtant il est là. Incrusté dans ma peau. Dans ma chair.

    Et alors que j'avance prudemment de quelques pas pour rejoindre mon geôlier, je ne suis plus qu'une âme abattue. Je pourrais me sauver. Parcourir des millions de kilomètres. Mon tatouage ne s'effacera jamais. Où que je me terre désormais tout me ramènera à lui. Cet homme que je hais mais qui peut d'un mot me forcer à outrepasser mes propres limites, à commettre des actes qui me révulse même en pensées. Si facile pour lui. Si dévastateur pour moi.

- Suis-moi, se contente-t- il de me dire alors que je me poste à ses côtés devant l'air effaré de Lizzie.

    Elle a tout vu. Elle est le témoin d'une scène unique. Horrifiante. Et je sais qu'elle s'est interposée. Je sais qu'elle a tenté de l'en empêcher. Mais elle a échoué. Et pourtant comment pourrais-je l'en blâmer ?

- Comme si j'avais le choix, soufflais-je acerbe en lui emboitant le pas.

    Mais une petite main me retient. De toute ses forces. Je me retourne à peine pour la voir du coin de l'œil. Je sais déjà que c'est Lizzie.

- Lucy... Tu ne dois pas, cherche à me prévenir Lizzie avant d'être brutalement tirée en arrière par Alexander qui lui intime de se taire.

    Contre quoi veut-elle me mettre en garde ? Que comprend-t-elle réellement de la situation ?

- Laisse-la parler je crois que tu t'es personnellement assuré que je ne représente plus la moindre menace, le rabrouais-je fermement détestant qu'il bride la petite de cette manière.

- Et toi tu ne m'as certainement pas facilité la tâche, réplique-t-il exaspéré que je lui fasse encore perdre du temps en bavardage qu'il doit estimer inutile et futile.

- Juste une question, quémandais-je en ne le quittant pas des yeux. Comment as-tu pu jeter ce sort ? Tu n'es pas un sorcier.

- C'est vrai, admit-il en soupirant mais visiblement prêt à me répondre. Mais tous vos sorts ne vous sont pas réservés. Les sorcières ont créé les changelins il y a longtemps. Nous devions être vos gardes du corps. Vos protecteurs. Mais le lien qui unissait les deux espèces s'est estompé par votre faute. Nous n'étions que des armes, des objets à vos yeux. Alors nos chemins se sont séparés. Mais la magie coule dans nos veines. Grâce à vous. Et c'est le seul sort que nous vous avons volé. Le seul qui assure notre survie. Celui qui consiste à vous contrôler. La créature qui commande le maître quelle ironie non ?

    Je déglutis face à cette révélation. Je n'en avais jamais entendu parler. Pas la plus petite illusion venant de ma grand-mère. Rien. Est-ce la raison pour laquelle cette espèce nous hait ? Parce que nous les avons maltraité ? Parce que les sorcières les ont repoussé ? Leur désir de revanche est-il si profondément enfouie qu'aujourd'hui encore ils cherchent à nuire aux sorcières par tous les moyens ? Sans se préoccuper des dommages collatéraux ou des conséquences ?

- L'heure de la discussion est terminée, met-t-il soudainement fin à notre conversation en se passant la main sur le visage. N'oublie pas qui est asservie.

    Je grogne de fureur en entendant le mot qu'il vient d'employer. Comme si je n'étais qu'un vulgaire déchet. Un instrument sans valeur à ses yeux. Les sorcières ont peut-être agi de la même façon avec ses ancêtres. Mais je n'en faisais pas partie. On ne peut pas porter sur ses épaules le péché de toute son espèce. Je ne suis pas responsable de leurs erreurs. Mais lui est en train d'en perpétrer de nouvelles.

    Lizzie n'ose plus intervenir mais elle me prend quand même la main. Comme pour m'insuffler silencieusement du courage. Et je lui adresse un léger sourire. Même si je veux faire payer à Alexander cette enfant n'y est pour rien. Je ne vais pas prendre le risque de mettre tous les changelins dans le même panier comme il le fait pour moi. Je ne veux pas envenimer les choses.

***

    Dehors alors que le soleil me réchauffe les os, je reste gelée de l'intérieur. Une coquille vide. Le vent charrie des parfums de forêt et de nature qui me semblent si fades et dénudés d'intérêt à présent. Je cligne des yeux, hébétée pour m'habituer à cet afflux de sens qui m'envahit.

    Le vent. La terre. Le ciel. Le monde. La vie. Les odeurs. Les sons. La lumière. Les ombres.

    Des huées m'accueillent dès que je pose un pied sur la mousse qui tapisse le sol. Des insultes. Du mépris. Une humiliation rageuse. Les voix grondent autour de moi comme si leur puissance pouvait me mettre à terre. Comme si leurs mots pouvaient me détruire.

    Amère je les regarde brandir leurs poings. S'amuser. Ricaner de mon malheur. S'en délecter. Eux qui me haïssent sans me connaître. Eux qui ne voient qu'une foutue sorcière.

    Pourtant malgré tout je continue d'avancer. Pas à pas. Lentement fendant la foule à la suite d'Alexander. Le regard fixe portée loin. Je ne veux pas voir les femmes éloigner leurs enfants de moi comme si j'avais la peste. Je ne veux pas lire la dégoût transcender sur les traits des jeunes. Je refuse de me perdre dans leur colère.

    J'avale de travers, manque de m'étouffer mais ne baisse pas la tête. C'est la seule fierté qu'il me reste, la seule dignité. Celle de ne pas craquer. Quand je serai seule. Quand personne ne pourra me voir ni m'entendre. Là seulement je me laisserais aller. J'ouvrirai les digues à mon chagrin. Je pleurerai jusqu'à me fondre avec mes larmes. Jusqu'à m'y noyer.

    Mais en attendant je dois résister à la marée de mauvaises pensées qui secoue ces gens.

- Sale enfant du diable crève ! m'invective une jeune femme aux cheveux roux qui tombent en cascade sur ses épaules.

    Une exclamation positive de la foule monte dans le ciel. Un hurlement d'approbation. Comme un signal soudain des mains de partout se tendent pour me saisir. Pour me frapper. Me ruer de coup. Me déchiqueter. Ils m'attrapent. La foule sage qui se contentait de m'injurier finit par se déchaîner. Me tirant en tous sens. Me frappant. Me jetant à terre comme une poupée de chiffon. Me piétinant. Des coups de pieds dans mes côtes. Une gifle. Un os qui craque.

    Dans la cohue j'ai lâché la main de Lizzie. Je l'ai perdu dans cette foule sanguinaire. Car je le sais. Ce qu'ils veulent c'est voir mon sang couler. C'est se délivrer de leur colère brûlante. Je ne bouge pas. Ne poussant même pas le moindre cri. Je n'en ai plus la force. Je laisse ma vision devenir rouge écarlate. Je laisse mon corps être réduit en charpie. Et je ressens tout ce qu'ils m'infligent avec une clarté terrifiante, comme accrue. Mon corps, mon âme ne sont plus qu'un incendie rougeoyant. Chaque membre n'est qu'un bleu immense qui pulse de douleur.

    Mais le calvaire prend fin. La tignasse sombre d'Alexander rebrousse chemin et les enjoint à me laisser la vie sauve. Je n'entends pas ses paroles. Juste ses lèvres qui bougent. L'heure de la lapidation, du lynchage public est visiblement terminée. Le lord me redresse sur pied avant de souffler en voyant que je ne tiens plus debout et de me jeter en travers de son épaule sans la moindre délicatesse envoyant une décharge de souffrance dans mon faible corps.

- C'est fini ? murmurais-je la voix rauque. Les lions ont apprécié le spectacle ? Ils retournent en cage ?

    Je sais que je délire. Je sais que je raconte n'importe quoi et que c'est idiot. Mais là maintenant j'ai besoin de parler. Juste de tout dire. Que mes mots s'envolent vers un endroit merveilleux. De me délivrer de cette boule qui croît dans ma gorge.

- Vous êtes pires que les sorcières, lâchais-je sans pouvoir me taire alors que le paysage défile à l'envers sous mes yeux. Non en fait je me fous des différentes espèces aucune ne vaut mieux qu'une autre, on est tous des monstres.

- Ta gueule, m'intime fermement Alexander en continuant de m'emmener vers un nouveau lieu inconnu.

- Non mais sans blague, chantonnais-je joyeusement comme bourrée aux herbes. Je suis un monstre, tu es un monstre, nous sommes des monstres.

    Il ne me redit pas de me taire. Il me balance seulement sur un sol dur. Et contre toute attende cela me fait rire alors que je crache du sang sur le côté salissant le parquet de bois.

- Je ne suis pas un sac de farine, tu sais.

- J'avais remarqué eux ils sont silencieux, me rétorque-t-il contrarié.

- Comment ça ? Tu ne leur parles pas ? Mais ils doivent s'ennuyer avec toi ! m'écriais-je sincèrement consternée avant de rire comme un dindon.

    Il y a un truc qui cloche. Mais je n'arrive pas à mettre le doigt dessus mes pensées se dispersent trop rapidement pour ça.

- Si tu ne te fermes pas le clapet toi-même je m'en occuperais personnellement, me menace Alexander en me foudroyant du regard agacé par mon état hystérique.

- Si tu trouves une partie de mon corps en bon état pour faire ça vas-y ne te gêne pas, dis-je sérieusement.

- Tu perds les pédales.

- Vraiment ? Tant mieux si je peux te rendre la vie impossible au moins je pourrais crever en paix.

- Tu ne vas pas mourir, me répond-t-il froidement.

- Je crois que les autres petits toutous dehors ne l'ont pas très bien compris alors, que tu me veux vivante. Même si on sait tous les deux que vous allez crever en même temps que moi grâce à la malédiction. C'est vraiment bien foutu ce truc.

    Cette fois il est vraiment hors de lui. Je l'ai poussé à bout. Tant mieux. Je suis très certainement pitoyable et faible mais quand tout votre Univers est en jeu vous dépassez des limites. Et là je viens carrément de franchir une frontière. Il va me le faire payer.

- Claire vient t'occuper d'elle avant que je n'extermine moi-même notre seul espoir, s'écrie Alexander avec une rage bourdonnante dans la voix ce qui a pour effet de la rendre plus rauque.

    Aussitôt dit aussitôt fait. Une jeune femme vient s'interposer entre nous et pose une main délicate sur l'épaule d'Alexander pour le calmer. L'apaiser. Et bientôt sa mâchoire se décontracte. Ses muscles se détendent et il desserre ses poings. Encore plus rapide que de la magie. Je siffle impressionnée.

- Tiens-toi tranquille, m'ordonne Alexander avant de quitter la pièce d'un pas déterminé et rapide.

    L'inconnue me dévisage calmement, m'épiant à travers ses longs cils de biche. Des pommettes encore arrondies preuve d'une enfance encore récente. Un chignon bas rassemblant des mèches de cheveux ébènes. Des yeux verts stupéfiants. D'une lueur hypnotique. Des lèvres fines et pleines. Elle s'agenouille auprès de moi. Elle approche sa main sa main de mon visage avec lenteur comme pour voir ma réaction. Mais je ne pipe mot. Et je ne me soustrais pas à son emprise. Doucement elle retire un éclat de verre coincé dans ma chevelure. Je n'avais même pas remarqué que des éclats de verre me recouvraient, accrochés à moi. Je suis dans un état trop cotonneux pour ça. Plongée dans une brume diffuse.

- Que dirais-tu d'aller nettoyer tout ça ? me propose-t-elle gentiment en se relevant et en me tendant la main pour que j'en fasse de même.

- Qu'est-ce que ça peut faire que je reste comme ça ? grognais-je méfiante. On m'a bien fait comprendre que je n'avais ni mon mot à dire ni plus aucune vie à vivre. Être lavée n'y changera rien.

- Oh tu fais comme tu veux, je me disais juste que rester dans cet état ne rendrait pas les choses plus faciles, argue-t-elle en levant les mains en l'air.

- Plus facile ? ricanais-je avant de tousser bruyamment la gorge asséchée. Tu veux dire dans le fait d'être votre captive ?

- Visiblement tu n'as pas envie d'y mettre du tien, souffle-t-elle.

- Je ne vais pas rendre votre tâche plus facile ! protestais-je avec véhémence.

- Ce n'est pas ce que je te demande, mais si tu comptes vraiment tout compliquer alors tu devrais retrouver des forces d'abord. Me laisser te soigner et te doucher parce que là hormis empester ça ne change pas grand-chose, me rabroue-t-elle immédiatement.

    Je tire la moue. Elle a raison. Là j'agis comme une gamine qui boude. Mais ce n'est pas de cette manière que je peux améliorer ma condition où la modifier. Erreur stratégique.

- Et puis, me murmure-t-elle en faisant durer le suspense, si tu joues bien tes cartes tu pourrais finir par te plaire ici.

    Elle m'adresse un immense sourire satisfait en voyant ma mine se décomposer et m'aide à me redresser pour me guider vers une autre petite pièce. Une salle d'eau. Son parfum de lavande me chatouille les narines et je fronce le bout de mon nez. Il est fort.

    Comment peut-elle supporter une telle odeur ? Surtout en étant à moitié panthère ? A moins que...

    La jeune femme me pousse sans ménagement dans la salle alors que je restais camper sur mes pieds à l'entrée et m'intime de me déshabiller alors qu'elle s'affaire déjà en faisant chauffer des bassines d'eau dans un coin de la cheminée, qu'elle déverse ensuite dans la baignoire. Gênée je reste les bras-ballant ne sachant que faire. Retirer mes vêtements en sa présence ou attendre ?

    Voyant mon hésitation elle interprète mal la situation.

- C'est vrai que tu es une noble, se moque-t-elle, as-tu besoin d'aide pour te dévêtir ?

    Piquée au vif je détourne la tête pour ne pas croiser son regard malicieux.

- Je sais très bien le faire merci, ronchonnais-je en commençant à me délester du chiffon informe qui me couvre tout juste.

- Alors ne me dis pas que... Oh tu es embarrassée d'être nue devant moi ? comprend-t-elle avec amusement.

    Touchée coulée.

- Pas du tout, protestais-je néanmoins en sautillant sur place pour me débarrasser au plus vite des lambeaux de mes vêtements afin de lui prouver qu'elle a tort.

    Elle m'observe faire un mince sourire au coin des lèvres avant de se pencher pour toucher l'eau qu'elle a versé dans la baignoire et vérifier sa température. Elle verse plusieurs flacons dans l'eau chaude qui charrie à présent des arômes fruitiers. Framboise. Fraise. Mûre.

    Je me délecte de cette odeur revigorante et vivifiante en inspirant à plein poumons et sans même attendre son autorisation je me glisse avec un soupir de bien-être dans l'eau fumante. La chaleur détend instantanément mes muscles endoloris et éprouvés. La baignoire se teinte de sang séché et d'un noir crasseux. La mousse flotte à la surface me soustrayant à la vue de la jeune femme et m'apaisant irrémédiablement.

- Claire, finit-elle par me dire alors que je joue avec le savon en me frottant vigoureusement la peau pour retirer toutes les particules de saleté qui la macule.

    Je mets un moment avant de comprendre qu'elle vient de se présenter. J'hésite à lui retourner la politesse. Mais jusqu'à présent elle n'a pas été menaçante ou méprisante avec moi. Au contraire elle a été d'une douceur et d'une générosité sans nom. Son attitude cache forcément quelque chose. Mais connaître mon prénom ne peut pas empirer ma situation. De plus si elle compte retirer quelque chose de moi, pourquoi ne pas tâcher d'en faire autant ?

- Lucy, décidais-je de dire après quelques minutes silencieuses.

- Je vais te préparer de nouveaux vêtements les tiens sont bons à brûler, m'annonce-t-elle avec une mine écœurée en direction de l'amas répugnant qui gît sur le parquet à côté de la baignoire.

    Je pique un fard une nouvelle fois mal à l'aise.

- Inutile que je te conseille de ne pas t'enfuir, tu ne peux pas, donc profite bien de ton bain je reviens vite.

    J'opine lentement de la tête pour lui signifier que j'ai compris et la regarde disparaître. C'est vrai que sans fenêtre, la pièce n'est pas idéale pour s'échapper de toute façon. Toute en bois seule la baignoire et une grande cheminée occupent l'espace. Une petite coiffeuse est engoncée dans un coin. Et une chaise qui traîne là comme oubliée. Rien d'autre. Juste le plus élémentaire. Le stricte nécessaire.

    Ma peau est rose vif à force de la frotter. Je profite de l'absence de Claire pour enfin jeter un coup d'œil à mon ventre. J'éloigne la mousse de cette partie de mon corps tout en brisant la surface calme de l'eau. Il est là. Le tatouage de servitude. Mon tatouage. Une panthère noire qui dort roulée en boule au niveau de mon bassin. Je passe mes doigts dessus. Je tremble. Sous mon pouce seul le grain de ma peau. Rien ne pourrait laisser envisager qu'il est là. Une marque atroce.

    Les larmes me montent aux yeux. Mais je les chasse en clignant des paupières. J'ai perdu la bataille. Je déraille et je dérape. Alexander a volé un bout de moi. Et il ne me reste rien. Je maudis le jour où j'ai croisé sa route. Je maudis la magie. Je hais les sorcières pour avoir inventé un tel sortilège. Mais ce qui tourbillonne en moi ne change rien à ma situation.

    Il existe forcément un antidote, une solution. Et où qu'elle se trouve je le jure je la trouverais, à n'importe quel prix.

    Pour résister, ne pas craquer je plonge dans l'eau. Je la laisse m'engloutir en entière. Recouvrir mon coup, mon visage. Ma bouche. Mon nez. Et je reste immergée un temps infini. Les yeux grands ouverts. Je fixe les miroitements de l'eau. La façon singulière qu'elle a de déformer l'autre côté. La surface. La réalité. Je lâche des petites bulles d'air qui viennent éclater en contact avec la surface. Elles montent lentement puis explose. J'admire le spectacle. Je me fonds dans l'eau. Je suis l'eau. Je ne saurais plus dire où cette dernière commence et où je finis. Et je ne sais pas si je dois cela à moi-même ou à des résidus de ma magie qui grésille encore en mon sein. Mais cela m'importe peu à vrai dire. Tout ce qui compte c'est ce bien-être factice qui m'enveloppe.

    Claire surgit soudain au-dessus de moi. Elle brise ma quiétude qui vole en éclat. Et me force à remonter. A quitter mon Royaume de paix que je venais de me créer. Un endroit où rien ne pouvait m'atteindre. Rien ne pouvait me blesser.

- Mais tu es folle, m'apostrophe-t-elle angoissée en me faisant sortir et en me passant une longue serviette pour que je me sèche. Tu aurais pu mourir là-dessous.

- Pourtant j'ai cru comprendre que c'est ce que les changelins veulent, dis-je d'une voix dénuée d'émotions.

    Physiquement je suis hors de l'eau mais mentalement je suis toujours là-bas. Dans mon endroit secret.

- Je croyais que tu n'allais pas te laisser faire ! rétorque Claire en déplaçant une latte de bois pour dévoiler un trou par lequel elle verse l'eau refroidi de la baignoire à l'aide des sceaux.

- Qu'est-ce que ça peut te faire ? lui criais-je après. Tu es comme tous les autres. Soit tu attends que j'accomplisse un miracle soit tu seras la première à me jeter une pierre.

- Tu as raison, reconnaît-elle alors qu'elle suspend ses gestes et que ses épaules s'affaissent. J'ai besoin de ton aide. Mon amant souffre. Il a la maladie et je donnerais tout ce que j'ai pour le sauver. Je ne peux pas vivre sans lui...

    Sa voix se brise à la fin de son discours. Un sanglot se forme dans sa voix. Elle est émue et bouleversée. Mais par-dessus tout elle est affolée.

- Je me disais aussi que tu ne pouvais pas juste me vouloir du bien, m'énervais-je terrassée par l'ampleur de la tâche que l'on attend de moi.

- Crois-le ou non je ne suis pas comme Alexander je ne voulais pas en arriver à de telles extrémités. Tu feras ce qu'il te dit de toute façon je pouvais me permettre de ne pas t'aider, me tance-t-elle en haussant la voix à son tour.

    Je reste coite un instant en essuyant l'eau qui coule encore de mes cheveux. Je sais qu'elle fixe mon tatouage éberluée, choquée en mesurant les conséquences pour moi. Mais je n'en ai cure. Je frotte énergiquement mes cheveux pour les sécher au maximum. Et alors que je me retourne la porte s'ouvre à la volée.

    Sur le seuil se tient Alexander essoufflé, une épée à la main. Longue et tranchante. Claire laisse échapper un cri de surprise alors que je ne bouge pas stoïque. Juste avant qu'il ne pénètre dans la pièce je l'avais senti. J'ai ressenti sa présence jusque dans ma chair. Sa peur m'a percuté comme une lame aiguisée. Sa colère aussi.

    Je lâche la serviette par accident et lui fait face. Nue. Des fines gouttelettes tombant de mes cheveux. Je ricane en le voyant détourner brièvement les yeux pour les porter plus loin. Sur Claire.

- Je t'ai entendu crier, se justifie-t-il à son intention.

- Et tu as accouru au cas où j'aurais été capable de la frapper ? le brusquais-je méchamment. Désolée ça c'est ton domaine pas le mien. Maintenant si tu permets j'aimerais bien m'habiller. 

***

Hey je suis désolée mes sorciers et sorcières adoré(e)s. Je sais que j'ai mit plus de temps que prévu à poster mais j'ai eu quelques soucis en plus de mon déménagement et de ma rentrée !

A tous ceux qui ont déjà repris bonne rentrée les amis !

Je vous souhaite une bonne lecture et pardonnez-moi pour le délai d'attente s'il vous plaît... ^^

Surtout que ce chapitre est plutôt lent c'est un chapitre de transition la suite va être un peu plus palpitante mais j'espère que ça vous plaira quand même. 

Bonne lecture !

Et vous connaissez la chanson : 

Lisez, 

Eclatez-vous

Votez, commentez !

Kiss

~Lux~

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