Charly
Le lendemain, Kian ne put se résoudre à retourner à l'ampoule pour ramener Alérys et Hack, pour le plus grand bonheur de ces derniers. Ainsi, ils prirent entièrement part à la mission. Hack avait interdiction de quitter la voiture à moins qu'elle ne le lui en ait donné elle-même l'autorisation. Nous avions formé des duos afin de veiller les uns sur les autres. Kian veillait sur Hack, les jumeaux s'assuraient l'un l'autre, Peter et Alérys faisaient équipe et Nyx et moi formions donc le dernier binôme. Kian nous avait expressément mis ensemble afin de tenter de faire disparaitre la haine de la jeune fille à mon égard. Le but n'était pas qu'elle oublie soudainement ce que les profiteurs ont pu lui faire, mais qu'elle apprenne à me supporter.
Au matin, nous avions repris notre route pour Winchester. Les jumeaux, Alérys et Peter étaient restés dans le véhicule noir et Hack et Nyx nous avaient rejoint dans le rouge. L'ambiance craignait et c'était peu de le dire. Même si Hack pouvait rester, il n'avait pas le droit à la parole, Kian le coupait dès qu'il ouvrait la bouche. Quant à Nyx, elle refusait de parler et dès que je tentais une approche, son regard noir me dissuadait de toute approche. Nous passions donc en boucle un CD de musique pop que personne n'aimait. Mais c'était toujours mieux qu'un silence pesant. Par chance, Winchester n'était qu'à une demi-heure de Boston et nous pûmes rapidement échapper à cette ambiance pesante. Les passagers de l'autre voiture semblaient, eux, avoir passé un bon moment, ils riaient encore en sortant du véhicule, devant l'hôpital.
- Alérys et Peter, vous prenez la réserve. Charly et Nyx vous vous occupez des urgences. Les jumeaux, Hack et moi nous occupons des chambres des patients et des salles d'opération. On se retrouve à onze heures devant le bâtiment.
Nous approuvâmes tous et nous divisâmes rapidement. Alors que je m'apprêtais à emprunter un couloir, Nyx me stoppa froidement.
- On ne peut pas passer par là.
- Le panneau indique que les urgences sont par-là, la contredis-je.
- On ne peut pas y accéder par-là.
- Qu'est-ce que tu en sais ?
- J'ai regardé au bout du couloir, grinça-t-elle.
Je fronçai les sourcils, fit quelques pas en direction de la double porte et constatai qu'effectivement, on avait fait tombé plusieurs meubles de l'autre côté, peut-être pour résister à une attaque de novots. Je dus ravaler ma fierté pour la suivre à l'extérieur où nous rejoignîmes l'entrée extérieure réservée aux ambulances. Cependant, celles-ci étaient également fermées par un cadenas.
- C'est bon, il suffit d'enfoncer la porte avec une voiture.
Je m'approchais déjà d'une ambulance garée en désordre quand elle explosa le cadenas en deux coups secs avec la crosse de son arme.
- Vous, les profiteurs... Toujours obligés de faire le plus de dégâts possibles, siffla-t-elle en passant les portes.
Je fermai quelques secondes les yeux avant de la suivre. Les urgences présentaient le même état de délabrement que le reste de la ville. Du sang tâchaient par grosses flaques plusieurs draps et matelas. Un chariot de réanimation était renversé au travers de la pièce. Il était évident que cette salle avait un jour servi d'abris pour un, peut-être même plusieurs groupes, et étant donné la quantité de sang présente sur certains lits, on en déduisait facilement qu'ils n'avaient pas tous survécu.
- J'espère qu'on ne tombera sur aucun cadavre.
Nyx se retourna sans dissimuler son agacement et pointa plusieurs chevets du doigt.
- Tu vois ces lits, profiteur ? Ils n'ont plus de draps.
Je haussai un sourcil, attendant la suite de ses explications.
- Quand l'un de tes proches meurt, tu couvres son corps et tu l'enterres. Dans un hôpital, on utilise des draps. On ne laisse pas les dépouilles sur les lits, on les enveloppe et on les enterre. Je pensais qu'un profiteur en connaitrait plus sur tout ce qui peut se rapporter à la mort. Quoi que, des funérailles honorables ne doit pas faire partie de vos habitudes.
Elle me donna le dos et vida tout un tiroir dans son sac.
- Je ne suis plus un profiteur.
- Travaille plutôt que de me baratiner, profiteur.
- J'ai été un profiteur, repris-je en fouillant un placard au fond de la pièce. Mais j'ai arrêté. Et je n'ai jamais été un meurtrier.
- Même si tu ne l'es plus aujourd'hui, il y a eu une époque où tu profitais des autres, tu les volais, tu abusais d'eux.
- Tu me prends pour qui ? Un violeur, tueur en série ? Oui, j'ai volé d'autres personnes, mais en ce moment même on pille un hôpital ! Oui, j'ai couché avec plusieurs filles, mais ça n'a jamais été contre leur volonté !
- Vous, les profiteurs, êtes tous les mêmes. Des menteurs, manipulateurs, qui ne pensent qu'à eux.
- C'est dingue, tu m'as adressé la parole trois fois depuis mon arrivée à l'ampoule et tu as l'air de me connaitre mieux que quiconque !
Nyx me fusilla du regard.
- Je n'ai pas besoin d'en savoir plus à ton sujet, si ce n'est que je dois me méfier de toi.
Je la toisai du regard alors qu'elle passait à un autre meuble en évitant soigneusement les flaque de sang séché au sol. Nyx se montrait brusque, sèche, froide, mais seulement avec moi. Malgré ses désaccords avec Kian, on voyait qu'elle recherchait son amitié. Elle s'ouvrait chaque jour un peu plus aux jumeaux et elle ne faisait pas preuve d'inimité avec Peter, Alérys et Hack. J'étais le seul à qui elle refusait simplement d'adresser la parole.
- Je n'ai jamais tué personne. Je suis un connard, un voleur, un pilleur, mais ni un assassin, ni un violeur.
Elle haussa les épaules en laissant percevoir son dégout.
- Tous les profiteurs ne sont pas tous les mêmes, insistai-je en passant à un autre meuble.
- Vous êtes tous des menteurs ! cria-t-elle en me fusillant du regard. Tout ce que vous savez faire c'est tromper les gens, user de leur gentillesse et ensuite mettre fin à leurs jours pour voler leurs biens !
Elle se retourna rapidement et je restai quelques secondes immobile. Je m'étais bêtement imaginé qu'elle détestait les profiteurs parce qu'elle en avait peut-être rencontré un comme moi, avec qui elle avait passé la nuit et qui s'était éclipsé au matin en lui prenant une partie de ses provisions. Mais non, certains profiteurs était bien plus cruel que je ne l'avais été.
- Sûrement.
Elle me jeta un rapide coup d'œil, surprise que j'avoue.
- Je suis un menteur, je n'ai pas honte de le dire. Mais tous les profiteurs ne sont pas pareils. Certains se contentent de... Coucher à droite à gauche, comme moi. D'autres tuent les gens pour prendre leurs réserves. Mais je ne fais pas partie de ceux-là, ils me dégoutent plus que tout. Tu peux me faire confiance.
Elle s'approcha de moi.
- La dernière fois que j'ai fait confiance à un profiteur, grinça-t-elle, les yeux rouges, en me poussant du doigt, tous mes proches ont été tués et j'ai été laissé pour morte au bord de la route, comme si ma vie n'avait pas d'importance, comme si ma famille et moi n'étions rien. Personne n'était là pour couvrir nos cadavres, il nous a laissé en pâture aux animaux sauvages.
Elle me poussa brusquement, me faisant alors tomber sur l'un des lits. Puis elle récupéra son sac au sol et partit de l'autre côté de la pièce pour continuer son travail.
- Je suis désolé, je ne savais pas pour ta famille.
- Qu'est-ce que ça peut te faire, profiteur ?
- Si j'avais été là, je ne l'aurais pas laissé faire.
- C'est facile de le dire, maintenant qu'il n'y a plus rien à faire.
- Je suis sérieux, je ne suis pas comme eux.
- Tant mieux pour toi, ça m'est égal. Tu restes un profiteur.
Je lâchai un soupire, tout le reste du pillage se déroula dans un silence complet. Pendant plus d'une demi-heure, nous fouillâmes chaque tiroir, chaque chariot, chaque meuble à la recherche de matériel médical et de médicaments. Il me fallut exploser un distributeur spécial pour avoir accès à divers gélules et seringues. A onze heures, nous sortîmes. Alérys et Peter attendaient devant le bâtiment avec à leurs pieds cinq sacs bien remplis.
- Les autres ne sont toujours pas là ?
Avant même d'avoir une réponse, une fenêtre deux étages au-dessus explosa et une épaisse fumée grise s'échappa du bâtiment. Delta se pencha alors par la fenêtre et se mit à tousser. Alors que je m'attendais à ce qu'il se mette à rire, supposant que ce n'était qu'une mauvaise blague, peut-être de vieux pétards qu'ils avaient voulu faire explose, ils se mit à crier « Novus ». Alors qu'il commençait à enjamber la fenêtre et que Nyx se hissait sur le toit d'une ambulance pour l'aider à descendre, je me précipitai dans le bâtiment. La cage d'escaliers était enfumée elle aussi, pourtant je montai à l'étage, la main devant la bouche. J'eus à peine fait trois pas dans le couloir que je commençai à me sentir lourd, je dus m'appuyer contre un mur. Il n'y avait aucune odeur de brûlé. L'épais nuage me permettait seulement de deviner des silhouettes. Je pus voir trois corps étendus sur le sol. Je tombai à genoux, incapable d'avancer ou de reculer, mes jambes ne me portaient plus. Mes bras retombèrent lentement le long de mon corps alors que je me mettais à tousser, asphyxié. Après être tombé au sol, juste avant de fermer les yeux, je réussis à distinguer un petit groupe de personnes arriver à l'autre bout du couloir, tous vêtus de blancs, un masque à gaz devant le visage et l'insigne de Novus sur le torse.
Hey ! J'espère que vous allez bien et que ce chapitre vous a plu ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé en commentaires !
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- Nyx ?
- Qu'attendez-vous pour la suite ?
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