Instinctivement, n'ayant nul part d'autre où aller, je me dirige vers l'appartement d'Andréanne. La Lune se joint aux lampadaires pour éclairer les rues sinueuses que j'emprunte. Mes pas résonnent dans le silence de la nuit. Je n'arrête pas de penser à grand-mère... Est-ce qu'elle voudra bien me revoir, après ce que je viens de faire?
Arrivant devant l'immeuble, encore plus sinistre la nuit, je monte jusqu'au premier étage. Là, je respire un grand coup et frappe à la porte d'Andréanne. Faites qu'elle accepte de m'héberger! Après tout, c'est elle qui m'a dit d'informer Rosalie!
-Qui c'est? Demande ma chef.
-Edvin Keffer!
Silence. Puis, sa voix, murmure, presque inaudible :
-C'est... Ouvert...
Un peu inquiet, je rentre. Le froid de l'appartement me frigorifie. A l'intérieur, tout est en désordre, comme la première fois que je suis venus. Les rayons argentées de la Lune traversent les stores, laissant apercevoir Andréanne, allongée sur le sol.
Son regard livide et sa peau encore plus blanche qu'à l'accoutumé m'affole. Je me précipite sur elle, et la remonte sur le sofa, du quelle elle semble être tombée :
-Qu'est ce qui s'est passé?! Je m'exclame, en posant ma main sur son front.
Elle est bouillante. Sans attendre sa réponse, je vais chercher un verre d'eau fraiche. Alors que je le lui porte à la bouche, elle tourne la tête, grimaçante.
-Bois! Tu es brûlante... Dis moi ce qui t'arrives! Dis-je.
Mais je n'obtient que des gémissements incompréhensibles. Je me relève à nouveau, et pars chercher une serviette, que j'imbibe d'eau froide. Je reviens en courant presque, et lui tapote le visage avec. Reprenant peu à peu ses esprits, Andréanne articule :
-Je... Je vais bien...
Difficilement, elle se redresse. Toujours à moitié accroupis face à elle, je lui redemande :
-Qu'est ce qui t'arrives bon sang?!
Essuyant ses yeux humides, elle soupire d'épuisement :
-J'ai... Juste fais une crise... C'est tout... J'ai l'habitude...
-Une crise ?! Je m'exclame.
Elle ferme les yeux et reprends avec peine sa respiration :
-Laisse tomber, ça va mieux... Bon, toi, qu'est ce que tu fais chez moi, à minuit?
-Euh... Et bien, j'ai tout raconté à ma grand-mère. Et, elle n'a pas voulu comprendre... Du coup, je suis partis... Alors... Est-ce que... Tu peux m'héberger?
J'essaie de paraître encore plus désespéré, afin qu'elle s'attendrisse. Mais... Je parle à Andréanne Ivanov, pas à une personne comme les autres ! Cependant, contre toute attente, elle lâche:
-C'est d'accord... On va dire que c'est pour te remercier de m'avoir aidé à récupérer de cette crise... Mais je te préviens, tu ne resteras pas très longtemps! Et, j'espère que tu es propre!
Je pouffe de rire. Vu l'état de son appart, ça m'étonne qu'elle me reproche ça!
Le lendemain, la section n°55 se retrouve à son QG. Jo'leen ne me salut même pas, mais s'étonne de me voir arriver avec Andréanne. Chiyori, elle, nous sourit, en nous apportant un café.
-Tenez, chef! Tiens, Edvin!
Je prends la tasse chaude, et remarque : Chiyori vouvoies Andréanne ? Je n'avais jamais remarqué ça! Elle est la seule du groupe à le faire d'ailleurs... Pourquoi ?
-Bon, écoutez moi tous. Déclare Andréanne, se plaçant devant nous. Le sous directeur, M. Hockins, nous a enfin confié une mission : un fugitif à abattre, la routine.
Un frisson me parcours. Alors ça y est... Ca commence... Je jette un œil à mes collègues. Ils n'ont pas l'airs inquiets du tout. Comme la dit Andréanne, c'est la routine pour eux...
-Il s'appelle Tsuyu Osaki. Il était recherché par la police depuis 2 ans, à cause du meurtre d'une enfant, qu'il avait aussi violée. Mais il y a une semaine, ce fumier a été retrouvé mort, dans une ruelle. Il est oniraunote, et pour échapper au autorités, il s'est enfuis dans l'Argus.
Comme un élève, je lève la main et demande:
-Comment a t-il fait? Comment les criminels font-ils pour s'enfuir pour toujours dans l'Argus?
C'est alors Chiyori qui me répond, ses petits doigts entourant son café fumant :
-Ah oui... C'est vrai que cette information n'a jamais était vraiment révélée au public... Et bien, les criminels souhaitant s'enfuir, et capables d'aller dans l'Argus, s'empoissonnent et prennent un somnifère. Ainsi, il meurt pendant leur sommeil, pendant que leurs esprits est dans l'Argus.
-Si j'ai bien compris.... Je reprend. Les fugitifs se tuent dans nôtre monde, pendant leur sommeil... Et du coup, se retrouvent "piégés" dans l'Argus?
-C'est exact! Et nous, nous allons les punir dans l'Argus! S'exclame Andréanne, s'emparant de son pistolet et mimant un tire.
Quelques instants après, nous nous transportons tous dans l'Argus, à la recherche de Tsuyu Osaki. Alors que nous apparaissons juste devant un cyber-café, une voiture-volante manque de me renverser :
-FAIS GAFFE !! S'écrie le conducteur, en passant son visage à travers la vitre.
D'un geste brusque, Jo'leen me tire vers le trottoir. Je ne le remercie pas. Je n'arrive vraiment pas à lui pardonner ses propos de la dernière fois...
Autours de nous, les véhicules futuristes volent, et les publicités lumineuses chantent leurs slogans. Les gratte-ciels s'élèvent si haut qu'ils semblent atteindre les nuages.
-Bon... Selon mes informations, Tsuyu se cache dans un hôtel, à la 147e Avenue de l'Aile Droite de l'Argus... Allons y! Déclare Andréanne, en appelant un taxi qui passe par là.
Quelques minutes plus tard, nous voilà dans la dite avenue. C'est en réalité un quartier de jeux, où pullulent les boites de nuits, casinos, et autres lieux mal famés. Les gens sont pour la plupart ivres...
Soudain, un homme, âgée de la quarantaine, s'approche d'Andréanne et l'attrape par la taille :
-Hop là ma jolie! Je te tiens! Beugle t-il, la voix puant l'alcool.
Notre chef n'a même pas le temps de réagir que Jo'leen le frappe en pleine face. L'homme tombe à terre, mais, selon Jo'leen, il n'en a pas eus assez. Celui-ci le roue de coups de pieds, puis passe sa main derrière le dos d'Andréanne :
-Quel gros porc...
Enfin, nous arrivons devant la chambre d'hôtel de l'homme recherché. Alors que nous sommes tous face à la porte, nous nous munissons de nos armes.
-Vous êtes près? Chuchote Andréanne.
Nous acquiesçons. Alors, d'un coup, notre chef tire un coup sur la serrure. Dans la seconde qui suit, elle ouvre en grand et s'écrie:
-ARGUS LUCIDITY ! PAS UN GESTE !
Nous la suivons de près. Comme prévu, nous nous séparons pour fouiller l'appartement. Celui-ci est très sombre, encombré de cartons... Je me dirige vers le couloir, pistolet chargé.
-AAAAAAAH !!!
Chiyori !! Vite, je fais volte-face et retourne au séjour. Je la trouve prise en otage par un homme cagoulé. Il la tient contre lui, couteau sous la gorge. La jeune fille se débat, en vain.
-Toi ! Baisse ton flingue ! S'écrit Tsuyu Osaki, sous sa cagoule.
Pétrifié, je n'abaisse pas mon arme. Derrière moi, Andréanne et Jo'leen ne font rien. Pourquoi?! Chiyori va se faire trancher la gorge!
-T'AS ENTENDU !? Hurle à nouveau le criminel.
Non... Je ne peux pas... Je dois la sauver... Je dois juste viser la tête de ce fumier... Si je ne me loupe pas... Elle reste en vie !
Dans un élan de courage, je vise la tête de l'homme, et, prenant une grande inspiration, tire.