Se rendant compte que je ne lachais aucune réponse depuis déjà un moment, il se détache de moi et me regarde dans les yeux.
- Ça va?, me demande-t-il, inquiet.
Je ne peux que hocher la tête.
Je ne sais pas quoi penser face à tout ces aveux innatendus.
- Bon euh... je vais peut-être y aller, on se voit plus tard, finit par me dire Vic, visiblement gêné de n'avoir reçu aucune réaction de ma part.
Je hoche une nouvelle fois la tête, puis il me laisse demeurer seule dans la chambre.
Mon coeur bats si fort, ça en devient inquiétant.
Je recule d'un pas et m'assieds sur mon lit, secouée.
- Dieu, que c'était bizzare...
Je ne bouge pas d'un poil, repassant la scène dans ma tête.
*
Toc toc
J'entre dans le bureau avant d'adresser un grand sourire à Mme Kays.
- Ah mais c'est Mlle Gust que nous avons là. Comment te sens-tu Lys?
- Je vais très bien, et vous?, je demande poliment, en fermant la porte et m'asseyant sur un des sièges en face de la psy.
- Ça va bien, merci. Tu as très bonne mine, dis-moi, me dit-elle ravie. Serais-tu prête à quitter l'hôpital cette fois?
À l'entente de ces mots, je ressens un vide. C'est vrai, il fallait bien que je quitte l'hôpital un jour ou l'autre sachant que je n'étais même pas malade. Mais je me suis tellement attachée à cette endroit, aux personnes que j'y ai rencontré. Et... Vic m'a enfin tout avoué, je ne peux pas partir tout de suite.
- Lys?
Je lève les yeux vers mon interlocutrice, en sursaut. J'avais presque oublié qu'elle était là.
- Euh bah...
- Qu'est-ce qu'il se passe?
Je réfléchis un instant avant de répondre. Je ne peux pas lui dire que j'aimerai rester encore un peu à cause du fait que Vic s'est enfin ouvert à moi. Alors j'ai opté pour l'excuse de...
- Et bien... Je m'inquiète encore pour Vic. Vous savez ce qu'il lui ai arrivé et-
- Mpfh, Lys, ça s'est passé il y a plus de deux semaines maintenant, et je te rassure : il m'a aussi raconté pour sa grosse discussion avec son frère. Il a ajouté qu'il avait prit conscience de ses actes, et qu'il allait beaucoup mieux, m'interrompt Madame Kays, semblant remarquer mon petit jeu.
Aw.
- Sérieusement, qu'est-ce qu'il se passe?, elle me repose la question, toujours avec le sourire.
Je reste la bouche entrouverte, ne sachant que dire tandis que Mme Kays ne me lâche pas du regard, haussant un sourcil.
Dieu, arrêtez de me regarder comme ça, ça me fiche la frousse!
- Euh.. je-
- Tu es amoureuse, dit-elle sournoisement, m'arrachant les mots de la bouche.
Mon visage devient soudainement brulant de honte.
- Désolée, je lui réponds ne sachant pas trop quoi dire. J'avoue qu'elle m'a un peu prise de court.
- Pourquoi donc ?
- De ?
- Je veux dire, pourquoi t'excuse-tu? Il n'y a rien de mal à ressentir des émotions vis-à-vis d'un garçon. Tu sais, c'est totalement normal-
- Okay, okay ! Je n'ai pas tellement envie d'en parler, je la coupe très mal à l'aise à l'idée d'aborder ce sujet.
- Je comprends, me rassure-t-elle, vous, les adolescents ne tenez pas trop à parler ouvertement de ce que vous ressentez, je le sais ne t'inquiètes pas. Et c'est pour celà que je ne vais pas m'éterniser là dessus.
Dieu soit loué.
- En revanche, j'aimerais que tu te fasses une raison-
- Oui, je sais. Je dois m'en aller. Mon départ est prévu pour quand ?
- Demain, me répond-t-elle instantanément.
DEMAIN ?
- Désolée, j'aurais peut-être dû te prévenir un peu plus tôt, me dit-elle amusée par mon expression étonnée.
Deux fois, ça fait deux fois qu'elle me prend de court ! Bizarrement mon estime pour elle a fait une chute libre.
- Oui, en effet, j'ajoute faiblement par peur qu'elle le prenne mal.
- Bon, parlons plus sérieusement cette fois. J'ai pris contact avec tes parents et nous avons décidé ensemble de faire parvenir le dossier que j'ai dressé sur ton cas à la direction de l'hôpital. Et eux, ont transféré ton cas à la police. L'enquête est encore en cour mais je pense qu'ils la boucleront dans plus très longtemps.
- D'accord
- Ce qui m'emmène à te dire qu'il y aura très probablement un procès, et que tu y seras convoquée en tant que témoin.
- Oui.
- Bien. C'est tout ce que j'avais à te dire, tu peux t'en aller retrouver Vic et les autres, et commencer à faire tes sacs, elle me sourit chaleureusement.
- Oui madame, je lui souris et me lève pour me diriger vers la sortie.
*
C'est calme, le seul bruit que je perçois et celui de la climatisation et la respiration endormie de Vic. Je suis allongée sur le lit que j'ai déserté. Je suis venue dire à Vic que j'allais devoir partir définitivement demain, mais malheureusement pour moi, Monsieur dort... Alors j'attends qu'il se réveille, tranquillement - puisque de toute façon je n'ai rien d'autre à faire. Je n'arrive à penser à rien. Pourtant Dieu sait que des questions, ce n'est pas ce qui manque dans mon esprit. Mais je ne sais pas... mon cerveau s'est mit momentanément en pause, ou quelque chose comme ça. Sûrement parce qu'il s'est passé beaucoup trop d'événements ces derniers temps et qu'il a du mal à les assimiler? Je ne sais pas.
Je scrute le plafond du regard, quelques tâches y trônent par ci, pas là. D'ailleurs, comment se fait-il qu'on retrouve toujours de petites tâches sur les plafonds alors qu'on ne pose jamais rien dessus ? Mon téléphone portable vibre entre mes mains : un SMS de Nia.
" L'Ancienne Malade Aux Cheveux Rouges : Salut !
Moi : Hey !
L'Ancienne Malade Aux Cheveux Rouges : Comment ça va? J'ai entendu dire que ce dernier mois a été agités ici, à l'Hopital De La Ville... Tout va bien ?
Moi : Ça peut aller oui, en effet il s'est passé pas mal de chose..
L'Ancienne Malade Aux Cheveux Rouges: Et je sais aussi que tu as encore fini dans les chambres bleues... Tu es sûre que ça va ?
Moi : Oui, oui. Ne t'en fais pas je vais beaucoup mieux. Tellement mieux que je sors demain.
L'Ancienne Malade Aux Cheveux Rouges : C'est une excellente nouvelle ! Je suis contente pour toi !
Moi : Oui..
L'Ancienne Malade Aux Cheveux Rouges : Tu n'a pas l'air si emballée
Moi : Bah... pour être honnête je ne sais pas trop ce que je serais censée faire quand je serai sortie de là, et je vais abandonner Vic en quelque sorte... Je me sens déjà coupable. Et en plus de ça, un procès m'attendra dehors contre l'infirmière de mon lycée.
L'Ancienne Malade Aux Cheveux Rouges : Oui je vois, en effet c'est pas très simple comme situation. Mais tu t'es beaucoup trop mise en danger dans cet endroit, et je doute que ce soit sain pour toi d'y rester, et Vic aussi doit penser la même chose. Donc je peux t'assurer qu'il ne se sentira pas du tout abandonné. Loin de là.
Moi : Si tu le dis.
L'Ancienne Malade Aux Cheveux Rouges : Yup, si je le dis. Et pour le procès : tout va bien se passer... en tout cas je l'espère.
Moi : Wow tu sais comment rassurer les gens à ce que je vois
L'Ancienne Malade Aux Cheveux Rouges : Oui, on me le dit souvent, je crois que j'ai un don pour ça.
Moi : Lol Oh Nia, que tu nous manque ici.
L'Ancienne Malade Aux Cheveux Rouges : Vous me manquez aussi <3
Moi : Oh et... Vic m'a tout avoué.
L'Ancienne Malade Aux Cheveux Rouges : Oui, je sais. Il m'en a parlé il y a quelques heures. C'est cool!
Moi : Si on veut oui, je suis paumé moi, maintenant.
L'Ancienne Malade Aux Cheveux Rouges : Je ne vois pas pourquoi. Il t'as clairement dit qu'il t'aimait, et c'est réciproque. Je vois pas plus simple comme situation
Moi : Oui mais je te rappelle qu'il m'a rejeté sec à un moment, et maintenant il me dit qu'il tient à moi.. Tu comprends que ça me fait un choc.
L'Ancienne Malade Aux Cheveux Rouges : Oui bien sûr.."
J'entends Vic changer de position pendant son sommeil.
Je reste immobile, à regarder l'écran de mon cellulaire, attendant un autre message de Nia ne sachant quoi dire pour continuer la discussion.
Nia n'a pas l'air d'être plus inspirée que moi, après quelques minutes, je me résolu à verrouiller mon téléphone. Je regarde à travers l'écran dorénavant noir : je vois mon reflet. Des cernes sont bien présente et j'ai le teint très pâle, je veux dire plus que d'habitude. Je ne me suis jamais trouvé aussi affreuse... Comment j'ai pu en arriver là...
- T'es au courant que ton téléphone est éteins?