Ganadi - Tome I : Le pays de...

Oleh MannerMemories

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Quand après plusieurs années de règne sur le pays de Ménai, contrée bordée par le mystérieux « Mur de Montagn... Lebih Banyak

Prologue
Chapitre un
Chapitre deux
Chapitre quatre

Chapitre trois

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Oleh MannerMemories


Les deux compagnons ne marchèrent pas très longtemps avant de tomber sur une petite habitation au bord de l'eau.

— Allons voir s'il y a quelqu'un, proposa Ganadi, mais restons méfiants. Ma tête était affichée à Saro, elle l'est peut-être ailleurs. Alors au moindre souci, on file !

— Oui, acquiesça son ami. Allons-y prudemment.

Une fois devant la porte d'entrée, Ganadi toqua. Quelques secondes plus tard, la porte en bois s'entrouvrit et une vieille dame passa la tête. En le voyant, elle parut déconcertée.

— Qui êtes-vous ? demanda-t-elle d'un ton inquiet.

— Bonjour madame, nous sommes deux honnêtes voyageurs qui veulent uniquement traverser le fleuve. Pouvez-vous nous aider ? Nous avons de quoi payer. Il sortit sa bourse pour le lui prouver.

— Vous n'êtes que deux ? Entrez, mon mari est parti chercher des provisions à Kola et il ne devrait plus tarder, annonça-t-elle, en ouvrant la porte et en fixant Ganadi. Laissez vos armes ici s'il vous plaît. Si vous voulez boire quelque chose en attendant, suivez-moi. Puis elle les emmena dans la pièce à vivre, où une théière sifflait sur le feu.

— C'est très gentil de votre part d'accepter de nous aider, dit-il.

— C'est normal, de nos jours on ne voit plus beaucoup de monde mon mari et moi, alors cela fait toujours plaisir de pouvoir aider, répondit la dame, une drôle d'expression sur le visage.

Un bruit d'eau se fit alors entendre par la fenêtre ouverte, sûrement le mari qui venait d'accoster. Une lueur mêlant à la fois peur et victoire passa furtivement dans les yeux de leur hôte. Ganadi jeta un regard à son ami, et le surprit en train de jouer nerveusement avec une brindille. La dame se leva et se dirigea vers l'unique fenêtre de la pièce. Il en profita pour sortir quelques pièces d'or de sa bourse et les mettre au fond de sa poche, de façon à ne pas avoir à la sortir devant le mari de la vieille femme.

— C'est lui. Restez là, je vais lui expliquer la situation. Je reviens tout de suite. Puis elle se dirigea vers l'entrée d'un air inquiet.

Une fois leur hôte dehors, Ganadi chuchota à son ami :

— Quelque chose ne va pas. Cette pauvre femme a peur, cela se voit.

— Tu crois ? demanda-t-il en se levant. « Alors préparons-nous ! ». Il alla discrètement dans l'entrée, et en revint quelques secondes plus tard, une dague dans chaque main. Il en donna une à son ami, et se rassit à ses côtés, les dagues cachées sous la table.

Après plusieurs minutes, la porte s'ouvrit et un gros homme chauve entra dans la petite maison, et fixa les deux compagnons de route l'air méfiant.

Avec un sourire forcé, il lança :

— Bonjour. Ma femme m'a tout raconté. Nous pouvons effectivement vous faire traverser. Je vais juste vous poser quelques questions d'abord, afin de m'assurer que vous n'êtes pas des brigands. Désolé, mais on n'est jamais trop prudents.

— Entendu, répondit Ganadi en se détendant. Nous répondrons à toutes vos questions, seulement nous sommes pressés. Nous avons de quoi généreusement payer vos services.

— D'où venez-vous ? Et pourquoi voulez-vous traverser le fleuve ? Demanda le mari en fronçant légèrement les sourcils.

— Nous venons de Betola. Nous nous rendons chez ma tante à Kola. Puis en désignant Yergan, il dit :

— Voici mon petit frère.

L'homme parut réfléchir à toute vitesse. Puis en se tournant nerveusement vers sa femme qui n'avait pas fait un geste, il lâcha à l'intention des deux garçons :

— Très bien. Suivez-moi, je vais vous faire traverser.

Ganadi glissa furtivement sa dague à sa ceinture et se leva. Soudain, il vit poser sur une caisse en bois près d'une lampe à huile le dessin d'un portrait. Ce n'est qu'en s'approchant qu'il comprit que c'était l'acte de recherche qu'il avait vu il y a peu affiché à Saro. Posant la main sur le manche de sa dague, son regard croisa alors celui de l'homme qui voulait les faire traverser

Ensuite, tout s'enchaîna de façon très rapide. Le gros homme chauve se jeta sur Ganadi, les mains en avant. Il l'évita de justesse en roulant sur le côté, et rejoignit Yergan. Les deux amis avaient leurs couteaux en main. La femme sanglotait bruyamment dans un coin de la maison.

— Que nous voulez-vous ? lança Ganadi.

— Petit, nous sommes désolés mais nous ne pouvons pas te laisser partir, dit-il d'une traite, le regard mauvais. Le roi a mis ta tête à prix, et le double si tu es ramené vivant, reprit-il, le visage rouge.

— Vous êtes fous ! répondit-il. Nous voulons juste traverser le fleuve avec votre barque, et nous vous payerons honnêtement. Inutile d'en venir aux mains.

L'homme prit un couteau à viande posé sur un meuble, et s'approcha pas à pas des deux jeunes hommes, la mine sévère. D'un coup il chargea comme un mufle, l'arme en avant et au dernier moment les deux amis s'écartèrent, puis Ganadi fondit sur lui et lui asséna un coup du plat de sa dague derrière la tête, et l'homme tomba lourdement sur le sol.

— Vous... vous avez tué mon mari, dit la femme en sanglotant. Vous l'avez tué !

— Calmez-vous, répliqua Ganadi, il est juste assommé, il reviendra à lui dans un moment. Et c'est lui qui a essayé de nous tuer, si vous n'aviez pas remarqué. Nous voulions juste traverser, et vous nous avez trahis. Nous partons avec la barque. Prenez cela en guise de dédommagement.

Il laissa quatre pièces d'or sur la table et sortit, son ami sur les talons, laissant la femme seule. Ils prirent leurs armes au passage, et s'installèrent dans la barque plutôt étroite.

— Tu devrais me passer les rames, proposa Yergan, qui avait l'habitude de naviguer sur une barque.

Ganadi vit que son ami avait le teint blafard.

— Tu as eu peur ?

— Oui, je ne suis pas très courageux, se lamenta-t-il. Tandis que toi, tu n'as pas hésité une seconde à assommer cet homme. Si j'avais été seul, il m'aurait capturé sans problème. Je ne suis qu'un poids pour toi, je vais uniquement te ralentir.

— Et moi je suis sûr que tu te trompes. Tu as d'autres talents, comme la pêche. Sans toi, la traversée du fleuve serait bien plus longue. Tu deviendras courageux Yergan, j'en suis sûr, répondit chaleureusement son ami en lui mettant un coup de poing sur l'épaule.

***

La traversée fut calme, et arrivés de l'autre côté, les amis accostèrent sur un petit rivage non loin de Kola.

— Voilà le village ! s'exclama Yergan en désignant les habitations plus loin devant eux de l'index.

— Nous y voilà donc. Il nous faut acheter des provisions. Soyons brefs et discrets, c'est un petit village où le commerce est florissant, alors ne nous faisons pas remarquer. Ici aussi, je suis recherché, nous en avons fait les frais un peu plus tôt. Il nous faut cacher nos armes. La forêt n'est pas loin, allons les mettre dans le creux d'un arbre, le temps de nous procurer ce qu'il nous faut, puis nous continuerons notre route.

Ils tirèrent la barque sur le rivage, de façon à la dissimuler derrière une épaisse motte d'herbe. À quelques pas de là, à l'orée de la forêt se dressait un vieil arbre, avec un tronc énorme. Entre les racines, plusieurs trous apparaissaient, parfaits pour y cacher quelque chose. Ils déposèrent donc presque tout à cet endroit -gardant néanmoins une dague chacun qu'ils dissimulèrent sur eux-, et se mirent en route pour la ville.

***

— Nous devons déjà trouver un cordonnier, car si nous continuons de marcher avec ces bottes, bientôt en plus de l'air même la pluie rentrera à l'intérieur, constata Ganadi en montrant sa chaussure usée avec plusieurs trous en train de se former. Il nous faudra aussi un vêtement chaud si nous ne voulons pas mourir de froid dans les montagnes.

Soudain il s'arrêta net. Il avait l'impression que quelqu'un l'espionnait sur leur droite, mais quand il se tourna vers l'endroit en question, il ne vit qu'une mèche de cheveux noirs qui disparut derrière un mur.

— Qu'as-tu vu ? demanda son ami intrigué, en regardant au même endroit.

— J'ai cru voir quelqu'un nous observer, là-bas. Mais je n'en suis pas sûr, peut-être mon imagination. Je suis fatigué. Continuons, et soyons prudents. Je ne suis jamais venu à Kola, sais-tu où est le cordonnier ?

— Je ne suis pas venu souvent, répondit Yergan, mais il me semble que c'est un peu plus loin, il y a une place avec plusieurs marchands.

— Dépêchons-nous alors. Je pense que si nous partons bientôt, nous arriverons ce soir au pied de la montagne. Alors, on pourra trouver une grotte, pour nous reposer, manger et se laver. Sinon, nous ne tiendrons pas deux jours dans le froid.

Il était tôt, mais il y avait déjà beaucoup de monde dehors. Les deux compagnons de route virent plusieurs affiches avec une fois de plus la tête de Ganadi dessus, ce qui n'était pas pour les rassurer. Néanmoins, ils ne virent aucun garde, ils en profitèrent donc pour se détendre un peu. Ils achetèrent à un vieux paysan, un pain chacun qu'ils dévorèrent, deux paires de bottes bien solides et faites pour la marche, ainsi que deux grosses capes en peau de mouton.

Ils s'apprêtaient à repartir, quand un marchand de pommes hurla « Au voleur ! ». Au même moment, un jeune garçon passa entre eux en bousculant Yergan, et fila tout droit, une pomme dans chaque main. Deux gardes armés d'épées débarquèrent alors, et se mirent à pourchasser l'enfant. Ganadi s'apprêtait à attraper son ami et à filer, quand soudain une jeune fille de son âge, aux traits fins, à la peau lisse et aux cheveux noirs, s'approcha d'eux et les entraîna dans une ruelle vide.

— Oh non, ils vont attraper mon frère... Quel idiot ! lâcha-t-elle, l'air affolée.

— Qui es-tu ? la questionna Ganadi, en se dégageant d'elle, une main sur le manche de sa dague.

— Pardon, je m'appelle Jen. C'est Mélina qui m'a demandé de veiller sur vous, dit-elle en se tournant et en montrant son cou. Je suis de votre côté. J'étais seule, jusqu'à ce que je voie que mon petit frère m'avait suivie. Et évidemment, il n'a pas pu s'empêcher d'aller voler quelque chose à manger. Ces deux gardes ont déjà dû l'attraper. Ils se sont installés plus bas dans la ville, il y a une réserve d'armes. En fait, ils sont arrivés il y a peu de temps, et comme tu as pu le remarquer, ils te recherchent activement. Mélina m'a dit que le roi te cherchait personnellement. Je ne sais pas ce que tu lui as fait, mais fais en sorte qu'il ne te trouve pas, dit-elle en souriant à Ganadi.

— Soit, mais pourquoi Mélina t'a-t-elle demandé de nous surveiller ? Nous sommes grands, répondit ce dernier. Tu devrais plutôt surveiller ton petit frère.

— Oui, mais non. Elle veut que je vous aide à trouver le campement, et de toute façon, sans moi, ils ne vous laisseront pas rentrer, répondit-elle. Maintenant, si vous le voulez bien, je dois aller sauver cet idiot qui me sert de frère.

Ganadi la regarda rapidement. Elle faisait sa taille. Elle était mince, avec des cheveux d'un noir de jais, attachés par un petit ruban. Avec un beau visage et des yeux bleus, Jen était vraiment jolie.

Yergan, qui n'avait encore rien dit, prit la parole :

— Il commence à y avoir de l'agitation dehors. Heureux d'avoir fait ta connaissance Jen, mais je n'ai pas envie de faire celle d'un garde. Je pense que l'on devrait partir.

— Il n'y a qu'une dizaine de gardes à Kola. Je saurai me débrouiller. Allez dans les bois, et je vous retrouverai. Ne vous faites surtout pas attraper. Sortez par le nord, et...

— Non. Nous allons t'aider à retrouver ton frère, la coupa Ganadi, l'air décidé. Que font-ils aux voleurs par ici ?

Yergan, nerveux, semblait déconcerté par la réponse de son ami.

— En temps normal, ils lui auraient peut-être coupé la main, tout au plus. Mais ces derniers temps le roi force les gardes à agir cruellement, plus que d'habitude. C'est sûr, ils vont le tuer, déclara la jeune fille.

— Et tu sais où ils ont pu l'emmener ? questionna Ganadi.

— Dans la réserve d'armes, sûrement. Ils vont faire cela rapidement, répondit-elle sur un ton solennel.

Ganadi se tourna vers son compagnon :

— Yergan, si tu veux m'attendre, retourne à la barque. Je t'y rejoindrai rapidement. Ne t'en fais pas pour moi, mais tu n'es pas prêt pour cela. Fais attention à toi.

— Tu es sûr de toi ? Je t'avais promis de t'accompagner... répondit-il, résigné.

— De m'accompagner oui, pas de te faire tuer. De plus, nous serons plus discrets à deux, si nous pouvons éviter de nous battre, nous le ferons. Les gardes ne savent pas à quoi tu ressembles, tant que tu n'es pas avec moi, tu es en sécurité.

— Très bien, j'attendrai près des armes alors. Ne te fais pas tuer, répondit son ami, la mine sérieuse.

La fille prit Ganadi par la main et l'entraîna sur le marché, où son petit frère se faisait poursuivre un peu plus tôt.

— Essayons de voir s'ils l'ont emmené dans leur cachette. Il va peut-être falloir utiliser nos armes Ganadi. Tu t'en sens capable ? lui demanda-t-elle en plongeant son regard dans le sien.

— Je m'en suis servi plusieurs fois. Je préfère de loin mon arc, mais il est caché dans la forêt. Je n'ai pas le choix. Tu as une idée de comment sauver ton frère ? répliqua-t-il, hésitant.

Mais elle ne lui répondit pas. Jen s'était arrêté et regardait un peu plus loin devant. Deux gardes tenaient le garçon, un de chaque côté. Ils sortaient du village, par l'est.

Elle dit d'un air déterminé :

— C'est notre chance. Suivons-les, et dès qu'ils seront sortis du village, nous leur tomberont dessus.

— Entendu, mais tu es certaine que nous serons de taille ? demanda Ganadi, pas sûr de lui.

— Évidemment, j'ai été entraînée. Ces gardes sont certes méchants, mais ils ont été enrôlés pour la plupart contre leur gré. Ils n'ont pas suivi d'entraînement régulier, répondit-elle, confiante.

Ganadi repensa à Mélina et à l'aisance avec laquelle elle avait tué ces six hommes. « Elle m'a caché cela tout ce temps. Elle n'a plus rien à voir avec celle que j'ai connue. » pensa-t-il.

Ainsi donc, ils suivirent les deux gardes à bonne distance, pour ne pas se faire repérer. Une fois hors du village, les deux gardes s'isolèrent. Ne sachant pas qu'ils étaient suivis, ils parlèrent à voix haute.

— Alors comme ça on vole s'amuse à...hic, voler honnêtes les marchands... ? Euh... hic, voler les honnêtes marchands ? Tu vas voir, je...hic, vais t'apprendre moi, hoqueta le premier garde, un grand avec une épée à la ceinture.

— Tu as trop bu, idiot. Laisse-moi m'en occuper. On lui coupe les deux mains ? On ne va pas le tuer, il fait la moitié de notre taille, répondit le deuxième, l'épée à la main, en saisissant le garçon.

— Le roi nous a dit de ne rien laisser passer... hic, tuons le en vitesse, et lançons son cadavre à la flotte... hic, reprit le premier avec du mal.

Jen regarda Ganadi et lui chuchota :

— Prends celui qui est ivre. Assomme-le, ou tue le, peu importe. Je m'occupe de l'autre. Fais vite, ne ratons pas notre chance ! Elle sortit une lame de son pantalon, et se faufila derrière le second homme. Ganadi fonça sur le premier, mais se prit les pieds dans une racine et trébucha, faisant tomber son arme et attirant l'attention des deux hommes.

— Tiens, je crois bien qu'on n'est pas seuls. Maintenant, on n'a plus le choix, il faut les tuer tous les deux, déclara le second, en mettant une claque au petit garçon à genoux devant lui, qui s'effondra sous le choc. Puis il leva son épée vers Ganadi, quand soudain la fille se rua sur lui par la droite et lui ficha la pointe de sa lame dans l'œil. Elle recula vivement pour éviter l'épée qui siffla juste devant-elle.

Pendant ce temps, le garde ivre se jeta sur Ganadi, toujours au sol, qui esquiva de justesse en roulant sur le côté. Il attrapa une pierre grosse comme son poing, et le temps que le garde se rende compte qu'il avait raté son coup, se releva et lui asséna un violent coup à la tempe. Il tomba à la renverse, assommé. « Si le garde avait été en pleine possession de ses moyens, je serais sûrement mort. » se reprocha le jeune homme. Il jeta un regard à l'autre garde, qui était mort au sol, l'œil en sang, la lame toujours fichée dedans.

— Il faut l'achever, déclara Jen en désignant le garde ivre qui gisait au sol, il a vu ta tête. Ce serait prendre des risques que de le laisser en vie. Tu t'en charges ?

— Accorde-moi une minute. Je n'ai encore jamais tué personne, répondit-il le souffle court.

— Tu dois t'endurcir, tu sais. Il a failli te tuer. Et s'il avait pu, il l'aurait fait. Et ce n'est pas le dernier que tu devras tuer. Tu veux que je m'en occupe ?

Elle s'agenouilla près de son frère. « Il respire. Il a besoin de repos. ».

Même couverte de boue et de transpiration, un charme se dégageait de Jen. Elle était confiante, et savait ce qu'elle faisait.

Soudain elle regarda un peu plus haut sur le chemin et se figea. Trois gardes en pleine discussion arrivaient droit sur eux.

— Ils arrivent sur nous ! Il faut partir par là, contourner le village. Elle désignait du doigt un petit chemin escarpé un peu plus loin.

C'est alors qu'un des gardes regarda dans leur direction, et fulmina. Les trois se mirent à courir vers eux, avec un peu de mal. Sans doute avaient-ils bu, eux aussi. « Décidément, nous sommes chanceux aujourd'hui » se dit Ganadi.

Jen mit son petit frère sur l'épaule, et partit au pas de course vers le chemin qu'elle avait indiqué quelques secondes plus tôt, son compagnon juste derrière elle. Ils gagnaient de l'avance sur les autres gardes, qui allaient sûrement s'arrêter auprès de leurs deux amis gisants au sol. Après trois minutes de course effrénée, un bref coup d'œil derrière lui apprit à Ganadi qu'ils n'étaient plus pourchassés.

Il s'arrêta aux côtés de son amie et dit à bout de souffle :

— L'autre garde n'est pas mort. Il va leur dire que j'étais à Kola aujourd'hui, et ils vont renforcer la garde. On va se faire prendre !

— Mais non. Nous pourrions effacer nos traces dans la forêt, grâce aux cours d'eau. Et puis une fois au pied de la montagne, ils ne pourront plus nous suivre. Fais-moi confiance.

— Nous devons continuer à un rythme soutenu. Ne prenons pas de risque. Continuons tout droit, l'orée de la forêt n'est plus très loin maintenant. Au fait Jen, tu nous espionnais depuis quand ? J'ai cru te voir plusieurs fois, en arrivant à Kola. Tu nous suivais, n'est-ce pas ?

— Oui. Je te dois quelques explications, c'est vrai. Nous étions, avec mes parents et une petite troupe de rebelles en train de combattre les hommes du roi, près d'ici. C'est là que Mélina m'a trouvée et m'a demandé de te rejoindre à Kola, pour te surveiller. Je n'ai pas pu lui refuser. C'est une femme bien. Elle nous a beaucoup aidés depuis qu'elle fait partie de la compagnie.

— Je vois, et ton frère... hésita Ganadi.

— Aldric, précisa-t-elle.

— Aldric t'a suivi donc. Mais comment as-tu fait pour ne pas le voir, demanda-t-il, surpris.

— Il est discret. Et agile. Il s'entraîne beaucoup malgré son jeune âge. Mais il agit le plus souvent inconsciemment. Répondit-elle en regardant autour d'elle. Il nous faut un cheval. Je ne pourrai pas le porter plus longtemps.

— Volons-en un, proposa Ganadi, en désignant une petite écurie plus loin, où se trouvaient plusieurs chevaux tenus par la bride.

— Oui. Ce ne sera pas très confortable, mais de toute façon dans son état mieux vaut cela que rien. Dans la forêt je trouverai de quoi le soulager.

Ainsi donc, ils volèrent un cheval. Personne ne les vit, et ils partirent avec Aldric, encore inconscient sur le dos du cheval. Le reste du voyage se fit en silence. Ganadi avait beaucoup de questions à poser, mais il ne dit rien. « Ce n'est pas le bon moment » pensa-t-il.


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