Rimbaud et Lolita

By OhMyLonelyMonster

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La disparition de la jeune Nola Kellergan, tout le monde l'a oubliée, à Aurora. Ça se comprend, l'affaire rem... More

blurb
disclaimer
prologue
un // mouettes
deux // carottes
trois // cafés
quatre // équation
cinq // pluie
six // boîte
sept // monstre
huit // amertume
neuf // photographie
petit mot de l'auteure
dix // médisances
onze // vérité
douze // vengeance
treize // maison
quatorze // millard
quinze // lâche
seize // bébé
dix-sept // point de non-retour
dix-huit // embarras
dix-neuf // fantôme
vingt // corps
vingt-et-un // inopiné
vingt-deux // parias
vingt-trois // mère
bonus // océan mer
vingt-quatre // colère
vingt-cinq // winston
vingt-six // manuscrit
vingt-sept // sweet sixteen
vingt-huit // pénultième (1)
vingt-huit // pénultième (2)
vingt-neuf // glas
trente // rideau
trente-et-un // calamité
trente-deux // adieux
trente-trois // magouilles
trente-quatre // canada
trente-cinq // déchéance
trente-six // twitter
trente-huit // retrouvailles
bonus // montages photos
trente-neuf // règle d'or
quarante // dorian gray (1)
quarante // dorian gray (2)
épilogue
the end...or is it?
des mouettes et des hommes

trente-sept // alma

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By OhMyLonelyMonster

True Friends, Bring Me The Horizon

Broadway était encore tout illuminée quand il se gara dans la célèbre rue qu'il avait quittée à peine douze heures plus tôt. À cette heure si tardive, entre la nuit et le jour, seuls des touristes insomniaques et de jeunes gens éméchés se promenaient dans la ville qui ne dormait jamais. Il ne leur accorda pas la moindre attention tandis qu'il se dirigeait, guidé par son portable, vers l'adresse qu'Aldous — ou plutôt Alma — lui avait donnée tout à l'heure.

Passé le choc de la véritable identité d'Alma, Marcus avait repris ses esprits et compris que si elle l'avait appelé, c'était pour lui proposer une rencontre là, maintenant, histoire qu'ils se vident le cœur en face-à-face après deux ans de non-dits.

Naturellement, c'était hors de question. Non seulement il était 3 h du matin, mais en plus ce n'était pas avec Alma qu'il désirait le plus s'entretenir, mais avec Daisy. Ce qu'avait à lui confier Alma pouvait attendre au lendemain, ce n'était quand même pas si urgent.

— Et puis, tu as vu l'heure? Je suis crevé, moi.

— À t'entendre, tu n'as pas l'air crevé.

— Tout de même, je préfèrerais qu'on se voit un autre jour.

— Si j'emmène Daisy avec moi, tu acceptes qu'on se voit cette nuit?

— Ne la réveille pas pour ça!

— Oh, mais elle est déjà réveillée. Elle est à côté de moi.

— Non... Ne me dis qu'elle a tout entendu?

— On se voit dans une heure, Marcus Goldman. Je t'envoie l'adresse par sms.

Il savait qu'après un tel coup de fil, et malgré toute la fatigue accumulée, il ne pourrait jamais s'endormir, alors autant se pointer à ce fameux « rendez-vous ». Quoi qu'il arrive.

Comme il marchait d'un pas rapide, il arriva au lieu de rencontre au bout de dix minutes et grimaça à la vue du gigantesque M qui s'élevait sur plusieurs mètres, gigantesque structure parée de néons jaunes fluos qui semblait crier bouffe-moi, je suis délicieux. Pure pollution visuelle, de l'avis de Marcus. Il n'avait jamais aimé les restaurants McDonald's; le menu comme la décoration ne lui plaisaient pas le moins du monde.

Mais il n'avait pas le choix d'y entrer. C'était là qu'on l'attendait.

Dès qu'il poussa la porte, il soupira de soulagement en sentant la climatisation effleurer sa peau humide de sueur. Bien que le soleil fût couché depuis des heures au grand bonheur des New-Yorkais qui n'en pouvaient plus de cette canicule, l'humidité n'avait pas fait preuve de tant de générosité à leur égard et continuait de les harasser sans la moindre pitié.

Marcus fit quelques pas dans le restaurant avant de retrousser le nez. Les relents de friture et de burgers accumulés tout au long de la journée flottaient dans l'air ambiant. Il se croisa les bras et n'eut même pas à se forcer pour exhiber une grimace de dégoût, comme pour montrer à la plèbe qu'il était bien mécontent de fouler le sol de leur royaume sale et graisseux, que s'il avait eu le choix, il ne serait certainement pas là.

Sans grand enthousiasme, il promena son regard sur les quatre ou cinq clients occupés à manger ou à lire le journal. Pas d'Alma ou de Daisy en vue. Elles ne devaient pas être encore arrivées. En les attendant, il se commanda un cappuccino glacé et un muffin aux carottes, à la suite de quoi il se laissa tomber sur une banquette qui était aussi inconfortable qu'elle en avait l'air.

Son seul avantage, c'était qu'au moins, de là où il était, personne ne pouvait l'apercevoir du trottoir. Bien qu'il fût très tard — ou très tôt —, il ne tenait pas à ce qu'un bouseux le reconnaisse et aille cancaner avec tous ses amis que le dernier Goldman s'était si mal vendu que son auteur devait désormais se contenter de fast-food, à 4 h du matin qui plus est, s'il désirait manger au restaurant.

Marcus jeta un œil circonspect à son plateau duquel se dégageaient les parfums médiocres du mauvais café et de la pâtisserie industrialisée, mais puisqu'il avait acheté l'un et l'autre, autant y goûter. Avec réticence, il porta à ses lèvres le gobelet de carton qu'il aurait très certainement balancé à la poubelle, les yeux plissés de dégoût, si au même moment une rouquine au chignon serré et une brune, que des talons hauts grandissaient d'au moins dix centimètres, n'étaient entrées dans le restaurant.

Daisy. Et Alma.

La tête baissée, comme si son repas de piètre qualité lui apparaissait soudain comme la septième merveille du monde, il les zieuta avec une gêne que d'aucuns auraient pu interpréter au mieux comme de la pudeur, au pire comme du voyeurisme.

Les deux jeunes femmes, pourtant, ne lui prêtaient pas la moindre attention, ni à lui ni aux autres clients. Elles étaient bien trop occupées à s'insulter avec moult tendresse : elles se chamaillaient un instant, riaient à gorge déployées, puis se bouffaient des yeux avant de recommencer leur petit manège, toutes deux accoudées côte à côte au comptoir en attendant qu'on vienne prendre leurs commandes.

Elles lui tournaient le dos, mais ce petit détail ne l'empêcha pas de remarquer qu'Alma n'avait pas du tout le même style vestimentaire qu'Aldous : il avait l'habitude voir celui-ci affublé en toutes circonstances de pantalons noirs et d'un t-shirt trop ample pour son corps maigrichon et s'étonnait de voir celle-là revêtue d'une jupe crayon et d'un débardeur assorti. La jeune femme serrait Daisy contre elle en riant, et ses cheveux à présent longs et bouclés virevoltaient dans les airs. À l'époque d'un noir opaque, ils s'étaient diluées en une teinte brune, presque auburn.

Outre sa nouvelle apparence, Alma semblait beaucoup plus confiante et cajoleuse que son alter ego, dont Marcus se souvenait comme d'un garçon méprisable, asocial et timoré; elle, au contraire, souriait et plaisantait volontiers avec la vieille dame qui prenait sa commande. C'était certain, s'il l'avait croisée au détour d'une rue, jamais il ne l'aurait reconnue.

Daisy finit enfin par la repousser.

— Arrête, je déteste quand tu fais ça, gémit-elle.

Mais à son ton de voix amusé, elle ne se plaignait que pour la forme. Elle donna un gentil coup de poing à l'épaule d'Alma, qui riait toujours, et s'assura que son chignon ne s'était pas défait, après quoi elle replaça les mèches qui tombaient de chaque côté de son visage. À vue d'œil, si sa copine avait gagné plusieurs centimètres grâce à ses talons, Daisy, fidèle à ses vieilles Converse, avait conservé son petit mètre cinquante-cinq.

Quand leurs commandes furent prêtes, les deux jeunes femmes s'emparèrent chacune de leur plateau et, debout l'une à côté de l'autre, promenèrent leurs regards sur la salle. Instinctivement, Marcus fixa du regard sa maigre collation, à laquelle il n'avait par ailleurs pas encore touché. Devait-il leur faire signe ou attendre qu'elles le reconnaissent?

Comme il hésitait, il resta immobile comme un parfait imbécile jusqu'à ce qu'il les aperçoive du coin de l'œil s'installer à sa table, en face de lui, sans y avoir été invitées. À contrecœur, il leva la tête vers elles. Et écarquilla les yeux. Des adolescents qu'il avait côtoyés deux ans plus tôt, il ne restait plus rien.

Leur posture, plus affirmée. Leurs cicatrices d'acné, guéries. Leurs lèvres gercées, barbouillées de rouge. Leur diction pâteuse, remplacée par une bonne articulation. Ce n'étaient plus des adolescentes. Mais pas non plus des adultes. Elles étaient juste entre les deux, à cet âge ingrat où la société vous intime à la fois de vous responsabiliser et de profiter de votre jeunesse.

Elles ne le saluèrent ni ne lui demandèrent de ses nouvelles, comme s'ils s'étaient tous vus le matin même. Sans un mot, elles entamèrent leur Big Mac et leurs frites, et il se demanda comment elles pouvaient ingurgiter tout ça à cette heure de la nuit.

Après un moment, il se racla la gorge et essaya de détendre l'atmosphère :

— Vous comptez jouer les muettes pendant longtemps?

Daisy, son énorme burger dans ses petites mains, fixa sur lui son regard mutin et lorsqu'elle ouvrit la bouche, ce ne fut pas pour s'adresser à lui mais à sa copine :

— T'en penses quoi, Alma?

Alma fit mine de réfléchir, son pouce et son index posés sur son menton.

— Hm, bonne question... Peut-être, disons, deux ans?

Marcus soupira. C'était un coup bas, mais il le méritait. Elles lui en voulaient d'avoir disparu dans la nature et elles en avaient parfaitement le droit. Il avait de la chance qu'elles ne l'aient pas encore frappé. Il avait envie de croire qu'il n'était pas trop tard pour réparer les pots cassés.

— C'est justement pour cela que je voulais qu'on se rencontre. Vous méritez tous les deux des excuses et des explications.

— Nous le méritons toutes les deux, le corrigea Alma avec un sourire indulgent, presque amusé. Je ne me considère plus comme un homme depuis un an.

Marcus arqua un sourcil.

— Je bannis Aldous et le pronom il de mon vocabulaire, donc?

— C'est ça, mon grand, t'as tout compris.

La voix piquante d'ironie qu'elle avait employée au téléphone était de retour, mais son regard sérieux le dissuada de pousser le bouchon trop loin. Daisy quant à elle ne parlait pas, mais ne les quittait pas du regard une seule seconde. Il était clair qu'elle n'hésiterait pas à le rabrouer s'il osait se moquer de la situation, ne serait-ce que pour alléger l'atmosphère.

Il toussota et relança la conversation avec prudence :

— J'ai vu que vous jouissiez toutes deux d'une certaine renommée.

Daisy roula les yeux.

— Décidément, ton langage fleuri n'a pas changé. Tu te crois au XIXe siècle ou quoi?

Alma intervint, les sourcils froncés :

— Arrête Daisy, tu m'avais promis que tu écouterais ce qu'il avait à nous dire.

— Et toi, arrête de le défendre, tu sais comme moi qu'il ne le mérite pas.

— Pourtant, ça ne t'a pas empêchée de te présenter à notre petit rendez-vous, glissa Marcus.

Daisy plissa les yeux avant d'ironiser :

— Bah, tu avais l'air tellement pressé de me reparler après tout ce temps que j'aurais été cruelle de te foutre un vent, hein?

Il roula les yeux et rétorqua d'une voix mordante :

— Ne fais pas comme si tu ne voulais pas me reparler, Daisy. Tu figures dans la vidéo de ta petite amie et il y a mon nom dans le titre. Tu voulais que ce soit moi qui fasse le premier pas, avoue!

— Oh, franchement! s'irrita la petite rouquine. Tu crois qu'Alma et moi, on a fait cette vidéo dans le seul but d'attirer ton attention? Ton égo est aussi énorme que ta connerie, à ce que je vois.

Elle éclata d'un rire sans joie et reprit avant qu'il n'ait pu se défendre :

— Décidément, certaines choses ne changeront jamais... Mais laisse-moi t'expliquer la situation, Einstein. La chaîne d'Alma gagne en popularité de jour en jour, mais ce n'est rien de comparable aux grands noms de YouTube. Même si on a foutu ton nom dans le titre de la vidéo, on ne pensait pas que tu tomberais dessus, encore moins que tu essaierais de nous contacter.

— Le titre était plus ironique qu'autre chose, précisa Alma, plus posée que sa compagne. Après, c'est vrai qu'une partie de nous espérait avoir de tes nouvelles après que tu sois parti d'Aurora comme un voleur.

Daisy se croisa les bras.

— Non, on n'espérait rien du tout. Si tu voulais reprendre contact avec nous, tant mieux; si non, tant pis.

Marcus eut un sourire triste. Daisy, toujours aussi fière et butée, ne voulait pas admettre devant lui qu'elle s'était sentie blessée par son départ précipité, mais sa voix sèche, combinée à sa moue boudeuse, parlait d'elle-même.

Pour éviter de jeter de l'huile sur le feu, il récapitula :

— Eh bien, quoi qu'il en soit, je vous ai contactées, et nous voici réunis pour discuter du passé.

Il espérait maintenant pouvoir leur présenter ses excuses et leur expliquer ce qui l'avait poussé à partir d'Aurora du jour au lendemain — s'il était sorti de chez lui à une heure pareille, c'était bien dans ce but —, mais Daisy, aveuglée par sa rancœur, changea de nouveau le sujet de la conversation :

— Pourquoi il faut toujours que tu dramatises chaque phrase?

Marcus haussa les épaules et répliqua d'un ton léger :

— Parce que je suis écrivain, je suppose.

— N'importe quoi. Je suis certaine qu'il existe des écrivains qui fuient les grandes formules dramatiques comme la peste.

Alma soupira :

— Sans vouloir t'offenser, Daisy, on s'en fout. On n'est pas ici pour débattre littérature.

Marcus lui jeta un regard reconnaissant tandis que Daisy l'ignorait et croquait dans son burger d'un mouvement rageur de la mâchoire. Le message était clair : elle reconnaissait que sa petite amie avait raison, mais lui en tenait rigueur de ne pas abonder dans son sens.

Enfin, l'important, c'était qu'elle laisse la parole à Marcus, qui baissa les yeux vers son gobelet de café. Il sentait les regards des deux jeunes femmes posés sur lui, qui le priait de leur révéler enfin la raison de son départ, mais il gardait le silence. Il voulait choisir les bons mots avant d'abattre ses cartes.

— Je comprends que vous m'en vouliez, déclara-t-il enfin. C'est vrai que j'aurais dû vous expliquer les raisons de mon départ d'Aurora. Vous n'auriez peut-être pas tout compris, mais ce n'était pas bien de vous abandonner ainsi, comme si tout était de votre faute.

— C'est vrai qu'on l'a pensé au début, admit Daisy d'un ton aigre. Mais après, on s'est rappelé ta dispute avec Harry, lors du lancement de ton livre. C'est à cause de ça que tu es parti, pas vrai?

Au fur et à mesure qu'elle parlait, sa voix s'était adoucie, et Marcus n'hésita pas à lui répondre avec franchise :

— Oui. Après cette soirée complètement gâchée, je ne pouvais plus rester à Aurora.

— Pourquoi tu ne nous as pas prévenues? demanda Alma.

— Parce que je suis parti de Goose Cove tout de suite après le lancement. Après une énième dispute avec Harry, j'ai plié bagage et me suis réfugié à New York. Je n'ai eu le temps de prévenir personne.

Daisy secoua la tête, l'air peu convaincue.

— Ça, je veux bien, mais après? Tu n'avais pas le numéro d'Alma, mais tu avais le mien. Tu aurais pu m'appeler pour me dire que tu allais bien. Enfin, Marcus, la dernière fois que je t'ai vu, tu venais de te faire étrangler par ton propre petit ami.

Au-delà de sa rancune à son égard, elle semblait vraiment s'être fait du souci pour lui, et il en fut touché. Il préféra cependant ne pas la taquiner à ce sujet, ça ne ferait qu'envenimer la situation.

Il leva les mains à la hauteur de son visage, paumes tournées vers les deux filles.

— Tu as raison, j'aurais pu t'appeler. En fait, j'aurais dû. Mais j'étais trop bouleversé par ce qui venait de se passer, j'avais besoin d'être seul et je ne voulais pas t'inquiéter avec mes problèmes. Et puis, tu vivais toujours à Aurora. Si Harry avait appris qu'on se parlait encore, il aurait voulu que tu fasses en sorte qu'on reprenne contact, alors que moi, je ne voulais plus rien savoir de lui.

Il s'attendait à ce qu'elle lui en demande la raison, mais elle lui révéla plutôt, tout étonnée qu'il l'ignore encore, que Harry ne vivait plus à Goose Cove depuis deux ans. Les petites gens avançaient qu'il avait rejoint Goldman en secret à New York pour lui présenter ses excuses après avoir attenté à sa vie. Évidemment, ce n'était qu'un ramassis de mensonges. En deux ans, Harry n'avait pas cherché à le retrouver. Et c'était peut-être pour le mieux.

Il murmura, décontenancé :

— Du coup, si je comprends bien, personne ne sait où il se trouve à l'heure actuelle?

Daisy secoua la tête à sa question.

— Il est parti sans demander son reste. Comme toi, Marcus.

Cette fois, nulle amertume dans sa voix. Qu'une vive mélancolie qu'elle ne parvint pas à lui dissimuler. Elle avait toujours les bras croisés, le regard perdu dans le vide.

— Tu sais, j'ai conservé G comme Goldstein. Parfois, je l'ouvrais rien que pour y lire ta dédicace. À Daisy Harrison, la fille que j'ai failli ne pas connaître. Je n'ai pas oublié qu'à la base, tu devrais écrire la fille que j'ai failli écraser sur l'accotement de la route. Ou un truc comme ça. Ah, j'étais si stupide à l'époque...

— Tu avais quinze ans, lui rappela Alma.

— Une fille de quinze ans bien stupide, alors.

Marcus baissa les yeux, contrarié par sa confession. Voilà donc ce qu'était devenue la charmante petite Daisy Harrison : une jeune femme certes candide et optimiste, mais marquée au fer rouge par la myriade d'abandons qui avaient jalonné sa courte existence. Sa mère biologique avait mis les voiles à la première occasion, et deux des personnes qui avaient le plus compté pour elle pendant son adolescence s'en étaient allées sans lui donner la moindre explication.

— Daisy, je suis désolé, souffla-t-il enfin. Je ne me chercherai pas d'excuses, je ne suis qu'un lâche qui croit que le monde tourne autour de son nombril, tu n'as pas tort sur ce point. La preuve, je suis en train de parler de moi à la troisième personne, là...

Elle le coupa doucement :

— Tu penses vraiment tout ce que tu me dis là ou bien tu veux juste que je te pardonne pour que tu te sentes moins coupable?

Se pouvait-il qu'elle ait raison? Il réfléchit à la question. D'un côté, il se sentait coupable et il aurait tout donné pour qu'elle passe l'éponge sur ses erreurs passées, c'était vrai, mais de l'autre, son amitié avec la petite rousse lui manquait réellement. Des filles comme elle, il n'y en avait pas à la pelle dans ce monde.

Il s'humecta les lèvres, nerveux et coula un regard désespéré à Alma qui suivait leur petite joute verbale depuis tout à l'heure avec attention. S'il y avait bien une personne susceptible de lui en venir en aide à cet instant précis, c'était bien elle.

Heureusement pour lui, la brunette était d'humeur généreuse ce jour-là... enfin, cette nuit-là :

— Moi, je le crois sincère.

La rousse roula les yeux.

— Mais tu l'admires, normal que tu gobes tout ce qu'il dise.

Marcus pencha la tête sur le côté, complètement pommé. Alma... l'admirait? Il n'en avait jamais eu l'impression. Du temps qu'elle s'appelait Aldous, elle ne lui avait toujours témoigné que mépris et antipathie, et c'était plutôt réciproque : bien qu'il lui ait pardonné, il n'oubliait pas que c'était de sa faute si on l'avait tabassé sur la plage. Alors si vraiment elle l'admirait, si vraiment il avait changé sa vie, elle avait une drôle de manière de le remercier.

Alma remarqua bien vite son trouble et se tourna vers lui, une moue dubitative sur ses lèvres carmin.

— Pourquoi tu me dévisages comme ça, Marcus Goldman? J'ai de la nourriture coincée entre les dents?

— Non, non, tes dents sont parfaites. C'est juste que je ne comprends pas pourquoi tu m'admires. Tu avais l'air de me détester, il y a deux ans.

Alma lui jeta un regard curieux.

— Mais tu as vu ma vidéo, n'est-ce pas?

— Le début seulement, avoua Marcus. Tu comprends, j'étais trop choqué de revoir Daisy, ne serait-ce qu'à travers un écran, et vu le titre, ça m'avait l'air d'être d'être une grosse blague et... je... Enfin.

Il interrompit son flot de paroles et sourit, maladroit. Marcus Goldman a changé ma vie. Ce n'était pas ironique. Ce n'était pas une blague. C'était la vérité. Pure et simple.

Daisy roula les yeux et souffla à demi-mot :

— Abruti.

Malgré lui, Marcus sourit. Si Daisy l'insultait, c'était que tout pouvait redevenir comme avant entre eux. Si Daisy l'insultait, il y avait de l'espoir. Elle leva l'index en l'air.

— Attends, je te montre.

Elle dégaina son portable et après avoir pianoté sur l'écran pendant un moment, le lui tendit. Marcus s'en saisit, c'était une vidéo, la même qu'il avait vue passer sur Twitter. Il appuya sur Play. Par chance, il y avait peu de monde dans le restaurant, 4 h du matin oblige, et il n'aurait pas besoin d'écouteurs pour que le son lui parvienne de manière distincte.

La vidéo se chargea pendant quelques secondes, puis la silhouette d'Alma, installée dans son salon, lui apparut avec en arrière-plan une musique joyeuse et entraînante. Même s'il avait déjà visionné l'introduction sur son ordinateur tout à l'heure, il décida de la regarder de nouveau pour se rafraîchir la mémoire.

Après avoir salué ses milliers d'abonnés d'une voix affectée, la jeune femme annonçait qu'elle souhaitait aborder un sujet qui lui tenait à cœur : la façon dont elle avait appris à s'accepter telle qu'elle était, un an plus tôt.

Au moment où Daisy faisait son apparition dans le cadre, quelqu'un se leva de table d'un mouvement brusque. Marcus leva la tête. C'était Alma. Elle fonçait droit vers la salle de bains.

— Mon dieu, elle va bien? s'inquiéta Marcus.

La rousse haussa les épaules.

— Cette vidéo est vraiment importante pour elle. Elle se sent mal à l'aise d'assister en direct à tes réactions pendant que tu la regardes. Malgré ses grands airs, ça demeure une grande timide. Ne t'inquiète pas, elle reviendra.

Marcus hocha la tête et se concentra à nouveau sur la vidéo. Et ce qu'elle lui révéla le toucha et l'émut tout à la fois. En sept minutes, Alma expliquait comment l'écrivain Marcus Goldman — oui, le tristement célèbre Gayman, le souffre-douleur préféré des journalistes de l'année 2007 — avait changé sa vie de la meilleure des façons.

À l'époque où il s'appelait encore Aldous, elle rappelait qu'elle était très mal dans sa peau, qu'elle se trouvait étrange, différent, voire difforme par rapport aux autres adolescents. Elle n'avait jamais compris pourquoi jusqu'à ce qu'elle fasse la rencontre de Marcus Goldman d'une façon assez inouïe. Marcus remarqua avec une pointe d'ironie que pour sauver la face, elle ne précisait pas que c'était en partie sa faute si on l'avait tabassé sur la plage et que c'était suite à ce drame qu'ils s'étaient rencontrés, mais passa l'éponge.

La brunette continuait avec émotion que malgré toutes les railleries dont il était la victime, son « héros » gardait la tête haute et s'assumait tel qu'il était. Il ne se recroquevillait pas, comme un animal blessé, sous le couvert de ses nombreuses humiliations et ne crachait pas non plus au visage de ses tortionnaires pour leur rendre la monnaie de leur pièce. Il était au-dessus des ragots des petites gens.

Parfois, Daisy intervenait pour préciser quelque détail qui venait compléter le récit de sa petite amie, et à la façon détachée qu'elle prononçait son nom, elle ne semblait pas du tout affectée par son départ précipité d'Aurora. Mais maintenant, il savait que ce n'était qu'une façade. Elle ne voulait tout simplement pas gâcher la vidéo de sa petite amie par ses états d'âme.

Alma enchaînait qu'elle avait réalisé que la vie était trop précieuse et trop courte pour la gâcher à regretter ceci ou cela. Elle comptait donc elle aussi s'assumer telle qu'elle était : une femme et non un homme. L'apparition de Marcus Goldman dans sa vie lui avait fait remettre sa sexualité en question : à vrai dire, elle ne se considérait comme étant ni hétérosexuel ni homosexuel, mais plutôt comme une femme à l'orientation sexuelle encore floue.

— Comme une femme daisysexuelle, précisa la petite rouquine avec un grand sourire.

Après quelques blagues du même acabit, Alma concluait que c'était ainsi qu'elle avait décidé de féminiser sa garde-robe et d'abandonner le prénom que ses parents lui avaient octroyé à la naissance. Au final, elle était fière de ses choix et espérait rencontrer un médecin compétent dans l'année à venir qui mènerait l'opération grâce à laquelle elle serait enfin totalement heureuse.

À la fin de la vidéo, il releva la tête vers Daisy. Toujours assise en face de lui, elle achevait ses frites sans lui prêter la moindre attention, comme si lui aussi avait quitté leur table. En sentant son regard posé sur elle, elle cligna des yeux et finit par sourire.

— Alors, qu'est-ce que tu en dis?

— Je ne comprends pas comment on peut à la fois admirer et mépriser une même personne.

Daisy secoua la tête.

— Ne le prends pas personnel, Alma méprisait tout le monde à l'époque. Elle ne s'aimait pas et ne se faisait pas confiance, alors elle n'inspirait pas la sympathie. Mais elle t'admirait beaucoup, crois-moi, elle m'en parlait souvent. Par contre, elle tenait à ce que ce soit un secret, elle craignait qu'on l'apprenne et qu'on se moque d'elle. Je respectais sa décision, mais j'insistais pour qu'elle t'en parle au moins à toi.

Marcus gloussa sans pouvoir s'en empêcher.

— Je crains que tes efforts n'aient servi à rien.

Elle darda sur lui un long regard empli de tristesse, et soudain, il n'eut plus le goût de rire.

— Détrompe-toi, j'ai réussi à la convaincre. Elle était prête à se confier à toi du sentiment de honte et de marginalité qu'elle éprouvait au quotidien. C'est justement de ça qu'on voulait te parler le lendemain du lancement de ton bouquin. On s'était donné rendez-vous, tu te souviens? Sauf que tu ne t'es jamais pointé.

Il baissa le regard, malheureux. Comment aurait-il pu savoir? Comment aurait-il pu prévoir? Sur le coup, sa décision lui avait semblé la meilleure, il pensait à son propre bien-être avant tout... et tout bien réfléchi, n'était-ce pas justement une erreur de sa part? S'il avait d'abord pensé aux deux adolescents qui aimaient passer des après-midis entiers à Goose Cove autour de limonades ou de chocolats, peut-être n'en serait-il pas là cette nuit, dans ce restaurant populiste à essayer de réparer les pots cassés. Peut-être bien.

— Qu'es-tu devenue, Daisy Harrison?

Elle ne semblait même plus l'écouter, le regard maintenant rivé sur son Coca. Elle essayait d'attraper la paille avec sa langue rose. Avec un soupir imperceptible, il réalisa qu'il s'était trompé sur son compte : elle avait certes mûri pendant ces deux dernières années, mais la personnalité de la rouquine — son essence même — demeurait naïve et puérile. Malgré ses dix-huit ans, c'était une véritable enfant.

— Daisy? murmura-t-il pour la ramener sur Terre.

Elle marmonna, comme à contrecœur :

— Après le lycée, je suis venue étudier à New York avec Alma. Elle, les arts visuels. Moi, les communications. Je pensais que ça me plairait, sauf que je me suis plantée sur toute la ligne. J'ai arrêté d'aller à mes cours et la suite de l'histoire, tu la devines : échecs scolaires, convocation avec le directeur du programme, abandon des études... Depuis cet hiver, je bosse chez Starbucks.

Marcus, pour qui les études supérieures signifiaient beaucoup de par son éducation conventionnelle et intellectualisée, en resta pantois.

— Ne me regarde pas comme ça, s'irrita la rousse. Je n'ai jamais su ce que je voulais faire dans la vie, alors ce n'est pas étonnant que je me retrouve sans diplôme valable aujourd'hui.

Pour se rattraper, il demanda :

— Et YouTube?

Elle haussa les épaules.

— Je participe à quelques vidéos, mais ça reste le projet d'Alma. À la base, elle voulait s'exprimer librement sur une plateforme qui lui permettrait de toucher le plus de gens possibles. Je crois qu'au fond, elle voulait se sentir moins seule par rapport à sa condition.

— Sa transsexualité, pointa Marcus.

— C'est ça. Je me demande d'ailleurs ce qu'elle fout...

Les sourcils froncés, elle tourna la tête en direction de la porte des toilettes, de l'autre côté du restaurant. Marcus, lui, garda les yeux rivés vers elle. Par pur égoïsme, il préférait discuter seul à seule avec sa jeune amie. Il ne savait pas si elle lui avait pardonné, mais comme elle avait cessé de le houspiller, ce devait être le cas. Il ne chercha pas à lui poser la question directement; elle n'était pas fille à s'épancher de grandes déclarations, la petite Daisy.

Pour retenir son attention et la garder auprès de lui, il tenta d'alimenter la conversation :

— On gagne bien sa vie avec Youtube?

À son expression narquoise, il eut envie de se gifler. Pouvait-on vivre de Youtube? Pourquoi ne pas aussi se tatouer le mot désuet sur le front, tant qu'à y être? Mais à sa grande surprise, elle ne fit aucun commentaire sur son âge ou sur son côté vieux jeu. Non, elle l'attaqua plutôt là où il s'y attendait le moins :

— On gagne bien sa vie avec l'écriture?

Au même moment, la porte des toilettes s'ouvrit sur une Alma qui s'élança comme une flèche vers eux. Les yeux exorbités, elle se laissa lourdement tomber à côté de Daisy et déversa d'une seule traite :

— Ohmondieuvousn'allezjamaiscroirecequejeviensde...

Marcus et Daisy se dévisagèrent, tous deux choqués par ce verbiage débité à 50 miles à l'heure. La pie continua tout en gesticulant, son portable à la main, avant que Daisy ne l'interrompe :

— D'accord, d'accord, d'accord! Relaxe, inspire, expire... Voilà, c'est bien. Maintenant, reprends du début, parce qu'on n'a rien compris.

Alma souffla un grand coup et articula :

— Désolée si j'ai autant traîné pour revenir. Je suis tombée sur quelque chose sur Internet et il fallait que j'en sache plus et... Oh mon dieu.

— Accouche, la rabroua Daisy.

Comme elle n'était pas réputée pour sa patience, il n'était pas surpris d'une telle réaction de sa part et en temps normal, il l'aurait volontiers taquinée sur son tempérament tout feu tout flamme. Seulement, cette fois, il était de son avis : lui aussi brûlait de savoir ce qu'avait découvert la brunette.

Alma alluma son portable et leur montra un article du Times qu'on avait publié quelques heures plus tôt. Daisy poussa une exclamation de surprise. Marcus lut le titre au moins trois fois pour s'assurer qu'il n'avait pas la berlue. Pourtant, pas de doute possible, c'était écrit noir sur blanc.

Le roman culte de Harry Quebert adapté sur scène pour la toute première fois

— Dans un autre article, on estime que ça commencera dans cinq mois, précisa Alma, les yeux brillants. Juste à temps pour Noël.

Daisy lui décocha un regard amusé.

— Tu tiens vraiment à y aller, hein?

— Tu sais combien j'ai adoré le livre quand on l'a étudié au lycée, protesta la brunette.

Pendant qu'elles se chamaillaient une fois de plus avec affection, Marcus s'empara du portable posé sur la table que sa propriétaire avait négligé de fermer. Il lut l'article avec attention, et ses sourcils se froncèrent de ligne en ligne.

— Je dois me dépêcher de refaire mon passeport, le mien expire dans trois mois, gémit Alma.

Daisy la rassura :

— Tu as encore du temps pour le faire. C'est une chance que tu sois tombée sur cet article ce mois-ci plutôt qu'en novembre, par exemple. M'enfin, faudra quand même qu'on se grouille à acheter des billets...

Les deux filles soupirèrent, la mine soudain anxieuse. Elles n'ignoraient pas qu'une fois en vente, les billets partiraient très vite; il s'agirait de ne pas perdre de temps le jour J.

— Regardons à quel moment on pourra acheter nos billets, proposa Alma d'un ton décidé. Marcus, tu me redonnes mon portable?

Marcus cligna des yeux. Il n'avait même pas écouté leur discussion tant il était concentré par sa lecture de l'article. Il n'arrivait pas à y croire Ça aurait pu être n'importe quelle autre pièce. Mort d'un commis voyageur de Miller ou encore Un tramway nommé Désir de Williams. Mais non. C'étaient Les origines du mal, dont la pièce s'articulerait autour du roman éponyme, lui-même signé par... Seigneur. Pourquoi fallait-il que d'une façon ou d'une autre, tout lui rappelle Harry?

Il essayait d'écrire son prochain roman? Il pensait à Harry. Il se levait avant le lever du jour pour aller courir? Il pensait à Harry. Il apercevait des couples heureux et entrelacés dans la rue? Il pensait encore à Harry. Toujours à Harry.

Bien sûr, il allait beaucoup mieux depuis qu'il voyait Clara chaque semaine, il savait qu'il remontait la pente, mais la manie de cet homme de le hanter où qu'il aille, quoi qu'il fasse, était tout de même des plus irritantes! Parlant de Clara, que lui avait-elle conseillé lors de leur rencontre de tout à l'heure? Qu'il devait réfléchir à ce qui lui manquait pour être heureux.

Et la réponse lui apparut soudain évidente : il devait mettre une croix sur le professeur, le mentor, l'ami, puis l'amant qu'avait été pour lui Harry Quebert. Avec cette pièce de théâtre, la vie lui tendait un piège : pour l'éviter, il devait résister à la tentation de s'y rendre. S'il restait sagement à New York, il pourrait recommencer sa vie pour de bon. Et peut-être rencontrer un homme qui, lui, ne le décevrait pas.

— Hé, ho, Marcus? Tu m'entends?

C'étaient Daisy et Alma. Elles le regardaient d'un air inquiet. Il se serait bien excusé de son inattention, voire de son impolitesse envers elles, si elles n'avaient pris sa bouille éperdue pour de l'embarras à l'idée de leur demander si cela les contrariait s'il les accompagnait à leur soirée au théâtre :

— Oh mais quelle tête tu fais, Marcus Goldman!

— Bien sûr que tu peux venir avec nous, abruti!

— Plus on est de fous, plus on rit.

— Arrête de nous sortir des proverbes de vieux à tout bout de champ, Alma, tu me fais honte.

— N'empêche que j'ai raison.

— Oui, tu as raison.

— Alors, Marcus Goldman, tu viendras au théâtre avec nous?

— Oui, Marcus, tu viendras?

Le principal concerné demeura muet face à leur échange rapide et balbutia :

— Euh, c'est que je... Je ne crois pas que ce soit une... bonne idée.

Les filles s'entre-regardèrent et devinèrent ce qui l'angoissait.

— Ne fais pas cette tête, je suis certaine qu'il ne se présentera pas à toutes les représentations, tenta de le convaincre Alma.

— Oui, et on n'est pas obligées d'assister à la première, renchérit Daisy. Et puis, ce n'est pas comme si on a envie de le revoir après la façon dont il s'est barré d'Aurora, sans même nous dire un mot...

Elle ajouta en voyant la moue dépitée de Marcus :

— Ce n'est pas ce que je voulais dire, voyons. Toi, tu as fait l'effort de reprendre contact avec nous, au moins.

Alma prit le relais et l'exhorta de plus belle :

— Il paraît que c'est ce livre qui t'a poussé à te lancer dans l'écriture, tu ne peux pas louper cette pièce, Marcus Goldman.

Comme Marcus hésitait, une main derrière la nuque, Daisy interpréta son silence à sa façon et frotta ses mains l'une contre l'autre, l'air victorieux.

— Alors, c'est entendu? Cette année, pour Noël, on fait un petit voyage chez nos voisins du Nord pour voir cette fameuse pièce?

Marcus les regarda l'une après l'autre. Alma avec son regard pétillant, Daisy avec son sourire en coin. Ça allait lui crever le cœur, mais tant pis. Il n'avait pas le choix. Il ne souffrirait pas une autre saison en enfer rien que pour les beaux yeux de Harry Quebert.

Le sourire triste, il énonça d'une voix morne :

— Ce sera sans doute génial, alors allez-y, faites-vous plaisir. Mais ce sera sans moi. 

🌙

Eh non, je ne suis pas morte et je n'ai pas non plus abandonné cette histoire. J'ai juste eu un mal fou à écrire ce chapitre et même si je savais que vous l'attendiez avec impatience, je ne voulais pas vous offrir une bouse écrite à la va-vite. Du coup, j'espère que cet énorme pavé (on sent le pléonasme) de près de 6000 mots rattrape mon silence des dernières semaines. N'hésitez surtout pas à me dire ce que vous en avez pensé! 

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