La théorie des cactus

By Imaxgine

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Logan, c'est le grand brun aux yeux bridés qui aime les drames, ceux qui se terminent par de longs dialogues... More

Avant-propos.
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Épilogue.
Mot de la fin.

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By Imaxgine

     
     La pluie a commencé à se pointer au moment même où je fermais le bistro. Un torchon dans une main et une bouteille de produit nettoyant dans l'autre, j'enchaînais table après table. Les énormes fenêtres du café donnait vue sur la rue, là où le vent semblait se déchaîner. Les arbres dansaient de tous les côtés, frapper de plein fouet. J'ai même cru entendre le tonnerre résonné dans le ciel. Ça devait bien faire un moment qu'il n'y avait pas eu d'orage pareil dans le coin.

Du coin de l'oeil, Gina m'observait. Elle comptait l'argent dans la caisse. Hasard ou non, le patron du Bistro Nouveau m'avait jumelé avec elle. En une semaine, elle m'avait appris tout ce que je devais savoir. Même si je passais la plupart de mon temps à m'assurer de la propreté du bistro, il m'arrivait parfois de servir les clients. Et là, j'étais toujours le responsable de maladroits accidents. Au lieu d'un moka, je servais un latté. Au lieu d'un chocolat chaud, je servais un chaï latte. C'était peut-être pour cette raison qu'on me faisait laver les toilettes.

— Tu te débrouilles bien, m'avait dit Gina pour m'encourager.

Elle m'avait alors souri, sincère.

— Ça arrive à tout le monde les accidents, tu sais.

— C'est la troisième fois en deux jours que je confonds du chaï et du café, avais-je dit.

— Tu es nouveau, c'est normal. Laisse-toi une chance.

— C'est pour ça que je lave les toilettes ?

Gina avait levé les yeux au ciel.

— Tu es trop dur avec toi-même.

— Tu n'as pas répondu à ma question, avais-je fait remarquer.

Elle m'avait souri, mais n'avait rien dit pour autant. J'étais donc resté là, sans obtenir de réponse.

Je me suis soudainement rendu compte que je fixais Gina depuis un bon moment déjà. Gêné, j'ai détourné le regard et me suis remis à frotter les tables. Ma collègue de travail a refermé la caisse et s'est dirigé vers moi. Elle a agrippé un balai qui traînait et s'est mise à épousseter le plancher.

— Laisse, ai-je dit. Je comptais le faire après avoir nettoyer les tables.

— J'ai fini de compter la caisse, de toute manière. Si on s'y met tous les deux, on pourra partir plus tôt.

Il y a eu un silence.

— Tu aimes ça, travailler ici ?

J'ai souri.

— Ouais, c'est une chouette place.

— Le patron ne te mène pas trop la vie dure ? Je sais que parfois, il peut être un peu exigeant.

J'ai levé les yeux vers les caméras de surveillance. Gina a souri.

— T'inquiète, ce machin ne fait que filmer, a-t-elle dit. Il n'a pas d'oreilles, si tu vois ce que je veux dire.

Je n'ai tout de même pas répondu. Je me suis mis à nettoyer le comptoir, là où des tâches de café et de lait reposaient un peu partout. Gina m'a observé, son balai toujours en main.

— Alors comment va ton pote Lawrence ? Mon amie, Emmie, ne cesse de me parler de lui. C'est vraiment lourd. Tu savais qu'ils s'écrivaient ?

Je me suis figé.

— Euh, disons, qu'on ne se parle plus trop, lui et moi.

— Ah bon ? Et pourquoi, ça ? Vous aviez l'air d'être les meilleurs potes du monde !

— Il s'est passé beaucoup de choses ces derniers temps...

— Je vois.

Non, elle ne voyait pas. Mais j'imagine qu'elle se fichait un peu de mes problèmes. De toute manière, ce n'était pas comme si j'avais l'intention de m'ouvrir à elle. On se connaissait à peine, elle et moi. Je n'allais tout de même pas lui raconter ma vie.

— Toi, t'aimes ça vivre à Toronto ?

Comment détourner la conversation, signé Logan Campbell.

— Oui, c'est une belle ville. Assez animé, aussi.

— Et c'est différent de Montréal ?

— Pas vraiment. Mais il faut dire que j'habitais en banlieue de Montréal, donc c'est pas vraiment la ville. Je peux donc pas vraiment comparer, tu saisis?

— Euh, on va dire.

Gina a souri. Puis, son regard s'est porté sur l'horloge au-dessus de la porte principale. Elle a posé son balai.

— Il est tard, a-t-elle affirmé. Tu devrais rentrer, je vais terminer le reste.

— Tu es sûre ?

— Ouais, je suis une grande fille. Je vais me débrouiller.

— D'accord, alors.

J'ai retiré mon tablier, heureux d'en avoir terminé avec cette journée de travail. Ce n'était pas que je n'aimais pas cet emploi, seulement je passais mes journées dans le Bistro Nouveau. J'avais besoin de changer d'air. Rien de mieux que de rentrer chez soi dans ces moments-là.

Je me suis dirigé vers la salle des employés, où j'ai rapidement pris mon manteau ainsi que mon sac à dos. Je suis retourné à l'avant, pour saluer Gina. Elle venait tout juste de commencer à nettoyer les vitrines. Elle a levé les yeux dans ma direction, tout en continuant de frotter.

— Qu'est-ce que tu fais demain soir ? m'a-t-elle demandé.

— Pas grand chose. Pourquoi ?

— Il y a un film que j'ai envie de voir au cinéma. Puisque tu n'as rien de prévu, j'imagine que ça ne te dérangera pas de m'y accompagner.

J'ai haussé les sourcils.

— Je croyais que t'étais une grande fille.

— Oui, mais les grandes filles ont parfois besoin de compagnie.

J'ai souri.

— Euh, ouais, pourquoi pas. C'est pas comme si j'avais des plans, après tout.

— Et s'il-te-plaît, n'invente pas d'excuses bidons à la dernière minute.

Gina m'a souri.

— C'est promis, ai-je dit.

Elle a cessé de nettoyer les vitrines.

— Tu connais mon numéro.

— Ouais.

— À demain, alors.

— À demain.

Gina m'a souri une dernière fois, avant de se remettre au nettoyage du bistro. Je me suis éloigné, dépassant le comptoir, pour me rendre à la salle des employés. J'ai enfilé mon manteau et je suis parti sans dire un mot. J'ai sorti mon parapluie, histoire de me protéger de la pluie torrentielle que procurait cette tempête, en vain. Il y avait beaucoup trop de vent. Je me suis donc résigné à être tout trempé. En marchant jusqu'à l'arrêt de bus, je me suis mis à remettre en question la demande de Gina. Venais-je d'accepter un rencard ? Ça m'a frappé de plein fouet au visage. Un rencard. C'était aussi bête que ça. Et je n'avais rien vu venir, comme le dernier des imbéciles.

L'autobus est arrivé. J'y suis embarqué et me suis glissé à l'arrière, les écouteurs dans les oreilles pour camoufler le bruit du tonnerre. J'ai commencé à me sentir étrange. Seul avec moi-même, les pensées m'ont assaillis l'esprit. Je n'étais pas certain de vouloir aller à un rencard avec Gina. C'était quelqu'un de super, mais... Mais quoi ? Le visage de Sacha m'est aussitôt venu à l'esprit. Je me suis senti stupide de penser à elle à ce moment là, comme si toutes mes décisions lui revenaient. Je devais me rendre à l'évidence : il ne se passerait jamais rien entre Sacha et moi. Même si une partie de moi continuais d'y croire, je ne pouvais pas passer ma vie à attendre après quelque chose qui ne viendrait jamais. Je devais tourner la page. Et peut-être que la meilleure manière de tourner cette page était d'aller à un rencard avec Gina. Qui sait, peut-être allais-je faire des découvertes. Peut-être serais-je même en mesure d'oublier les sentiments non réciproques que j'avais pour Sacha.

À mi-chemin, mon téléphone a sonné. Les quelques passagers de l'autobus se sont brièvement retournés pour me dévisager, avant de retourner à leurs occupations. Sans regarder qui m'appelait à une heure pareille, j'ai décroché.

— Oui ?

— Logan ?

— Sacha ?    

— Salut.

J'ai soupiré.

— Qu'est-ce qu'il y a ? Tu vas bien ?

— Oui. Euh, ça te dit de venir chez moi ?

— À une heure pareille ?

Elle n'a pas répondu immédiatement. Sa respiration était saccadée, comme si elle avait longtemps pleuré. J'ai aussitôt conclu que quelque chose n'allait pas.

— Bouge pas, j'arrive.

— Merci, a-t-elle murmuré. Merci, merci, merci.

J'ai envoyé un message à ma mère pour lui dire que je couchais chez un ami. Lawrence, avais-je précisé. Ma mère ignorait tout de notre dispute, si bien qu'elle n'a pas cherché à poser plus de questions. Elle m'accordait sa confiance. Je détestais en abuser, mais je me suis dit que ce mensonge valait mieux que la vérité.

J'ai débarqué de l'autobus à quelques rues de chez Sacha et j'ai couru jusque chez elle, tentant de me protéger de la pluie avec le capuchon de mon manteau. Je suis entré, sans frapper, heureux de voir que la porte n'était pas verrouillée. Je suis allé dans la cuisine sans faire de bruits et j'ai agrippé une boîte de ses gâteaux préférés. J'ai monté à l'étage, sur la pointe des pieds, et me suis rendu jusqu'à la chambre de mon amie. Il n'y avait pas de lumière qui en émanait. J'ai tranquillement ouvert la porte. Sacha était assise sur son lit, une couverture en laine sur les épaules. J'ai refermé la porte derrière moi et je suis parti la rejoindre sans faire de bruit. J'ai posé ma main sur l'épaule de mon amie. Elle a sursauté.

— Logan ! s'est-elle exclamée.

— Quoi ?

— Je ne t'ai pas entendu venir.

— Et alors, tu m'as vu...

J'ai laissé ma phrase mourir dans le silence. Non, Sacha ne m'avait pas vu. Comment aurait-elle pu ? Elle ne pouvait plus voir dans le noir. C'était idiot de ma part d'avoir oublier ce détail.

Je me suis assis avec elle sur le lit et je l'ai serré contre moi. Elle a posé sa tête sur mon torse, sans dire un mot. Elle s'agrippait à moi, ses mains reposant sur mon corps. J'ai ignoré mon coeur qui tambourinait dans ma poitrine.

— Tu te souviens de la fois où tu m'as demandé quel était ma plus grande peur ?

— Oui.

— Quel était ma réponse ?

— L'orage, ai-je murmuré. Tu as peur de l'orage.

Elle a niché sa tête contre mon cou et s'est mise à trembler. Je l'ai serrée plus fort contre moi. Le tonnerre a résonné de plus belle et elle a sursauté. Je lui ai caressé les cheveux dans l'espoir de parvenir à la réconforter.

— Pour une fois que c'est toi qui a peur, ai-je plaisanté.

Sacha a ri entre deux sanglots.

— Merci d'être venu.

— Il n'y as pas de quoi.

Elle a levé la tête dans mal direction.

— Non, sérieux, Logan. Tu te donnes tant de mal pour moi, alors que je ne fais quasiment rien pour toi. Je ne te mérite pas.

— Arrête ces conneries, ai-je dit.T'en fais bien plus pour moi que ce que tu crois.

— Ah oui ? Comme quoi exactement ?

— Tu me fais réfléchir. Sur l'avenir, sur la vie en général, sur tout.

— Logan, tu réfléchis déjà beaucoup sans moi.

— Oui, mais toi, tu sais poser les vrais questions.

Elle a souri.

— Et puis, tu m'as donné goût à la lecture.

La blonde s'est lentement écartée de moi.

— Tu aimes Le Petit Prince ?

— Oui, ai-je répondu. C'est doux, c'est léger, c'est pur. D'ailleurs il y a un passage qui me plaît bien. Tu veux savoir lequel ?

— Tu connais déjà la réponse.

— « On ne voit bien qu'avec le coeur. L'essentiel est invisible pour les yeux. »

— Je ne suis pas d'accord.

J'ai souri.

— Bien sûr que tu n'es pas d'accord.

Elle a ignoré ma remarque.

— Décidément, Saint-Exupéry ne connaissait rien à la cécité.

— Je ne crois pas que c'est ce dont il parlait.

— Je sais bien, mais tu comprends ce que je veux dire, a-t-elle rétorqué. Ça craint de ne rien voir. Et le coeur n'a rien à faire là-dedans.

Tous les deux, nous nous sommes allongés sur son lit sans dire un mot. Le tonnerre avait cessé et seuls la pluie et quelques éclairs persistaient. Sacha a collé son corps contre le mien.

— Tu veux savoir pourquoi je suis le meilleur ? ai-je demandé.

Elle a souri.

— Pourquoi ?

— Parce que je t'ai apporté une boîte de tes gâteaux préférés.

Mon amie s'est mise à rire. À tâtons, elle a cherché à trouver la boîte. Voyant qu'elle avait de la difficulté à la trouver, je lui ai donné. C'était étrange d'être auprès de Sacha dans un moment pareil. Elle était vulnérable et je n'étais pas habitué à cette vision.

Nous avons mangé nos gâteaux, tout en se racontant des histoires. Lorsque j'en suis venu à lui parler de Gina, Sacha a haussé les sourcils. Jusqu'à maintenant, j'avais laissé sous silence le fait qu'elle était ma collègue de travail.

— Elle t'a invité au cinéma ? 

— Ouais. Ou plutôt, elle m'y a forcé.

— Elle a du caractère, a fait remarquer Sacha. J'aime.

— Menteuse.

Mon amie a souri.

— Elle n'est pas un peu vieille pour toi ? Vous avez quand même trois ans de différence.

Deux ans, ai-je rectifié. Je te signale que j'aurai dix-huit dans trois mois.

— Quand même.

J'ai souri.

— Dis-le si t'es jalouse, ai-je plaisanté. Je n'irai pas.

— Je ne suis pas jalouse ! Je suis simplement concernée.

— Ah oui ?

Elle m'a frappé le bras. J'ai ri.

— En tout cas, n'oubliez pas de vous protéger.

J'ai levé les yeux au ciel.

— Je ne compte pas coucher avec elle.

— C'est ce qu'ils disent tous.

Cette fois, ce fût à mon tour de lui frapper amicalement le bras.

— Ça n'arrivera pas.

— D'accord, d'accord. Je te crois.

Sacha s'est retournée sur le côté, la tête appuyée contre la paume de sa main. Ses yeux étaient plantés dans mon regard, mais je savais bien qu'au fond, elle ne me voyait pas - ou très peu.

— J'ai envie que tu viennes avec moi à Montréal.

Je me suis redressé.

— Pardon ?

— Viens avec moi à Montréal.

— C'est que c'est un peu loin...

— Une heure d'avion.

J'ai pincé les lèvres.

— Ça ne risque pas de déranger ton père ?

Elle a haussé les épaules.

— Il s'en fiche, a-t-elle admis. Et puis, c'est mon anniversaire. Tu ne voudrais pas manquer ça.

— Non, bien sûr que non.

— Je vais avoir dix-huit ans.

— Tu vas pouvoir boire.

Sacha a haussé les sourcils.

— Enfin, légalement.

Elle a ri.

— Je vais pouvoir voter, aussi.

— Les prochaines élections ne sont que dans deux ans.

— Pas grave, de toute manière je suis pour Trudeau.

J'ai souri.

— Tu vas être une adulte.

— Je ne crois pas qu'être adulte se définisse par un chiffre.

— La société est drôlement faite, alors.

— Je pourrai aller dans les bars.

— Ceux avec des danseurs nus ?

— Franchement, Logan.

Puis, elle m'a souri.

— Tu pourras m'y accompagner.

— Ne compte pas sur moi pour ça.

— Pourquoi ? a-t-elle demandé, innocemment. Je parie que c'est comme dans Magic Mike !

— Arrête de te ficher de moi.

Elle a ri.

— Pourtant c'est marrant.

— Non, pas vraiment.

J'ai fermé les yeux. J'étais tellement, tellement fatigué.

— Je n'ai jamais été à Montréal.

— C'est ta chance, alors.

— Je ne sais pas si mes parents seront d'accord.

— T'auras qu'à les convaincre, a-t-elle rétorqué.

— Facile à dire.

— Tu leur diras que mon père est médecin.

Je suis sorti de ma torpeur.

— Il l'est ?

— Non, a-t-elle avoué. Mais j'imagine que ça paraît mieux que de dire qu'il est éboueur et qu'il passe ses week-ends aux réunions des alcooliques anonymes.

J'ai dévisagé Sacha.

— T'es sérieuse ?

— À moitié.

— C'est-à-dire ?

— Il est sobre depuis six ans.

J'ai soupiré.

— De toute manière, je doute que le métier de ton père apporte quoi que ce soit de convainquant à mes parents. Qu'il soit pédiatre ou oléiculteur, ça ne les convaincra pas de me laisser partir seul à Montréal.

— Tu as dix-sept ans, Logan. Et puis, tu ne seras pas complètement seul.

Sacha a pris mon visage entre ses mains. Ses pouces glissaient lentement sur mes joues comme si elle s'amusait à les toucher. Mon visage n'était plus qu'à quelques centimètres du sien, mais j'ignorais si elle en était consciente. En tout cas, de mon côté, il était impossible d'ignorer les battements assourdissants de mon coeur.

— Je ferai de mon mieux pour les convaincre.

— Oh, merci. Merci mille fois.

Elle m'a serré contre elle. J'ai senti sa poitrine s'écraser contre mon corps, envoyant de ce fait même une décharge électrique le long de mon échine. Nous sommes restés dans cette position, la tête de Sacha posé contre mon épaule. Elle a levé les yeux vers moi, comme si elle parvenait toujours à me voir.

— Pourquoi tiens-tu absolument à ce que je vienne ? ai-je demandé dans un murmure.

Elle a haussé les épaules.

— Parce qu'avec toi, je suis certaine de ne pas m'ennuyer.

— Ce n'est pas la seule raison, pas vrai ?

Sacha a baissé les yeux.

— Je n'ai pas envie d'être seule avec mon père.

— Est-ce qu'il te frappe ? Est-ce qu'il est dangereux ? Tu peux me le dire, tu sais. S'il te fait du mal...

— Je t'arrête immédiatement, Logan : mon père n'est pas quelqu'un de violent. Il n'a jamais levé la main sur moi ou sur qui que ce soit, d'accord ? Seulement... J'ai toujours eu du mal à être en sa compagnie. Mis à part qu'il soit mon père, c'est pratiquement un étranger.

Elle a soupiré.

— C'est difficile d'être sympa avec quelqu'un qui n'a participé en rien à ton éducation et qui a laissé ta mère se débrouiller seule pendant des années.

— Je comprends, ai-je dit. Non, en fait je ne comprends pas. Mais je suis désolé.

La blonde a laissé un sourire triste flotté sur son visage.

— Tu peux me lire des extraits de roman pour que je m'endorme ?

— T'as des préférences ?

— Non.

J'ai agrippé un bouquin sur sa table de chevet. Les Hauts de Hurlevent par Emily Brontë, semblait-il. Je me suis redressé sur le lit et j'ai allumé sa lampe de lecture pour mieux voir. Sacha s'est blotti contre moi, les yeux fermés. Elle avait l'air sereine de cette manière. Comme si tous ses soucis partaient brusquement lorsqu'elle fermait ses yeux. Si ce n'était pas ironique, ça.

Je me suis donc mis à lire et ma voix nous a lentement glissé dans le pays des rêves.

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