La théorie des cactus

By Imaxgine

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Logan, c'est le grand brun aux yeux bridés qui aime les drames, ceux qui se terminent par de longs dialogues... More

Avant-propos.
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Épilogue.
Mot de la fin.

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By Imaxgine


— Pourquoi devrait-on t'engager ?

J'ai tressailli. Mes mains moites ne cessait de s'agripper à mon pantalon. Ce n'était pas ma première entrevue d'embauche, et pourtant, à chaque fois c'était tout autant stressant. Face à moi, le patron du Bistro Nouveau me jaugeait du regard. Il m'avait l'air d'être un homme sympathique, quoique un peu dur en affaire.

— Je suis une personne très motivée, ai-je déclaré. Je suis responsable et travaillant. Et puis, j'aime le contact avec les clients.

L'homme a souri. J'ai relâché mes épaules, rassuré par cette réaction. C'était le troisième entrevue que j'avais cette semaine et j'espérais sincèrement que cette fois, ce serait la bonne. J'en avais assez marre de parcourir les commerces, de jouer l'intéressé, mon CV à la main. Il fallait que j'aie cet emploi.

— Tu as déjà travaillé dans un bistro ? m'a-t-il demandé.

— Non, mais j'apprend vite, vous savez.

Il a hoché la tête.

— Tu n'as pas beaucoup d'expérience de travail.

— Disons que je ne ressentais pas vraiment le besoin de travailler auparavant.

— Je vois. Et qu'est-ce qui a changé ?

— J'ai envie de voyager.

Le patron du bistro a souri.

— On a tous envie de voyager, pas vrai ?

— J'imagine.

— Dommage que ça ne soit pas gratuit.

J'ai souri. L'homme m'a jeté un coup d'oeil entendu, avant de poser son attention sur mon CV. J'ai retenu ma respiration.

— Tu peux commencer vendredi ? m'a questionné le patron.

J'ai écarquillé les yeux.

— Vous êtes sérieux ? Vous m'embauchez ?

Il a ri.

— Pourquoi tant d'étonnement ? Devrais-je m'inquiéter ?

— Non, pas du tout, monsieur, ai-je dit. Seulement, j'ai dû passer une dizaine d'entrevue d'embauche cette semaine et personne n'a retenu ma candidature.

— Je vois.

Le patron s'est levé.

— Tu m'as l'air d'être un bon garçon, Logan. J'espère que tu ne me décevras pas.

— Aucun risque.

Il a souri. J'ai serré la main qu'il me tendait, vivement. Après avoir échangé quelques formalités, j'ai quitté son bureau. Incapable de contenir le sourire qui se glissait sur mon visage, je me suis dirigé vers la sortie du bistro. J'avais un job ! J'allais enfin pouvoir me faire un peu d'argent et économiser pour mes projets de voyage. Si ce n'était pas merveilleux, ça ! J'ai immédiatement appelé Sacha pour l'en informer. Elle m'a félicité, mais ne s'est pas attardée. À vrai dire, elle avait l'air plutôt pressée. Lorsque je l'ai interrogée, elle m'a répondu qu'elle avait un rendez-vous chez l'optométriste pour sa rétinite pigmentaire. Je n'ai pas osé lui poser plus de questions et j'ai donc raccroché.

En marchant hors du bistro, mon épaule a heurté quelqu'un. Je me suis brièvement retourné pour bredouiller une excuse, avant de reprendre mon chemin.

— Logan ?

Je me suis retourné de nouveau, interpellé par cette voix familière. J'ai immédiatement reconnu la fille bourrée du McDo, celle qui m'avait donné son numéro. Gina, si mes souvenirs étaient exacts.

— Salut, ai-je dit.

— Salut.

J'ai souri, mal à l'aise.

— Tu te souviens de moi ?

— Je n'étais pas si bourrée que ça, tu sais.

— Si tu le dis.

Elle a souri.

— Tu ne m'as jamais appelé, tout compte fait.

— Désolé, ai-je bredouillé. J'étais plutôt occupé avec l'école.

— C'est ça, mon cul.

J'avais peur de l'avoir vexée, mais Gina s'est avancée vers moi, tout sourire.

— Qu'est-ce que tu fais ici ?

— C'est plutôt moi qui devrais te poser la question. Tu n'es pas retournée à Montréal ?

— J'ai emménagé ici.

— Mais t'as quel âge ?

— Vingt ans. Pas toi ?

J'ai froncé les sourcils.

— Non, je n'ai que dix-sept.

— T'es toujours un bébé, alors.

J'ai souri.

— Quel genre de personne emménage au beau milieu de l'année, tu veux bien me le dire ? ai-je demandé, piqué par la curiosité.

— Les gens comme moi, ceux qui décide de laisser tomber leurs études parce qu'ils en ont marre d'étudier dans quelque chose qui ne leur plaît pas.

J'ai haussé les sourcils.

— Et quel genre de personne vient dans un bistro à huit heures du matin ? a-t-elle rétorqué.

— Ceux comme moi qui passe une entrevue d'embauche.

— Et on t'a engagé ?

— Oui.

— Super ! s'est-elle exclamée en me tapant amicalement le bras. Toi et moi, on va travailler ensemble.

J'ai écarquillé les yeux.

— Attends, tu travailles ici ?

— Oui, d'ailleurs je vais être en retard pour mon quart de travail.

Elle a souri.

— T'auras pas le choix de passer du temps avec moi, a-t-elle plaisanté. Et cette fois, tu ne pourras pas t'en tirer avec des excuses bidons.

— Ce n'était pas une excuse...

— Épargne ta salive, Logan. J'ai vingt ans et t'en as dix-sept. La sagesse, c'est mon truc.

— On se calme ! me suis-je exclamé. T'es que de trois ans mon aîné. Ne prends pas la grosse tête pour autant.

Gina a ri.

— C'était bien de te voir, Logan.

Je l'ai salué. Gina s'est éloignée en direction du bistro. Je l'ai observée, avant de tourner les talons à mon tour. Je me suis dirigé vers la maison, pressé d'annoncer la bonne nouvelle à mes parents.



Le mardi suivant, après l'école, ma mère m'attendait dans le stationnement de l'école. J'ai salué Sacha, avant de m'avancer tranquillement en direction de la voiture. Il était assez rare que l'un de mes géniteurs vienne me chercher, si bien que la surprise devait se lire dans mon visage. Un seul coup d'oeil échangé avec ma mère m'a suffit pour comprendre qu'elle ne s'était pas pointée à l'école pour rien. Quelque chose d'important s'était produit. Je me suis mis à stresser, repassant en boucle tous les pires scénarios dans ma tête. Typiquement Logan Campbell.

— Ta soeur a accouché.

J'ai écarquillé les yeux, à la fois surpris et rassuré.

— Quand ?

— Ce matin.

Nous avons conduit jusqu'à l'hôpital. Ma mère n'a pas cessé de bavasser tout le long du trajet, me racontant en détails ce qui s'était passé durant la journée. Ma nièce s'appelait Tory et ne pesait que quelques livres. L'accouchement de ma soeur avait connu quelques complications, mais selon ma mère, tout s'était bien terminé.

À notre arrivée à l'hôpital, ma soeur Candice et mon père nous attendait déjà dans le corridor qui menait à la chambre d'Harper et du nouveau-née. Candice m'a serré dans ses bras et mon père m'a pressé l'épaule. Après quelques banalités échangées, nous sommes entrés dans la chambre. Harper était allongée sur son lit d'hôpital, l'air épuisée. Le bébé reposait dans ses bras, mais n'émettait aucun son. Ma soeur a souri en nous voyant approcher.

— Si c'est pas de la belle visite, ça ! s'est-elle exclamée. Rapprochez-vous, elle ne va pas vous mordre.

J'ai obéi et me suis penché pour mieux voir la petite. Elle a aussitôt ouvert les yeux. Je me suis perdu dans le regard de ma nièce, conquis.

— Ça fait quoi de la tenir dans tes bras ?

— C'est comme tenir l'univers, a répondu Harper. Seulement, c'est beaucoup plus léger. Tu peux imaginer ça ?

J'ai souri.

— Ouais, je peux imaginer ça.

Le nouveau-née a gazouillé, les yeux grands ouverts.

— Je peux la prendre ? ai-je demandé.

— Bien sûr.

Harper me l'a tendue.

— Mais si tu l'échappes, je te tue.

J'ai suivi les indications de ma soeur et j'ai pris Tory entre mes mains. Sa petite tête appuyait contre ma paume de main. Elle était si fragile, si vulnérable... Un rien l'aurait brisée. Je me suis donc empressé de la tenir plus fermement entre mes bras, de peur que quelque chose arrive. Décidément, j'étais aussi protecteur que ma mère.

— Salut, toi.

Le bébé a brandi sa petite main. Je l'ai prise, tout en douceur. Candice s'est approchée, tout aussi fascinée que moi par le bébé.

— Je suis vraiment déçue que tu ne l'aies pas appelé Candice, tu sais.

— Ferme-là.

— Hé ! Pas de dispute devant le bébé, s'est exclamé mon père.

On a tous ri.

— Tu te sens bien ? a demandé ma mère à l'intention d'Harper.

— Un peu fatiguée, mais sinon ça va.

— Tu as mangé ? L'infirmière ne devrait pas être bien loin, je peux...

Maman, je vais bien.

Ça devait être épuisant d'être nouveau-né. Durant toute l'heure qui a suivi, Tory n'a cessé de passer de bras en bras, recevant à chaque fois de petits compliments. Au final, malgré les sages conseils de l'infirmière, le bébé ne s'est pas vraiment reposé. Harper nous observait tous avec de grands yeux de faucon, prête à intervenir n'importe quand. Ce côté protecteur, c'était de famille.

Lorsque l'heure du souper s'est pointé, Candice et moi sommes allés à la cafétéria de l'hôpital. Les repas qu'on y offrait n'étaient certainement pas de la haute gastronomie, mais ils étaient suffisants. J'y ai choisi un rôti de porc accompagné de pommes de terre. Nous nous sommes installés à une table, prêt du distributeur de boisson.

— Quoi de neuf dans ta vie ? m'a-t-elle dit. Tu sors avec Sacha ?

J'ai levé les yeux au ciel.

— Non. Mais nous sommes en bons termes.

— Quoi ? Vous couchez ensemble ?

— Non, bien sûr que non ! D'où est-ce que tu sors cette idée, Candice ?

— Hé ! Arrête de faire ton puceau. Je ne faisais que poser une question.

Je lui ai amicalement frappé le bras. Elle a souri.

— Sacha et moi, nous ne sommes qu'amis.

— Mais toi t'es amoureux d'elle ?

J'ai rougi. Candice a souri, fière d'avoir misé juste.

— Je te défends de le dire à maman ! me suis-je défendu.

— Je ne comptais pas le lui dire. Je te dois bien ça, après tout.

Je me suis souvenu de toutes les flammes que Candice avait eu et que j'avais passé sous silence. Inutile d'en parler à ma mère, ça n'aurait fait que la chambouler. Les copains de ma soeur avaient toujours tendance à être des mecs bizarres et peu éduqués que ma soeur ne conservait que quelques temps dans sa vie. À ses yeux, ce n'était qu'un jeu. Mes parents n'avaient pas besoin d'apprendre les activités nocturnes de Candice. Même moi, je préférais ne pas en être au courant.

— Ce n'est pas réciproque ?

— Non. Enfin, pas vraiment. Elle a autre chose que l'amour en tête, en ce moment.

— Comment ça ?

— Elle est malade.

Candice a froncé les sourcils.

— Elle a une rétinite pigmentaire, ai-je expliqué. Un truc qui te fait perdre peu à peu la vue.

D'accord, j'avais promis à Sacha de n'en parler en personne. Seulement, je ne considérais pas ma soeur comme une de ses « personnes ». Candice n'avait aucune raison de le répéter à qui que ce soit. Je ne commettais pas une erreur monumentale en lui dévoilant la maladie de mon amie.

— C'est horrible ! s'est exclamée ma soeur. Comment peut-elle arriver à vivre avec un truc pareil ?

J'ai haussé les épaules.

— J'en ai aucune idée. Sacha est une personne forte, mais ça, c'est au-delà de ses limites.

— Je ne m'imagine pas être à sa place.

— Moi non plus.

J'ai pris quelques bouchées de mon rôti, la faim me tenaillant l'estomac. Candice a mangé elle aussi, sans me poser plus de questions sur la condition de Sacha.

— Je me suis trouvé un emploi, tu sais, ai-je annoncé.

— Ah oui ? Où ça ?

— Au Bistro Nouveau. C'est pas loin de la maison.

— J'y suis déjà allée. C'est une chouette place.

Candice s'est alors mise à me fixer, songeuse. J'ai froncé les sourcils.

— Pourquoi tu me regardes comme ça ?

— Qu'est-ce que t'as en tête, Logan ?

— De quoi tu parles ?

— Fais pas l'innocent. Je sais que tu mijotes quelque chose. Tu ne t'es pas trouvé un boulot pour rien.

J'ai tenté de jouer le jeu, mais j'en étais incapable. Le mensonge n'était pas ma force et ma soeur avait l'oeil pour détecter ce genre de chose. Candice étant Candice, j'étais grillé.

— J'ai des projets concernant l'année prochaine, ai-je dit.

— Tu comptes changer de programme ? Les démarches sont un peu compliqués, à ce point-ci. Mais je suis certaine qu'avec un dossier comme le tiens, l'Université de Toronto n'hésitera pas à tenter le coup.

— Écoute, Candice, j'ai pas envie d'y aller.

Ma soeur m'a observé longuement, sans rien dire. Je ne savais dire si c'était un bon signe ou non.

— Je veux pas aller à l'université, tu comprends ? ai-je déclaré. J'ai envie de parcourir le monde, avec mon sac à dos et mon appareil photo. J'ai pas envie de passer des jours entiers dans une classe à apprendre quelque chose qui ne m'intéresse pas. Je veux pas gaspiller ces années de ma vie, sans avoir essayer ce qui me plaît vraiment. Je veux être photographe. Peut-être que ça ne marchera pas, mais comme une personne à qui je tiens beaucoup le dit si bien, la clé c'est d'essayer. Alors, c'est ce que je vais faire.

Candice est restée muette.

— Tu... Euh, tu pourrais dire quelque chose ?

— Nos parents sont au courant ?

— Non.

— Et tu comptes leur dire ?

— Oui, bien entendu.

— Quand ça ?

— Je ne sais pas, moi. Le moment venu.

— Le moment venu ?

— Oui, le moment venu.

Ma soeur a soupiré.

— Ça sent la procrastination.

— Arrête d'utiliser des grands mots.

— Je suis une grande personne. Donc oui, j'utilise des grands mots.

— Les grandes personnes n'utilisent pas des grands mots. Elles ont la tête trop vide pour ça.

— Tu veux dire trop pleine.

J'ai souri.

— Tu ne m'en veux pas de ne pas aller à l'université ?

— Écoute, je ne dis pas que c'est ce que je ferais. Mais je t'encourage à faire ce que tu as envie de faire, Logan. C'est ta vie, pas la mienne. Tu en fais ce que tu en veux, tant que tu es heureux.

— Arrête, je vais pleurer.

— T'as raison, il va falloir qu'on se remette aux insultes.

J'ai levé les yeux au ciel.

— Tu ne changeras donc jamais.

— Et toi, tu seras toujours aussi moche.

Je l'ai frappé sur le bras. Elle m'a ébouriffé les cheveux. Ce n'était pas nouveau. Mais pour être honnête, j'en avais un peu marre du changement.



Lawrence s'est pointé chez moi après les cours, le lendemain. Mes parents n'étaient pas à la maison. Mon meilleur ami a balancé ses affaires dans un coin de ma chambre avant de se jeter sur mon lit. Je l'ai regardé faire, un sourire en coin. Je me suis assis sur ma chaise de bureau, l'ordinateur fermé devant moi. Nous avons commencé à discuter de trucs banaux, mais au fond, c'était bien évident que quelque chose clochait. On ne faisait que tourner autour du pot et j'avais horreur de ça. Je n'avais pas envie d'ignorer l'incident de l'autre soir.

— Pourquoi tu ne m'as pas défendu chez Olivia ?

Mon meilleur ami s'est redressé sur le lit.

— Écoute, tu sais comment elle est...

— Je m'en fous de savoir comment est Olivia, Lawrence, l'ai-je coupé. Ce que je veux savoir c'est pourquoi toi tu ne m'as pas défendu.

— C'est compliqué.

Il s'est raclé la gorge, mal à l'aise.

— Je suis désolé de ne pas être intervenu. C'était pas cool de la part d'Olivia de te chasser.

— Et de dire du mal de Sacha.

Cette fois, il n'a rien dit.

— Pourquoi personne n'a pris ma défense ?

— Peut-être que tu n'avais pas vraiment besoin d'être défendu ?

J'ai ricané.

— Quels amis !

Lawrence a levé les yeux au ciel.

— Ça va, Logan. Tu sais très bien qu'on ferait tous n'importe quoi pour toi, et ça, ça compte aussi pour Olivia. Si personne n'a réagi l'autre soir, c'est peut-être uniquement parce qu'on était tous un peu sous le choc. Sans parler de l'alcool qu'on a bu. Et puis, si ça peut te rassurer, après que tu sois parti, c'était un peu étrange. On a tous quitté dans l'instant qui a suivi.

J'ai souri faiblement. C'était une excuse bidon, mais j'étais prêt à l'accepter. Dix milles facteurs auraient pu expliquer pourquoi mes amis n'avaient pas pris ma défense l'autre soir. Je n'avais pas la patience de m'y acharner davantage.

— En tout cas, je ne compte pas reparler à Olivia de sitôt.

— Ne dis pas ça, Logan. Vous êtes potes depuis que vous êtes en couche.

— C'est peut-être signe que notre amitié tire à sa fin. Ça ne dure pas éternellement, tu sais.

— Tu penses la même chose de moi ?

— Arrête, ai-je rétorqué. Tu sais très bien ce que je veux dire.

J'ai soupiré.

— Olivia m'énerve ces temps-ci. Elle me reproche d'être naïf. Selon elle, Sacha n'est qu'une égocentrique qui s'amuse à manipuler les gens.

— Elle a peut-être raison.

Je me suis figé dans ma chaise, les sourcils froncés.

— Attends, tu es d'accord avec elle ?

Il y a eu un silence. Lawrence semblait vouloir disparaître six pieds sous terre. Seulement, je n'étais pas celui qui allait l'empêcher de parler. Il y avait trop de non-dits entre nous pour que je passe sa dernière remarque sous silence.

— Tout ce que je cherche à dire, c'est que Sacha n'est peut-être pas la personne idéale pour toi.

— Ah oui ? Et quel est mon genre de personne idéale ?

Voyant qu'il ne répondait pas, je me suis fâché.

— Laisse tomber, merde ! me suis-je exclamé. Au fond, t'es comme Olivia. Tu ne peux pas comprendre...

— Je ne peux pas comprendre ? Ouvre les yeux, Logan ! Sacha se fiche de toi ! Tout ce qu'elle fait, c'est jouer avec tes sentiments. Lorsqu'elle en aura marre de toi, elle te jettera.

— Tu as tort.

— Ah ouais ? Vraiment ? Rappelle-toi ce qui est arrivé avec Pénélope.

— C'est toujours le même discours, ai-je dit. Toujours. C'est Olivia qui te rentre ce genre de conneries dans la tête.

Je me suis extirpé hors de la chaise.

— Tu veux savoir ce que je pense de tout ça ? Je pense que tu vois Drew au travers de Sacha.

— Ne vient pas mêler Drew à cette histoire !

— Pourquoi pas ? Elle y est directement liée. Si tu n'aimes pas Sacha, ça n'a rien à voir avec moi ou avec Pénélope. Drew t'a carrément fait souffrir et t'as l'impression que tout le monde lui ressemble. Sauf que Sacha n'est pas comme ça.

Lawrence était au bord des larmes.

— L'amour, ça fait mal, Logan.

— Pas toujours, d'accord ?

Il s'est brusquement levé.

— C'est comme ça que tu veux en finir ? En choisissant Sacha au détriment de tes amis ? Je ne croyais pas que t'étais ce genre de gars, Logan. Et dire que t'es mon meilleur pote.

— Vous ne me laissez pas le choix, merde ! Vous jugez Sacha sans la connaître et ça, je ne peux plus le supporter.

— Et ça, ça vaut des années d'amitié ?

Je n'ai rien répondu. Lawrence s'est avancé.

— Lorsqu'elle en aura marre de toi, ne compte pas sur moi pour te ramasser à la petite cuillère.

— C'est pas comme si j'avais vraiment besoin de toi, après tout !

Non, j'avais besoin de lui. Cependant, j'étais trop fâché pour le lui dire. Je l'ai donc regardé quitté ma chambre en furie. Puis, ma maison. J'ai entendu le moteur de sa bagnole vrombir, puis plus rien. Est-ce que c'était ça, la fin ? Avais-je tort ? Je continuais de croire que Sacha méritait d'être défendue, mais à quel prix ?

Je me suis laissé tomber sur le lit, complètement abattu. J'étais trop épuisé pour dire quoi que ce soit. Pour ressentir quoi que ce soit. J'ai fermé les yeux. J'ai compté jusqu'à trois. Puis, j'ai ouvert les yeux. Ainsi de suite.

Je n'étais plus sûr de savoir ce que je faisais. À vrai dire, je n'étais pas convaincu d'avoir pris les bonnes décisions. Sacha avait raison au sujet de grandir. C'était faire des sacrifices. Et parmi ceux-ci, il fallait regarder le monde dans lequel on évoluait depuis toujours s'écrouler pour se transformer en quelque chose de nouveau. Sortir de sa zone de confort.

Je n'étais pas certain d'aimer cette idée.

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