Mes yeux me brûlent.
L'eau dégouline sur ma peau remplie de sang. Les coups me reviennent en mémoire et j'ai la drôle de sensation que les deux hommes sont encore là, prêts à surgir dans la salle de bains et encore me faire du mal.
J'ai du mal à respirer. Ma poitrine se compresse.
A chaque petit bruit, je me retourne et je suis prête à me protéger. A chaque craquement de parquet que j'entends à travers la douche, les larmes me reviennent comme si elles ne m'ont jamais quittées.
Je n'ai pas revu Liam depuis hier.
En me réveillant, Logan se trouvait à côté de moi en train de dormir, puis Christina était apparue quelques minutes après. On a dû m'aider à aller dans la salle d'eau. Puis à me déshabiller pour me nettoyer. C'était affreux, parce qu'à chaque mouvement, je grimaçais, comme si j'avais fait du sport la vieille et que les courbatures ne voulaient pas partir.
J'essaye tant de bien que de mal à sécher ces larmes qui ne cessent de couler, en me disant que tout allait s'arranger plus tard et que j'irai mieux – éventuellement. Mais je n'arrive tout simplement pas. J'ai l'impression de ne plus pouvoir parler tellement la boule dans ma gorge se serre. Au final, il ne reste juste qu'un grand sentiment de vide parce que, de toute manière, tout ça ne partira jamais. Je me sens épuisée d'une lutte mentale qui dure depuis bien trop longtemps.
En soufflant, je sors de la douche après avoir arrêté le jet d'eau. Je manifeste un gémissement lorsque mon pied touche la surface froide du sol. Je me dévisage devant le miroir, ma lèvre est fendue, un hématome couvre mon bras droit. J'ai mal au ventre et j'ai l'impression que je vais vomir à la minute qui suit.
Mes mains sont posées sur chaque côté du lavabo, je me regarde en me demandant, comment en suis-je arrivée là ? Les larmes me montent et je commence à taper dans tous les tiroirs. Bouillant de colère, j'explose. Je frappe tout ce que je trouve. Plusieurs médicaments tombent à terre, des sparadraps ou même de l'alcool. Tous les tiroirs sont ouverts et l'eau continue de couler sur mes joues.
Je cogne la vitre qui donne vue sur l'extérieur. En reculant, je heurte un placard et d'autres médicaments tombent. Je me laisse aller contre le sol et j'essaye de me calmer. Ce n'est que quelques minutes plus tard que je décide enfin de me lever et de m'habiller avec difficulté. Le pantalon, que Christina m'a donné, a galéré à arriver à mes hanches. En me dévoilant à nouveau devant le miroir, je baisse les yeux puis saisis le ciseau que j'aperçois.
En le tapotant sur mon front, j'attrape une masse de cheveux et en fermant les yeux : je coupe. Je répète plusieurs fois le même geste jusqu'à que mes cheveux longs ne deviennent plus qu'un souvenir. Tout arrive dans le lavabo ou au sol. Ma vue se brouille de mes larmes que je refuse de laisser couler. Je ne luiferai pas le plaisir de me voir pleurer. Je passe mon bras sur mon visage pour sécher les gouttes d'eau salées qui habitent mes yeux ainsi que mes joues.
Mes cheveux longs ne me manqueront pas. Au moins, plus personne ne me les tira afin de me tenir. Je les secoue pour les remettre en place. Quelqu'un toque et me demande de sortir. En me regardant une derrière fois, je traverse la pièce et ouvre la porte. L'homme à la peau bronzée me regarde de haut en bas.
— Liam a une petite surprise pour toi.
Je plisse les yeux. Je n'apprécie pas trop les surprises. Mais je refuse aussi de le défier une fois de plus en ne suivant pas son acolyte. Après ce qu'il s'est passé la veille. Non merci.
Je hoche la tête et le suis. Il ne me jette aucun regard – il n'a aucun regret de ce qu'il s'est produit hier. Les ordres de Liam ont dû être clairs et personne n'osera lui dire : « rêve, je ne ferai rien ».
En atterrissant dans la cave, je vois Christina attachée, la tête baissée. Je fronce les sourcils et regarde à côté Logan tenu par deux autres hommes.
Liam se retourne dans ma direction et fronce les sourcils à son tour en regardant mon visage mais ne s'en soucie pas une minute de plus. Il me fait un geste.
— Approche.
Ce n'est pas une question. Je le sais et ça ne sonnait pas comme telle de toute façon. Le tueur attrape rudement mon poignet et me tient vers la fille en face de moi. Quand elle lève les yeux dans ma direction, un œil au beurre noir se voit sur la partie haute de son visage. Un rictus de dégoût se forme sur mon visage face à cette vision.
— Dis-moi mon sucre d'orge, t'a-t-elle aidée à partir ?
Si je dis oui, je sais ce qu'il va lui faire. Il pourrait même la tuer pour ce qu'elle a fait.
Elle ne m'a pas « aidée » à proprement parler – le dictionnaire ne donne pas la bonne définition qu'il cherche. Elle a juste fait comme si elle ne m'avait pas vu.
Autre solution : je dis non. Mais je sais aussi que Liam ne me croira pas, car si elle est dans cet état, c'est que quelqu'un a dû la dénoncer. Mais qui ?
Toutes mes tentatives sont vaines. J'essaie de retirer sa main de mon bras. Ça ne sert à rien, il a plus de force que moi. Je grimace lorsqu'il ressert sa prise, impatient que je réponde.
— Liam, je t'en prie, laisse-la.
Nous nous retournions vers Logan, toujours tenu par deux hommes. Liam ne s'en préoccupe pas et penche ma tête pour que je sois plus attentive.
— Je te le redemande Aurélie. T'a-t-elle aidée à partir ?
La haine contenue dans ses yeux et sa voix quand il me parle me glace le sang. En serrant ma mâchoire, je réponds d'un ton vif :
— Non. Il n'y avait personne, seulement moi.
Il me pousse vers l'arrière et sort son arme en la pointant vers elle. J'entends le mécheux renifler et se débattre pour qu'il la laisse vivre. Il va la tuer pour quelque chose dont je suis la seule coupable.
— Arrête Liam !
Lorsque je crie, tout le monde se retourne vers moi.
— Pourquoi gâches-tu autant de sang ?! Ça t'amuse ? Tire sur moi et laisse-la, je suis la seule responsable ! Je n'aurais pas dû partir. Je ferai tout ce que tu veux, mais ne la tue pas, supplié-je.
Les larmes que j'ai tenté en vain de retenir coulent à flots sur mes joues. Il hausse les sourcils face à ma déclaration. Tout ce qu'il veut. Même ce que moi je ne désire pas. Si c'est le seul moyen pour que j'épargne une vie, je suis prête à faire n'importe quoi.
— Tout mon ange ?
Je n'apprécie pas le surnom qu'il me donne, mais le provoquer est une mauvaise idée.
— Laisse-la, reprends-je d'une voix faible.
Il sourit puis dirige quand même son arme vers elle.
J'ai n'ai rien le temps de faire.
Tout se passe tellement vite.
Un seul souffle.
Une seule inspiration.
Et tout a basculé.
Logan s'est placé devant Christina, la protégeant de la balle. Du sang commence à couler de la partie inférieure du ventre. Ma main vient se mettre devant ma bouche pour étouffer un cri. Ceux de Christina sont beaucoup plus forts.
Il s'écroule au sol et alors que j'allais venir à sa rescousse, on m'attrape par le bras et on me tire hors de la pièce. J'essaye de me débattre pour venir à son secours.
Personne ne devrait mourir.
Et certainement pas à cause de moi.
Déjà 3 personnes, encore combien vont perdre leurs vies pour que j'arrive à mes fins ?
On m'emmène dans une pièce et on ferme directement la porte. Je tape contre celle-ci pour l'ouvrir – enfin je tente. Mais j'abandonne vite quand j'entends le bruit de la clef. Ma respiration s'augmente et ma vue est brouillée par les larmes.
Il n'a fait que la protéger. Logan n'était pas comme je le prétendais. Il avait un cœur et était prêt à donner sa vie pour protéger ceux qu'il aimait, pourquoi était-il « ami » avec Liam ? Lui qui l'a sauvé d'une mort. Ils ne se ressemblent pas du tout, j'ai jugé trop vite.
Beaucoup trop vite.
****
Une ou peut-être deux heures que je suis ici.
A me lamenter sur moi-même.
A sangloter.
A hurler intérieurement.
Attendre que ce cauchemar finissent enfin.
Je n'ai rien entendu depuis que je suis de nouveau enfermée.
Aucun bruit. Aucune voix. Aucun signe.
Quelque chose qui me permettrait de me rassurer : Logan et Christina sont en vie, tu n'as rien fait.
Je me lève brusquement lorsque la porte s'ouvre après que le bruit des clefs dans la serrure se fait entendre. Liam est devant moi, du sang sur ses vêtements et ses cheveux en bataille. Je tourne la tête vers une autre direction car je ne veux pas le regarder – je ne peux pas regarder ce qu'il est.
Il me dégoûte et ce mot n'est qu'un euphémisme pour décrire ce que je ressens vraiment à son égard.
Sans prononcer un mot, il quitte la pièce pour aller dans une autre à côté. Je m'assieds et tourne mes pouces entre eux. Je ne veux même pas savoir ce qu'il s'est passé en bas pour qu'il soit tâché ainsi de liquide rouge.
Quelques minutes plus tard, il revient la peau propre et les cheveux mouillés. Il me tourne le dos et continue d'être silencieux. Une question me brûle les lèvres et je n'ai pas su retenir la haine qui émerge :
— Pourquoi l'as-tu tuée ?
Aucun son ne sort. L'endroit reste calme. Je décide de retenter le coup. Je suis incapable de refouler le trop-plein d'émotions qui fait rage en moi.
— Tu aimes voir les gens souffrir ? Ma voix déraille. Je t'ai dit qu'elle n'avait rien à voir avec ça !
— Et je savais que tu mentais, finit-il par cracher.
La voix sombre qu'il utilise arrive à mes oreilles comme un éclair. J'ouvre la bouche pour protester mais il se retourne et me jette un regard du genre : « tu n'as pas intérêt de répondre ». Son regard n'exprime aucune émotion. Il ne laisse rien paraître de ce qu'il pense – et ce n'est pas comme si j'en avais la moindre envie.
— Donc, reprend-il, tu m'as dit que tu ferais tout ce que je te demande. C'est ça ?
— L'accord ne compte plus, riposté-je.
Il hausse les sourcils en se redressant, comme s'il est étonné que je dise ça.
— Non, il tient toujours.
En quelque secondes, il me colle à un mur et tient mes deux bras sur chaque côté de mon corps. Un frisson d'angoisse me parcourt et ma respiration s'accélère. On dirait qu'une bataille fait rage en lui. Comme s'il y avait une bonne et une mauvaise personne qui se disputaient la place. Je regarde ailleurs car je refuse de l'affronter.
Il relâche sa prise sur mes poignets et laisse tomber ses bras le long du corps. Il passe une main sur le bas de son visage rapidement. Sa mâchoire se contracte, alors qu'il zieute rapidement le cadre à côté de moi. Je ferme les yeux pour respirer et essayer de me détendre au maximum. Je les réouvre et le fixe.
— Je ne l'ai pas tuée, avoue-t-il finalement dans un murmure. C'est ça ce que tu m'as dit non ? je ne la tue pas et tu fais ce que je demande.
Si j'avais su qu'il aurait quand même pointé son arme et tiré, je n'aurais pas dit ça. Malheureusement, l'acte est déjà fait et je ne peux pas revenir en arrière. Sa main vient se poser sur ma nuque, laissant mon bras droit libre. Ses prunelles acier me transpercent. J'ai froid soudain. Je suis même glacée.
Je ne veux même pas acquiescer de la tête tellement je ressens de la haine envers lui. Puis quand ses lèvres viennent toucher mon cou, je le repousse brutalement.
— Tu as tué Logan putain de merde ! Il t'a sauvé de la mort ! S'il n'avait pas été là, tu serais dans une tombe à l'heure qu'il est ! Tu n'as aucun scrupule pour les personnes qui t'entourent !
Les larmes reviennent à la charge, mais cette fois-ci, Liam ne bronche pas.
— Tu es tellement dégueulasse putain... chuchoté-je.
Il ne bouge pas et je vois ses bras tomber le long de son corps. Il me regarde attentivement. Je continue de crier tout ce qui me passe par la tête. Je commence à frapper le mur, à balancer les objets autour de moi. Puis, je viens à frapper son torse.
— Aurélie arrête.
Je ne l'écoute pas et continu de souffrir en criant. La rage ne cesse d'augmenter de minute en minute.
— Tu es le plus horrible des monstres. Mais que t'a-t-on fait pour que le monde entier mérite ta haine ?!
J'en ai tellement marre de tout ça. De ma vie. De la tournure qu'elle prend. Il nous amène jusqu'au lit et m'y lâche sans délicatesse. Je rebondis violemment. J'essaye de quitter ses draps, terrifiée, mais il se laisse tomber sur moi, me clouant de son poids. Il empoigne mes poignets et les plante au-dessus de ma tête. Je ne crie plus cette fois-ci. En le regardant, ses yeux pleins de mépris et sans sentiment.
— Logan savait les conséquences s'il s'interposait. Ne me donne pas de leçon lorsque toi tu ne ferais pas mieux.
Il lâche mes mains tandis que je reniflais pour tenter de me calmer. Seulement, je n'y arrive pas. Son index et son pouce saisissent mon menton. Il vient caresser ma lèvre délicatement. Il garde son assurance sérieuse et reste calme, pour une fois.
— On vit dans un monde de merde, tous veulent penser que l'on a une fin heureuse alors que l'on finira tous de la même façon. Tout le monde le sait, mais tout le monde l'ignore. Nous sommes comme dans un film, il y a les méchants et les gentils. Il est temps d'arrêter de croire qu'il y aura une fin heureuse pour toi Aurélie.
Sa main libre court sur ma cuisse nue et descend le tissu de mon jean jusqu'à révéler ma culotte. Des spasmes m'agitent quand son index en trace le contour. Des larmes s'échappent de mes yeux.
— Alors dis-moi Aurélie, de quelle façon préfères-tu notre première fois ?
Alors que ses phalanges touchent ma fente, l'effroi me glace le sang. Je suis consciente de chacun de ses muscles qui appuient contre les miens. J'essaye de me débattre sans succès.
— Je vais te faire jouir Aurélie, comme personne d'autre ne l'a fait avant moi.
— Plutôt crever que de faire quoi que ce soit avec toi, lâché-je.
Liam se détache de moi et me scrute, rageur. De nombreuses larmes strient mon visage. Sa tête tombe entre mes seins.
— Putain, hurle-t-il contre mon décolleté.
Il se détache de moi. Quelqu'un ouvre enfin la porte. Je ne me retourne pas. Je suis bien trop occupée à le fixer, avec tellement de haine, de rage, que je donnerai tout pour le voir souffrir autant que Christina en ce moment. Une personne me prend fermement le bras, mais encore une fois, je ne regarde pas. Je continue de poser mes yeux sur le seul et même humain.
— Tu n'es qu'une pourriture, craché-je.
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POINT CULTURE !!!
Les américains ont diverses insultes excellentes et je pense que vous êtes au courant. Ayant cherché la meilleure insulte possible qu'Aurélie pouvait lâcher envers Liam, j'ai décidé d'utiliser le mot pourriture, dont la traduction scumbag, a un sens propre de "sac à merde" (oui oui, ça lui convient comme un gant).
Le mot scumbag est très péjoratif envers les hommes, qui sont alors caractérisés comme méprisable, qui n'ont pas de moral. Cet ARGOT est aussi utilisé pour décrire ceux qui sont enclins à la criminalité, qui aiment intimider les autres pour le plaisir et le divertissement etc etc.
BREF, c'est pas une insulte à utiliser pour le plaisir lol.
C'était le point culture.
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Quand la porte se ferme, je détourne le visage et baisse celui-ci.
Une nouvelle fois, tout est ma faute. J'aurais dû attendre un peu plus. Christina a perdu son frère à cause de moi. Elle ne s'en remettra pas et ne me pardonnera jamais.
Mais la reverrais-je seulement un jour ?
Je tremble. Pourtant je n'ai pas froid. En descendant à la cave, une tête qui m'est familière traverse le couloir. Sa lèvre cassée, ses yeux imbibés d'une couleur transparente. Puis, ils dérivent vers moi. Ils ne sont pas remplis de haine, de colère envers moi. Seulement de tristesse. Le cœur brisé, elle détourne la tête et avance en silence, suivit d'un homme que je ne perçois pas les traits.
Je chuchote les mêmes mots durant plusieurs secondes, même si elle était déjà partie, même s'il y avait que moi qui les entendais. On me jette dans une pièce et je ne manque de sombrer à terre pendant que je continue de pleurer.
— Je suis tellement désolée.
A/N_
Is it to late to say Sorry ? Hum Hum. Pardon.
BONNN. Un mort de plus... Vous aimiez bien Logan ? Ou pas ? Peut-être, on ne sait pas !La surprise de Liam était en fait, tuer Christina sous les yeux d'Aurélie pour lui montrer que peu importe qui c'est, il n'a aucun scrupule. Mais vous vous attendiez à ce que Logan intervienne ?C'est triste pour lui... Mais peut-être vivant ?
Pensez-vous que l'on reverra Christina dans l'histoire ? Ainsi que Logan ?
La devise de Liam à la fin, des avis ? Du fait que personne n'a une fin heureuse? Pensez-vous Qu'Aurélie aura vraiment le droit à cette Happy ending?
Sur ce. Bonne journée.